C’était une bonne chose que Douglas sache ne pas mêler le professionnel et le privé. Leur aventure d’un soir passerait donc inaperçue et c’était clair qu’ils n’en parleraient plus jamais tous les deux. Tant mieux, Mackenzie n’avait pas envie qu’il la fasse chanter, par la suite. Même si elle n’aurait aucun problème à trouver un moyen de pression sur le jeune homme. Son père était l’un des plus grands chefs d’entreprise au monde… L’argent et les contacts ne manquaient pas. En un claquement de doigts, elle pouvait le détruire. Et il devait bien avoir fait quelques recherches sur elle, donc Douglas devait également le savoir. « En effet, j'en ai mais je suis à un cheveux d'avoir son adresse. » Malgré sa légère déception, parce qu’elle aurait aimé que Douglas sache déjà tout de la vie de David ici, Mackenzie lui offrit un beau sourire. Elle était contente d’être tombée sur la bonne personne, sur le type qui faisait bien son boulot, et rapidement. Ce n’était plus qu’une question de temps désormais, et elle en avait bien conscience. De toutes façons, David ne semblait pas avoir envie de quitter la ville, sûrement à cause de ces soucis médicaux, ou bien pour une tout autre raison. Et de fait, Mackenzie avait le temps… même si elle préférait néanmoins que ce soit fait rapidement. « J'ai trouver plusieurs information sur votre ami, il est vraiment dans le coin. » Un instant plus tard, il sortait des photographies de sa sacoche. Mackenzie s’empressa de les récupérer pour les observer. David était présent au centre de tous les clichés. Il n’avait pas changé… peut-être avait-il les cheveux un peu plus longs ? En tout cas, elle reconnaissait bien là son petit ami. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Alors ça y était ! Elle allait enfin pouvoir le serrer dans ses bras de nouveau, et l’embrasser ! Quel bonheur ! Elle aurait pu embrasser Douglas pour l’avoir aidée, mais elle remarqua que ce serait très certainement déplacé de faire une chose pareille, ainsi, elle se retint. « Douglas, vous êtes le meilleur ! » Elle lui rendit les photos, il en avait sûrement besoin et puis, elle n’allait pas garder des preuves, si ? Dans trois petits jours, ce serait plié. Il avait l’air d’être vraiment sur le coup. Peut-être même qu’il l’appellerait bien avant cela, pour faire une mise au point avec elle, et lui donner l’adresse, ou un numéro de téléphone. Néanmoins, elle tiqua sur quelque chose. Douglas lui avait dit qu’il avait pu dénicher des informations au sujet de David, mais il ne lui disait pas quoi, et elle était curieuse. « Quelles informations avez-vous pu obtenir, en trois jours ? » Elle espérait que ce n’était rien de grave, mais elle ne pouvait empêcher sa peur de revenir : la peur que David ait quelqu’un dans sa vie, à présent…

Douglas la fit bien patienter bien trop longtemps à son goût, et elle n’aimait pas cela. Pourquoi fallait-il que les hommes aiment autant jouer, avant de passer à l’action ? Non pas qu’elle voulait qu’il se tire au plus vite, mais elle avait envie de savoir ce qu’il avait à lui dire. Quand cela concernait David, elle était toujours impatiente, même si elle avait peur d’apprendre des choses qui la feraient souffrir. Du moment que le beau détective lui disait qu’il n’avait pas de copine, alors tout irait bien. Elle n’avait pas peur de retrouver David. Elle angoissait un peu, mais tant qu’elle n’avait pas de concurrence, tout allait bien. Elle croisait fort les doigts, sous la table. Et enfin, Douglas lui répondit. « Excusez moi... j'ai pu trouver le fait qu'il a un travail ici, qu'il vit comme tout le monde ici. Je vous promet que je vais bientôt acquérir son adresse, vous pourrez en faire ce que vous voulez. » Un travail à Toronto ? Alors il allait vraiment se poser ici ? Etrange… ce n’était pas son genre, et elle n’était pas certaine qu’il appréciait tellement le Canada, trois ans auparavant. Enfin, il avait peut-être changé, durant tout ce temps. Et puis Toronto, et l’Ontario