J'essayais d'avancer sans me prendre trop d'obstacles dans les jambes ou dans le ventre. C'était étrange, j'avais vraiment l'impression d'être de nouveau une adolescente, comme si j'avais quinze ans une seconde fois. Quand j'étais avec Matthew, même au tout début, je ne me comportais pas comme ça, alors oui, cette fois j'avais honte.

- Si vous voulez je peux juste m'assoir dans un coin si ça peut vous mettre à l'aise ...
- Non !

Bon sang, mais j'étais vraiment la plus idiote des femmes. Je ne pensais pas qu'on lui répondant, j'allais parler aussi fort, en réalité, j'avais presque crié pour qu'il reste près de moi. Et évidemment, je rougis de nouveau, en me rendant compte que je devais être réellement incompréhensible pour lui. C'était honteux. Je le gardais près de moi, en désirant plus que tout qu'il s'approche encore plus. C'était tellement étrange pour moi d'être dans cette situation.

- Tu dois me trouver vraiment bizarre, Jon.

Je tentai de lui faire un petit sourire, mais j'étais crispée, j'étais tendue, et même s'il essayait par tous les moyens de me détendre, même avec un baiser sur la joue je ne pouvais pas changer comme ça.

- Tu pourrais... arrêter de me vouvoyer ?

Son sourire me fit comprendre que j’avais eu gain de cause, et qu’il allait dès à présent me tutoyer. J’étais contente, c’était une première victoire, mais je n’étais pas au bout de mes surprises, visiblement. Quand il me tutoya pour la première fois depuis notre rencontre, je ressentis de nouveau de nombreux frissons et je me rapprochai encore plus de lui. Dans le même temps, il me caressait délicatement les cheveux, avec une douceur infinie, et pour un temps, j’avais l’impression d’être la femme la plus heureuse du monde.

Je me demandais quand tu allais me le demander ...


Je lui fis un sourire en coin, totalement captivée par ses yeux. Il me rendait folle, encore plus que d’habitude, peut-être parce que cette fois, nous étions vraiment très proches, sans les enfants, et que maintenant, nous nous parlions comme deux adultes égaux. Il avait presque murmuré à son tour ces quelques mots, et je répondis sur le même ton :

- Il y a d’autres choses que tu aurais envie que je te demande ?

Je baissai les yeux sur ses lèvres, en n’attendant qu’une seule chose, chose que je n’étais même pas sûre d’obtenir au final. Peut-être qu’il jouait avec moi, même si cette fois, j’en doutais fortement.

Malheureusement pour moi, Jonathan ne fit rien. Je ne pouvais pas le blâmer, même si j’étais encore déçue. Je pensais qu’il aurait compris le message, et je pensais qu’il allait prendre sur lui. J’aurais vraiment cru qu’il le ferait, et ce n’était pas le cas, mais ce n’était pas grave. Il y aurait d’autres occasions. Il me fit rejoindre mon lit, et tandis que je me glissais sous les draps, il me borda avec douceur. Quand il se redressa et qu’il commença à s’éloigner, je lui attrapai la main brutalement pour le faire rester. Je ne savais pas où il comptait aller, mais c’était hors de question que je le laisse faire.

Je reste près de toi, ne t'en fais pas, j'allais juste fermer la lumière du couloir.

Je le lâchai à contrecœur, prête à me relever une énième fois s’il fallait aller le chercher. Je n’aurais aucun problème avec ça. Au bout de quelques secondes, il revint dans la chambre et s’assit sur le bord du lit, à mon opposé. Il sembla hésiter quelques instants, et se glissa sous les draps tout à côté de moi. Je me tournai vers lui, en le regardant d’un air interrogateur.

Je sais ... je l'ai compris ... mais pas cette nuit ...

