Jonathan était tellement doux avec moi… il était tendre et il semblait presque enclin à être attentif et patient avec moi. C’était ce que j’appréciais le plus, parce que j’aurais besoin de temps pour tenter de passer à autre chose. Des baisers, ce n’était pas grand-chose… le reste attendrait. J’étais encore trop liée à Matthew, il faudrait que Jon passe par le jeu de la séduction, pour me faire oublier tout ce qu’il s’était passé avant. Je n’avais pas peur de tout cela, il fallait juste que ce soit un peu lent, pour que je n’angoisse pas et que je ne me sente pas mal.

- C'est le cas ... c'est parce qu'un ange m'a accepter ...

Avec un sourire, je secouai la tête pour nier. Je n’étais pas un ange, j’étais loin d’être un ange, et je ne voulais pas spécialement l’être. Mais si c’était ainsi qu’il me voyait, alors je n’allais rien dire. Je sentais qu’il était sincère, qu’il ne disait pas ça pour me plaire mais simplement parce qu’il le pensait vraiment. Et ça me touchait autant que ça me flattait. Nos lèvres se retrouvèrent de nouveau collées et je ne pus que me laisser envahir par le sentiment de plaisir et de bonheur que je ressentis alors.

- Abigail ... tu serais d'accord pour qu'on ce fasse une soirée juste toi et moi un de ces jours?

Je ne m’attendais pas à une telle proposition, à une telle demande. Je ne pensais pas qu’il voudrait que l’on reste ensemble, seulement tous les deux pour une soirée. Mais j’étais ravie, vraiment ravie, et je n’allais pas hésiter ! Je hochai la tête pour lui répondre, et repris la parole, d’une petite voix :

- Ça me ferait très plaisir ! Rien que tous les deux…

Je caressai doucement son cou en réfléchissant déjà à la question des enfants. J’allais devoir trouver quelqu’un pour les garder… Peut-être qu’Ella pourrait le faire, si elle le voulait bien et qu’elle n’était pas de garde. Ou bien j’avais ma voisine d’en face. Elle était adorable et elle avait l’air de bien aimer les enfants…

Le regard que me lança Jonathan après que je lui ai dit oui me fit frissonner. Il était content que je lui aie répondu cela, et c’était bon à savoir. Dans un sens, j’avais presque peur de me retrouver seule avec lui… et puis en fait, c’était idiot, et je m’en rendais bien compte. Je ne devais pas être effrayée, parce qu’il était doux comme un agneau et qu’il n’allait pas me faire de mal. C’était juste que je devais retrouver mes esprits, oublier Matthew, et aller de l’avant. J’étais capable de le faire, j’en étais pratiquement sûre. Il me faudrait juste un tout petit peu plus de temps.

- Johanna à le même sourire que toi ... elle va briser des coeur cette petite 

Ce compliment me fit chaud au cœur ! Enfin, enfin, quelqu’un me disait que ma fille me ressemblait un peu. Hormis les cheveux blonds, Johanna n’avait pas grand-chose de mon physique. Elle ressemblait beaucoup à son père, tout comme Leopold, d’ailleurs. Alors j’étais contente que Jon me dise qu’elle avait mon sourire. Quant à faire chavirer des cœurs… elle était encore un peu petite pour ça. Elle n’allait même pas à l’école.

- On verra quand elle sera grande, pour ça ! Mais si elle a mon caractère, ce ne sera pas son genre, tu verras !

Il est vrai que je n’avais jamais été une très grande briseuse de cœurs, et je n’avais eu que peu d’histoires de cœur dans ma vie, trop occupée que j’étais à jouer du violon et à prendre des cours. Si je voulais réussir, les études passaient avant tout… et puis je ne m’en étais pas si mal sortie, finalement !

