Mackenzie était avide d’informations. Il fallait bien le dire, Douglas l’intriguait. Elle voulait en savoir plus, elle voulait le connaître, même si elle n’allait plus jamais le revoir assez rapidement. Elle était comme ça, une véritable enfant curieuse. Et jamais personne ne lui refusait quoi que ce soit. Soit parce qu’elle savait comment amadouer les gens, soit parce qu’elle les obligeait à parler. Elle ferait une très bonne chef, tout le monde le disait, et elle le prouvait également en étant cadre de service. « Ne vous en faite pas, vous avez le droit de poser des questions, et c'est mon droit de ne pas y répondre, mais je vais vous le dire malgré tout. » Elle était à présent ravie. Lui aussi allait lui parler de lui-même. Elle n’aimait pas être la seule à le faire, même si c’était pour retrouver quelqu’un de cher. Avec un sourire, elle l’encouragea à parler, et même s’il avait des choses difficiles à raconter, il pouvait le faire, elle avait tout son temps et était très compréhensive. « Bien au contraire, j'adorai l'uniforme et ça aidait pas mal avec les filles, mais ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus. Aider les gens, retrouver les malfrats, c'était vraiment ce que j'aimais faire le plus. Mais, un jour je suis tombé dans une fusillade, et j'ai tué quelqu'un. Même si cet homme n'était pas quelqu'un de "bien", je n'ai plus réussis à me regarder dans un miroir. » Un peu surprise, Mackenzie ouvrit grand les yeux. Elle ne pensait pas qu’il aurait arrêté sa carrière à cause de cela, mais elle comprenait tellement son geste. Elle n’avait elle-même jamais tenu une arme à feu et ne le ferait probablement jamais. Elle détestait tout ce qui touchait à l’armée, aux militaires, aux fusils, à la chasse et toutes ces choses-là. Elle savait que les policiers étaient obligés de porter des armes, mais elle ne supportait pas la vue de l’une d’elle. « Oh… Je suis vraiment désolée. » Elle était désolée, certes. Mais pas pour l’homme qui était mort. Plutôt pour Douglas. Elle comprenait parfaitement qu’il ait décidé d’arrêter… mais ça avait dû être une décision horrible pour lui. C’était toute sa vie qui allait changer et en effet… elle avait bien changée, puisqu’il était devenu détective. Alors que Douglas évitait son regard, elle posa doucement sa main sur la sienne, pour essayer de lui remonter le moral. « Au moins, vous avez remonté la pente, et vous êtes devenu un détective génial ! Qui m’aurait aidée sinon ? » Je le flattais, certes, mais j’avais l’impression qu’il en avait besoin. Je ne savais pas si beaucoup de monde lui disait qu’il était bon… parce que sinon ce serait vraiment du gâchis !

Evidemment, la modestie du détective fit que le commentaire de Mackenzie, sans s’évanouir dans la nature, toucha néanmoins le jeune homme, mais ne resta pas bien longtemps. Bien entendu, il y avait d’autres détectives, mais ce n’était pas important pour Mac. Du moment qu’elle avait le meilleur, c’était tout ce qui comptait. « Il y aurai eu d'autre détective, mais c'est vraie que je suis le plus doué ! » Mackenzie se mit à rire en même temps que Douglas. Elle aimait ça, quand les gens croyaient en eux. Surtout, elle espérait qu’il était vraiment bon. Sinon, elle n’aurait qu’à claquer des doigts, et elle pourrait lui faire enlever sa licence, par de très mauvaises critiques sur lui, des quatre coins du monde. Mais pour qu’elle fasse une chose pareille, il faudrait qu’il la déçoive vraiment beaucoup. « D'ailleurs comment m'avez vous trouvé ? » Là, Mackenzie fut contente qu’il lui demande. Elle allait pouvoir lui expliquer comment elle était finalement arrivée au point de lui demander à lui. Elle s’empressa d’ailleurs de répondre : « Quand j’ai appris que David pourrait être à Toronto, j’ai immédiatement cherché un contact ici. Et comme je n’avais personne, un de mes plus proches collaborateurs m’a donné votre numéro ! » Un sourire plus tard, et Mackenzie se l’était mis dans la poche, c’était évident. Elle était fière d’elle, et en même temps, c’était la vérité vraie ; c’était ainsi qu’elle l’avait trouvé. Et elle n’était pas déçue par ses services pour le moment. Néanmoins, David n’était pas encore en vue. Elle n’eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit que leurs plats arrivèrent et elle remercia le serveur en le gratifiant d’un grand sourire. Elle n’hésitait plus à regarder les autres hommes, même si elle aimait toujours autant David. Elle regardait même Douglas plus précisément, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était presque à faire quoi que ce soit. Elle avait attendu trois ans, elle pouvait encore attendre quelques jours, voire quelques semaines. Ce n’était pas grave, elle était si proche du but… ce n’était plus qu’une question de jours. « J’ai hâte de le revoir. David… Il doit avoir des tas de choses à raconter, depuis qu’il est parti d’Ecose…. » Elle allait écouter chacune de ses histoires avec envie, en espérant qu’ils pourraient repartir faire un tour du monde, en amoureux cette fois. Elle rêvait un peu, il fallait qu’elle travaille, et David aussi, même s’il avait eu pas mal d’argent avec l’héritage de ses parents, et de toute sa famille en fait… Alors le voyage autour du monde, ce n’était pas pour tout de suite. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’en rêver, malgré tout.

