Code by Silver Lungs

Jamais je n’aurais pensé rester aussi longtemps à Toronto. Quelques longues semaines étaient passées déjà, depuis que j’avais atterri sur le sol canadien. Je croyais qu’un mois plus tard, grand maximum, je rentrerais en Ecosse avec David, et pourtant.. j’étais encore là. Bien sûr, tout était très compliqué, parce que je devais lui laisser du temps et parce qu’il n’avait aucune envie de rentrer chez nous, ou encore parce qu’il avait un contrat à remplir ici, à l’hôpital, et qu’il était de fait hors de question que l’on parte. Et puis au final, je m’étais habituée à la ville, à cette immense et tentaculaire ville, qui m’avait tant perturbée au départ, mais qui était un peu ma deuxième maison désormais. Je la maîtrisais mieux, je ne me perdais pas, et je réussissais à y vivre sans problème.

Quelques jours après que j’aie pour de bon retrouvé les bras de David, il m’avait demandée en mariage, et la question persistait encore : allait-on faire notre vie ici ou bien allions-nous attendre et rentrer en Europe ? Je savais que de mon côté, j’aimerais y rentrer. J’aimerais être plus proche de mes parents, comme je l’étais avant. Mais je savais également que ce n’était pas prêt d’arriver, parce que David ne rentrerait jamais à Edimbourg pour y vivre. En soupirant, dans mes pensées, je poussai mon chariot à moitié rempli.

David travaillait ce jour-là, il avait une garde jusqu’à tard dans l’après-midi, et comme je m’ennuyais ferme – ne sachant toujours pas si je devais trouver un travail ici ou non – j’avais décidé de faire les courses sans lui. Ça lui ferait plaisir, parce que comme il n’aurait pas besoin de les faire, et puis, ça m’entraînais également à me repérer encore dans le métro. De fait, j’étais partie avec le sourire, une paire d’écouteurs et l’idée que ça allait au moins m’occuper pendant une heure et demi, le temps de faire les courses et de l’aller-retour. Je pensais qu’en plus, je serais tranquille. De toutes façons, ici à Toronto, personne ne me connaissait pour me demander des nouvelles. Ça n’aurait pas été pareil à Edimbourg. La moitié de notre ville d’enfance me connaissait, et connaissait de fait David, à cause de tout le foin qu’on avait fait pour le retrouver. D’ailleurs, si nous revenions là-bas un jour, j’étais sûre qu’on ne pourrait pas faire un pas sans qu’on vienne nous accoster.

De fait, j’étais presque sûre d’être tranquille. Et ce ne fut pas le cas, malheureusement pour moi. D’ailleurs, la personne que je rencontrais dans ce supermarché était la dernière personne que j’avais envie de voir. C’était pire que de rencontrer l’ex de David. Alors, quand mon chariot rentra en contact avec celui de Douglas Forman, je crus que j’allais faire un arrêt cardiaque sur le champ. Bon sang, et si David avait été avec moi ? Que se serait-il passé ? Il aurait sûrement pété un plomb, et il aurait sauté sur le détective. Et s’il apprenait que je l’avais revu, même par pur hasard, que dirait-il ? Il me hurlerait dessus, et cette fois, il n’y aurait pas de demande en mariage pour m’aider.

Evidemment, lorsqu’il me demanda comment j’allais, après m’avoir fait la bise et saluée, la première chose que je pensais, ce fut de savoir si je devais lui mentir ou non. Il n’avait pas à savoir ce qu’il s’était passé entre David et moi. Du moins pas la crise. Je pouvais lui dire pour les fiançailles, ça devrait le rendre heureux, non ? Mais pas la crise. Surtout pas ça. Et pas non plus le fait que David voulait lui faire la peau, d’après ce que j’avais compris. Ses mots avaient été très explicites, et en y repensant, j’eus même un frisson. Il allait finir comme « cet enculé de Bennett » et il n’allait rien comprendre. Je ne savais toujours pas qui était ce Bennett, mais très franchement, il avait vraiment dû énerver David pour qu’il lève la main sur lui.

« Je.. je vais bien ! C’est étonnant de se revoir ! »

C’était tout ce que je trouvais à dire de ma voix hésitante, ne sachant pas si je devais engager une conversation avec lui ou non. Après tout, je n’avais plus rien à voir avec lui, et rien que de le regarder me rendait plus honteuse que jamais. Bon sang, c’était évident que David s’en rendrait compte. J’allais être encore distante lorsqu’il rentrerait, et il voudrait savoir pourquoi. J’étais foutue, il allait encore s’énerver sur moi…

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Bien sûr, je n’avais aucune sainte idée de comment je devais me comporter avec lui. Il n’était au courant de rien, évidemment, et il ne savait même pas que j’avais été malade. Depuis la dernière crise, je n’en avais plus fait, je n’y pensais même plus, réellement, et de fait, je n’avais plus repensé à lui, hormis lorsque ma mère m’en parlait, sans comprendre pourquoi je déviais le sujet très rapidement. Elle ne posait jamais trop de questions, elle devait avoir compris qu’il s’était passé quelque chose. Pas de la même nature que la vraie… mais elle devait penser que David était jaloux pour une raison ou une autre… et en soit, elle n’avait pas tort, n’est-ce pas ? En face de moi, Douglas semblait un peu gêné aussi, mais peut-être que de son côté, c’était parce qu’il n’avait pas l’habitude de revoir ses clients.