Jonathan semblait vouloir me répliquer quelque chose, mais n'osait pas. Je ne lui demandais pas, s'il ne le faisait pas de lui-même, mieux valait ne pas le forcer, selon moi. Nous aurions bien le temps de discuter, lui et moi, plus tard. Cette histoire ne faisait que commencer, et elle n'était pas prête de terminer, apparemment ! Et c'était parfait ainsi. Nous reprîmes nos activités respectives, et je finis mon rangement dans la cuisine, avant de rejoindre Jon dans le salon, pour finir dans le canapé, tous les deux. Il s'occupa de me détendre à l'aide d'un massage et je sentis directement mes muscles se détendre. Il me murmura à l'oreille de me détendre, ce que j'avais un peu de mal à faire, effectivement. J'avais peur de ce que cette relation pouvait amener et emmener avec elle en repartant. Pour moi, c'était évident que Jon ne pourrait pas rester avec moi indéfiniment. Il se trouverait quelqu'un d'autre. Il était si distant, si... lointain. C'était sûr et certain, il y aurait quelqu'un d'autre un jour. Je ne m'inquiétais pas. Je savais qu'il se lasserait, et ça ne me dérangeait pas. Néanmoins, je décidai de laisser ces peurs de côté et de profiter de l'instant présent ; c'était déjà ce que j'avais fait avec Matthew.

-Tu sais ... je penses que tu en as brisé des coeurs meme sans le savoir ...

Je le regardai par dessus mon épaule, en haussant les sourcils. Moi, briseuse de coeurs ? Pas vraiment. Même en réfléchissant, je savais que je n'avais jamais éconduit qui que ce soit. Les autres garçons, au conservatoire, n'avaient que leur musique en tête et ne regardaient pas les filles. A part en soirée, personne ne draguait personne et c'était parfait ainsi. Alors à part si quelqu'un s'était senti rejetté alors qu'il ne m'avait rien demandé, je ne pouvais pas me considérer telle quelle. D'ailleurs, comment Jon pouvait savoir quelque chose comme ça ?

- Je ne crois pas... Ce n'est pas mon genre, et personne ne me regardait. J'étais toujours en train de jouer ou bien plongée dans les bouquins de théorie. Je n'ai brisé le coeur de personne.

Je me retrouvai bien vite dans ses bras, et j'étais bien contente d'y être. Jonathan me faisait sentir bien et c'était un bonheur de pouvoir ressentir cette joie et ce bonheur de nouveau. Il prenait soin de moi, il était doux et gentil, un peu comme Matthew l'était. Il ne se mettait pas en colère, et il savait y faire avec les enfants. Je me sentais moins seule, et c'était parfait. Et en plus, il embrassait bien. Le rêve ! D'ailleurs, il posa sa main sur ma nuque et m'embrassa de plus belle. Je sentis de nouveau des papillons dans mon ventre, comme une adolescente.

-Tu aurais brisé le mien si tu ne m'avais pas regardé comme tu le fais maintenant ...

Je rougis à sa remarque et il plaqua ses lèvres sur les miennes, doucement. Dans ses yeux brillait une lueur de joie, que je n'avais encore jamais vue. C'était étrange, j'avais bien l'impression qu'il disait la vérité en parlant ainsi. Je savais que c'était un beau parleur également, et je pensais qu'il disait ça pour me faire plaisir. Pourtant, quelque chose me disait qu'il était sérieux, et qu'il pensait réellement ce qu'il venait de me dire. Je n'en doutais plus une seule seconde !

- Eh bien.. je ne l'ai pas brisé, tu vois ! Et je pourrais continuer à te regarder comme ça pendant des heures ! »

Jonathan semblait complètement sous le charme, et moi, je n’arrivais toujours pas à comprendre comment je pouvais lui faire cet effet-là. Je n’étais rien de bien passionnant, je n’étais pas la plus jolie des femmes, je ne voyais vraiment pas ce qu’il pouvait me trouver et je pense que je ne le comprendrais jamais. Il fallait que je l’accepte, c’était tout.