Douglas semblait tout étonné par les paroles de Mackenzie. Quoi ? Il pensait peut-être que personne ne le connaissait ? Il devait avoir beaucoup d’affaires à son actif, tout de même et les gens parlaient beaucoup. Alors il suffisait d’évoquer les mots « détective privé » et son nom revenait de temps en temps. Elle n’avait fait qu’écouter et apprendre. Et elle l’avait appelé. Et il l’avait aidée. Néanmoins, il n’épilogua pas sur ce point et écouta la jeune femme quand elle parla de David. Elle était toute rêveuse, la jolie blonde. Elle craignait beaucoup de choses, mais elle était sûre et certaine que David ne pourrait pas résister en la revoyant. Il l’aimait, elle en était certaine. Aussi, quand Douglas reprit la parole, elle fut effarée : « Je ne veux pas vous faire perdre votre bonheur, mais... si il a refais sa vie ? Vous allez faire quoi ? » Comment ça, David aurait pu refaire sa vie ? Il ne pouvait pas, elle était encore en vie, elle n’était pas morte, elle l’attendait, et elle était venue le chercher ! Il n’avait pas intérêt à avoir refait sa vie. Elle serait capable de tuer la personne avec qui il sortait, si jamais c’était le cas. Il ne pouvait pas faire ça, c’était impossible. « Non… il ne ferait pas ça … si ? » Elle n’était plus sûre de rien maintenant et elle regarda Douglas d’un air malheureux. Il n’avait pas dit ça pour lui faire du mal, mais après tout, peut-être qu’il en savait plus qu’il ne voulait bien en dire… et peut-être qu’il savait que c’était le cas, que David avait quelqu’un dans sa vie. « Il a rencontré quelqu’un, c’est ça ? Il y a une autre femme ? » Elle était prête à pleurer, complètement désemparée. Elle n’avait jamais pensé à cela. Elle n’avait jamais pu croire que David aurait trouvé quelqu’un d’autre. C’était impossible à imaginer pour elle, évidemment puisqu’elle était encore là et qu’elle l’avait presque retrouvé. C’était cruel de penser qu’il pouvait l’avoir oubliée pour de bon. « Douglas, si c’est une blague, elle n’est pas drôle ! » Après le déni, la colère. Et bientôt, ses larmes roulèrent sur ses joues, larmes qu’elle ne put cacher bien longtemps. Toute sa fatigue, toute sa colère se relâchait d’un coup, et elle détestait ça…