« Alors avec ton David, comment ça se passe ? »

En baissant les yeux pour repenser aux dernières semaines et à tout ce qu’il s’était passé, je ris doucement avant de me détendre instantanément. Je n’avais pas de raison d’avoir peur qu’il se passe encore quelque chose. Douglas n’allait rien tenter avec moi, il savait que j’avais David. Et il se rendrait bien assez vite compte que j’avais une bague de fiançailles. Enfin… il savait que j’aimais quelqu’un, et ça ne l’avait pas empêché de me suivre jusque dans ma chambre d’hôtel quand je lui avais demandé. En y repensant, je me sentis de nouveau honteuse. Bon sang, ça allait me suivre pendant combien de temps, tout ça ? David allait forcément se rendre compte que quelque chose n’allait pas ! Alors que j’allais répondre, Douglas se reprit en disant que ça ne le regardait pas, mais j’allais quand même lui en parler. Il fallait bien que l’on parle de quelque chose, sinon je me sentirais vraiment mal.

« C’est bon, t’en fais pas ! David va très bien. On est très heureux tous les deux.. »

Son air enjoué me fit sourire. Il n’y avait plus aucune ambiguïté à avoir entre nous, je le sentais bien, mais la jalousie de David ne le comprendrait pas. Ce n’était pas un problème pour l’instant, et je pouvais bien lui mentir un peu pour apaiser le choc. Je n’aurais pas à lui dire que j’avais parlé avec lui. Je n’aurais qu’à lui dire que j’avais vu Douglas de loin. Et il ne s’énerverait pas !

« En fait, il m’a demandée en mariage ! Et c’est grâce à toi, Douglas, merci encore ! »

Après tout, s’il ne me l’avait pas retrouvé, rien de tout ceci ne serait arrivé et je n’aurais sûrement pas été la fiancée la plus comblée au monde. Parce que c’était ce que j’étais : comblée.

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Immédiatement, je vis un sourire fendre le visage de Douglas, et il m’adressa rapidement des félicitations, que je trouvais amplement méritées. Depuis le temps que j’attendais ça, une demande en mariage, je me disais que ça valait au moins ça ! Il continua, en disant que ce n’était pas lui qu’il fallait remercier, mais David, parce que c’était lui qui avait fait le plus gros du travail. Mais c’était bien lui qui l’avait retrouvé. Et sans lui, il n’y aurait pas eu de demande en mariage. Peut-être même qu’un jour, David se serait marié avec une autre. Son ex, par exemple. Rien que d’imaginer ça, j’en eus des frissons dans le dos. J’aurais pu tout aussi bien me suicider si ça avait été le cas. Comment j’aurais réagi, si je l’avais retrouvé et qu’il avait été marié ? Je n’aurais jamais pu le supporter. Enfin, ce n’était pas le cas, et je n’avais pas à penser à une chose pareille !

« J’ai déjà remercié David comme il fallait. C’était à ton tour, et je peux le faire, enfin ! »

Bien qu’ils ne seraient pas remerciés vraiment de la même façon tous les deux, j’étais quand même contente de pouvoir lui redire une énième fois que je lui étais reconnaissante. Il avait travaillé vite et bien et malgré notre nuit ensemble, il n’avait rien changé à son boulot. Et ses efforts avaient payé très vite, je ne pouvais pas le nier. Je n’aurais jamais pensé que ça arrive aussi vite. Rapidement, je vis les yeux du détective se posa sur ma main gauche, toujours accrochée à mon chariot, et son sourire s’agrandit en voyant ma bague. Je rougis un peu en sentant ce regard. L’effet que faisait une bague sur les gens m’impressionnait, et je n’arrivais toujours pas à croire qu’elle était bien réelle. Qu’on puisse la remarquer, même si je montrais bien sa présence, ça me faisait vraiment quelque chose.

« Eh bien, ça me fait plaisir de te voir heureuse ! »

En souriant un peu plus franchement et en prenant confiance en moi, je hochai la tête. Moi aussi, j’étais vraiment contente d’être aussi heureuse. Je ne voulais plus jamais revivre l’enfer qu’avaient été ces trois ans et ils étaient bel et bien derrière moi désormais. Je n’allais plus jamais les revoir. En entendre parler, certes, parce que toute cette histoire n’était pas finie. Après tout, nous n’étions toujours pas retournés en Ecosse, et je ne m’attendais pas à ce que David rentre un soir de l’hôpital et me dise qu’on y allait le lendemain. J’attendais, et ça ne me dérangeait pas, mais tant qu’il n’y serait pas retourné, je ne pourrais pas tourner la page, bien sûr. Il faudrait du temps… et on prendrait le temps.  