en général n’étaient pas si hideux. Ça ne valait certes pas notre Ecosse natale, mais c’était plutôt joli tous ces paysages, ces lacs et ses collines… Il fallait s’y habituer, mais ça avait un charme évident. « Il travaille en tant que médecin ? » Un hochement de tête de la part de Doug plus tard, et Mackenzie eut la confirmation à sa question. Alors, tout bêtement, elle reprit la parole, immédiatement : « Vous avez des accréditations non ? Vous ne pouvez pas demander directement à l’hôpital de Toronto ? » En tant que détective, il avait bien des droits, non ? Et puis, elle n’aimait pas attendre plus que cela finalement, quand elle se savait si proche du but, même si… apparemment, elle avait le temps, il n’était pas décidé à repartir, son beau David. Plus vite elle serait dans ses bras, mieux ce serait ! Entre temps, Douglas lui avait tendu le dossier empli de photos. Mackenzie ne savait pas si elle devait l’accepter. Qu’en ferait-elle par la suite ? Elle les jetterait ? Et si quelqu’un tombait dessus ? Ou alors, elle dirait à David tous les détails de ses recherches, et passerait par la case détective privé… Oui, elle ferait ça, et elle lui montrerait les clichés, en s’excusant d’avoir utilisé cette technique pour le retrouver, mais en précisant bien que c’était la seule façon possible !

La réponse de Douglas ne se fit pas attendre, et le non qu’il lui adressa déçut Mackenzie. Elle aurait cru qu’il allait pouvoir lui donner plus d’informations plus vite, mais elle savait malheureusement que ce n’était pas possible. Il disait ne pas avoir les accréditations nécessaires, et elle le croyait sur parole. Sinon, il l’aurait déjà fait, non ? Ce n’était pas un type vénal, elle était certaine et de fait, elle savait qu’il ne faisait pas durer l’affaire, il cherchait vraiment et était véritablement sur le point de trouver son adresse. De plus, il devait avoir plusieurs affaires en cours, et même si elle désirait ardemment passer en première, elle savait qu’elle devait partager le détective entre plusieurs personnes. Néanmoins, elle le plaignait. Ce type devait travailler des tonnes d’heures par semaine. Il réglait des affaires, il avait aussi une vie à côté, il fallait bien qu’il dorme de temps en temps, et Mackenzie se demandait réellement s’il trouvait le temps de le faire. Puis, elle se rappela qu’ils avaient couchés ensemble, et oui, d’accord, elle comprit qu’il savait trouver le temps pour les divertissements et pour le repos, de temps en temps ! « Mais ne vous en faites pas, je vais l'avoir son adresse, dès que je l'ai, je vous la donne tout de suite. » Le sourire de Douglas se voulut réconfortant, rassurant, et Mackenzie le crut sans problèmes. Elle lui faisait totalement confiance. Elle n’avait pas peur de l’échec, ils étaient si près du but. Ça allait marcher, finalement, ça fonctionnerait, et bon sang, elle allait retrouver David après trois ans de vide. C’était tellement bon, comme sentiment. Bientôt, elle retrouverait ses bras, et elle pourrait de nouveau être pleinement heureuse. C’était parfait ! « Je dois encore vous remercier Douglas, pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous êtes quelqu’un de bien ! » Elle le remercierait jusqu’à sa mort pour avoir retrouvé l’homme de sa vie. Et peu importait la suite de l’histoire, elle penserait à lui à chaque fois qu’il se passerait quelque chose d’important dans sa vie. Son mariage, peut-être, ses enfants, sûrement, à chaque fois, elle devrait remercier Douglas pour l’avoir aidée à avoir tout cela. Certains priaient un Dieu, quelque part dans l’univers, elle, elle remercierait Douglas ! « Vous avez beaucoup de travail en ce moment, peut-être, non ? » Malgré le fait qu’elle avait décidé qu’il ne se passerait plus rien entre eux, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir qu’il reste un peu avec elle, pour discuter. Sinon, elle n’avait pas de vie sociale et elle se sentait seule. Et c’était agréable de discuter avec lui !