La jeune femme n'avait aucune envie de pleurer devant lui, mais tout le poids de ses recherches s'effondrait sur ses épaules. Elle ne voulait pas avoir fait tout cela pour rien. Et puis, dans un sens, il avait raison. David la croyait morte, pourquoi aurait-il attendu avant de retomber amoureux. S'il avait fait son deuil, s'il avait rencontré quelqu'un d'autre, il n'en aurait plus rien à faire d'elle ! Elle était forte pourtant, Mackenzie, mais elle ne pouvait pas imaginer sa vie sans lui. Depuis trois ans, elle n'avait vécu que dans l'espoir de le revoir, et de pouvoir l'embrasser et le serrer dans ses bras de nouveau. Elle ne pouvait pas laisser cet espoir s'échapper et se volatiliser. « Je ne sais rien à se propos de ça... c'était juste une hypothèse. Trois ans c'est long vous savez, même si son coeur est encore remplis d'amour pour vous. » Malgré l'effet rassurant des paroles de Douglas, Mackenzie ne put pas se calmer, et elle se cacha dans la serviette en papier que lui tendait le jeune homme. Elle avait honte de se laisser aller comme ça. Elle pouvait paraître capricieuse et pire qu'une gamine qui n'aurait pas eu son jouet, mais au fond, elle avait simplement mal au coeur. Elle ne voulait qu'une chose : David. « On ne peut pas ne pas vous apprécier, il doit être encore raide dingue de vous. Vous êtes charmante, gentille, et très très jolie, il sera à nouveau sous votre charme dès qu'il vous reverra. Et puis le chercher pendant trois ans, ce n'est pas une petite preuve d'amour... » Elle apprécia le compliment et hocha la tête. Elle l'espérait du fond du coeur, qu'il allait vouloir d'elle à nouveau. Sinon, elle ne saurait pas quoi faire. Elle ne pourrait pas tout simplement rentrer en Ecosse toute seule. « Merci Douglas... » Mais elle ne put s'empêcher de penser au fait que peut-être, il avait trouvé quelqu'un d'autre. Elle ne voulait pas rendre une autre femme malheureuse comme elle l'avait été. S'il avait quelqu'un, alors l'une d'entre elles allait souffrir. Et elle ne voulait plus que ce soit elle qui souffre, ça avait été trop le cas. « Ce serait plus simple pour tout le monde s'il n'a trouvé personne... » Elle se mit à réfléchir quelques instants. David avait eu un passage à l'hôpital.. certes. Mais il serait déjà reparti de Toronto s'il n'avait pas rencontré quelqu'un, non ? Elle eut soudainement très peur. « Que m'avez-vous dit à propos de l'hôpital ? Vous avez pu trouver la raison ? » C'était une question de vie ou de mort. Parce qu'elle connaissait son David et elle avait bien peur que ce soit trop tard..

Evidemment, oui, ça ne devait pas être si grave que cela, comme le disait Douglas. Sinon, David y serait encore dans ce fichu hôpital. Mackenzie se détendit, un peu rassurée à propos de l'état de santé de son petit-ami, mais s'inquiéta d'autant plus des raisons pour lesquelles il était resté. Elle espérait très fort que ce ne soit pas pour une femme. Peut-être même que ce n'était pas quelqu'un de Toronto. Peut-être que c'était une femme qu'il avait rencontré pendant ses voyages et qu'il aurait emmené avec elle. Non, c'était impossible. Ce n'était pas son genre... à moins qu'il ne soit réellement tombé amoureux d'une autre. « Vous savez entre âme soeur on sent quand l'autre n'est pas loin, il n'est pas repartir parce qu'il sent au fond de lui que vous êtes tout proche de lui. » Elle sourit devant la naïveté du détective. Il essayait de lui remonter le moral, c'était vraiment adorable de sa part, mais Mackenzie n'y croyait pas, à ces bêtises d'amês soeurs. Non, David la croyait morte, alors il était à des années lumières de se douter qu'elle allait le retrouver. Mais elle le remerciait quand même d'essayer. C'était gentil de sa part. « J'en doute... mais je sens qu'il va être heureux de me revoir, quand même ! » Elle croisa les doigts sous la table, en disant tout cela.

Mackenzie décida de leur verser deux verres de vin pour fêter un peu cela. Elle se disait que Douglas n'était plus en service, cette fois, il était simplement en train de dîner, alors il pouvait bien boire un verre ou deux, ça n'allait pas le tuer. De toutes façons, il n'avait pas le choix avec elle. Si elle buvait, alors il boirait ! Elle remplit donc les deux verres et lever le sien vers lui pour boire à sa santé. « A la vôtre Douglas ! Et merci encore pour votre boulot ! » Ainsi le repas continua et ils discutèrent de choses et d'autres tout en mangeant. Il s'avéra que Douglas était quelqu'un de tout à fait charmant, qui était très intéressé par son boulot et qui ferait n'importe quoi pour aider les gens. Quelqu'un d'admirable, en somme. Ce que Mackenzie aurait aimé être. Mais entre elle et David, déjà à l'époque, il n'y avait pas d'illusion possible. C'était toujours lui le petit génie et le médecin qui sauvait des vies. Au fil du temps, elle s'était habituée, et aujourd'hui, elle se fichait pas mal d'être reconnue pour quelque chose ou non. Elle avait appris à rester humble en toutes circonstances.

Plus le repas durait, moins la bouteille était remplie, et lors du dessert, ils la terminèrent en riant gaiement, peut-être un peu joyeusement pour être certains d'être sobres. Mackenzie ne sentait plus légère, elle discutait enfin avec quelqu'un, elle avait un semblant de vie sociale, et Douglas la faisait beaucoup rire, mais c'était sûrement parce qu'il avait bu lui aussi. Et elle riait un peu pour n'importe quoi, d'ailleurs. Peu importait, le fait était qu'elle se sentait bien, au moment actuel, et elle n'aurait changé cela pour rien au monde. Quand ils eurent terminé, comme prévu, Mackenzie paya le repas et laissa Douglas payer le dessert. « Vous voulez prendre un dernier verre ? » Non pas qu'ils n'aient pas assez bu, mais ils ne pouvaient tout de même pas se quitter de cette façon !