Sans réagir au début, j’analysais ce qu’il venait de me dire. Il avait compris. Alors je m’étais trompé. Il avait compris le message, enfin ! Je ressentis une nouvelle chose cette fois : de la joie. C’était une surprise suffisante pour me satisfaire pour l’instant. Et puis… « pas cette nuit »… je n’avais pas la tête à ça non plus, je voulais simplement que l’on mette les choses au point. Et elles étaient au point, visiblement !

- C’est vrai alors ? Tu ne vas plus t’enfuir comme avant ?

J’étais comme une petite fille à qui on venait d’offrir le plus beau des cadeaux. Et c’était vraiment ça, j’étais vraiment heureuse et j’aurais pu pleurer de bonheur. Si je ne m’étais pas autant inquiétée pour Leopold, j’aurais pu me laisser aller… ce n’était pas franchement le cas !

Je ne savais pas quoi faire exactement. Devais-je lui obéir et essayer de dormir ? Certainement. Mais je n'avais pas envie de dormir, pas maintenant alors que nous avions passé un nouveau stade, tous les deux. Et il fallait que ça perdure dans ce sens. C'était tout ce que je voulais.

Si tu arrête de prêcher le chaud et le froid j'arrêterais aussi de mon côté ...

Il était doux avec moi, et je me sentais vraiment légère depuis qu'il me tutoyait. C'était fou comme ça changeait tout, un simple changement de politesse. Il me toucha le nez et je souris, complètement sous le charme. Il fallait donc que j'arrête de dire une chose et son contraire.. je pouvais y arriver sans problème. Puis, il me fit comprendre que je devais dormir et je m'installai contre lui et sur son torse pour qu'il reste près de moi. Je m'endormis rapidement, préférant l'écouter. De toutes façons, il avait raison : je devais être en forme.

Le lendemain en me réveillant, il était déjà sorti du lit, alors qu'il était à peine sept heures. J'éteignis mon réveil, et me demandais alors si je n'avais pas rêvé tout cela. Après tout, peut-être que c'était juste une illusion. Je me rendis dans les chambres des enfants, et je vis qu'ils n'étaient plus dans leurs lits. Donc ce n'était pas un rêve, mais bel et bien la réalité et Jonathan était en bas, dans la cuisine avec eux. Quand j'arrivai dans celle-ci, j'embrassai les enfants en souriant et m'approchai de lui en souriant.

- Tu as dormi j'espère ?

A mon grand plaisir, je le vis hocher la tête avec un sourire sincère. Il ne mentait pas, il avait dormi. Bien. Je me demandais s’il avait parlé aux enfants, s’il avait expliqué les raisons pour lesquelles il était déjà là… ou du moins pourquoi il n’était pas parti. Ils n’étaient pas encore en âge de poser des questions trop indiscrètes, alors tout allait bien. Même si Johanna, parfois, demandait des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé répondre à ce moment-là. Elle était très éveillée pour son âge, peut-être un peu trop.
Je m’installai à table avec Johanna et Jon nous servit les petits-déjeuners. Il était adorable avec nous, vraiment. Et j’avais l’impression d’avoir marqué des points la veille au soir. Surtout, j’avais compris ses attentes. Il ne voulait plus que je me balance d’une idée à une autre, d’un pied sur l’autre… il fallait que je sois claire, et il fallait que ça se passe ainsi maintenant, si je voulais avancer avec lui.

- Merci pour tout, Jon. Vraiment.

Je lui souris une nouvelle fois et mon cœur s’emballa quand il répondit à mon sourire. Il se servit par la suite un café, et s’assit avec nous, en gardant Leopold sur ses genoux, à table. Mes enfants semblaient contents de le voir dès le matin. Ils auraient une double-dose aujourd’hui, puisqu’il reviendrait le soir même. A moins qu’il ne veuille pas…

- Ça ne te dérange pas de revenir ce soir, du coup ? Tu aurais peut-être envie de rester tranquille … ?

