Spoiler:

Jonathan avait commencé à se changer, du moins, à se déshabiller, et j’eus tout à coup très chaud quand je vis qu’il avait enlevé son t-shirt. Je me fichais de sa réponse, maintenant, je me moquais pas mal de ce qu’il pouvait me demander, j’étais complètement perturbée par son corps. Je lui fis un sourire en le regardant plus attentivement, et en me rendant compte de ce que j’étais en train de faire – le reluquer donc ! – je commençai à rougir. Pourtant, foutue pour foutue, je décidai de ne pas détacher mes yeux de lui. Quitte à passer pour une voyeuse, autant y aller jusqu’au bout. Il s’installa enfin dans le lit, et je vins me coller contre lui, en essayant de chercher un peu de chaleur corporelle. J’avais besoin d’avoir très chaud pour m’endormir, et le voir torse nu, et même plus, ne m’avait pas suffi.

Tout ce que je veux c'est que tu sois heureuse ...

J’aurais pu ronronner, tellement j’appréciais sa réponse. Il voulait mon bonheur, et il le faisait. Il arrivait très bien à me rendre heureuse pour l’instant, et je savais d’instinct que ça irait crescendo. A moins qu’il ne se débine trop rapidement, et là, je serais vraiment déçue… mais en fait, je ne le voyais pas comme un trouillard. Tout irait bien. Je le sentais. Je le savais.

- C’est déjà le cas …

Je me calai bien au chaud dans ses bras, et fermai les yeux. Je sentais que ce n’était pas encore pour le soir même, et ce n’était pas un problème. Je pouvais encore attendre. J’étais patiente, et je n’avais pas de problèmes pour ça…
Finalement, je m’endormis, et, confortablement installée dans ses bras, je ne me réveillai qu’au petit matin, encore une fois toute seule. J’espérais qu’il avait dormi !

Spoiler:

En me réveillant, le lendemain matin, Jonathan était parti. Sans un mot, sans un geste de plus, juste évaporé. J’avais été assez frustrée au départ, et puis, j’avais réfléchi. Et je m’étais dit qu’il l’avait fait pour moi, pour ne pas que je sois assaillie de questions. Je n’avais qu’à dire aux enfants que la veille au soir, il était simplement venu pour m’aider à faire le ménage, ou quelque chose du genre, quand bien même le ménage n’était même pas fait.

Les jours passaient. Nous avions installé une routine, Jon et moi. Il venait me rejoindre trois nuits, chaque semaine, pour dormir avec moi, et j’avais l’impression qu’une vraie relation se mettait en route. Toutefois, aucun signe de premier pas. Rien du tout. Au départ, je me disais que ça viendrait forcément, et plus ça allait, plus je m’habituais au fait qu’il ne ferait rien. Et si ça ne me dérangeait pas dans un premier temps, ça devenait vraiment handicapant par la suite.

Quand mes vacances arrivèrent, Jon vint me rejoindre pour m’aider à préparer le voyage. Même si nous n’allions pas loin, ce serait dépaysant pour les enfants, et puis ce serait sympa, pour eux comme pour nous. J’avais fait les valises, et Jonathan s’occupait des enfants. Je les entendais rire depuis l’étage, et apparemment, c’état vraiment très drôle. Je redescendis bien vite et Jon m’aida à mettre les bagages dans le coffre de la voiture. J’installai les enfants dans leurs sièges auto et je laissai Jon conduire, il connaissait mieux la route que moi.

Une fois arrivés, je sortis de la voiture en laissant pour l’instant les enfants à l’intérieur, et je regardais le paysage. Jon avait vraiment bien choisi. J’étais contente d’être là. Ça me faisait déjà du bien. Les vacances commençaient de la meilleure façon possible. Avec mes enfants et avec Jon. Il sortit de la voiture à son tour.

- C’est magnifique ! Je savais qu’on pouvait compter sur toi, Jonathan…

Spoiler:

Spoiler:

Jonathan semblait aussi ravi que moi d’être arrivé à destination. Il me fit un grand sourire avant de me déclarer qu’il allait décharger la voiture et qu’ensuite, il viendrait me donner un coup de main avec les enfants. Ceux-ci dormaient à poings fermés et n’étaient pas bien motivés à se réveiller. J’allais les laisser dormir, ils seraient assez excités en se réveillant comme ça. Je pris Leopold dans mes bras après l’avoir détaché et le conduisais avec son siège auto à l’intérieur pour le laisser dormir dans un confort tout de même assez relatif.