Le sourire que Douglas offrit à Mackenzie ne la laissa pas indifférente, oh que non ! Elle se sentit toute flageolante, et, l’espace d’un instant, elle aurait voulu qu’il lui répondre que non, qu’il devait rentrer. Elle ne savait pas pourquoi elle lui avait demandé cela… Au lieu de refuser, au contraire, le jeune détective accepta et la suivit dans les couloirs de l’hôtel, en silence. Elle préférait ne rien dire, de peur de casser un moment qui allait arriver bien trop vite pour elle. Elle savait ce qu’elle faisait, mais elle ne savait pas pourquoi elle le faisait. Peut-être pour s’entraîner ? Elle n’avait pas touché un homme depuis trois ans, et cette fois, elle était si proche du but avec David qu’elle avait besoin d’expérience pour se réhabituer. C’était honteux de faire ça, mais elle avait bu. Elle pourrait toujours utiliser cette excuse. Et en fait, personne n’en saurait rien ; la première qualité d’un détective doit être la discrétion, non ?

Quand ils arrivèrent devant la porte de la jeune femme, celle-ci ne mit pas longtemps à déverrouiller la serrure et à appuyer sur la poignée. Elle était fébrile, sentant le moment venir. Son bas-ventre était déjà en feu, et elle avait l’impression qu’elle allait imploser. En plus, elle était anxieuse, angoissée. Elle n’avait jamais connu personne d’autre que David, elle ne savait pas ce que c’était de coucher avec un garçon, sans qu’il n’y ait de lendemain. Elle ne sut pas quoi faire, et heureusement pour elle, Douglas prit les devant, en la collant avec une douceur infinie contre le mur. Il ferma la porte, et posa une main sur la taille de la blonde. Cette dernière regardait avec envies les lèvres de Douglas et ne dut pas attendre avant de pouvoir l’embrasser. L’alcool aidant, elle ne mit pas longtemps avant de se coller un peu plus à lui en accrochant ses mains autour de son cou et leur baiser devint alors plus passionné, plus demandeur, plus vivant. Elle trouvait qu’il avait des lèvres plutôt douces, et qu’il embrassait bien. Evidemment, elle ne pouvait comparer qu’avec David, et elle avait partiellement oublié les détails, après le temps… et c’était différent. Il était aussi tactile que lui, mais semblait plus expérimenté. Il avait sûrement eu des dizaines de partenaires… ce que Mac n’avait pas eu. Et David non plus. Enfin, peut-être que maintenant, c’était différent, mais à l’époque, David n’avait eu que Mac. Ils n’étaient que des gosses qui avaient grandi ensemble.

Elle se laissa entièrement faire, ne sachant pas par où commencer. En trois ans, elle avait un peu rouillé, et elle en était navrée, parce qu’elle n’allait sûrement pas être aussi douée que Douglas. Elle le laissa l’attraper dans ses bras, alors qu’elle noua ses jambes autour de sa taille pour d’abord la plaquer un peu plus fort contre la porte, et ensuite pour la balancer tout doucement sur le lit, encore défait. En effet, la jeune femme ne pensait pas qu’elle reviendrait ici avec quelqu’un. Alors qu’elle regardait Douglas déboutonner sa chemise blanche, elle se demanda très brusquement s’il avait un préservatif. Ici, elle n’avait rien, et elle avait arrêté de prendre la pilule. Il dut lire la peur dans ses yeux, puisqu’il se rapprocha d’elle pour la rassurer et lui murmurer à l’oreille qu’il avait toujours ce qu’il fallait. « Prévoyant… j’ai de la chance » pensa-t-elle, en se disant qu’elle aurait pu tomber sur un psychopathe. Il en profita pour l’embrasser dans le cou pour la détendre, ce qui fonctionna parfaitement bien. Il n’y avait pas à chercher à le nier, il savait très bien s’y prendre. Elle décida de se laisser aller, sans plus penser à rien, et évidemment l’alcool était son allié. Elle profita du moment, elle se sentait bien, et elle n’avait plus envie de rien d’autre que la présence de l’homme qui commençait à la déshabiller. Elle savait que cette relation était sans lendemain, c’était ce qu’elle voulait, même si elle se sentait un peu fautive de faire ça, alors qu’elle si proche de retrouver David. Néanmoins, elle ne pouvait plus reculer, et puis, Douglas était plutôt mignon. Alors, au lieu de penser, elle décida de bouger un peu, et de l’aider dans sa tâche, en le déshabillant à son tour, et en embrassant chaque parcelle de son torse.

