Ella m’avait donné rendez-vous chez elle le seul après-midi où je ne travaillais pas. J’avais encore demandé à Jonathan de garder les enfants, et il avait accepté gentiment. La situation avait bien évolué entre lui et moi et c’était très agréable. Nous avancions tous les deux, doucement. Et c’était tout ce que je voulais pour l’instant. Alors que je finissais de me préparer pour aller voir ma cousine, qui disait qu’elle voulait me voir pour qu’on discute avant qu’elle ne reprenne le travail, j’entendis la sonnette dans l’entrée et les enfants coururent pour ouvrir. C’était bien sûr Jonathan qui arrivait et apparemment, il était d’excellente humeur. Je restais pour discuter un peu avec lui avant de me rendre compte qu’il fallait que j’y aille, sinon je serais en retard. Il me laissa partir et je lui promis que je n’allais pas rentrer aussi tard que la dernière fois.

Evidemment, il y eut de la circulation pour arriver jusque chez Ella. Je trouvais cependant rapidement une place pour me garer et je n’eus que quelques minutes de retard quand je sonnai à sa porte. Elle m’accueillit avec un grand sourire et m’enlaça après m’avoir embrassée sur les joues. J’entrai chez elle et avançai dans son salon. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis mon plus grand fils me sauter dans les bras en criant « Maman ! ». J’ouvris de grands yeux, avant de sourire et de m’accroupir pour prendre mon fils dans mes bras. Je l’embrassai longuement en sentant les larmes me monter aux yeux. Ça faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas vu… il avait dû changer, beaucoup changer, mais je n’avais pas eu le temps de voir, il avait été trop rapide pour moi.

- Franz, mon chéri… Tu m’as manqué, mon grand !

Je me relevai en le tenant dans mes bras. Il était toujours aussi blond, il avait toujours la même tête, mais qu’est-ce qu’il avait grandi !! Il était immense. Il était tout content de me voir, et moi je ne pouvais même pas me rendre compte qu’il était bel et bien dans mes bras. C’était incroyable !
Avec un grand sourire, je me retournai vers Ella, qui souriait, émue aux larmes. Je me rapprochai d’elle et la pris dans mes bras aussi. Je venais de comprendre ce qu’elle avait fait et c’était vraiment adorable. Elle ne m’avait rien dit, absolument rien et la surprise était totale. Et c’était la meilleure surprise que l’on m’avait fait depuis bien longtemps…

- Merci Ella. Merci beaucoup. T’es la meilleure, vraiment !

Je reposai mon fils par terre et m’agenouillai devant lui pour mieux le regarder. Il faisait au moins quinze ou vingt centimètres de plus, et il commençait à ressembler à son père, alors qu’il m’avait toujours ressemblé avant. Il ne semblait pas du tout m’en vouloir d’être partie, mais de toutes façons, il connaissait l’histoire. Je lui caressai les cheveux avant de le serrer de nouveau contre moi. Je n’en revenais vraiment pas…

J’étais tellement heureuse que je ne savais même pas comment j’allais pouvoir me calmer. Je n’allais jamais pouvoir boire, manger, conduire normalement, maintenant que mon fils était là. C’était franchement la meilleure nouvelle que j’avais eu depuis bien longtemps. Tandis qu’Ella partait dans sa cuisine pour nous ramener des boissons et de quoi grignoter, je m’installai avec Franz dans son salon, sur le canapé. Il commença à me raconter tout ce qu’il s’était passé ces derniers temps, et je fus triste de me rendre compte que je ne comprenais pas la moitié de ce qu’il me disait, parce que je n’avais pas été présente. Il faudrait que l’on discute plus tranquillement lui et moi, où je lui poserais des questions et où on pourrait reprendre l’histoire dès le début. En attendant, je l’écoutais parler, et je l’observais encore. Une semaine avec lui, à profiter de sa présence, à le voir avec son frère et sa sœur… c’était le Paradis !
Quand Franz prit une pause pour manger un gâteau, je le pris sur mes genoux et l’embrassai sur les cheveux, en le serrant contre moi. J’avais l’impression de revivre encore plus. Il m’avait tellement manqué. Il était temps que je le revois. Je regardai alors ma cousine, en souriant toujours.

- Merci Ella. Merci infiniment. Tu es partie quand à New-York ?