J’espérais que non, bien évidemment…

Jonathan faisait manger Leopold. Je trouvais toujours cela triste de me dire que mon fils était en train de grandir. Ça arrivait trop vite pour moi, même si j'avais déjà vu plein d'enfants grandir, c'était étrange de se dire que le sien était également en train de grandir. Au moins, il grandissait dans un milieu convenable, et j'étais fière de moi. Je faisais bien attention à ce qu'ils ne manquent de rien tous les deux.

Logiquement oui je peux, du toute manière je vais les chercher à la crèche comme d'habitude mais je devrais m'absenter le temps de ma répétition.

Je souris en hochant la tête. Je ferais en sorte d'être là très tôt pour le laisser aller répéter. Je savais combien ça pouvait être important, les répétitions. Et puis, j'avais l'impression que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ses amis du groupe. Alors il fallait qu'il y aille, et je n'y voyais aucun inconvénient. Je n'étais pas sa mère non plus. Johanna voulut immédiatement venir à sa répétition, ce que je n'eus pas le temps de lui interdire avant que Jon ne reprenne la parole, en disant qu'il ne pouvait pas l'emmener là-bas. Il ajouta cependant que si elle le voulait, il pourrait ramener sa guitare et jouer quelques morceaux. Il demanda alors mon approbation, ce que je ne pouvais pas lui refuser.
Avec un sourire en coin, je hochai la tête, et lui répondis sur le même ton :

- Bien sûr que tu pourras. Je ne vais jamais interdire quiconque de jouer devant les enfants.

Spoiler:

Spoiler:

Une fois le petit déjeuner englouti, je m'occupais de laver et d'habiller les enfants. Jon resta dans le salon pour jouer avec l'un ou l'autre et bientôt, tout le monde fut prêt. Bien sûr je m'occupais de moi-même en dernier, et je vis dans le regard de Jon, quand je sortis de la salle de bains, une certaine admiration. Pas forcément comment on l'entendrait à première vue, mais... j'aimais penser que ça pouvait être de l'attirance, même si j'en doutais fortement. Quoiqu'après ce qu'il s'était passé la veille, je ne savais plus quoi penser.

La journée passa rapidement. C'était une journée bien normale en somme, et quand je rentrai à la maison, les enfants m'assaillirent avec joie. Ils étaient adorables, et ils semblaient vraiment habitués à Jonathan maintenant. Et dire qu'au début, ils semblaient tous les deux très timides... les enfants changent d'avis tellement vite ! Je rejoignis Jon dans le salon, et vis l'étui de sa guitare, dans un coin de la pièce.

- Etonnant qu'ils ne t'aient pas harcelé pour que tu joues !

Je lui fis un sourire avant de m'installer à côté de lui. Je réceptionnai Leopold qui courut dans mes bras, et l'assis doucement sur mes genoux, en le serrant contre moi.

- Tout va bien ?

Jonathan ne me répondit pas, et commença à chatouiller ma fille quand elle grimpa sur ses genoux. Je les regardai faire tous les deux, un léger sourire sur les lèvres. Elle se lassa bien vite de ce jeu néanmoins, et finit par dessiner sur le cahier de Jon. Il ne tarda pas à se lever pour filer dans al cuisine et je l'y suivis, après avoir déposé Leopold par terre et avoir dit à Johanna d'arrêter de dessiner sur les affaires de Jon.
Quand j'eus rejoint le jeune homme, je m'arrêtai dans l'encadrement de la porte pour l'observer et quand il posa les yeux sur moi, je lui fis un énième sourire. Je m'approchai ensuite de lui, lentement.

- A propos d'hier soir... j'ai compris ce que tu veux ! Je vais m'appliquer !

Un nouveau sourire et je sus que c'était ce qu'il voulait entendre et fière de moi, je partis vers le frigo pour prendre un verre de jus de fruits. Je remplis deux verres et en tendis un à Jonathan.

- A quelle dois-tu partir ?