« Et toi, Douglas ? Quoi de neuf ? »

Bien décidée à ne plus parler de David, ni de mon bonheur personnel, je préférais m’intéresser à lui, en essayant d’en savoir plus, de me tenir au courant. Je ne savais pas comment je considérais cet homme. S’il n’y avait rien eu entre nous, il était clair qu’il pourrait être comme un ami, pour moi.. mais là, c’était un peu confus.

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Douglas eut l’air tout perdu pendant quelques instants, comme s’il cherchait ce qu’il pouvait bien avoir à me dire. Il devait bien s’être passé des choses durant tout le temps sans se parler. Non pas que j’aurais voulu lui parler, mais après tout, nous aurions pu nous croiser bien avant ce jour, par pur hasard également, et je lui parlais bien volontiers. Enfin… je me perdais un peu là ! Il me faisait presque peur, en fait. Sans qu’il le sache, il avait du pouvoir sur moi, parce que c’était lui qui décidait de ce que mon organisme faisait par la suite. S’il faisait quelque chose que nous regretterions tous les deux, j’étais bonne pour faire une nouvelle crise, parce que David le saurait, sans aucun doute. S’il ne faisait rien, alors tout irait bien pour moi. Et pour lui, par la même occasion, parce que j’étais sûre et certaine que cette fois, David le retrouverait pour lui en coller une.

« Eh bien je prépare un petit diner romantique pour ma petite amie. Je ne suis pas spécialement doué en cuisine, mais pour elle, je ferrai beaucoup de choses ! »

Sa… petite amie ? En ouvrant grand les yeux, je faillis m’étouffer avec ma salive en l’avalant. Il se moquait de moi là ? Il avait une petite amie ? C’était une blague ?! Et depuis quand l’avait-il cette petite amie ? Avant ou après avoir couché avec moi ? Etait-elle au courant ? Est-ce qu’il faisait ça avec toutes les clientes un peu écervelées qu’il pouvait avoir, de prendre du bon temps avec elles ? Sans plus vouloir en parler, je décidai de garder le silence, et de ne pas faire de remarque pour l’instant. Surtout qu’il continua à parler pour me dire que l’agence tournait toujours bien et qu’il n’avait plus beaucoup de temps pour lui. J’en étais désolée, mais en même temps, c’était bon signe pour lui au moins ! Il s’était fait une renommée, et il avait même gagné quelques clients potentiels en Ecosse. Des collaborateurs de mon père qui pourraient avoir besoin de ses services, en temps voulu. Néanmoins, toujours un peu curieuse, je revins sur la question de la petite amie, ne sachant cependant pas vraiment comment amener le sujet sur le tapis.

« Une petite amie, alors ? Depuis quand ? »

De fait, j’avais peut-être été un peu trop franche, pour une fois. Je me mordis la lèvre en baissant les yeux, et en essayant de me faire toute petite. Il n’allait pas me répondre, il me trouverait ridicule et en plus, il allait me laisser là comme une idiote. C’est pourquoi j’ajoutai rapidement :

« Désolée, c’est pas mes oignons. Oublie ! »

Avec embarras, je triturai ma bague de fiançailles, nerveuse, en attendant sa réponse.

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Toujours rouge de honte, je n’osais plus relever les yeux vers Douglas, alors que de son côté, il semblait presque gêné que je lui demande, et pourtant.. il n’y avait pas de quoi être gêné si ? A moins que j’avais raison et qu’il l’avait trompée avec moi, mais je ne le voyais pas du tout faire une chose pareille… Enfin, je ne le connaissais pas. Je croyais le connaître un peu, mais c’était faux. Et s’il avait juste profité de moi et mon état d’ébriété avancé, parce que … je ne sais pas, il se serait peut-être disputé avec sa copine, et de fait, j’avais été là au bon moment… Je ne devais pas penser à des choses pareilles, bien sûr, parce que ça me ferait du mal. Mais j’avais envie de croire que ce type était quelqu’un de bien !

« Ne t'en fais pas... ça fait quelques mois que je suis avec Amelia, et c'est sur la bonne voie pour que ça continue un moment. »

Quelques mois ? Ça ne me disait pas quand, ça ! Mais j’étais polie et trop intimidée pour oser lui demander plus de détails, même si ça devait se voir sur mon visage que j’avais envie de lui poser des questions. Il allait bien s’en rendre compte, mais libre à lui de me répondre ou non. Je n’allais pas faire le premier pas, cette fois. Ce n’était pas mes affaires, et je n’aurais même pas dû lui demander. J’étais contente pour lui qu’il ait une copine. Au moins, peut-être qu’il n’oserait rien faire cette fois et David n’aurait pas à être jaloux. A moins qu’il n’ait aucun intérêt pour sa petite amie et qu’il la tromperait sans scrupules.