Quand ils furent nus tous les deux, Douglas prit soin de bien installer Mackenzie, à grand renfort de coussins et d’oreillers. Il était adorable avec elle, il avait compris qu’elle n’avait rien fait en trois ans, et que la reprise allait être un peu difficile pour elle. Alors, il fut très doux, et lent, et Mackenzie sentit qu’il allait aller à son rythme à elle. Avec un sourire, elle attira son visage jusqu’au sien, et, grisée par l’alcool ingéré, elle lui chuchota quelques mots à l’oreille : « Fais moi rêver, Doug, fais tout ce que tu veux ! » Elle avait énormément d’audace pour lui dire cela, elle connaissait les caractères des hommes, elle en côtoyait tous les jours au boulot. Quand on leur disait des choses comme celle-ci, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’ils refusent. Et surtout, il allait se faire plaisir, c’était presque une évidence…

Elle venait de déclencher l’alarme qui allait signer sa trahison pour David. Mais était-ce une trahison, à proprement parler ? Il la croyait morte, il ne l’avait pas vue depuis trois ans. Il l’avait sûrement oubliée, et peut-être s’était-il envoyé en l’air avec une autre femme. Elle n’allait pas l’en blâmer, même si ça la blessait énormément. Mais alors dans ce cas, elle en avait aussi le droit. Elle n’aimait que David. Mais être dans les bras de Douglas, ce soir-là, lui parut être un moment de pure majesté, de pure magie qu’elle n’aurait gâché pour rien au monde. Alors pour quelques heures, elle décida d’oublier David, d’oublier son amour perdu et de profiter de ce que la vie pouvait lui donner. Peu importait les conséquences du lendemain.  

Quand Douglas commença à la pénétrer, elle ressentit autant la douleur que le plaisir qu’il lui manquait depuis trois ans. C’était étrange, cette sensation. Ce n’était pas la même qu’avec David. Il était différent. Il était un peu plus doux, mais c’était certainement parce qu’il faisait attention à ne pas lui faire mal. Il n’attendit pas bien longtemps avant de se mouvoir en elle, lui arrachant des gémissements de plaisir. Elle passa ses mains dans son, planta ses ongles dans la peau blanche qu’elle trouva là, bien sage, et les laissa glisser jusqu’aux fesses de son amant d’un soir qu’elle toucha, palpa, dessina et finalement apprécia.

Déjà, les deux protagonistes s’essoufflaient, leurs baisers devenaient plus fiévreux, et leurs gestes moins précis, au fur et à mesure que leur plaisir augmentait. Mackenzie ressentait chaque coup de rein de l’homme au dessus d’elle, et les savourait avec délice, redécouvrant des sentiments et émotions oubliées, et mises de côté. Elle appréciait le moment, et elle avait hâte de recommencer encore et encore. Comme une toxicomane qui aurait tenté une cure pour arrêter sa dope, elle replongeait dans les méandres des relations sexuelles et avait de nouveau cette impression de renouveau, d’une seconde première fois. C’en était une en réalité, puisque c’était sa première fois avec un autre homme que David.

Mackenzie ne se rendait même plus compte de ses faits et gestes, et elle ne comprit pas immédiatement que les cris qu’elle entendait étaient les siens. Lors d’un instant de lucidité, elle plongea ses yeux dans ceux de Douglas, rieurs, et rougit instantanément alors qu’il augmentait la cadence en l’embrassant dans le cou de nouveau. Tandis qu’elle essayait vainement de moins hurler. Ses voisins de chambres allaient la détester… Et quand enfin, elle atteignit le septième ciel, elle crut que jamais elle n’allait pouvoir en redescendre. Douglas n’en avait pas fini avec elle, bien entendu. Elle avait toujours cru que les hommes étaient plus rapides à satisfaire… mais quand ils savaient s’y prendre, ils faisaient durer le plaisir plus longtemps pour eux que pour elles… David était du même genre, ça ne la changeait pas trop. Et surtout… elle avait double dose, de ce fait !