Pendant que je veillais sur les enfants et que je défaisais dans le même temps les valises, Jon partit faire des courses pour que nous puissions avoir de quoi manger tout de même, et quand il revint, les enfants étaient encore endormis. Nous prîmes l’initiative de faire un gâteau tous les deux, et j’étais toute contente de pouvoir montrer mes progrès à mon professeur particulier de cuisine. Au bout d’un moment, il me fit goûter la pâte avec son index et je m’en mis partout, bien sûr. Loin de moi l’idée d’avoir fait exprès… bien entendu ! Il récupéra la pâte restante sur ma lèvre et me la fit manger. Je frissonnai en appréciant de plus en plus notre proximité.

Faut pas gâcher une si bonne pâte ... 

Je ris doucement en regardant le saladier. En effet, il y en avait tellement, ce serait une honte de la gâcher. Et pourtant… je pris à mon tour un peu de pâte et l’enroulai autour de mon doigt pour finalement la faire manger à Jon.

- Et toi chef, qu’en penses-tu ?

Je lui fis un sourire charmeur, avant de me mordre la lèvre avec envie. Ça devenait de moins en moins soutenable de vivre comme ça…

Sentir les lèvres de Jon autour de mon doigt me rendit toute chose. Je n'étais plus habituée à autant de proximité, à vraiment faire la cuisine avec quelqu'un, à avoir une sorte de vie domestique avec un homme. C'était effrayant, et en même temps terriblement grisant. J'avais envie de plus, j'avais envie de voir comment ça pourrait avancer, lui et moi. Même si je n'oubliais pas son âge. Mais il était majeur et vacciné, que pouvais-je faire ? Rien...
Pendant que la pâte cuisait, nous fîmes tous les deux la vaisselle, ensemble, et il m'éclaboussa quand je commençais à l'aider à nettoyer les plats, les assiettes et les couverts. Même si je détestais me prendre de l'eau, cette fois-ci, je ris à gorge déployée, riant comme une gamine devant sa bêtise.

CA fait du bien de t'entendre rire d'aussi bon coeur ...

Je notais du soulagement dans sa voix, et ça me plaisait. Ça me montrait qu'il était content de me voir aller de mieux en mieux. Si on comparait, je trouvais que j'avais beaucoup changé depuis notre première rencontre. Je riais beaucoup plus, je pleurais moins, je ne souriais plus en me forçant... c'était bien ! Je m'habituais !

- Je me demande bien grâce à qui je ris aussi facilement !

Je lui fis un clin d'oeil avant de le bousculer gentiment d'un coup de hanche et en attrapant une assiette pour la sécher. Cependant, elle m'échappa des mains et éclata en mille morceaux par terre. Je jurai dans ma barbe avant de m'abaisser pour ramasser les plus gros morceaux et les mettre à la poubelle. Evidemment, Jonathan fit de même et nous nous frappâmes le front l'un contre l'autre. J'étouffai un petit cri de douleur : il avait la tête dure ! Dans l'autre pièce, j'entendis les enfants pleurer parce qu'ils avaient été réveillés brusquement. D'un coup d'oeil, je fis comprendre à Jon d'y aller, et j'allais réparer mon crime. A ma grande surprise, il obéit et partit voir les enfants et les calmer rapidement. Quant à moi, je continuai de ramasser les plus gros morceaux, en me coupant plus d'une fois avec des bouts pointus. Je ne fis pas attention à cela toutefois et continuai, avant de prendre le balai et de tout ramasser avant de jeter le tout à la poubelle.
Quand je regardai mes mains, je vis alors qu'elles étaient pleines de sang, et je soupirai avant de les passer sous l'eau froide du robinet de l'évier. Jon allait me réprimander pour ça... tant pis !