Soudain, je sentis une main sur la mienne et je sursautai, en remarquant que j’étais de nouveau partie dans mes pensées. En posant les yeux sur mes mains, je remarquai que Douglas essayait de me faire arrêter mes gestes nerveux et il ajouta même que ma bague ne m’avait rien fait, avec un sourire. A demi amusée, je lui répondis par un tout petit sourire, en me mordant ensuite la lèvre. Et si on éclaircissait tout ça ? Peut-être que ça pourrait être bénéfique de faire ça ? Si je restais à Toronto, et c’était ce qui allait arriver, bien sûr, j’allais peut-être amenée à le revoir. Visiblement nous faisions déjà nos courses dans le même supermarché, et aux mêmes heures, même si pour lui, c’était exceptionnel, cette fois-ci, si j’avais bien compris. Alors autant faire table rase du passé et jouer cartes sur table.

« Tu étais déjà avec elle quand … quand on a… enfin… tu sais… »

Mon courage, présent au début de ma tirade, s’envola dès lors qu’il fallut reparler de notre aventure et je me sentis trembler, rien que de repenser à la réaction de David quand je lui en avais parlé. Heureusement, tout était fini maintenant, pour de bon. Et nous n’en parlions plus. J’évitais le sujet, David aussi, et c’était très bien comme ça ! Mais désormais, j’étais presque soucieuse de savoir sa réponse. J’imaginais aisément que je pourrais me détendre seulement s’il me disait que non, il n’avait encore personne à ce moment là !

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Heureusement pour moi et pour ma santé mentale, Douglas eut tôt fait de me dire la vérité, et de me répondre qu’il n’avait rien fait de mal, qu’il n’avait trompé personne quand il avait couché avec moi. Donc j’étais la seule fautive. Ce qui, en soit, me rendait encore plus mal. Je n’aurais pas dû faire ça, et je ne savais même pas ce qui m’avait prise. Je savais que David était quelque part là-bas, et pourtant, quand même, j’avais fait ce qu’il s’était passé. Je n’en étais pas très fière, évidemment. Mais c’était du passé maintenant… j’étais fiancée à l’homme de ma vie, il avait son Amelia… tout allait bien ! Je ne devais pas m’en faire, c’était idiot de se comporter comme ça !

« Notre petit moment ensemble était génial, mais ça ne se reproduira surement pas Mackenzie. J'ai beaucoup de sentiment pour ma petite amie, et tu es fiancé, alors plus rien ne pourra se faire entre nous. »

D’accord, donc il avait parfaitement compris mon trouble. Je n’étais pas très bonne menteuse dans ces moments-là, et je préférais de fait essayer de rester le plus naturel possible. Avec gêne, je remarquai qu’il n’avait pas lâché ma main, et lorsque son regard suivit le mien, il retira sa main comme si je l’avais brûlée. Je me sentis instantanément mieux, et je me sentis presque honteuse de penser une chose pareille. Douglas était un être humain comme les autres, et je n’avais pas à faire ça. Et ce n’était pas parce que nous avions fait ce que nous avions fait que je devais me comporter différemment.

« Non, ça ne se reproduira pas. Tu sais… David est particulièrement jaloux, alors… »

Mon regard et mon sourire embarrassé furent plus parlants que des mots et je vis dans ses yeux verts qu’il avait compris ce que je cherchais à lui dire. Que la nouvelle n’était pas bien passée de mon côté. C’était entièrement de ma faute, bien sûr, mais de fait, je le prévenais aussi de la suite : si jamais David le rencontrait, il était clair que ça n’allait pas bien se passer. Mais je n’avais pas très envie d’en parler. Il pourrait croire des choses fausses sur David, et c’était hors de question que ça arrive.

« Tu es très pressé ? On peut … je te paye un café, si tu veux, après nos courses ? »

Le temps de boire le café, nous pourrions discuter, et de toutes façons, nous avions tous les deux des produits frais, alors nous n’allions pas rester des heures et des heures, mais je me voyais mal simplement lui dire « au revoir » et m’enfuir sans demander mon reste. Avec un hochement de tête, il accepta, et je continuai mes courses avec lui, repassant parfois dans certains rayons, mais ce n’était pas un problème. Nous payâmes une fois à la caisse et nous installâmes ensuite avec nos sacs au premier café que nous trouvâmes, dans la galerie.

« Comment tu l’as rencontrée, alors ? Ta copine ? »

Maintenant que j’étais assise, toujours à une bonne distance de lui, et bien sûre de ne pas le toucher, je pouvais me détendre un peu. En plus, il n’y avait pas de soucis à se faire, nous n’allions rien faire dans un centre commercial. Et puis je n’avais pas envie, lui non plus, alors tout irait bien !