Dans un sens, Mackenzie savait qu'elle ne devait pas être énervée parce qu'il ne la faisait pas passer en première. Elle savait qu'il y avait d'autres personnes qui demandaient les services du jeune homme, et elle n'était pas égoïste à ce point. Elle avait attendu trois ans, elle pouvait bien attendre encore un peu. Cependant, dans un autre sens, elle était jalouse, furieuse, que d'autres puissent passer avant elle, parce que justement, elle avait attendu trois ans, et elle n'avait plus du tout envie d'attendre. Néanmoins, elle ne pouvait pas diriger les travaux de Douglas, c'était son organisation à lui, et c'était lui qui décidait de comment il gérait ses enquêtes ! « En effet, j'ai beaucoup d'affaire en cours, mais ça va, j'ai un petit stagiaire qui est très efficace. Je suis assez content de lui. » Et en plus il avait un stagiaire ? Alors c'était normal que ça prenait plus de temps. Il fallait bien lui apprendre le métier. Elle ne savait pas que les détectives privés pouvaient former des gens, c'était plutôt étrange pour elle, en réalité. Parce que bien souvent, les détectives proviennent des services de police. Ils connaissent le milieu, ils savent comment faire une filature et tout cela... Son stagiaire venait-il de la police aussi ? Comme Douglas lui-même ? « Mais j'aime mon travail, alors tous les jours je suis ravie de faire mon métier. » Ça, Mac n'en doutait pas. Elle se rendait bien compte qu'il était très heureux de pouvoir faire ce qu'il faisait. C'était comme pour elle. Elle adorait son job, qu'elle avait pourtant mis entre parenthèses pour quelques années, le temps de retrouver David. Elle n'avait pas vraiment eu le temps de diriger sa propre équipe. Elle n'avait pu que lui donner ses directives, et ensuite partir en tour du monde sur les traces de son petit-ami. Dès qu'elle reviendrait en Ecosse, tout serait réglé comme du papier à musique et ce serait parfait. Du moins, c'était ce qu'elle espérait ! « L'amour que l'on porte pour son métier est toujours important ! Surtout quand on sait qu'on va devoir vivre cinquante ans avec ce même métier tous les jours ! » Enfin, elle disait cela, mais Mackenzie avait des possibilités d'évolution, par la suite. Elle était déjà cadre, mais quand son père mourrait, ce qu'elle ne souhaitait pas qu'il arrive avant de très longues années, elle reprendrait très certainement la tête de l'entreprise, puisqu'elle était enfant unique. Mais encore une fois, elle n'avait pas hâte que cela arrive ! Elle n'avait pas assez travaillé pour, elle devait être un peu rouillé, et elle ne reconnaîtrait même plus sa propre équipe, quand elle reviendrait ! « Et ce stagiaire, vous l'avez rencontré comment ? Vous avez décidé de le former parce qu'il était de la police ? Ou bien il est venu vous voir pour apprendre ? » Cette histoire l'intéressait particulièrement, parce qu'elle trouvait génial de vouloir se convertir en détective privé. Il fallait un mental d'acier pour cela selon elle. Ce qu'elle s'était forgée au fil des trois années qui venaient de s'écouler...