Spoiler:

Spoiler:

Jonathan prit le temps de bien regarder sa montre. Il ne voulait sûrement pas me dire de bêtises, et il n'avait plutôt pas intérêt, je n'avais pas envie de faire l'ascenseur émotionnel aujourd'hui. De toutes façons, il allait partir dans peu de temps certainement, même s'il était encore tôt. Les garçons devaient déjà l'attendre. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise quand il m'indiqua qu'il partait dans deux ou trois heures, et qu'il reviendrait après. D'un coup d'oeil, je regardais la pendule, au dessus de l'évier. Il était déjà dix-sept heures trente. S'il partait vers dix-neuf heures trente, vingt heures... et qu'il revenait après... alors c'était simplement et seulement pour moi ! Je souris jusqu'aux oreilles en apprenant cette nouvelle. C'était tellement grandiose que j'avais l'impression d'être la personne la plus importante qui soit sur terre. Génial ! Nous pourrions avoir une véritable conversation entre adultes, sans les enfants, et surtout, nous allions pouvoir tout mettre à plat comme nous le voulions. Parfait !

- Génial ! Alors, dis-moi … tu m'attendais pour jouer de la guitare ou bien les enfants ne t'ont vraiment pas demandé de jouer ?

Je souris de nouveau, en lui adressant un petit clin d’œil. S'il voulait jouer, alors je pourrais l'accompagner cette fois. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas joué avec quelqu'un... il fallait bien un renouveau à tout.

Jonathan semblait tout à fait sur la même longueur d'ondes que moi, c'était parfait ainsi. Et il semblait aussi content que moi de cette perspective. Je pris une bouchée du plat qu'il m'avait fait en attendant le soir même et je bus ensuite une gorgée de mon verre. Ca faisait du bien de manger un peu, j'avais eu du mal à tenir depuis le midi même. Jonathan reprit :

Bien sur que oui ils m'ont demandé mais je préférais t'attendre, d'une pour savoir ce que je peux jouer et de deux car j'ai bien vu que l'idée que je joue t'avais plu 

Je rougis, flattée. Je ne pensais pas qu'il aurait autant pensé à moi, quand les enfants lui auraient demandé de jouer de la guitare. Il me replaça une mèche de cheveux derrière l'oreille, et je dus bouger, si je ne voulais pas lui sauter dessus. Je terminai le plat et reposai l'assiette dans l'évier, avant de finir mon verre, pendant que Jon en faisait de même. Nous repartîmes dans le salon pour récupérer les enfants et les emmener dans la salle de musique. Je m'installai sur le tabouret du piano de Matthew, alors que Jon nous rejoignait avec sa guitare.

- C'est une idée brillante. Ils vont adorer.

Pendant une bonne heure, Jonathan joua de la guitare, pendant que je l'écoutais avec les enfants, ou bien je jouais avec lui, pour l'accompagner durant quelques mesures. Les enfants semblaient émerveillés de nous voir jouer ensemble, et j'étais fière de voir que je n'avais rien perdu de mes capacités à jouer du piano. C'était étrange de jouer de nouveau, même si depuis la mort de Matthew, j'avais plus joué du piano que du violon... mais c'était juste qu'avant, c'était surtout lui qui jouait, et pas moi. Moi j'étais au violon, je l'accompagnais... Là, ce n'était plus pareil c'était tout à fait nouveau, et c'était bien …

Pendant une heure, ou peut-être deux heures, je ne savais pas exactement, nous jouâmes de la guitare et du piano, tantôt avec les enfants, tantôt sans eux. J’étais heureuse, j’avais l’impression d’avoir de nouveau une vraie vie de famille. Ce fut cependant de trop courte durée pour moi, et rapidement, Jonathan dut partir à sa répétition.