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Bien vite, Douglas eut l’air de réfléchir, ou plutôt de repenser à la façon dont il avait connu sa copine. Je me demandais si c’était avec le boulot. Parce qu’après tout, il semblait très porté sur la chose… sur le boulot, je voulais dire. Il semblait adorer son job, plus que tout au monde, et du coup, ça me paraissait presque normal qu’il l’ait rencontrée en travaillant. A moins qu’il ne soit aussi très fêtard, c’était possible. En le regardant de plus près, je crus voir qu’il avait des cernes sous les yeux. Il manquait de sommeil, donc. A cause de l’agence ou bien à cause des fêtes ? Ou bien même à cause de sa copine ?

« Elle m'avait embauché... mais ce n'est pas ce que tu crois. je ne saute pas sur mes clientes en temps normal. Tu as été la première... et puis Amelia c'est différent... j'ai passé beaucoup de temps avec elle, et... j'ai mis du temps à me lancer avec elle... elle est assez impressionnante. »

Oh… alors c’était une cliente, elle aussi. Je trouvais ça très étrange, le fait de coucher avec des clientes et de même vouloir aller plus loin avec elle, dans une relation qui pouvait finir très bien.. ou très mal également. En tout cas, malgré ma gêne, je fus presque touchée par le fait qu’il me dise que j’étais la première cliente avec laquelle il couchait. Je ne savais pas pourquoi, mais mon ego fut alors très flatté. Après tout, ça voulait bien dire que j’étais attirante. A mes yeux, je ne l’étais pas. Je ne l’avais jamais été. De toutes façons, à quoi ça aurait servi que je le sois ? J’avais David, pour la vie entière dans mes bras. Et combien de fois il m’avait dit que j’étais belle, et que peu lui importait si j’étais blonde, brune ou rousse, si j’étais grande ou petite, si j’étais grosse ou mince… ? Il m’adorait pour ce que j’étais, et pas pour ce à quoi je ressemblais ! De fait, si j’adorais bien m’habiller et me maquiller comme il fallait, je ne faisais pas cela dans le but d’attirer les gens, au contraire. Alors oui, c’était agréable de voir quelqu’un sous-entendre que je l’avais attiré.

« Impressionnante ? Dans quel sens ? »

Comment pouvait-il être impressionné par une femme ? Lui, impressionné ? Impossible ! Il était génial, il pouvait tout faire, retrouver un type disparu depuis trois ans, résoudre des énigmes incroyables et… il était impressionné par une simple femme ? C’était tellement étrange pour moi, et pourtant, vu son expression un peu gênée mais si touchante, je compris qu’il me disait la vérité. Wow.

« Compare-la à moi si tu veux, ça sera plus simple ! »

En effet, il semblait avoir du mal à trouver ses mots pour la décrire. Peut-être qu’en essayant de voir nos différences, il pourrait réussir à me la décrire un peu mieux. Pas physiquement, parce qu’à la limite, il devait bien avoir une photo d’elle sur son portable, mais plutôt mentalement. Pourquoi elle l’impressionnait ? Avait-elle un mental d’acier ? Etait-elle très sévère, très froide ? Ou tout le contraire, peut-être ? Tant que nous ne parlions pas de David, ou de nous deux, alors ça m’allait et j’étais prête à discuter pendant des heures, discuter comme nous l’avions fait à chaque rendez-vous au restaurant…

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Aussitôt, Douglas reprit la parole. Apparemment, quand il s’agissait de parler de sa petite amie, il devenait rapidement très prolixe. C’était beau de voir un homme amoureux. Oh, il ne l’avait pas avoué, mais je savais reconnaître les signes, même sur des inconnus. J’avais vu David changer dès lors que je lui avais tout avoué. Et j’avais tout noté en détail. Alors je n’allais rien dire à Douglas pour ne pas le froisser, mais il était clair qu’il en était dingue. Qu’il ne la lâcherait pas. Et moi, personnellement, ça me rassurait. Parce que jamais il ne ferait de mal à sa copine, n’est-ce pas ? Donc je ne risquais rien non plus. Nul doute de toutes façons, que David trouverait le moyen de le calmer s’il se passait quelque chose.

« Vous comparez ? Ce n'est pas possible vous êtes bien différente toutes les deux. Hum... comment dire... elle ne cache pas son caractère bien trempé, elle veut toujours tout faire toute seule, ce qui en soit me fait l'admirer mais en même temps c'est un peu agaçant. Et puis, j'ai toujours envie de la protéger mais elle n'aime pas toujours cela. Et puis j'ai toujours peur de paraître idiot, de dire un truc de travers... »

Un léger sourire s’imprima sur mes lèvres et les étira quand je l’entendis quasiment me raconter tous les traits de caractère que la femme dont il était tombé amoureux possédait. C’était adorable, et tellement humain. Elle avait l’air d’être quelqu’un de sûre d’elle, de responsable et pourtant de complexe. Elle était assez difficile à cerner pour que Douglas ne sache même pas comment se comporter avec elle. Je voyais très bien quel genre de personne ça pouvait être. Il fallait juste qu’il s’habitue non ? Brusquement, il me demanda s’il avait réussi à se faire comprendre et je ne pus que hocher la tête en souriant gentiment.