Douglas parut partir dans ses pensées pendant quelques instants et Mackenzie eut tout le loisir de l'observer. Il réfléchissait à ce qu'il allait répondre, et elle sentait qu'il choisissait les bons mots pour qualifier son stagiaire. Quant à Mac, elle se demandait réellement ce qui pouvait motiver quelqu'un à devenir détective privé. C'était un métier hors du commun, et si jamais on ne se faisait pas connaître, on ne devait pas réussir à gagner sa vie... Il s'agissait d'une fonction qui marchait avec le bouche-à-oreille, et avec la réputation. Quelque chose de bien loin comparé au métier de Mackenzie, qui avait travaillé pour réussir, même si elle avait été aidée par son paternel. Jamais elle n'aurait besoin de réputation, sauf pour asseoir son autorité, peut-être, et encore.. en aurait-elle besoin ? Généralement, les employés étaient sages et obéissants et ne se rebellaient pas. Ils avançaient dans leurs vies respectives comme de bons petits soldats et Mackenzie les dirigeait. Enfin, ces derniers temps, elle ne l'avait pas vraiment fait, trop occupée à chercher David. « En faite rien de tout ça... je l'ai engagé au début pour faire ma paperasse, et au final je lui apprend à faire quelques truc. C'est surtout que ça m'aide pas mal, et ça lui plait. Je ne sais pas si il voudra continuer plus tard, mais bon. Dans tous les cas, je suis content de lui. » Avec un sourire, elle but une gorgée de son café, en l'écoutant parler. Il était passionné. Passionné par son travail et passionné par le fait qu'il le faisait apprendre à quelqu'un. Elle aimait les gens qui adoraient leur job. Avant, elle pouvait écouter David parler de médecine pendant des heures, ça ne l'avait jamais dérangée. Même si elle ne comprenait pas grand-chose à tous les termes médicaux qu'il employait, elle adorait le regarder parler, sans rien dire, juste en étant là. Elle ne savait même pas si David s'en était un jour rendu compte. « Vous avez l'air d'être un très bon professeur pour lui ! » Quelque chose la turlupinait, cependant, et elle ne savait pas comment l'exprimer. Elle fronça les sourcils en baissant la tête vers sa tasse, et essaya de trouver les mots justes et exacts. « Et ce stagiaire... vous l'avez entraîné sur quelle affaire ? La mienne ? » Elle jugeait bon de savoir si elle devait remercier uniquement Douglas, ou bien si elle devait remercier également son stagiaire. Parce que si tel était le cas, elle se doutait qu'il faudrait sûrement donner un peu plus d'argent... et ça ne la dérangeait pas, bien au contraire ! Elle avait suffisamment d'argent pour leur donner à tous les deux !

Douglas eut l’air gêné en entendant les questions de Mackenzie. Pourquoi donc ? Ce n’était pas un crime de vouloir mettre son petit apprenti sur une affaire comme celle-ci. Elle préférait que ce soit sur la sienne, qui était plutôt facile, au point avancé où elle en était, plutôt que sur une affaire plus dangereuse, où Douglas serait sûrement l’homme de la situation. Elle ne craignait pas que le jeune fasse mal son boulot. Elle avait cerné Douglas, elle savait qu’il ne le laisserait pas faire n’importe quoi, et, en quelques sortes, elle avait confiance en lui. « Et bien, oui en effet, je l'ai laisser seul pour la première fois pour suivre votre ami... mais il a fait ses preuves, il est vraiment compétant. Faite lui confiance, il va me ramener la dernier information qu'il vous manque. » Il n’avait pas besoin de se justifier, Mackenzie le croyait sur parole, et elle savait qu’il n’allait pas lui faire défaut. Elle comprenait aussi que si jamais ça ne se passait pas bien, il reprendrait les choses en main. Le seul bémol que Mac pouvait trouver, c’était le fait que, peut-être, l’affaire avançait moins vite à cause de cet apprenti. « Je vous crois, Douglas, il a l’air très compétent, si c’est lui qui a fait ces photos ! » Elle n’allait bien sûr pas lui dire qu’elle voulait que ça aille plus vite. Cependant, elle trouvait qu’elle payait déjà suffisamment et qu’elle aimerait avoir du résultat, c’est-à-dire une adresse. Douglas avait parlé de cette dernière information manquante, et Mackenzie souhaitait plus que tout qu’il ne lui mente pas. Ce n’était sûrement pas son genre, elle s’en rendait bien compte mais qui savait ? Peut-être qu’au final, il s’agissait d’un type comme un autre : assoiffé d’argent. Elle ne l’en blâmerait pas, elle-même l’adorait l’argent qu’elle se faisait en travaillant. Argent qu’elle avait toujours eu entre les mains de toutes façons, et ce, depuis sa naissance. D’ailleurs, en parlant d’argent… il était temps pour elle qu’ils évaluent les honoraires de Douglas. « J’aimerais savoir combien je vais vous devoir, Douglas. J’imagine que la prochaine fois que l’on se verra sera la dernière… Alors j’aimerais être en règle et pouvoir vous payer. » Parler paiement n’était jamais très agréable, et elle faisait bien attention à ses mots, les choisissant avec précautions.