Evidemment, dès lors que Jon revint dans la cuisine, la première chose qu’il remarqua fut l’état de mes mains. Je soupirai en essayant vainement de les cacher, mais c’était peine perdue. Il avait un radar pour ses choses, c’était presque incroyable. Je me laissais alors faire quand il ramena la trousse de soins et lorsqu’il me passa une pommade sur les coupures. Je ne sentais presque rien, ça ne me faisait même pas mal de toutes façons. Je n’avais plus vraiment mal physiquement depuis la mort de Matthew, puisque j’avais connu ma plus grande souffrance à ce moment-là et rien ne pourrait l’égaler. Alors des petites coupures de ce genre… ce n’était rien, absolument rien du tout. Il les embrassa doucement en me disant qu’il ne fallait pas abîmer de si belles mains. Elles avaient pourtant connu pire, ce n’était pas grand-chose ça. Soudain, j’entendis Johanna rire, parce qu’elle avait vu Jon embrasser mes mains. Elle déclara qu’il me faisait des bisous magiques, et je souris, parce que c’était aussi comme ça que son père les appelait, quand c’était lui qui se faisait mal et que c’était moi qui le soignais. Je me demandais si les expressions linguistiques comme celles-ci pouvaient se transmettre de père en fille alors qu’elle ne parlait même pas encore quand il nous avait quittées. Jon s’occupa de Johanna, pendant que je rangeais un peu le désordre de la cuisine, et finalement, Leo nous rejoignit également, quand il fallut sortir le gâteau du four. Jonathan s’occupa de lui à son tour et l’installa dans la chaise haute, avant d’installer Johanna à son tour. Il était vraiment doué avec mes enfants, et je ne doutais pas de la façon dont il s’en occupait quand il était tout seul. Ce n’était pas parce que j’étais là qu’il faisait des efforts, non. Il était ainsi tout le temps. Et c’était vraiment appréciable. Je l’adorais pour ça. Je l’adorais pour bien d’autres raisons, mais celle-ci en était une grande.

Finalement, nous mangeâmes tous un bout du gâteau quand il eut un peu refroidi, et les enfants adorèrent leur goûter, comme d’habitude quand c’était Jon qui prenait l’initiative de le faire. Ils repartirent jouer dans leur coin, et Jon et moi restâmes seuls, tous les deux. Tandis qu’il rangeait le reste du gâteau dans le frigo, je l’observais du coin de l’œil, sans savoir quoi faire ou quoi dire. Je voulais qu’on avance, tous les deux, je le voulais plus que tout. Et je savais qu’il était d’accord. Mais c’était tellement étrange pour moi, c’était presque impossible de croire qu’il pouvait s’intéresser à moi, ne serait-ce qu’une seule seconde. Je savais qu’il était sincère et honnête, je lui faisais confiance… mais c’était certainement à moi que je n’accordais pas assez de confiance. J’avais peur de lui faire de la peine, voire de lui faire du mal, que tout se barre en sucette entre nous et qu’il ne reste rien de bien cohérent à notre histoire. Je le craignais, je le redoutais même. Mais je me disais aussi qu’on avait qu’une vie, et qu’il fallait la vivre tant qu’on le pouvait. J’aurais dû demander à Ella ce que je devais faire. Au lieu de quoi, je l’imaginais me répondre. « Fonce, Abby, et ne le laisse pas partir. » C’était évident qu’elle me dirait quelque chose comme ça. Et après, elle ne savait pas comment agir avec David, hein, bien sûr. En même temps, j’étais pareille. Je lui donnais des conseils pour que ça fonctionne entre David et elle, mais je ne savais pas m’occuper de ma propre relation… La nature humaine était définitivement étrange.

Une fois que je fus sûre que les enfants étaient en train de jouer tous les deux et qu’ils n’allaient pas regarder dans la cuisine, je m’approchai de Jonathan et attendis qu’il finisse de tout ranger. Il était trop serviable parfois, ça me gênait beaucoup. Mais cette fois, il m’avait bien précisé que j’étais en vacances et que je devais me détendre et me reposer. Alors c’était ce que j’allais faire. Mais avant, je devais faire quelque chose de particulier. Et tant pis si ça changeait tous mes plans. Tant pis si je m’étais imposé des règles. Tant pis si ça me faisait mentir. Une fois en face de Jonathan, je pris mon courage à deux mains et me décidai enfin à refaire ce que nous attendions tous les deux. Je capturai ses mains en passant mes mains dans son cou, et, sentant bien sa surprise au départ, je souris discrètement quand il se laissa faire et qu’il déposa même ses propres mains dans le bas de mon dos. J’étais aux anges, parce qu’enfin il ne me repoussait plus, et même mieux, il acceptait qu’il se passe quelque chose entre nous…

Spoiler:

Spoiler:

J'attendis patiemment que Jon m'accepte totalement pour enfin pouvoir l'embrasser de nouveau. Cette fois, je savais que c'était lui, je ne le prenais pas pour Matthew, je n'étais pas angoissée... tout allait bien. J'étais sûre de moi et je voyais que ça plaisait à Jonathan. Il me taquina un peu en m'embrassant d'abord sur la joue et le front, mais bien vite, je lui fis comprendre de ne pas jouer à ça avec moi. Il me laissa alors m'emparer de ses lèvres.