« Très bien, t’inquiète pas ! »

Le silence reprit presque automatiquement ses droits entre nous, alors que je repensais à David, et que Douglas semblait sur une autre planète. Il devait penser à sa copine, sûrement. Je l’observai à la dérobée. En quelques mois, il n’avait pas changé, toujours le même grand homme bien habillé – un peu en dehors de son temps quand même – et avec une bouille adorable. Soudain, je me demandai réellement pourquoi j’avais voulu qu’il me suive dans ma chambre d’hôtel. Qu’est-ce qu’il avait de plus que David ? Rien. Est-ce que c’était un certain manque qui se faisait ressentir ? Ou bien c’était juste parce que j’étais à moitié saoule ? Tout à coup, je me demandais presque si je ne devais pas parler de la réaction de David, et ce qu’elle avait provoqué chez moi quand je lui avais parlé de cette nuit-là. Et s’il trouvait les mots pour me réconforter, ce que David ne pouvait pas faire, puisqu’il était la victime de tout ceci ? Mais dans un autre sens, c’était du suicide de lui en parler… Et pourtant, ça me démangeait, de plus en plus. Pour dire quoi cependant ? C’était une excellente question. Mais à part son enquête et cette nuit que nous avions passé ensemble… les sujets de conversations tournaient en rond, non ? On ne se connaissait pas. Pas du tout même. On avait appris à se connaître par bribes, et il connaissait mieux mon anatomie que mon second prénom.

« Je l’ai raconté à David… ce qu’il s’est passé entre nous… Il l’a mal pris, bien sûr. Je te conseille d’éviter de le croiser et de te présenter à lui, juste un conseil. »

C’était la seule façon que j’avais trouvé pour amener le sujet sur le tapis. Le prévenir que David voulait sa peau, même s’il se retenait bien de me le dire, par peur de me faire criser de nouveau. Et je ne le provoquais pas là-dessus. Après qu’il m’ait parlé de ce Thomas, notre voisin éventuel, lorsque ce dernier était chez sa copine, j’avais compris qu’il ne rigolait plus, quand il s’agissait de sa famille, ou bien de moi. Et qu’il n’hésiterait pas à se battre de nouveau avec quelqu’un d’autre, même si je trouvais cela ridicule et complètement immature.

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Mes mots eurent l’effet escompté sur Douglas, puisque je le vis paraître un peu mal-à-l’aise. C’était exactement ce que je voulais qu’il se passe. Si un jour, il arrivait que l’on se croise et que j’étais avec David, il ne faudrait pas qu’il trouve gentil et normal de me dire bonjour. Je ne pouvais pas lui dire pour la crise, il ne comprendrait pas et croirait que c’était à cause de David que je l’avais faite. Bon, c’était le cas, mais c’était plus compliqué que ça et Douglas n’en retiendrait pas les subtilités.

« Je ferrai mon possible pour ne pas le croiser… De toute façon, il ne connait pas ma tête… »

En souriant un peu plus franchement, je ne pus qu’approuver. Il ne le connaissait pas, il ne l’avait jamais vu, et je ne pensais pas vraiment qu’il allait s’en préoccuper davantage. David n’allait pas s’obséder pour ce détective et il n’essaierait pas de le retrouver, mais je préférais prévenir que guérir. Il ferait bien ce qu’il voudrait, mais en tout cas, je n’avais plus de responsabilité à avoir, s’il se passait quelque chose entre eux deux, même si je le prendrais très mal si David décidait de se battre de nouveau avec quelqu’un. Sa bagarre avec Thomas avait été suffisante et s’il voulait recommencer, il ne serait pas très bien accueilli. Peut-être qu’à l’époque, Ella n’avait rien dit, mais moi je n’étais pas la même personne et je ne tolérerais pas ça !

« Je comprends qu’il m’en veuille, et si il veut m’en mettre une… bah je ne vais pas me laisser faire mais je ne répondrais pas, promis je te le laisserai intact ton David. »

Ah oui, parce que si David en venait aux mains avec lui, je ne voulais pas non plus qu’il soit amoché. Il ne manquerait plus que ça ! Non, mais avec un peu de chance, ils ne se croiseraient jamais, et nous changerions carrément de ville, ou même de pays, je n’en savais rien, et peut-être que moi-même, j’oublierais Douglas rapidement. Je n’en avais pas envie, parce que je lui étais reconnaissante à vie, mais ça ferait du bien à David ne plus penser à lui. Je ne savais même pas si ça lui arrivait souvent, en fait, puisque nous n’en parlions plus du tout. Il n’osait sûrement rien me demander, à cause de mes crises. Elles avaient une qualité, quand même, ces crises…

« Merci… mais je doute qu’il fasse quelque chose. Il est plutôt pacifiste ! »

