Deux heures. Elle a précisément deux heures avant que son frère ne vienne la chercher dans la bibliothèque où il l'a déposé. Évidemment pas seule, un homme de main était chargé de la surveiller mais il roupillait à présent dans un coin de l'établissement. Elle s'en voulait un peu des somnifères qu'elle avait mit dans le café qu'elle lui avait proposé mais elle avait besoin de prendre l'air. De juste respirer. Trois semaines qu'elle était revenue. Trois semaines sans quitter la maison. Aussi grande soit elle, elle y tournait en rond. Elle lui était nécessaire de sortir. Indispensable à sa survie. Au moins mental. Elle ne tiendrait pas plus longtemps. Elle finirait par craquer sous le poids des attentes, des demandes, des exigences et des ordres. Comme si il n'y avait pas assez de son père, ses frères veillaient sans cesse.

Elle inspire longuement une fois dehors, Sourit et met les mains dans les poches de son manteau. En dessous, une robe blanche, longue et légère. Elle ne pourrait jamais en porter une au dessus du genoux, ça ne serait pas convenable. Des bottes confortables qu'elle a enfilée à sa sortie, rangeant les chaussures à talons plus serrées. Une torture à porter qu'on lui impose. Elle détache ses cheveux, s'essayant à passer inaperçue dans la foule, se soustrayant à la rigueur quotidienne. Elle déambule sans but précis. Observe les boutiques, rentre dans quelques unes. Elle est légère mais reste vigilante. Nombreux sont les personnes qui pourraient la reconnaitre et elle, ne les connait pas tous. Redoubler de vigilance. Les rues sont passantes, elle emprunte volontairement les plus bondés pour ne pas se faire remarquer.

Elle finit cependant par s'arrêter, net et rentrer dans le restaurant proche, coeur battant. Si elle a un signe de tête par politesse pour les personnes qui pourraient être présent, c'est près de la grande fenêtre qu'elle reste. Elle est sûr d'avoir aperçue son frère, en galante compagnie. La raison qui a du finalement le convaincre de l'accompagner en ville. Lui ne l'a pas vu, subjugué par le décolleté de sa copine. Elle soupire, soulagée, s'adossant un instant au mur pour calmer le coeur bien agité.