- Je pourrais continuer de t'observer pendant des journées entière ...

Il posa de nouveau ses lèvres sur les miennes, et je me blottis contre lui, alors qu’il continuait de m’embrasser, sur chaque parcelle de peau qu’il pouvait atteindre. Je me sentais vraiment bien dans ses bras. C’était tellement étrange de ressentir tout cela de nouveau, alors que je pensais ne jamais plus pouvoir passer à autre chose… Je m’abandonnais longuement dans ses bras avant de chercher un peu plus, en passant mes mains sous son t-shirt. J’avais dit vouloir aller doucement, mais je ne savais pas si je pouvais attendre encore plus. Et puis… il fallait bien se lancer à un moment ou à un autre, non ?

Doucement, d’accord ?

J’avais murmuré ces mots en essayant de ne pas parler trop fort, et ne pas avoir l’air idiote… mais en fait, j’avais l’air idiote de toutes façons !

Le sourire de Jonathan me fit comprendre qu’il allait suivre mes volontés. Je ne voulais absolument pas que l’on aille trop vite en besogne, lui et moi. Ce n’était pas parce qu’il fallait que nous le fassions que nous devions réellement le faire lui et moi. Je préférais aller doucement, et s’il n’était pas capable de m’attendre, alors il n’avait rien à faire ici avec moi. Au contraire, il semblait prêt à prendre son temps, et ça m’enchantait réellement. Il commença à m’embrasser tout en insinuant une main sous ma jupe. Je me sentis me liquéfier en sentant ce contact que je n’avais pas ressenti depuis des mois, à présent, et je commençai instantanément à gémir, sous la présence de Jon. Je devais me retenir de crier, il ne fallait pas que l’on réveille les enfants, mais je pouvais en être capable. Au lieu de quoi, dès lorsqu’il se pencha pour me caresser d’une façon plus rapide, je décidai d’agripper un cousin à côté de moi pour le serrer à chaque fois que je souhaitais crier plutôt que gémir. C’était absolument enivrant de ressentir tout cela à nouveau, et Jonathan s’y prenait comme un dieu vivant. Je me demandais combien d’expériences il avait bien pu avoir… mais ça ne me regardait pas, et ce n’était pas le moment d’y penser.

J’essayais de me dire de complètement me laisser aller, et finalement, Jon s’y prit d’une manière totalement géniale pour moi et bientôt, je ne sentis plus que des papillons dans mon bas-ventre. Je me sentais bien et surtout, rapidement, je crus que j’allais hurler de plaisir en ressentant mon premier orgasme depuis bien longtemps maintenant. Je me mordis les lèvres en sentant Jon accélérer ses caresses et me crispai brusquement en martyrisant le pauvre coussin que je tenais dans mes mains, sans un bruit, hormis mes gémissements. Jon revint ensuite près de moi et je me calai dans ses bras pour finir de me faire chouchouter. Je cherchai fiévreusement ses lèvres avec les miennes, et quand je les eu trouvées, je l’embrassai avec passion, avide de lui, de sa présence, de son corps. Corps que je n’allais pourtant pas découvrir ce soir-là.

-Merci Jon.

C’était tout ce que j’avais pu articuler et c’était peut-être ce qui convenait le mieux à la situation.

Jonathan était d’une douceur indescriptible avec moi. Je n’aurais cru ça de lui, et pourtant, je voyais bien comment il se comportait avec les enfants, il n’y avait pas de doutes à avoir. Je restais dans ses bras aussi longtemps que possible, en le touchant, en le caressant, en essayant de découvrir un peu son corps, même si nous n’allions rien faire de plus. Je pouvais bien lui donner un peu de tendresse moi aussi, non ? Nous nous embrassions de temps en temps, tout en continuant à se câliner. C’était tellement étrange pour moi d’être dans les bras d’un autre que Matthew. Et je m’y sentais aussi à l’aise que mal-à-l’aise. Dans un sens, c’était ce qu’il voulait : que je me trouve quelqu’un d’autre. Mais j’avais toujours cette sale impression qu’il me hantait et qu’il voyait ce que je faisais, et avec qui je le faisais surtout. Tant que je ne pourrais pas passer à autre chose, j’aurais beaucoup de mal à redevenir moi-même.