Douglas semblait aussi gêné qu'elle de parler d'argent. Et pourtant, elle parlait d'argent tous les jours, pour tout et n'importe quoi... Seulement, là, il s'agissait de payer quelqu'un qui avait fait des recherches sur quelqu'un d'autre. Elle ne savait pas si, d'un point de vue éthique, elle pouvait vraiment payer quelqu'un pour trouver son petit ami. C'était plutôt étrange comme affaire, après tout. « En effet ça sera surement la dernière fois que nous nous verrons... » Mackenzie sourit à son interlocuteur, en même temps que lui. Ils étaient tous deux contents de savoir que l'affaire était bientôt close. Mac parce qu'elle allait être avec David, et Douglas parce qu'il aurait fini une affaire de plus. « Et bien, ça nous ferra du 350$. » Surprise, Mac eut un mouvement de recul. Elle pensait que ça lui coûterait beaucoup plus cher que cela. Trois cent cinquante dollars, ce n'était pas grand-chose à ses yeux. Elle s'était fait une idée des détectives privés qui devait être plutôt fausse. « Très bien. Vous êtes surprenant, Douglas ! » Elle lui fit un énième sourire, avant de récupérer son carnet de chèques dans son sac. Peut-être pouvait-elle payer maintenant, ça leur laisserait un meilleur souvenir pour la dernière fois. « Ne vous en faites pas, mon compte en banque est plein. Pas de chèque en bois ! » Elle préférait le dire, le préciser, avant que Douglas ne refuse. Et ainsi, elle commença la conversion des dollars en livres pour ne pas se tromper.

Mackenzie écrivit lentement le nombre indiqué par Douglas, après qu’elle ait rapidement fait la conversion. Elle ne voulait pas l’arnaquer, il avait fait du bon travail, et elle n’était pas ce genre de personne à faire des sales coups juste à cause de l’argent. Au contraire. Elle avait plein d’argent, parfois trop, et elle était toujours prête à donner. Ce n’était pas une avare, mais elle estimait qu’il fallait une bonne raison pour donner. Et là, il s’agissait d’une bonne raison, puisqu’il s’agissait d’un travail. Et puis, elle avait passé un excellent moment avec lui, que ce soit en rendez-vous, ou bien le soir précédent, trois jours auparavant. Elle rougit en y repensant. Elle avait osé coucher avec quelqu’un d’autre que David. Certes, elle était alcoolisée, mais et alors ? c’était quand même quelqu’un d’autre. Elle n’avait pas honte, encore une fois, vraiment pas. Elle pensait juste que c’était un peu étrange, d’avoir fait cela, maintenant qu’elle y repensait. Mais elle ne regrettait pas, vraiment pas. C’était simplement autre chose, une expérience, qu’elle prenait pour ce qu’elle était. Et elle n’était pas obligée d’en parler à David. Il ne s’était rien passé de plus. Et elle aurait tôt fait de l’oublier, avec son petit-ami. « Vous allez faire quoi quand vous retrouverez votre David ? » Elle se surprit à sourire en imaginant leurs retrouvailles et ce qu’ils pourraient faire tous les deux, dès qu’elle aurait son adresse. Elle voulait plus que tout rentrer en Europe. Peut-être pas en Ecosse, mais en Europe, c’était clair. Elle espérait que David puisse rentrer, elle le voulait. Mais s’il avait une adresse, c’était qu’il avait un appartement, et qu’il s’était engagé à y vivre quelques temps. Il n’aurait certainement pas le choix que de rester un peu. « Je vais essayer de trouver un