En replongeant dans mes pensées, je repensais au choc que j’avais eu quand j’avais compris qu’il avait osé se battre avec quelqu’un. Puis, je repensais au soulagement que j’avais ressenti, quand il m’avait expliqué pourquoi. Maintenant, je ne savais qu’en penser. Je savais que parler de ses parents était une mauvaise idée, parce que soit ça l’énervait, soit ça le rendait triste comme les pierres. Etait-ce une raison pour frapper quelqu’un ? Ce Thomas avait vraiment dû le mettre en colère pour qu’il réagisse ainsi… mais à l’époque, il ne savait pas que j’étais vivante. Peut-être qu’aujourd’hui ça aurait changé…

« Il s’est battu avec un homme, avant que j’arrive. Un journaliste, qui l’avait bien embêté… J’aurais jamais cru qu’il puisse faire ça… »

Je me parlais légèrement à moi-même en fin de comptes, mais Douglas semblait m’écouter avec attention, surtout à partir du moment où je parlais du journaliste. Est-ce qu’il avait entendu parler de cette histoire, en recherchant David ? C’était possible après tout.. et si le type en face avait porté plainte contre lui ? Ou pire… ? Il pouvait y avoir quelque chose de pire à ça ??

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Soudainement, Douglas sembla très intéressé par ce que je pouvais lui dire sur ce journaliste. Comme s’il était au courant de l’histoire… alors peut-être qu’il y avait d’autres choses qu’il savait et qu’il ne voulait pas me dire… ? Ou qu’il ne m’avait pas dites… Si tel était le cas, peut-être même qu’il était au courant pour l’ex de David, et il ne m’avait rien dit. S’il m’avouait que c’était le cas, je pense que je serais capable de le frapper, parce que je ne trouvais vraiment pas ça honnête. Mais vu son air intéressé, il était clair qu’il savait plus de choses qu’il ne voulait en laisser paraître.

« Un journaliste ? Pourquoi ? Et tu connais le nom de ce journaliste ? »

En fronçant les sourcils, je faillis lui demander s’il était au courant, mais je me retins. Je le ferai plus tard, et pour le moment, je n’allais lui raconter que ce que David m’avait dit. Néanmoins, il avait une idée derrière la tête, ça c’était clair. Et je ne louperais sûrement pas mon coup en disant qu’il devait penser à quelqu’un, pour tout cela. Quoi, il avait entendu parler de ce journaliste ? Mais c’était impossible ! Dans cette ville, il devait y en avoir des centaines, voire des milliers. Il faudrait tomber sur le bon du premier coup.

« Un type qui est souvent dans notre immeuble, chez sa copine… Thomas… Thomas Bennett… »

Le regard de Douglas s’illumina autant qu’il se renfrogna, et sans comprendre, je me retrouvais à lui poser des questions :

« Tu le connais ? Tu sais ce qu’il s’est passé entre eux alors ? David m’a dit qu’ils ne pouvaient pas s’encadrer, et qu’ils s’étaient battus à cause d’un stupide pari… C’est vrai ? »

Je ne doutais pas de la version de David, je redoutais simplement qu’il ait embelli les choses. Je n’aimais pas ça, que quelqu’un soit d’autre soit au courant, c’était mauvais signe. Peut-être que cette bagarre avait eu des répercussions, et qu’il fallait que je m’inquiète, désormais, pour de bon.

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Réellement anxieuse à l’idée que Douglas puisse me rapporter une version différente de l’histoire, je commençais à me mordre les lèvres, en essayant de garder mon calme et mon sang froid. Il connaissait ce journaliste, déjà. Quand j’avais prononcé son nom, j’avais vu son regard s’illuminer et ça ne semblait même pas l’étonner que je lui dise une chose pareille.

« Thomas est un de mes amis, je l’ai rencontré il y a quelques mois… et heu… la dispute avec ton homme avait déjà eu lieu… mais je n’en sais pas plus, Thomas n’est pas du genre très loquasse. Mais oui, il n’arrive pas à se voir en peinture, ça je l’avais compris. »

Ah, donc je n’avais pas totalement tort quand j’avais pensé que dans le fond, ça ne pouvait être un mauvais bougre, ce type. Il avait une petite amie, ça voulait déjà dit pas mal de choses, et là, je remarquai que Douglas était aussi son ami. Il n’y avait qu’avec David que le courant ne passait pas, visiblement. Ce n’était pas un problème, les goûts et les couleurs, tout était dans la nature, mais de fait, je refusais qu’il me dise que ce type était un connard. D’ailleurs, j’avais de plus en plus envie de le rencontrer, d’une pour me moquer un peu de lui en me présentant, et de deux parce que peut-être qu’en faisant le lien entre les deux, je pourrais leur enlever cette animosité. J’avais remarqué déjà que David, en dehors du boulot, ne sortait pas beaucoup et je m’étais demandée s’il s’était fait des amis ici. Il m’avait juré que oui, mais pour l’instant, je n’en avais pas beaucoup vu la couleur…