Au bout d’un moment, nous fûmes interrompus par ma fille, qui s’était réveillée. Elle nous demandait, et c’est Jon qui se leva pour aller s’occuper d’elle, pendant que j’arrangeais mes cheveux et que je remettais ma jupe droite. Je n’avais pas envie que mes enfants se posent des questions. Avant qu’il ne parte, il m’embrassa tendrement et je le regardai partir avec un léger sourire, en reluquant ses fesses, par-dessus son pantalon. Il me ramena les enfants quelques minutes après et je les accueillis avec joie dans mes bras pour qu’ils se réveillent bien. Ils restèrent calmes, même quand Jon leur demanda ce qu’ils voulaient manger pour le goûter. Je pensais qu’ils allaient se mettre à crier pour dire ce qu’ils désiraient et pourtant.. pas un mot ! La matinée avait dû vraiment les fatiguer.

- Fais des biberons avec du chocolat, ce sera très bien !

Je lui fis un clin d’œil alors qu’il s’éloignait vers la cuisine, et je câlinai doucement mes enfants. Ils étaient encore fatigués, les pauvres. Ce n’était pas grave, ils tiendraient jusqu’au soir et ils dormiraient bien mieux après. Il faudrait juste que l’on pense à ne pas trop les faire marcher ou voyager en une journée… c’était tout !

Jonathan eut l’air aussi surpris que moi que les enfants soient si calmes, mais ça ne m’inquiétait pas plus que cela. Ils allaient très bien, mais je voyais leurs petits yeux fatigués avoir du mal à s’ouvrir. C’était adorable de les voir ainsi, et je me rendis compte que c’était peut-être la première fois qu’ils étaient si fatigués, mais que ce ne serait certainement pas la dernière !

Jonathan partit donc dans la cuisine et je me retrouvai seule avec eux pour quelques minutes, le temps que les biberons se fassent et chauffent. Je réfléchissais à ce qu’il venait de se passer quand il revint près de nous, et je le regardai avec tendresse. Je ne pensais pas que ça pourrait arriver de nouveau, que je prenne du plaisir avec un homme et pourtant… c’était arrivé, c’était là, c’était une sensation que j’avais presque oubliée, et la redécouvrir était étonnant et agréable !

Je récupérai le biberon de Johanna pour lui donner, pendant que Leopold avançai difficilement vers Jon pour passer le goûter dans ses bras. Il me rendait avec inquiétude, et avec une lueur que je ne reconnaissais pas, également. Et finalement, il ouvrit la bouche pour me dire qu’il avait peut-être vu les choses un peu trop en grand, pour la matinée. Je lui fis un signe de la tête pour lui faire clairement comprendre que ce n’était pas grave, que je ne l’avais pas non plus empêché de faire ça. Et puis, les enfants s’étaient amusés, et ils avaient pu voir plein de choses. Au fond, ils avaient adoré ça et j’étais persuadée que le lendemain, ils en demanderaient encore !

- Tu as très bien fait, ne t’inquiète pas ! Ils vont juste faire un gros dodo et demain ça ira mieux !

J’en étais persuadée et pour cause, je les connaissais bien pour le dire, j’étais leur mère après tout. Je connaissais leurs réactions, et surtout je connaissais leur père. Lui aussi était du genre à voir les choses en grand et à s’inquiéter après. Je savais comment les gérer, et tout irait bien, cette fois encore !