J’avais hâte de savoir comment Ella m’avait faussé compagnie dans cette histoire. Mais ça valait le coup. C’était une merveilleuse surprise. Elle m’expliqua alors qu’elle était partie deux jours auparavant, qu’elle avait passé une journée entière à New-York avec Franz et mon ex-mari. Mon fils nous écoutait en mangeant, et il était très heureux d’être ici. Une semaine avec lui… ça allait être génial. Il m’avait tellement manqué. Le revoir était comme une bouffée d’air frais, réellement. Il se colla à moi et je le serrai doucement, en lui embrassant les cheveux. Comment avais-je pu oser le laisser derrière moi à New-York ? A cause de son père bien sûr… mais c’était tellement difficile. Je ne pouvais pas faire un choix et pourtant je n’avais pas eu d’autres possibilités.

- Tom est très gentil, je comprend pourquoi tu es tombé sous son charme...

Je ris un peu, en me rappelant de la façon dont Tom avait absolument galéré pour me faire la cour. Je n’étais pas du tout réceptive, au premier abord. Et puis, finalement, après un accident de bus, j’avais été la seule à peu près intacte. Alors que Matt avait dû rester à l’hôpital plus longtemps que prévu, j’avais pris en charge Tom, pour qu’il s’arrête un peu de travailler. Et notre idylle avait commencé ainsi. Elle n’avait pas duré bien longtemps. Assez longtemps pour que Franz voie le jour. Et ça n’avait pas été facile … Mais c’était du passé maintenant !

- C’est plutôt lui qui est tombé sous le mien, au départ. Il s’est accroché pendant un bout de temps avant que j’accepte de sortir avec lui !

J’ébouriffai les cheveux de Franz affectueusement et l’entendis râler. Il n’avait pas perdu son caractère. Je ne regrettais pas une seule seconde d’avoir aimé Tom. J’avais mon fils, et je ne changerais le passé pour rien au monde.

Ella ne semblait pas croire que je n’avais pas été la première à être amoureuse de Tom. Non, c’était bel et bien lui qui avait voulu me séduire en premier. J’étais nouvelle dans cet univers musical, celui du groupe, et j’avais bien du mal à penser à autre chose qu’au travail, ou aux sorties entre amis. J’étais libre, je venais d’avoir mon diplôme, tout était bien. Rencontrer Tom n’avait pas été fortuit, bien entendu, puisque c’était mon patron, mais je n’aurais pas pensé un jour tomber amoureuse de lui. Et pourtant, c’était arrivé. Et j’étais tombée enceinte, et nous nous étions mariés. Et nous avions divorcé. C’était la vie, mais ça m’avait fait tellement souffrir… c’était incroyable qu’on ait pu s’entendre, finalement. C’était grâce à Matthew, principalement, parce qu’il avait tout fait pour que l’on reste amis, tous les deux… et puis c’était triste à dire, mais sa mort nous avait aussi rapprochés de nouveau, Tom et moi, puisqu’il fallait bien qu’on se serre les coudes et puis, il était le père de mon fils, malgré tout son assentiment envers moi. Je dus choisir parmi toute cette histoire pour garder la magie de la rencontre à raconter à Ella, qui m’avait alors demandé de lui raconter notre rencontre. Avec un sourire, je regardai distraitement mon fils avant de lui dire :

- En fait, c’est un peu compliqué… c’était mon patron. Il gérait le groupe dans lequel Matthew avait voulu m’intégrer, leur groupe.. le mien. Et il est tombé amoureux de moi, et de fil en aiguille, après un accident assez grave, en Europe, où on a dû rester plus longtemps que prévu, on s’est mis ensemble…

Je ris en me rendant compte du ridicule de la situation. Je savais qu’Ella n’allait pas dire que je mentais pour ne pas montrer que j’avais profité du statut de Tom pour me faire connaître. Au contraire. Je disais bien la vérité. Mais combien de fois m’avait-on demandé si j’avais profité de lui ? De trop nombreuses fois. C’était douloureux, mais c’était comme ça, pour les femmes dans ce métier. Malheureusement. Aujourd’hui, c’était terminé, ma réputation n’était plus à faire. Et on savait que j’avais du talent, sans forcément devoir coucher avec quelqu’un pour ça.