Douglas continua en augmentant un peu plus la cadence à chaque coup de rein. Cette fois, le plaisir était pour lui. Pas uniquement, bien sûr, mais il cherchait à se faire plaisir après avoir satisfait la jeune femme. Et heureusement pour elle, le plaisir ne s'arrêta pas ici, mais continua et remonta en flèche, dès lors que ses pensées divaguèrent un peu. Douglas était excellent, elle devait le reconnaître, et elle était bien contente de l'avoir invité à prendre un dernier verre, qu'au final ils n'avaient même pas bu. Au bout d'un court moment, Mackenzie sentit qu'une nouvelle vague de plaisir allait la submerger, et elle ne put rien faire. Et elle sentit que du côté de Douglas, c'était la même chose, puisqu'il s'était arrêté net dans ses mouvements, tendu et à bout de souffle. Il roula sur le côté pendant qu'elle respirait bruyamment, incroyablement satisfaite, et elle se tourna vers lui dès que possible, un grand sourire aux lèvres. Elle avait chaud, elle était rouge pivoine par l'effort, même s'il était restée très passive. Elle avait adoré ce moment, et elle n'avait qu'une envie : recommencer ! Même si cette prochaine fois, elle la voulait avec David. Non pas que Douglas n'était pas attirant ni quoi que ce soit d'autre, mais elle se sentait prête, et elle voulait continuer dans cette voie avec la vraie personne qu'elle aimait plus que tout au monde ! Douglas la prit dans ses bras et la câlina longuement, en lui demandant si ça allait. Mac hocha la tête pour toute réponse et attendit un peu avant de prendre la parole. « C'était très bien ! » Mais malgré tout, elle savait que ça ne donnerait rien de plus. Et Douglas le savait aussi, il en était conscient sûrement. Après tout, Mackenzie était une cliente, et en plus, elle était amoureuse d'un autre. Elle ne savait même pas pourquoi il avait accepté de coucher avec elle. Il devait la prendre pour une traînée, et elle devrait avoir honte. Mais au contraire, elle se sentait très bien dans cette situation... « Tu n'as pas de copine, Douglas ? » Si sa réponse était non, elle trouverait ça bien dommage. En même temps, sa réponse devait être non. Sinon il n'aurait pas fait cela. Il avait l'air d'être un homme fidèle. Quoi qu'il en soit, les Torontoises ne savaient même pas ce qu'elles manquaient en ne sautant pas dans ses bras. C'était un bon parti. Un très bon...

Le jeune détective n'attendit pas bien longtemps pour répondre. Et comme Mackenzie connaissait déjà la réponse, elle ne fut pas surprise de l'entendre dire qu'il n'avait personne, et que ça faisait un moment qu'il n'y avait pas quiconque. Elle fut prise d'un accès en fierté en apprenant alors qu'elle était la première depuis un long moment. A moins qu'il ne soit du genre à coucher avec toutes les filles avec qui il partageait une bouteille de vin. « Mais c'est ainsi.... je ne désespère pas de trouver une femme qui veut bien de moi ! » Elle sourit quand elle entendit son rire et frissonna lorsqu'il caressa son bras. Son esprit embrumé par les effluves du vin retrouvait petit à petit ses moyens, et elle se rendait compte qu'elle avait couché avec quelqu'un qui lui était totalement inconnu... ou presque. Elle ne savait pas s'il allait devoir le dire à David. Après tout... il ne pourrait pas savoir et elle n'avait pas envie d'avoir des ennuis alors qu'elle viendrait à peine de l'avoir retrouvé pour de bon. Elle allait réfléchir à cette question dans les prochains jours. « Tu as ta moitié qui t'attends, il sera heureux te de retrouver, j'en suis certain. » Mac ne put que sourire encore une fois, en repensant à son homme. Elle avait hâte de le revoir, de le comparer avec l'homme qu'il était trois ans auparavant. Elle était prête pour ce renouveau, pour cette seconde rencontre, elle le voulait plus que jamais. Et être dans les bras de Douglas lui donnait encore plus envie de retrouver l'homme de sa vie. Elle n'avait même plus peur qu'il soit avec une autre. Elle serait prête à lui pardonner tout ce qu'il aurait pu faire pendant trois ans. Mac était persuadée qu'il allait l'aimer comme avant. « J'espère qu'il sera aussi heureux que moi, en effet. » Elle plongea son regard dans celui de Douglas, et sourit de toutes ses dents, en se blotissant un peu plus contre lui. Elle n'arrivait pas vraiment encore à croire et à comprendre qu'ils venaient de faire l'amour, mais peu importait. Elle s'en rendrait bien assez compte le lendemain en se levant avec un mal de tête carabiné. Les prochaines rencontres entre eux allaient être mouvementées. « Tu veux rester jusqu'à demain ? Je t'offre le petit déjeuner ? » Non pas qu'elle avait peur de rester seule la nuit, mais elle aimait bien dormir dans les bras de quelqu'un, et c'était quelque chose qui, pendant trois ans, lui avait vraiment énormément manqué. Douglas n'était pas obligé d'accepter bien entendu, mais elle aurait aimé qu'il dise oui...