Même si je pensais l’avoir rassuré, ce n’était pas apparemment pas vraiment le cas, du moins pas entièrement. Mais Jon n’avait vraiment pas à s’en faire, pas du tout. Les enfants iraient pas, ce n’était pas un peu de fatigue qui les achèveraient, au contraire. Ça leur ferait du bien de dormir ce soir, et nous serions tranquilles tous les deux. Finalement, el goûter se déroula sans encombres, et je pris bien mon temps pour faire boire Johanna. J’aimais beaucoup l’avoir dans mes bras. C’était ma première et ma seule fille, et parfois, je ne me rendais même pas compte de la chance que j’avais de les avoir, tous les trois, Franz, Leopold et Johanna. Et encore plus d’avoir eu une fille.

- Une promenade pour cet après midi ca irait, il y a une petit forêt pas loin, comme ca ils prendront l'air dans la poussette ?
- Oui, ce sera très bien, Jon.

J’avais hoché la tête, puis je l’avais tournée vers Jon et l’observais maintenant à la dérobée, par la même occasion. Je ne savais plus trop quoi penser. Toute cette situation me semblait aussi bonne que mauvaise, et je ne savais plus à quel saint me vouer. Devais-je continuer dans cette direction-là ? Certainement pas ! En avais-je envie ? Plutôt oui. De fait, c’était compliqué pour moi de me laisser aller. La raison me disait de ne pas le faire, et de plutôt trouver quelqu’un qui avait fini ses études, qui était plus vieux que moi et qui pourrait survenir aux besoins. Mais en même temps, j’étais riche… pour un bout de temps ! De l’autre côté, mon cœur me disait de foncer, parce que même si ça n’aboutissait à rien, c’était quand même ce que je désirais, pour le moment…

Je restais de ce fait silencieuse jusqu’à ce que les enfants aient terminé, et nous les laissâmes digérer quelques minutes, avant de les préparer pour que l’on sorte de nouveau. Je m’occupai de la poussette et des affaires à emmener avec nous pendant que Jon les changeait. Il n’y avait pas à dire, il était vraiment doué avec eux. Quand nous fûmes tous prêts, je pris les commandes de la poussette et nous partîmes en direction de la forêt dont parlait Jon auparavant…

Le parcours jusqu’à la forêt ne fut pas très long, et les enfants somnolaient encore un peu dans leur poussette pendant tout le trajet. Je faisais attention à ne pas trop les secouer pour qu’ils ne soient pas malades et qu’ils restent calmes, malgré le dénivelé un peu capricieux. C’était agréable de ne sortir que pour une balade également. De plus, le paysage était magnifique. Pas une seconde je ne regrettais d’avoir quitté New-York pour Toronto. New-York était peut-être une ville immense, qui ne dormait jamais, mais Toronto était tellement plus luxuriante… et tellement plus agréable à vivre. Les Canadiens étaient beaucoup plus chaleureux que les Américains.

Je crois que je vais chercher un autre boulot ...

Au début, j’étais perdue dans mes pensées, et je n’avais pas compris que Jon m’avait parlé. Mais après, ses mots firent tilt dans mon esprit. Il allait chercher un autre boulot ? Il ne voulait plus garder les enfants alors ? Ou bien parlait-il de son autre job, celui dont il ne voulait pas me parler, depuis le tout début ? J’espérais que ce soit de celui-là, parce que je voulais continuer à le voir, le plus longtemps possible. Toujours en marchant vers la forêt, mais en ralentissant un peu le pas, je tournai la tête vers lui, à demi-choquée, et à demi-curieuse.

- Tu veux nous quitter ? Je peux t’augmenter tu sais, vu que tu viens quand même beaucoup plus souvent maintenant que… enfin… voilà…

Je devins rouge comme une tomate en repensant à ce qu’il m’avait fait tout à l’heure… et pour rien au monde, je ne le laisserais repartir.