[justify]Ella me semblait perturbée, dorénavant. Je ne comprenais pas pourquoi. Etait-ce parce que j'avais dit que Tom était auparavant mon patron ? Peut-être ! Pourtant, je ne devais pas être la première personne à coucher avec son patron. Et puis d'ailleurs, c'était lui qui l'avait voulu.

- Un accident grave ? Mais... enfin qu'est-ce qui c'est passé ?!


Ah ! Je comprenais mieux. C'est vrai que je n'avais pas donné de détails là-dessus. Je regardai de nouveau mon fils. Ce n'était pas si ancien, mais ça me paraissait tellement loin tout ça. C'était bien avant qu'il ne naisse et je ne faisais même pas concrètement partie du groupe ; je n'étais que leur violoniste.

- Nous étions en Biélorussie, on avait roulé toute la nuit et notre chauffeur a voulu éviter un animal sur la route. On a dégringolé dans le fossé et on s'est retrouvés à l'hôpital. Matthew a eu le bras et la jambe gauche cassés, et il a été dans le coma. En y repensant, c'est la première fois qu'il a perdu la mémoire...

Je m'interrompis en repensant à ces moments terribles, où Matt ne se souvenait même plus de sa femme. J'avais eu de la chance quand mon malheur : Matthew n'avait pas eu trop de problèmes de mémoires. Il avait beaucoup de migraines, des paralysies, mais seulement quelques pertes de mémoire...

- Il était le seul à avoir eu beaucoup de mal. Tom et moi n'avions rien eu du tout, quelques coupures tout au plus. En fait, c'était parce qu'il était le dernier debout, tout le monde était couché...

Je m'arrêtai de nouveau. Comme toujours, c'était le dernier à aller dormir, c'était toujours le plus fatigué, mais le plus empli de vie aussi... et c'était pour ça aussi que sa tumeur avait été déclenchée, quand, des années plus tard, il avait chuté en pleine tête, tout ça parce qu'il était trop fatigué. C'était terrible, rien que d'y repenser...

Je voyais bien qu'Ella s'en voulait d'avoir amené le sujet sur le tapis, mais je n'allais pas du tout lui en vouloir, pour ma part. Au contraire. C'était parfois bon de ressasser le passé. Personne n'était mort, ce jour-là, et même si Matthew nous avait fait une belle frayeur, il n'y avait rien eu de bien grave. En quelques heures, il se souvenait de nouveau de sa famille, et tout allait bien. Mais c'était un prémice, en quelques sortes, et nous aurions dû voir le message dans tout ceci... Je voyais bien qu'Ella cherchait quelque chose à dire, comme si elle était gênée, comme si elle aurait voulu trouver quoi répondre. Que peut-on répondre à cela ? Rien ! Et ce n'était pas grave. Je n'étais pas troublée par ces souvenirs. Ils n'étaient pas très joyeux, mais je m'en fichais. J'étais d'une excellente humeur et rien, pas même repenser aux faits passés, pourraient me faire changer d'avis là-dessus. Cependant avant même qu'Ella ait le temps d'ouvrir la bouche, c'est Franz qui prit la parole. Il avait été dans la lune jusqu'à présent, mais il ne perdait pas le nord.

- Maman ! C'est quand que je vois mon frère et ma soeur ?

En regardant Ella, je compris que ma joie était similaire à la sienne. Elle adorait déjà mon fils, et j'imaginais bien que c'était réciproque. Il avait tout joyeux d'être ici, et pas seulement parce qu'il était avec moi, mais parce qu'il découvrait un nouveau morceau de sa famille. Et surtout, ça allait être une double surprise, puisque les enfants à la maison, ne savaient pas que leur demi-frère devait venir. Et je ne savais même pas s'ils allaient comprendre de qui il s'agissait. Johanna comprendrait sûrement, mais ce n'était pas sûr que Leo voit le tout de cet œil-là.

- Bientôt, mon ange. Très bientôt.

Nous n'allions pas passer la nuit ici de toutes façons, mais je voulais tout de même profiter un peu de ma cousine, rien que pour la remercier de ce qu'elle avait fait pour moi. Elle pourrait venir à la maison, après tout, et nous pourrions passer la soirée chez moi. Je n'avais pas très envie de faire venir les enfants ici, parce que ça signifiait aussi préparer un maximum d'affaires pour pas longtemps. Ils avaient besoin de beaucoup de choses, de jouets, de vêtements de rechange, de couches et c'était tout un armada que je n'avais pas la force de prendre avec moi. Et puis je devais laisser Jonathan vaquer à ses occupations.