« Thomas n’est pas un mec méchant, mais on ne peut pas aimer tout le monde. Ils faut mieux qu’ils s’évitent le plus possible tous les deux, mais bon, comme Sarah habite eu dessus de chez David, c’est sur que c’est bien plus compliqué… »

En hochant la tête, je compris que malgré tout ce que je voulais, le courant ne passerait probablement jamais entre eux. Ce Thomas avait été trop dur envers David. Lui parler de ses parents, c’était effroyable, surtout qu’il savait apparemment ce qu’il s’était passé. Je comprenais que David lui en veuille, en réalité. C’était normal, de son point de vue, et du mien aussi. Seulement, je ne supportais pas le fait qu’il se soit battu avec cet homme. L’autre pouvait bien faire ce qu’il voulait, mais David n’avait pas à faire ça. C’était un docteur. Il soignait les gens, ils ne les envoyaient pas à l’hôpital !

« J’aimerais bien les rendre un peu plus sympas l’un envers l’autre. L’autre jour, Thomas est arrivé à l’improviste chez nous, on j’ai cru que David allait le tabasser, rien qu’avec son regard… »

Avec un air renfrogné, je croisai les bras en me rendant compte que sur le coup, ça m’avait amusée, mais que maintenant, je n’en riais plus du tout. J’avais peut-être changé pendant le temps que nous avions été séparés, mais David aussi… et je n’aimais pas ça. Mais peu importait, je n’avais pas envie d’en parler maintenant et le chapitre Thomas pouvait être fermé. Si j’avais besoin de plus de détails sur lui, je pourrais toujours le demander à Douglas. Non, désormais, j’avais besoin de lui demander autre chose, de bien plus important pour moi …

« Quand tu cherchais David, Douglas… est-ce que tu as su qu’il avait une petite-amie ? »

Je vis son regard se figer, tout comme le reste de son visage, et je compris qu’il n’aimait pas ce qu’il venait d’entendre. Pour quelle raison ? Aucune idée, mais j’allais le découvrir !

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La bouche de Douglas s’ouvrit du plus grand qu’il put, et j’avais presque envie de lui tenir le menton pour lui refermer, c’était ridicule. Il n’était donc pas du tout au courant de toute cette histoire et il ne savait pas que David avait une petite amie. Vu sa tête, c’était clair, et il ne pouvait pas mentir, pas aussi vite comme ça. Je l’aurais vu sinon, j’étais une experte pour ça. Fort bien… donc elle s’était bien cachée, la petite Ella. Pourtant, je ne comprenais pas comment il n’avait pas pu la voir, Douglas. Elle devait bien sortir avec David, de temps en temps, ou bien trainer autour de lui à l’hôpital, ou bien même autour de son appartement… comment il avait pu passer à côté ? Je me souvenais qu’il avait formé un petit jeune sur cette affaire, mais il contrôlait la situation, il me l’avait bien fait comprendre… Enfin, désormais, c’était terminé, et plus personne ne tournait autour de mon fiancé.

« Non pas du tout ! Je suis désolé de ne pas l’avoir su… je te l’aurai dit… »

En baissant la tête, je lui fis comprendre que je le croyais, que je savais qu’il me l’aurait dit s’il n’en avait eu rien qu’une petite idée. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il avait déjà fait du bon travail en retrouvant mon homme, et d’ailleurs, c’était tout ce que je lui avais demandé de faire. Ce n’était pas un problème. Ça l’aurait simplement été, si jamais cette fille s’était accrochée à David comme une moule à son rocher. Enfin, je n’aurais pas eu besoin de Douglas pour ça : je l’aurais décrochée moi-même. En aurais-je été capable avec les crises ? Oui, parce qu’il était hors de question que je la laisse récupérer David tel un trophée et qu’elle s’affiche avec lui, alors que je restais derrière. Et David non plus n’aurait pas accepté ça.

« C'est une interne de l'hôpital. Ils se sont rencontrés quand il était hospitalisé et elle lui a tapé dans l'oeil... »

J'avais peine à y croire en réalité. David était tombé amoureux de quelqu'un d'autre que moi. Evidemment, il me croyait morte, mais je m'en rendais compte seulement maintenant : c'était douloureux. C'était plus que douloureux en fait, c'était terrible pour moi. Ce n'était pas de sa faute à lui, c'était juste que je me rendais compte qu'il n'était pas incorruptible, qu'il restait un homme... même quand j'étais encore là, quelque part sur Terre. Et si un jour, je ne lui convenais plus et qu'il trouvait quelqu'un d'autre que moi ? Que pourrais-je faire ?

« Enfin, il l'a quittée aussi sec... mais quand même, ça m'a fait bizarre de l'apprendre... »

Le regard compatissant de Douglas me fit du bien, un tant soit peu. J'aurais dû passer au dessus de tout cela, c'était terminé.. mais j'y pensais encore, et c'était assez terrible...

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