travail ici. Mon père dirige une entreprise, je vais voir s’il ne peut pas me trouver un poste ici. » Elle avait consciente d’être une petite fille bourgeoise, qui pouvait absolument avoir tout ce qu’elle voulait grâce à son père, mais à part pour le travail, elle ne profitait pas tant que ça de sa place et de sa notoriété. Elle aimait l’argent, elle aimait les places hautes dans les sociétés, et elle restait pourtant simple. Sinon David ne l’aimerait pas, elle le savait aussi. Il n’avait jamais été dans le besoin non plus, mais Mac savait qu’il n’était pas proche de ce milieu trop riche qu’elle aurait pu fréquenter. Et ça n’empêchait pas leurs parents respectifs d’aimer l’enfant des autres, avant.

Dans ses pensées, Mackenzie ne remarqua pas le regard de Douglas. Elle repensait encore à la façon dont ses parents chérissaient David. Ils l’aimaient autant qu’ils l’aimaient elle. Souvent, elle pensait qu’ils le considéraient plus comme son frère, plutôt que son petit-ami. Enfin ça, c’était à cause de leur relation de longue durée, amis puis amants. Si elle avait relevé les yeux vers Douglas, et qu’elle l’avait vraiment bien regardé, elle aurait vu son admiration et aussi un peu d’envie, qu’elle n’aurait peut-être pas su interpréter de la bonne façon. Il était vrai que leur relation était ambiguë maintenant. Elle l’employait pour trois jours encore, et ils avaient pourtant couché ensemble. C’était normal qu’il la couve ainsi du regard et pourtant, si elle l’avait vu faire, elle se serait sentie gênée. « Votre amour est vraiment inconditionnel, j'aimerais trouver cela un jour... » Elle revint sur terre en l’entendant parler ainsi. Avec un sourire, elle pensa qu’il était adorable, et que forcément, il trouverait quelqu’un. En plus, c’était un bon coup. « Je ne doute pas un seul instant de votre talent avec les femmes, Douglas. Vous trouverez la bonne, j’en suis sûre ! » Elle lui souhaitait de vivre le même genre de relation qu’elle avait eu avec David, et qu’elle voulait de nouveau avoir même s’il y aurait forcément des différences. Trois ans n’allaient pas s’oublier comme ça… « Vous pourrez me tenir au courant de vos retrouvailles . Je ne le fais pas habituellement, mais avec vous, ce n'est pas pareil, on a passé un agréable moment, et je vous apprécie beaucoup Mackenzie. » Mackenzie fut surprise, mais elle accepta. Elle avait toujours son numéro de téléphone, et elle pourrait l’appeler quand elle aurait retrouvé son David. Ça ne l’engageait à rien, et elle pouvait bien lui téléphoner pour lui dire que tout allait bien et qu’elle le remerciait. Quand il évoqua « l’agréable moment », Mackenzie rougit comme une tomate. Evidemment qu’il faisait allusion à leur partie de jambes en l’air, mais elle préférait l’oublier. Ce n’était pas le moment de recommencer. En baissant les yeux, elle reprit la parole. « Bien sûr que je vous appellerai. Vous m’avez aidée et je vous en suis infiniment reconnaissante, c’est le moins que je puisse faire. » Elle resta ensuite silencieuse, toujours rouge et se rappelant sans le vouloir de leur nuit tous les deux. Il avait été doux avec elle. Comment réagirait-elle si David avait changé ? Mal sûrement… Mais pour savoir cela, il n’y avait qu’une solution : le retrouver et voir par soi-même ce qu’il en était.