- Viens avec nous Ella en repartant, comme ça tu pourras revoir les enfants !

Avec un regard suppliant pour qu'elle vienne, je lui fis un grand sourire et je tentais de la persuader de cette manière, même si je savais que j'aurais gain de cause.. et puis, à moins qu'elle ne doive voir David le soir-même, elle n'aurait pas le choix !

A la vue de l'expression d'Ella, je sus que j'avais eu gain de cause. Elle allait venir avec nous. Ca lui permettrait de revoir Jon, aussi, ce serait sympa. Elle me répondit alors que ce serait avec plaisir, mais qu'elle nous rejoindrait plus tard, parce qu'elle avait des choses à faire avant ça. Je hochai la tête en lui adressant un clin d'oeil. J'imaginais bien ce qu'elle devait faire. Je sentais que c'était à propos de David, je ne savais pas exactement pourquoi, mais j'étais presque sûre d'avoir raison. Elle avait l'air très attachée à lui. J'étais contente de voir que tout se passait bien avec lui. C'était une bonne chose, et Ella méritait d'avoir un homme comme lui. Il était mignon, adorable et gentil, et elle n'aurait pas pu trouver mieux que ça.
De son côté, Franz me suppliait pour que l'on parte. Non pas qu'il semblait s'ennuyer ici, après tout, Ella avait dû lui trouver des tas d'occupations en une journée, mais il avait hâte de rencontrer son frère et sa sœur, ce que je comprenais évidemment. A sa place, j'aurais été aussi pressée que lui. Cependant, on avait le temps encore, ce n'était pas urgent. Il aurait tout le temps pour faire leur connaissance. Néanmoins, je repensais à Jon, et je me dis qu'il serait temps que je rentre en effet. Et puisqu'Ella venait à la maison, il n'y avait pas de raison pour que je reste plus longtemps. Et puis Franz devait être fatigué, et elle aussi.

- Tu m'étonnes qu'il a envie de les voir... depuis le temps !

Je caressai doucement les cheveux de mon fils, en souriant sans même m'en rendre compte. Je me sentis enfin bien, pleinement bien. J'avais tous mes enfants au même endroit, et c'était très agréable. Je ne pourrais jamais assez remercier Ella. Et puis en y réfléchissant, peut-être que j'allais demander à Jon de rester avec nous, s'il n'avait rien de prévu. Ca ferait une soirée plutôt sympa.

- Puisque monsieur est pressé, on va y aller, et tu n'auras qu'à nous rejoindre dès que tu seras prête !

Je l'embrassai longuement, quand elle nous raccompagna à l'entrée de son duplex et je partis avec Franz, qui était encore plus excité qu'avant. Je l'attachai dans la voiture et partis vers la maison, en espérant que tout se passe bien. Il n'y avait pas de raisons, j'étais sûre que tout irait parfaitement bien, mais sait-on jamais ?

Quand je passai la porte d'entrée avec mon fils, Leo et Johanna étaient tous les deux occupés avec Jon, qui me regarda en souriant avant de poser les yeux sur Franz, qu'il n'avait jamais vu. Je remarquai pourtant dans mon regard qu'il avait directement compris qui cet enfant était. Les enfants firent connaissance ensemble, calmement et ils semblèrent s'apprécier tout de suite. Franz était adorable avec eux et faisait bien attention à ne pas faire trop de bêtises. Il était toujours aussi sage, c'était mignon. Jonathan quant à lui, refusa de rester pour la soirée, il me dit alors que c'était une soirée pour moi, que je devais en profiter, sans lui. Je souris et le remerciai d'avoir gardé les enfants plus longtemps.

Et encore plus tard, Ella arriva à son tour, toute fraîche et pimpante, un grand sourire sur les lèvres. Elle fut accueillie avec cris et les enfants semblèrent vraiment heureux de la revoir.

- Salut cousine. Bienvenue chez les fous, ce soir!

Apparemment très heureuse d’être là avec nous, Ella entra dans l’appartement et enleva son manteau rapidement, pour pouvoir serrer ses cousins et sa cousine dans ses bras. Tout le monde était content de la retrouver, moi la première.

- Maison de fou ! Non, juste de gens heureux !

