Un dernier bisou sur la joue de chacun de mes trois enfants, un au-revoir d’un signe de la main à Thomas, et voilà que j’étais en route pour retrouver celui que je considérais comme mon deuxième meilleur ami. Olivier. Ces dernières semaines avaient été pleines d’émotions, de rebondissements et je l’avais vu plus de fois en une semaine qu’en toute notre vie. Mais c’était pour la bonne cause : mon ami s’était enfin marié avec le deuxième homme de sa vie. La cérémonie avait été incroyablement douce, et belle. Je les avais aidés dans les préparatifs, tout d’abord parce qu’Olivier me le demandait, et ensuite parce que je ne me voyais pas rester sans rien faire. Ils n’avaient aucun soutien de la part de leurs familles respectives, alors c’était quand on ne pouvait plus compter sur sa famille que les amis prenaient le dessus. Je n’étais pas seule dans ma tâche. Ella, une amie d’Ethan, qui était enceinte qui-plus-est, aidait également dans plein de tâches. Et puis, il y avait la petite Clio. L’orpheline qu’ils avaient entrepris d’adopter. Elle était adorable, et magnifique. Parfaite pour eux. C’était vraiment le coup de foudre, à chaque fois que je la voyais. Bien entendu, elle n’était pas là tout le temps, parce qu’elle vivait encore dans un foyer en attendant que tout soit officiel. C’était d’ailleurs pour faire avancer les choses qu’Olivier et Ethan s’étaient mariés, en plus de montrer leur amour à tout le monde. J’étais heureuse pour eux. Ils méritaient tout le bonheur qui leur arrivait.

Le mariage avait été magnifique, j’avais été très émue durant toute la cérémonie. Peut-être parce que j’étais plus qu’heureuse de ce qu’il se passait, ou peut-être parce que voir mon Olivier dans son beau costume de marié me faisait repenser à de lointains souvenirs, dans lesquels Matthew avait eu assez de force pour enfiler son propre costume et me passer la bague au doigt. Même après tout ce temps, ils se ressemblaient encore beaucoup, au grand désespoir d’Oli. Bien sûr, Thomas avait été invité, même s’ils ne se connaissaient pas énormément, et mes enfants étaient là également. J’étais tellement fière de les voir, Franz et Léopold dans leurs petits costumes gris pâle, et Johanna dans sa robe rose pastel… Une vraie mère poule… Ce week-end de festivités avait été l’un des meilleurs de ma vie, nous avions beaucoup ri, nous avions dansé… et j’avais même laissé Thomas flirter un peu avec moi. Comme quoi tout arrive !

Ce jour-là, nous avions simplement prévu, Oli et moi, de nous revoir autour d’un café, de discuter un peu, de faire une petite promenade, du shopping, le genre de choses que font les amis. Nous n’avions plus la pression de l’organisation rapide du mariage, et je voulais le voir pour discuter avant qu’ils ne partent tous les deux, Ethan et lui, en lune de miel au Brésil. Ils partiraient une dizaine de jours, et pour ma part, j’avais tout de même des cours à préparer. Mes étudiants m’adoraient, et la réciproque était vraie. Je ne pouvais pas me permettre de gâcher quoi que ce soit dans ma vie, à l’heure actuelle. Ce n’était plus le moment d’être une femme sauvage et fougueuse, je devais me poser. J’étais déjà posée, bien sûr, mais je ne devais rien foutre en l’air. Je pourrais recommencer à faire la folle quand les enfants seraient grands et que je serais en retraite, bien méritée.

Pour l’heure, j’attendais Oli, assise sur le banc là où nous nous étions rencontrés pour la première fois, sur une plage devant le front de lac. Ce jour-là avait été décisif, parce qu’il nous avait permis de faire une merveilleuse rencontre, chacun de notre côté. Je bénissais ce jour, même si je l’avais plutôt mal vécu à l’époque. Désormais, c’était du passé, et j’étais très heureuse d’avoir fait ce malaise sur la plage en le voyant. Tout cela avait conclu à une belle amitié. Au loin, je le vis arriver d’un pas rapide, un grand sourire aux lèvres, comme toujours. Je me relevai pour le serrer dans mes bras en riant. « Salut mon chat ! le saluai-je avec un sourire, avant de l’embrasser sur la joue. Tu vas bien ? » Quelle question ! Evidemment qu’il allait bien. Cela ne faisait même pas une semaine qu’il était marié à l’homme qu’il aimait éperdument. Comment cela ne pourrait-il pas aller ? Je me décollai de lui pour regarder son visage et le laisser respirer un peu. Qu’est-ce que j’aurais fait sans ce type ? Je me le demande bien…