Douglas semblait réellement heureux de la réaction de Mackenzie. C’était comme si elle lui avait fait un cadeau en acceptant de lui donner des nouvelles des retrouvailles entre David et elle. Et elle comprenait aisément qu’elle n’aurait pas besoin de lui parler plus que cela. « Merci... je pense que par la suite vous n'entendriez plus parler de moi. J'espère que vous serez heureuse Mackenzie, vous le mériter grandement ! » C’était bien ce qu’elle avait cru comprendre et elle était rassurée. Douglas n’était pas l’un de ces hommes vraiment lourds, qui souhaitent reprendre contact avec leurs coups d’un soir pour parler. Dès qu’elle serait avec David à nouveau, elle ne penserait plus à Douglas. A vrai dire, à part quand elle l’avait en face de lui, elle ne pensait pas à lui autrement. Ses pensées étaient rivées à David, comme d’habitude. Cependant, elle n’eut pas le temps de lui répondre qu’il était déjà debout, prêt à partir. Elle regarda sa montre et se rendit compte qu’en effet, il était déjà tard et qu’il allait devoir la quitter en effet. Après une promesse de l’appeler dès qu’il aurait l’adresse, il s’éclipsa et elle se retrouva seule dans le restaurant de l’hôtel, rêveuse et un peu angoissée également.

**
*

Deux jours plus tard, Mac reçut un appel d’un Douglas tout excité, qui lui apprit à toute vitesse qu’il avait l’adresse et qu’il était prêt à rendre visite à la jeune blonde dès qu’elle était disponible. Il ne lui fallut pas longtemps pour se préparer à accueillir le jeune homme, toujours à la même table comme à leur habitude. Cette fois néanmoins, Mackenzie était énervée, elle tournait la tête dans tous les sens et elle n’arrivait pas à se calmer. Sa vie allait basculer ici, et c’était le moment qu’elle avait attendu pendant trois ans !  

Un quart d’heure plus tard, Douglas entrait dans le restaurant et la retrouvait facilement, un grand sourire aux lèvres. Il était fier de lui, et il pouvait l’être après tout : c’était encore une affaire qu’il avait résolu. « Bonjour Douglas… Merci d’avoir fait aussi vite ! Je ne vous attendais que demain ! » Elle parvenait à parler lentement et posément, et elle était plutôt contente de son petit effet. Mais bien sûr, Douglas ne devait pas être dupe et devait bien voir qu’au fond, elle était pire qu’une gamine le jour de Noël !