Je ris doucement. Qui avait dit que le bonheur et la folie ne pouvaient pas aller ensemble ? J’avais l’impression d’être cent fois plus heureuse depuis que Franz était arrivé. C’était génial. C’était un sentiment tellement bon de redevenir une vraie maman, avec tous ses bébés chez soi. Il faudrait que je pense à appeler Tom pour le remercier, évidemment. Ella n’était pas toute seule dans l’histoire, même si elle avait fait le plus gros, bien entendu. Je l’invitai rapidement à s’asseoir et les enfants vinrent autour de nous pour jouer. Franz restait très proche de moi, même s’il était très content d’avoir son frère et sa sœur. C’était la première fois qu’il voyait Leopold, et le courant semblait déjà passer entre les deux. J’étais fière de cette entente. Même très fière.

- Alors.. David t’a appelée ?

Le regard étonné qu’Ella me lança me fit comprendre que j’avais visé juste. Je n’étais pas encore rouillée pour ce genre de choses, et je savais reconnaître l’amour quand il était dans l’air ! Et c’était le cas. Ella rayonnait, elle irradiait de bonheur, pour mon plus grand plaisir. C’était un régal de la voir ainsi.

L’air ébahi, Ella hocha la tête pour me répondre, dans un premier temps. Je n’avais pas perdu de ma superbe pour découvrir ce à quoi pensaient les gens, c’était génial. Je me sentais tellement plus légère maintenant que tous mes enfants étaient là. J’étais une femme différente. Je n’osais même pas imaginer ce qu’il se passerait quand je devrais laisser mon fils repartir pour New-York. Ce serait horrible. Si seulement je pouvais le garder plus longtemps… mais j’imaginais que pour Tom, une semaine était déjà énorme. Mais il avait d’autres enfants… il pouvait me le laisser plus longtemps, même si de mon côté, j’étais aussi deux fois maman. Je devais bien avouer que j’étais un peu jalouse de Tom parce que j’aurais aimé avoir gardé Franz. Evidemment, nous étions venus à cet accord tous les deux, ensemble, mais je le regrettais un peu maintenant. Ella me raconta que David et elle avaient passé du temps au téléphone et qu’ils allaient bientôt se voir. J’étais toute contente pour elle. Elle semblait ne pas vouloir m’en dire plus, mais je n’avais qu’une envie bien entendu, qu’elle me raconte tout en détails !

- Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Vous devez vous voir quand ? Et je trouve que tu es bien discrète là-dessus, moi je t’ai parlé de Jon, alors parle-moi de David !!

Je voulais tout savoir et je saurais tout. Ce serait mal me connaître que de croire que j’allais abandonner alors que je pouvais en apprendre davantage sur une relation qui me passionnait déjà et qui ne cesserait jamais de me passionner. Ella et David… si j’avais su, en rencontrant David dans ce café, juste avant son accident, qu’il allait tomber amoureux de ma cousine, j’aurais ri ! Après tout, qui pourrait y croire ? C’était invraisemblable ! Tant de coïncidences, c’était impossible. Et pourtant, c’était vrai !

- Bon, je vois que tu veux tout savoir... alors bah... il ma raconter les deux derniers où je n'étais pas là, et on se voit demain.

Je l’écoutai avec attention, et même si elle n’était pas à l’aise, je m’en fichais pas mal, je voulais avoir des infos ! Je me retenais de lui poser des tas de questions, mais au bout d’un moment, je n’arrivais plus à me retenir, c’était bien trop tentant !

-Et il a fait quoi ces deux derniers jours ? Il a beaucoup pensé à toi ? Et vous allez vous voir demain ! C’est génial ! Où ? Pour un dîner en tête-à-tête ? C’est trop mignon !

J’étais intenable, et je savais bien que ça gênait encore plus Ella. Mais elle apprendrait bien vite à tout me raconter, parce que j’étais du genre à vouloir tout savoir dans la minute. Et elle ne pouvait rien me cacher ! Nous n’étions pas cousines pour rien ! Et puis en échange, elle pourrait me questionner à mon tour ! Et je savais qu’elle le ferait.
Alors que je l’assommais de questions, Johanna grimpa sur ses genoux, et elle se cacha contre elle. Avec un sourire, je regardais mes autres enfants, pour qui tout allait bien et je remarquai que Franz était reparti jouer avec son petit-frère en faisant bien attention à lui. L’avantage pour lui, c’était qu’à New-York, il avait déjà des petits frères et petites sœurs, il savait comment se comporter.