Je n'avais plus ressenti cette sensation depuis trop longtemps à mon goût. Je n'avais plus cette habitude, je n'avais embrassé que deux hommes depuis Matthew. C'était douloureux. Et pire que cela... c'était pénalisant. Fort heureusement, Jonathan me laissa gérer l'affaire et bien vite, je retrouvais d'anciens réflexes. Je calai mieux mes deux mains dans son cou et caressai la base de ses cheveux avec mes doigts. J'étais aux anges. D'autant plus que Jon me laissait faire tout ce que je le voulais. Avec un plaisir immense, je laissai nos langues se caresser mutuellement, dans une danse fiévreuse qui nous laissa tous les deux essoufflés quand nous nous séparâmes. Le moment avait été parfait...

- Merci...

Je ne savais pas exactement pourquoi je le remerciais. Était-ce pour m'avoir accompagnée ici ? Ou bien pour m'avoir tant aidée ? Ou bien simplement parce qu'il m'avait laissée l'embrasser ?
Quoi qu'il en fut, j'étais satisfaite maintenant, et je me demandais bien comment tout cela allait évoluer...

Jonathan me regarda d’un air un peu étonné mais je continuais de sourire, fière de ce que nous venions de faire. Finalement, ce n’était pas si terrible que ça. Je pourrais continuer encore et encore, mais il y avait les enfants, et d’ailleurs, ils avaient l’air d’avoir fait des bêtises. Je laissai Jonathan s’enfuir et aller les rejoindre, puis je le suivis, quelques instants plus tard.
Apparemment, Johanna avait chipé un jouet à son frère, qui n’avait pas du tout apprécié le geste et qui se retrouvait à présent blotti dans les bras de Jon. Je grondai Johanna pour la forme, et elle chouina un peu pour montrer qu’elle n’était pas contente, mais l’affaire s’arrêta là. Jonathan eut la bonne idée de leur mettre un dessin animé, pour qu’ils se calment tous les deux, et nous restâmes tous les deux avec eux, en regardant en silence la télévision. Il fallait qu’ils en profitent, je n’étais pas spécialement pour la télévision. Mais après tout, c’était les vacances ! Et ils avaient bien le droit d’être en vacances des règles, eux aussi !

Cependant, Jonathan était ailleurs, je le voyais bien. A chaque fois que je tournais la tête vers lui, il ne regardait pas la télé, ou alors très distraitement, et je ne savais pas à quoi il pouvait bien penser. J’aurais voulu lui caresser la joue, mais je ne pouvais pas, avec les enfants à côté. Soudain, il se leva, sans rien dire, déposa Leopold sur le canapé, tout à côté de moi. Je le regardai se diriger vers la cuisine, et je compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je lui laissai quelques minutes pour  se calmer, puis je le rejoignis, en prétextant aux enfants que j’allais l’aider à préparer le dîner et en leur ordonnant de rester sages et de ne pas se disputer.

Quand j’arrivai dans la cuisine, je vis Jon se tenir le doigt en se précipitant au dessus de l’évier pour passer de l’eau dessus. Visiblement, je n’étais pas la seule à m’être coupée… je m’approchai de lui en reprenant la main pommade que lui m’avait passé sur les mains et je m’occupai de lui, de la même façon que lui.

- Il ne faudrait pas abîmer de si belles mains…

Je relevai les yeux vers lui en souriant. Il était en proie à de nombreuses questions, je le voyais dans son regard. Je préférais ne rien lui demander, mais au final, ma curiosité fut plus grande que ma volonté de me taire.

- A quoi tu penses ? Qu’est-ce qui te tracasse ?

Parce que c’était bien ça, au final. Il pensait à quelque chose qui le préoccupait, et j’avais comme l’impression que c’était un peu de ma faute… voire beaucoup !

Jonathan prit un temps fou avant de me répondre qu’il n’y avait rien. Evidemment, je n’en crus pas un mot. Il se détacha de moi, en me faisant lâcher sa main. Je restais debout, à côté de la table, sans rien dire. Je ne savais pas quoi lui dire pour le rassurer, je ne comprenais pas son mal-être soudain, et je ne voulais pas le faire angoisser. Pourtant, il avait l’air d’avoir apprécié notre baiser, alors pourquoi me repoussait-il maintenant ? Y avait-il quelque chose que j’avais fait, que j’avais dit qui ne lui avait pas plu ?