Ma peur me paralysait presque. Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Quelque chose que je n’aurais pas dû faire ? Pourtant, tout allait bien entre nous, c’était redevenu « normal », aussi normal qu’une relation comme la nôtre puisse être. C’était étrange, tout cela. Pourquoi Jon aurait-il envie de partir, de nous quitter ? Je n’avais pas envie qu’il s’en aille moi. Je m’étais habituée à sa présence, et les enfants l’adoraient également. S’il le fallait, j’étais prête à tout pour le garder. Tout. S’il le voulait, je pouvais lui donner plus d’argent, ou bien lui demander de faire autre chose pour moi, mais il ne devait pas partir. Vraiment pas.

Non, je refuses de vous quitter ... je te l'ai dit si cela doit arriver c'est parce que tu as pris la décision et toi seul ... mais ... je le confesse ... le fais que tu payes alors que ... enfin tu vois ce que je veux dire, ca me gêne, pour moi c'est normal, alors j'ai envie d'en chercher un autre, planter aussi mon autre boulot, pour un avoir un autre et pouvoir te combler toi et les petits ... 

Oh… je comprenais mieux où résidait le problème alors. Mais néanmoins, je ne trouvais pas que c’était une raison suffisante. J’étais d’accord avec le fait qu’il pourrait trouver un autre travail s’il le souhaitait, mais je n’allais pas le forcer à le faire. Ça avait bien fonctionné jusqu’à maintenant, alors ça continuerait de marcher, non ? Et tant que ça fonctionnait alors nous pouvions rester ainsi. Ça ne me dérangeait pas… même si question éthique, il était vrai qu’on avait vu mieux.

Comme tu veux alors… mais je t’impose une condition ! Je continue de te payer, tant que tu n’auras pas trouvé un boulot. C’est à prendre ou à laisser.

Avec un sourire, je tournai de nouveau la tête vers lui, fière de mon coup. Au moins, comme ça, je serais sûre qu’il n’y aurait pas de problèmes, ni pour lui, ni pour moi. Et s’il voulait vraiment que j’arrête de le payer, il se démènerait comme un dingue pour changer de travail. C’était un marché qui devrait lui plaire, et moi, je ne changerais pas d’avis !

Spoiler:

Bien évidemment, je me doutais que Jonathan allait accepter. Après tout, il n’allait pas dire non alors qu’il était avec moi, que je lui proposais une aide financière adéquate, juste pour le temps qu’il se dépêtre et trouve un nouveau boulot. C’était le moins que je puisse faire. Et on aviserait par la suite. Evidemment que ça paraissait bizarre maintenant que je le paye, alors que nous avions décidé de nous laisser une chance, quelque chose comme ça… mais il travaillait pour moi, malgré tout. Et je serais vraiment mal-à-l’aise à l’idée de ne plus lui donner d’argent. Mais tout à coup, je pensais à quelque chose d’autre : s’il trouvait un nouveau boulot, serait-il possible qu’il ait des horaires libres comme maintenant ? Parce que j’allais continuer l’université et il faudrait toujours quelqu’un pour garder les enfants. Mais s’il obtenait un boulot plus sérieux et plus régulier, il ne serait peut-être pas capable de se dédoubler… De fait, alors que nous continuions à avancer sur le chemin caillouteux, je ne pus m’empêcher de réfléchir. Nous pourrions éventuellement repenser les choses. Il pourrait ne plus être le baby-sitter, mais juste mon petit ami… et je devrais trouver quelqu’un d’autre, non ? Ca ne me dérangeait pas plus que ça, mais ça se passait tellement bien avec les enfants en ce moment que trouver une autre personne pour cette charge me dégoûtait un peu. Jon était parfait dans ce rôle. Enfin… il fallait d’abord que l’on en parle, non ?

- Tu comptes chercher dans quel secteur ? Parce que… je me disais qu’il faudrait que tu sois dispo le soir pour les enfants quand même…

J’étais un peu anxieuse en disant cela, j’avais peur qu’il le prenne mal, qu’il croit que je voulais le jeter… ce n’était pas du tout le cas, ce ne serait jamais le cas !