-Allez, raconte-moi tout !

J’étais prête à attendre toute la nuit pour qu’elle me réponde. Je n’avais pas peur d’attendre, au contraire. Et j’allais obtenir ce que je voulais. Il fallait bien que je sache comment ça se passait. Si jamais ça se passait mal entre eux, au moins j’aurais les détails. Mais j’étais sûre que ça se passerait très bien. J’y croyais dur comme fer !

- Le diner en tête à tête on l'a déjà fait.... et c'était juste parfait... David est formidable, il me fait rire, et il est charmant....

Oh ! Je les imaginais en tête à tête tous les deux, au restaurant. Ils devaient être adorables ! De ce que j’avais pu voir de David lorsque nous avions fait connaissance au café, ou bien quand j’étais venu le voir à l’hôpital, je savais qu’il était charmant, en effet. Nous n’avions pas forcément eu l’occasion de rire tous les deux, mais il avait vécu des tas de choses et il était très intéressant !

- Oui, il m'a dit qu'il a pensé à moi, et qu'il n'avait qu'une envie c'est que je sois avec lui.... oui il est adorable. Et puis on se voit demain je ne sais pas encore où, mais je lui fais confiance pour l'endroit.

Alors ils étaient vraiment accros l’un à l’autre. C’était bien. Mais je continuais de croire qu’Ella devrait faire attention. David était un voyageur dans l’âme. Il repartirait forcément à un moment ou à un autre. Et si elle refusait de le suivre, alors elle se retrouverait seule ici et ce ne serait pas bon du tout. Ce n’était cependant pas à l’ordre du jour pour le moment, alors tout allait bien.

-C’est mignon ! Vous devez être beaux tous les deux ! Quand est-ce que je le vois ? Même si je le connais déjà, j’ai envie de le revoir !

Je lui fis un clin d’œil en la taquinant encore un peu. Il fallait bien qu’elle présente son petit-ami à quelqu’un de sa famille pour avoir une bénédiction non ? Et comme j’étais la seule dans le coin, c’était moi qui étais en charge. Et j’aurais l’occasion de sermonner David pour l’embêter un peu : « ne fais pas de mal à ma cousine ou je t’égorge ! » ou des trucs comme ça !

Comme pour m’aider, ma fille repartit jouer avec ses frères et délaissa Ella, qui se retrouva toute seule, face à mes questions. Je n’allais pas continuer trop longtemps néanmoins, je voyais bien qu’elle n’était pas à l’aise, et je n’étais pas non plus une tortionnaire.

- Et bien... je dois déjà lui dire que tu es ma cousine, on a toujours pas aborder le sujet.... mais je lui proposerai, ça peut être sympathique.

Elle ne lui avait pas dit alors ? Il serait temps ! Ça allait lui faire un choc, au petit David. Je n’en parlerais pas à Ella, mais j’avais bien remarqué comment il me regardait, le jour où nous nous étions rencontrés. Je me demandais bien depuis combien de temps il n’avait pas touché une femme. Ella avait bien de la chance… Enfin, je n’étais pas trop mal lotie pour ma part, même s’il ne s’était encore rien passé avec Jon.

- Bon, on a assez parler de mon histoire d'amour.... A ton tour cousine....

Elle me prenait de court pour le coup. Je ne savais pas quoi lui dire. Il n’y avait rien eu de nouveau et en même temps, beaucoup de choses avaient changé ! C’était bizarre en fait, comme situation. Je regardais mes enfants rapidement. Ils étaient tous les trois occupés, et ne nous écoutaient pas, mais je préférais rester discrète, tout comme Ella d’ailleurs.

- Eh bien… Si tu veux tout savoir, je lui ai demandé de me tutoyer !

J’éclatai de rire quelques secondes après avoir fini ma phrase. C’était tellement ridicule de dire ça comme ça, mais ça signifiait tellement de choses pour moi. C’était étrange, en réalité, parce que je ne savais pas quoi lui dire. Au final, rien de concret n’avait changé. On n’avait pas avancé.. sauf qu’il y avait des « détails » qui ne trompaient pas.

- Il a dormi ici l’autre soir… avec moi…