La déception qui dût se lire sur le visage de Mackenzie lorsque le détective lui répondit qu'il ne savait pas s'il devait rester ou non le fit sûrement changer d'avis. Elle lui fit un grand sourire quand il l'embrassa et elle entendit alors ce qu'elle voulait qu'il dise. « Si tu veux.... mais je me lèverai tôt demain, je dois aller travailler... »  Avec un sourire, tout ce qu'elle put faire par la suite fut de se blottir contre lui et de bien s'enrouler dans la couette pour dormir. Elle ne mit pas longtemps à terminer dans les bras de Morphée, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il y avait de quoi après tout : David était plus proche que jamais, et elle voyait enfin le bout du tunnel.

Le lendemain matin, le réveil fut difficile. Elle avait un mal de tête carabiné, l'impression de n'avoir dormi que quelques heures, et elle sentait quelque chose lui chatouiller le bras. Elle ouvrit les yeux pour découvrir Douglas, juste à côté d'elle, et elle se souvint alors de ce qu'ils avaient fait la veille au soir. Mac savait pourtant qu'elle ne devait pas boire plus que de raison... mais ça avait été plus fort qu'elle. A demi mortifiée, mais ne pouvant pas revenir en arrière, elle décida d'agir normalement, sans oublier ce qu'il s'était passé, mais sans essayer de le continuer non plus. Les chatouilles sur son bras l'avaient réveillée, et Douglas ne semblait pas regretter le moins du monde. Enfin, elle remarqua qu'elle était collée à lui, et s'empressa de se décoller de son torse, sur lequel elle avait dormi. « Douglas.. je... hum.. bonjour ! » Elle ne savait plus très bien comment réagir. Elle se demandait si elle devait de nouveau le vouvoyer ou continuer de le tutoyer, et si elle devait parler de la veille... Au final, elle décida de ne pas rester bloquée là-dessus et enchaîna : « Quelle heure est-il ? Je croyais que vous deviez travailler ? » Elle lui fit un sourire, et remarqua qu'elle était encore nue sous la couette. Elle rougit violemment en remarquant le regard appréciateur de Douglas et colla un peu plus la couette sur elle, quitte à le dévêtir lui.

Mackenzie n'avait aucun problème à s'enrouler dans la couette et à laisser Douglas se débrouiller. Après tout, il n'allait sûrement pas tarder à partir, il avait l'air déjà bien réveillé. Et il ne semblait pas plus gêné que ça d'être nu, au contraire de Mackenzie, qui n'en avait pas l'habitude, pas devant un autre homme que David. Après avoir regardé le petit réveil d'appoint de la table de chevet, Douglas se retourna vers la jeune femme et répondit : « Dans 45min.... je devrais aller rentrer chez moi pour me changé d'ailleurs avant d'aller au bureau. » Elle hocha la tête mais déjà, Douglas était à la recherche de ses vêtements de la veille. Mackenzie n'osa pas lui dire qu'ils étaient de son côté du lit, et puis, il le remarqua de lui-même bien assez rapidement. Evidemment, il se leva pour aller les chercher, et la jeune blonde ne put s'empêcher de le regarder et de le détailler. Elle rougit fortement quand il vit qu'elle le matait, mais elle ne put cacher un petit sourire en repensant à ce qu'ils avaient fait la veille au soir. Elle n'était pas déçue. Il avait été doux, gentil, apaisant, et surtout, il n'avait rien fait qu'elle ne voulait pas. Il avait été parfait, vraiment. Elle ne pouvait pas se plaindre. Et en plus, Doug était plutôt beau gosse. Il avait tout ce qu'il fallait où il fallait, et sur ce point de vue, il ressemblait un peu à David. Pendant qu'il se rhabillait, Mackenzie ne put s'empêcher de le regarder, tout en parlant : « Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Enfin, je sais que c'est ton job, mais on aurait dit que c'était mission impossible... » Instinctivement, elle avait gardé ce ton familier. Tant qu'ils étaient dans cette chambre, elle pouvait se le permettre. Et plus tard, lors de leur prochain entretien, elle changerait de ton, comme si de rien n'était. Mais jamais elle n'oublierait cette nuit. « On se revoit quand ? » Devant l'ambiguité de sa question, Mackenzie rosit davantage et tourna la tête quelques secondes. Elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle voulait recommencer. Elle avait adoré la nuit précédente, mais ce n'était pas une chose qui devait se reproduire. « Je veux dire... dans trois jours encore ? Pour avoir des nouvelles de David ? » Au fond, c'était tout ce qui comptait non ?