En attendant qu’il revienne, je m’occupais des enfants, qui étaient surexcités pour le coup. Ils avaient adoré que l’on joue de la musique tous ensemble. J’étais contente que ça leur ait plu, mais j’aurais aimé qu’ils soient plus fatigués que ça… Cependant, je parlais trop vite, puisqu’après avoir mangé, leur tension chuta rapidement, et Leopold s’endormit dans mes bras. Je partis le coucher, alors que Johanna semblait encore en forme, bien décidée à attendre Jonathan avec moi.
Pendant tout le monde où nous l’attendîmes toutes les deux, je la gardai avec moi, dans mes bras. Elle me posa de nombreuses questions, quelques-unes à propos de son père. Elle disait ne pas se souvenir de lui, même en voyant les photos présentes dans la maison. Elle était encore petite quand il était mort, et c’était évident qu’elle ne s’en souviendrait pas. Je l’avais espéré, mais je devais bien me résoudre à comprendre que non, elle n’allait avoir aucun souvenir de son père. Elle était très curieuse, ce soir-là, et ça me faisait autant de mal que de bien de devoir parler de lui. Dans un sens, je savais que ça allait arriver, il fallait juste que ça passe.

Quand Jonathan revint enfin, elle se désintéressa de moi et fonça l’accueillir. J’étais contente qu’il arrive. J’avais eu du mal à répondre à Johanna. Je ne savais pas forcément quoi lui dire, j’avais peur de me planter, j’avais peur de mal faire les choses et j’avais peur qu’elle ne comprenne pas. Et c’était difficile pour moi de devoir parler de Matthew… c’était inconcevable pour moi… L’arrivée de Jon était un miracle. Il partit la coucher et à en déduire par le temps qu’il mit pour redescendre, je compris qu’elle lui avait réclamé une histoire. En l’attendant, je rangeais un peu le bazar des enfants et m’attardai sur l’une des photos de Matthew. Je caressai doucement sa joue sur la vitre du cadre en réprimant mes larmes, et la reposai avec douceur sur le meuble. Je retournai dans le canapé en entendant Jon redescendre. Je ne voulais pas qu’il me voie comme ça, ce n’était pas la peine, ça allait le faire fuir.

Elle dort comme un loir

En me forçant à sourire, je tournai la tête vers lui, et il remarqua bien sûr directement que je n’allais pas bien. J’abandonnais l’espoir de lui mentir et lui racontais alors ce qu’il s’était passé pendant qu’il n’était pas là, tout ce que Johanna m’avait demandé, ce que je lui avais répondu, tout ce que ça m’avait fait.

- Je peux plus supporter ça, Jon. Parfois, j’aimerais qu’on m’ait lavé le cerveau, qu’on ait enlevé un bout de ma mémoire… j’y arrive plus..

J’étais pitoyable, et le pauvre Jon en faisait les frais. Il commençait à avoir l’habitude de toutes façons. Mais il ne méritait pas que je sois si fragile, si faible, alors qu’il était si fort pour moi…

Avec une douceur infinie, Jonathan me ramena contre lui et je me ramassai en boule contre lui, comme une petite fille. J’étais mal, très mal et j’avais envie qu’il m’aide. Et rien qu’en faisant cela, il m’aidait énormément. Il passait doucement ses mains sur mes bras et dans mon dos.

Dit pas ça Abigail, je me doute que c'est difficile, je ne peux pas imaginer le contraire, mais je penses que tu serais tout aussi triste voir plus si tu avais la mémoire effacé.

Je secouai la tête. Non, je n’aurais pas été plus triste. J’aurais tout oublié. J’aurais oublié tous ces souvenirs si durs à supporter aujourd’hui. Matthew me manquait terriblement, horriblement, et je n’avais pas envie de devoir tout garder jusqu’à ma mort. Ce n’était pas la première fois que Johanna me demandait des choses à propos de son père et ce ne serait pas la dernière fois non plus, je devais m’y attendre, évidemment. Mais c’était trop dur d’imaginer qu’elle devait se ficher éperdument de savoir qui il était, mais tout ce qu’elle avait envie de comprendre c’était « pourquoi » il n’était pas là, avec nous.