Finalement, au bout d’un moment, Jonathan me prit dans ses bras et je me blottis contre lui. Je ne comprenais pas, et je me fichais de comprendre, tant que j’étais dans ses bras. Je tenais son t-shirt entre mes mains, pour ne pas qu’il parte, pour qu’il reste avec moi et qu’il me garde. Je laissai son parfum m’envahir, et je fermai les yeux pour garder le moment gravé en mémoire.

- Pourquoi tu es comme ça ?

Ce n’était pas un reproche, juste une réelle interrogation. Je voulais savoir pourquoi il avait l’air si distant. Peut-être qu’il y avait une explication logique à tout cela, mais surtout, je ne voulais pas que ça recommence. Je voulais que l’on soit ensemble, lui et moi, et sans s’engueuler tout le temps, or, ce n’était pas gagné, visiblement.

- J’ai fait quelque chose qui t’a déplu ?

C’était peut-être moi le problème après tout… J’espérais que non, mais il fallait qu’il me le dise…

Tentant de lire dans les pensées de Jonathan n’était pas une bonne idée. Je n’arrivais pas à lire en lui, comme j’arrivais à lire en Tom, ou en Matthew avant lui. C’était vraiment étrange. Mais chacun était différent, et Jon était un nouveau challenge pour moi. J’étais contente de l’avoir. Néanmoins, il me semblait inquiet, voire même anxieux. Il me répondit qu’il était désolé, mais qu’il avait besoin de savoir quelque chose. Je m’attendais au pire. J’avais peur qu’il me demande des choses que je n’étais pas capable de dire pour le moment. J’angoissais carrément en imaginant des tas de scénarios qui me terrifiaient. Et pourtant, lorsque sa question tomba, ce fut une toute autre chose…

Tout à l'heure ... lorsqu'on c'est embrassé ... tu ne jouais pas, envie ... tu en avais vraiment envie?

Je le regardai sans comprendre. Bien sûr que j’en avais eu envie, sinon je ne l’aurais pas fait. Il croyait quoi ? Que j’embrassais quelqu’un sans avoir envie ? Je savais qu’il repensait à ce qu’il s’était passé à l’hôpital, quand je l’avais embrassé la première fois, mais ce n’était pas pareil, je n’étais pas moi-même. Alors que là, j’étais tout à fait consciente de ce que je faisais, avec qui je le faisais et pourquoi je le faisais. Et j’étais très fière de l’avoir fait.

- Bien sûr que j’en avais envie ! Pourquoi penses-tu que je ne le voulais pas ? Tu as peur que je regrette mon geste ?

Sans lui laisser le temps de répondre, je relevai ma tête, jusqu’alors posée contre son torse, juste en face de la sienne, même s’il était beaucoup plus grand que moi et passai mes mains dans sa nuque pour lui faire baisser la tête jusqu’à la mienne et capturer de nouveau ses lèvres. Cette fois encore, les sensations qui m’envahirent furent extraordinaires. J’aimais ça, j’aimais l’embrasser et oui, forcément, j’en avais envie si je le faisais !

Jonathan me rendit mon baiser, et je fus alors aux anges. Je savais qu'il ressentait la même chose que moi, et ça me rendait folle. C'était une si bonne nouvelle que j'aurais pu continuer à l'embrasser, dans cette cuisine, sans rien faire d'autre. Néanmoins, il me repoussa doucement pour vérifier que les enfants ne pouvaient pas nous voir. Evidemment, nous allions devenir paranoïaques à cause de cela, et je redoutais déjà le moment où je devrais annoncer aux enfants ce qu'il se passait. J'avais peur des réactions suscitées.

J'avais besoin de savoir si on allait dans la même direction ... pardonne moi d'avoir douté...

Il m'embrassa de nouveau et j'en redemandais toujours plus, incapable de savoir si c'était parce que j'étais heureuse d'être aimée de nouveau ou bien si c'était parce que j'étais déjà accro à ses lèvres. Un peu des deux, sûrement. Cependant, il coupa notre étreinte en disant qu'il devrait se remettre à faire le repas. Je hochai la tête en souriant.