Mackenzie avait de la peine à se contenir. Mais Douglas semblait comprendre entièrement son excitation, après tout, il connaissait son histoire, et elle avait tous les droits d’être ainsi. Elle n’avait pas vu l’homme de sa vie depuis trois ans, l’attente commençait à être réellement trop longue. Si elle n’avait pas été en public, dans un restaurant, qui plus est de son hôtel, elle aurait gentiment sautillé sur place, d’impatience, en attendant que Douglas cesse de la faire languir. Il lui répliqua qu’il avait promis à la jeune blonde qu’ils seraient rapides, lui et son assistant. Elle l’avait cru, mais elle pensait quand même qu’il attendrait un troisième jour. Après tout, il devait avoir d’autres choses à faire… peu importait, en fait ! Lentement, il sortit de sa poche un petit cahier, et récupéra un bout de carton fin à l’intérieur de celui-ci. Le saint Graal, pour Mackenzie. « Et voici son adresse. Il a un petit studio dans le quartier d'East End. » Elle ne l’écoutait qu’à moitié, complètement subjuguée par ce qu’elle voyait alors. L’écriture de Douglas – qui était fine et penchée, juste comme elle l’imaginait, bizarrement – laissait apparaître ce qu’elle attendait tant. Une adresse, une preuve irréfutable que David était là, quelque chose de concret, qui ne pouvait pas s’enfuir, s’échapper hors de son terrain de recherches. Il était là, il avait un appartement, tout allait bien et elle n’allait plus le perdre. Elle souriait béatement, complètement sous le charme d’un minuscule bout de papier. C’était ridicule, mais pour elle, c’était le Paradis sur Terre, de tenir ce papier. « Douglas, vous êtes mon sauveur ! » Sans plus réfléchir, elle se leva et vint le serrer dans ses bras. Il n’y avait aucun sous-entendu là-dedans, elle voulait simplement le remercier avec des gestes plutôt qu’avec l’argent qu’elle lui avait déjà donné. Elle revint s’asseoir après quelques instants, toujours en regardant le carton. Elle avait presque les larmes aux yeux en le regardant en détails. « Vous avez une femme heureuse, merci infiniment ! » Elle le vit sourire, un peu gêné, mais elle n’en avait plus rien à faire à présent. Elle le trouvait adorable, mais elle venait de retrouver David. C’était bon : son calvaire était terminé, et elle allait pouvoir retrouver les bras de son amoureux.

Douglas avait l’air aussi heureux qu’elle. Evidemment qu’il ne pouvait que partager sa joie. Elle était si communicative. Et puis, c’était humain de faire ça. Mackenzie le savait et elle était contente qu’il ne soit pas froid et distant, comme l’auraient pu l’être les autres détectives. Après tout, ce n’était que son métier, et il n’était pas obligé d’accepter les effusions de bonheur. Mac était contente que Douglas ne soit pas seulement intéressé par l’argent, qu’il n’avait pas profité de cette affaire pour se faire un paquet de fric. Elle le savait, par l’argent qu’elle lui avait donné, mais aussi par son comportement. « Soyez heureuse avec lui Mac, vraiment, et ne perdez plus trois ans avec lui ! » Elle lui prit la main et la serra énergiquement, scellant par ce geste la promesse qu’elle lui fit. Elle n’allait plus s’éloigner de David, plus jamais. Elle n’allait pas le lâcher d’une semelle, et elle ne perdrait plus une seule seconde loin de lui. Evidemment, il faudrait que tout se règle comme du papier à musique, comme avant, mais ça se ferait. Et quand ce serait fait, Mac ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que plus rien ne change. Avant qu’elle ne puisse répondre à Douglas, le détective se leva et reprit sa veste. Il allait partir. Bien sûr, son travail était terminé avec elle, il n’allait pas perdre de temps. Tout avait été dit, et Mac avait eu ce qu’elle voulait. « Mac, profiter de la vie ! À un de ces jours peut-être... » Avec un sourire, Mac acquiesça. Elle allait suivre ses conseils. Quant au fait que peut-être, ils se reverraient un de ces jours… ce serait possible, si elle restait un peu à Toronto avec David. De toutes façons, elle devait l’appeler, donc ce serait déjà un contact. Et ils pourraient se voir de temps en temps, même si elle n’en voyait pas l’utilité. Ils n’avaient pas fait plus connaissance que cela… mais elle imaginait que Douglas devait dire ça à tout le monde, une fois que l’affaire était finie. « Je vous appelle dès que possible, Douglas ! Bonne continuation. » Après un sourire, le jeune disparut, et Mac resta quelques minutes de plus à table, devant sa tasse vide et en face de son petit bout de carton. Elle avait l’adresse de David. C’était bon, elle pouvait enfin être soulagée et se détendre. Elle l’avait retrouvé. Elle allait pouvoir retrouver l’homme qu’elle aimait, et il était grand-temps que ça arrive…