Je sais que je ne le connais pas du tout comme toi, mais si tu veux, si ca peut te soulager un peu je veux leur parler de leur père, leur dire quel homme il était, mais ne redit plus que tu veux que ta mémoire soit effacé, tu l'aimes et l'aimeras toujours c'est pour cela que c'est si douloureux de parler des morts, mais tu peux ... tu peux toujours le faire vivre, à travers toi, toi seule par la suite pourra expliquer à tes petits monstres ce qu'il aimait, ce qu'il détestait, comment il pouvait être dans sa vie, et moi je pourrais t'épauler. Je serais toujours à tes côtés.

Je voulais bien qu’il leur parle de lui, mais ce ne serait qu’un regard extérieur à notre famille, un regard de musicien par rapport à un autre musicien. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était déjà ça, c’est vrai. J’étais contente de savoir que Jonathan le ferait, même si je ne le montrais pas vraiment. Quand il me fit remarquer que j’allais toujours aimer Matthew et qu’il allait de fait vivre à travers moi… je me sentis soudainement mal pour lui. Je n’avais pas envie qu’il croit que je ne pouvais pas aimer quelqu’un d’autre que Matthew. Ce n’était pas le cas, vraiment pas. Je pouvais donner de l’affection à n’importe qui d’autre. Pour moi, c’était juste de la tromperie envers Matthew, pour l’instant. Mais ça passerait. J’y arriverais !

- Merci Jon…

Je ne savais pas quoi rajouter. Que dire d’autre ? A part merci ? Il était adorable avec moi, et je me sentais bien avec lui. Si seulement il n’était pas aussi jeune ! Je me sentirais moins coupable, et je pourrais me laisser aller plus facilement. En réalité, il fallait que ce soit lui qui fasse le premier pas, parce que je me rendais parfaitement compte que je n’étais pas capable de le faire. Il y avait trop de points qui m’empêchaient d’y arriver…

Spoiler:

Jonathan était adorable avec moi, il était doux, et tendre et c’était tout ce qu’il me manquait ces derniers temps. Il allait rester avec moi, encore cette nuit, je le savais déjà. Sinon il ne serait pas revenu. J’étais heureuse qu’il l’ait fait. Il tenait à moi, je pouvais m’en rendre compte et c’était parfait. Vraiment parfait. Je me sentais un peu revivre alors que j’aurais pu rester toujours seule avec mes enfants. Au bout d’un moment, il me murmura que je ne serais jamais seule et qu’il resterait toujours à mes côtés. Je frissonnai et il embrassa mon front. J’étais tellement bien dans ses bras. Ça me faisait du bien de me sentir appréciée et protégée. Ça changeait un peu, puisque c’était moi qui étais protectrice avec les enfants, ou même avec mes élèves, du moins certains, comme Ryan.

Alors que je commençais à m’endormir dans ses bras, je me sentis soulevée. Je faillis crier de surprise et me retins pour ne pas réveiller les enfants. Il était fou, il allait se rompre le dos. Néanmoins, j’avais oublié que Jonathan n’avait pas la carrure de poids plume de Matthew et qu’il était capable de me porter sans souffrir à cause de mon poids. Il me porta alors jusque dans ma chambre et je le retins avec moi pour qu’il reste.

Ok ... je reste mais je te laisse te changer, et je vais sécurisé les portes et fenêtres en attendant ... et pour le confort des petits je partirais le matin pour éviter d'autre questions auquel on a pas de réponses.

Je hochai la tête, en acceptant le compromis. Je me relevai alors doucement et me changeai, délaissant mes habits de la journée pour ma nuisette habituelle et alors que j’allais me faufiler sous la couette, je passai devant la porte juste quand Jonathan revenait. Je lui ouvris la porte avec un sourire, et attendis qu’il entre pour rejoindre mon lit.

- Je crois que je ne te remercierais jamais assez… qu’est-ce que je pourrais faire ?