Quelle situation embarrassante ! Mackenzie n’aurait pas dû se sentir embêtée comme cela, au contraire, elle aurait dû profiter jusqu’au bout. Mais elle avait parlé de David, et maintenant, elle ne pouvait même plus se regarder en face, rien que parce qu’elle avait couché avec un autre homme. Et pourtant, ce n’était pas l’acte qu’elle avait fait qui lui faisait honte, non, c’était de se dire qu’elle avait devoir revoir Douglas par la suite. Comment pourrait-elle rester convenable et raisonnable pendant qu’elle serait de nouveau en face de lui ? Elle rougirait, elle aurait honte, ou bien pire… Et lui, comment allait-il se comporter ? C’était un américain, un canadien, et elle ne connaissait pas les hommes d’ici ! En Angleterre et en Ecosse, ils étaient plutôt galants, gentlemen, et si une femme ne voulait pas être embarrassée, ils faisaient tout pour qu’elle se sente bien. Elle verrait bien… « Oui, dans tois jours, sans problème Mackenzie, je pense que j'aurai de nouveaux éléments pour que tu puisses retrouver ton amoureux. » Trois jours… ça lui paraissait tellement loin. Mais comparés aux trois ans qui venaient de s’écouler, trois jours, ce n’était rien, n’est-ce pas ? Elle pouvait bien encore attendre un tout petit peu ? Ça n’allait pas la tuer ! Au contraire. Elle aurait le temps de se préparer à la rencontre, savoir ce qu’elle pourrait bien lui dire, imaginer ses possibles réactions. Et Douglas était tellement serviable que peut-être, il lui donnerait encore plus d’informations pour l’aider. Elle l’espérait en tout cas. Quand le jeune homme eut terminé de s’habiller, il se rapprocha de nouveau de Mackenzie et l’embrassa pour la dernière fois. Elle profita de cet instant, ce dernier instant, et il lui souhaita de passer une bonne journée, en lui répétant qu’ils allaient se revoir trois jours plus tard. Et sur ces mots, il la quitta, en fermant doucement la porte. Elle se retrouva alors seule dans la chambre d’hôtel, et elle commença à rire en repensant à la veille au soir. Ils avaient dérapé, certes, mais quel dérapage ! Elle s’en souviendrait toute sa vie.

Pendant les trois jours suivants, Mackenzie fut partagée entre plein de choses. D’un côté, elle explorait encore la ville, en essayant de trouver autre part qu’un hôtel pour vivre. Ce n’était pas qu’elle en avait assez, mais elle aurait aimé trouver quelque chose de mieux, d’appoint. D’un autre côté, elle repensait à Douglas, et se disait qu’elle aurait bien du mal à l’expliquer à David. Mais après tout, elle n’était plus avec lui, depuis trois ans, c’était comme s’ils avaient rompu, même si elle ne le voyait pas de cet œil là. Et d’un dernier côté, pour compléter toutes ces pensées, Mackenzie se demandait comment elle allait bien pouvoir faire pour que David veuille d’elle à nouveau. En effet, il y avait deux possibilités : soit il acceptait facilement qu’elle soit encore vivante, soit il ne l’acceptait pas. Et s’il ne l’acceptait pas, Mac n’aurait sûrement pas la force de se battre, pas après tout ce temps. Et s’il avait une petite amie ? Et s’il avait refait sa vie ? Que ferait-elle ? Douglas ne lui avait rien dit de concret là-dessus, et elle ne savait pas à quoi s’attendre. Au bout du troisième jour, elle décida cependant d’attendre le soir même et les nouvelles de Douglas pour angoisser.

Ils avaient de nouveau rendez-vous dans le restaurant de l’hôtel, et cette fois, Douglas fut à l’heure. Mackenzie était anxieuse, elle ne savait pas vraiment comment se comporter. Est-ce qu’ils allaient faire comme si de rien n’était ? Sûrement. Il fallait que tout cela reste professionnel. Alors si elle l’accueillit avec un sourire chaleureux, elle ne lui parla cependant pas d’une manière trop familière. « Bonjour Douglas ! Tout va bien ? » Pour l’instant, c’était facile, elle ne demandait que des nouvelles. Elle avait pris l’initiative de lui commander un café, et rien à boire. D’ailleurs il n’allait même pas rester ici pour dîner, Mackenzie allait formellement se l’interdire. Elle trouverait n’importe quelle excuse, mais il ne resterait pas ici. Elle n’allait pas refaire l’idiote une deuxième fois, même si elle ne le regrettait pas. « Vous avez des nouvelles ? » Et voilà, le ton était lancé, et la question était donnée. Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre. Et Douglas ne semblait pas perturbé par le changement, au contraire, c’était comme si tout était normal pour lui. Professionnel alors. Bien. Mackenzie n’en était que plus ravie !