Retourne près des petits, ce sont tes vacances, passe le plus de temps avec eux ... je serais pas loin.

Je lui fis un grand sourire, puis repartis dans le salon pour me réinstaller auprès des enfants. Ceci dura jusqu'à la fin du dessin animé, où les enfants vinrent me faire de gros câlins prolongés jusqu'au moment où Jon nous appela pour venir à table. Il avait tout préparé et mis la table, et je ne pus m'empêcher de siffler en voyant tout ce qu'il y avait à manger.

- Eh, on ne va pas mourir de faim, Jon !

Je le taquinais un peu bien sûr, mais j'adorais ces petites intentions. Il était adorable avec nous, il ferait un père génial... même si jamais je ne le considérerais comme le père de mes enfants... Disons qu'il ferait un beau-père génial !

Johanna m'accapara une nouvelle fois, comme tous les jours, pour que je l'aide à manger. Elle savait très bien manger toute seule, mais elle aimait bien que je prenne du temps pour lui donner des bouchées. Au bout d'un moment, Jonathan me tapota le bras pour que je regarde dans sa direction, ce que je fis. Il me montrait Leopold qui essayait de manger tout seul et qui était plutôt doué pour ça. Il le félicita, et je montrai cela à sa soeur, qui voulut alors manger toute seule elle aussi, comme une grande. Je ris doucement en la regardant faire et le repas se passa relativement bien, les enfants terminèrent leurs assiettes.

Après que nous eûmes débarrassé la table, Jon se retrouva avec Leo dans les bras et partit le coucher en voyant que celui-ci piquait du nez. Il en prit grand-soin en le lavant dans la baignoire avant de le coucher. Quand Johanna commença à s'endormir, je la pris aussi dans mes bras et l'emmena dans sa chambre, en même temps que Jon couchait Leopold. Nous ressortîmes des deux chambres en même temps, armés des babyphones et nous nous retrouvâmes dans le salon, tous les deux, seuls. Et je ne savais pas comment me comporter. Je m'approchai de lui et vins me blottir dans ses bras, toute contente de pouvoir le faire de nouveau. Mais je ne savais pas comment notre relation allait évoluer, et j'en avais un peu peur, mais je savais que nous pouvions faire de grandes choses lui et moi... du moins je l'espérais fortement !

- Tu es convaincu, maintenant ? Je veux la même chose que toi Jon... vraiment !

J'espérais que j'avais réussi à le persuader que ça pourrait marcher. Si nous faisions tous les deux des efforts, tout irait bien. Et nous pourrions avancer... Tous les deux !

J'étais bien, tout contre lui, et ça faisait longtemps que je n'avais câliné personne. Ça me faisait tout drôle, et j'avais l'impression de ne pas être à ma place. Et pourtant, je m'y sentais très bien. Mieux que nulle part ailleurs ! Je respirais lentement, laissant son parfum de déodorant pour homme m'envahir. Il l'avait changé. Il ne sentait plus comme Matthew. Ça m'amusa, j'avais dû le blesser dans son ego. Ce n'était pas grave, ce nouveau parfum était aussi bon que l'autre. Et puis, au moins, comme ça je ne pourrais pas utiliser cette excuse pour l'embrasser. Non, à partir de maintenant, quand je l'embrassais, ce serait pour de vrai, pour de bon. Et parce que je le voulais.

- Je le suis ne t'en fais pas ... maintenant on profite de nos moments sans ce prendre trop la tête et on voit ou ça nous mène.

Je ne pus que sourire en entendant de telles paroles. Ça me faisait du bien de l'entendre me dire ça. Carpe diem, apparemment ? C'était très bien, ça me convenait parfaitement. Il m'embrassa alors que je le regardais, et je ne pus que lui rendre son baiser, en souriant. Nous pourrions rester des heures comme ça, ça ne me dérangerait même pas. Il faudrait bien que l'on bouge, cependant. Je posai ma tête sur son torse, juste sous la sienne, et écoutai son coeur battre, en me disant qu'à l'instant présent, il battait pour moi.

- Ça me fait du bien que tu sois là. Les enfants t'adorent, et je t'adore... Ta présence a tout changé depuis notre arrivée à Toronto...

Je ne savais pas quoi lui dire.. en réalité, j'avais plein de choses à dire mais je ne savais pas par où commencer. Jon était tellement de choses.. il représentait la nouvelle vie que je m'efforçais de forger. Il allait être d'une grande aide... et je l'adorais pour ça !