Là, je ne pouvais pas rêver mieux. J’avais eu les mains dans les fruits pourris, dans les seaux d’eaux noires, dans les ordures toutes la journée mais pas pour rien. Depuis des années j’essaye de collecter assez d’argents pour pouvoir aller dans une grande école de médecine, une école qui avait un prix exorbitant et qui n’était pas faisable pour mes parents. Et j’avais reçu enfin ce petit bout de papier qui m’autoriser à aller dans l’hôpital en tant que sous-internes.

Bon ok, ce n’était pas grand-chose, mais je touchais du bout des doigts mon rêve et rien ne pouvait me rendre plus jovial aujourd’hui. Debout depuis l’aube, je ne pouvais plus tenir en place. Je m’étais déjà lavé puis habiller à une vitesse folle. Aujourd’hui, rien ne pouvait ruiner mon moral. Étant déjà prêt aux alentours de 7h20, je partis directement à l’hôpital.

Après un cours trajet en bus, j’arrivais, mon cœur battait la chamade. J’étais limite en train de faire une crise cardiaque du bonheur. Un petit blocage pourtant se fit ressentir lorsque j’arrivai devant la porte. C’était immense, grandiose, certes j’étais déjà venu en tant que patient mais me dire que j’étais là pour enfiler une blouse blanche et voir un peu ce que serait ma vie dans quelques mois, je frémissais d’impatience.

Plus tard, je fus avec les futurs internes, les internes et apparemment nous avions le privilège d’avoir avec nous le chef de chirurgie ou autrement dit le chef en personne. Il nous fit un court discourt avant de repartir à ses opérations en tout genre. J’étais assigné à une jeune femme qui était légèrement plus petite que moi. Malgré ma grande timidité que tout le monde me connaissait. J’osais dire un petit « Bonjour, je suis Alexy, appelles-moi comme tu veux. » Je savais très bien que quand j’arriverai, elle sera titulaire si elle ne redouble pas ce qui fera de moi un petit bleu dont elle oubliera le nom et me surnommera par la première connerie que je ferai.

La première visite allait commencer et j’étais avec cette interne en chirurgie autant dire mon rêve. Moi, pauvre gars qui était obligé de faire des cours du soir pour avoir décroché ma fac de médecine, de travailler pour me payer un rêve que je croyais inaccessible et me voilà en bas des marches. Normalement, l’année prochaine, j’étais parmi eux. J’allai devenir un interne en chirurgie, je tiendrai un bistouri et je sauverais des vies. C’est ce que je voulais, c’est ce que j’ai toujours voulu.

La première visite se passa relativement bien, je regardais la jeune femme avec qui j’étais parfois. Elle m’expliqua clairement les conditions des personnes et me dit clairement que je ne devais pas faire de gaffe devant eux. Ça, c’était possible, je ne voulais en aucun cas perturber une personne qui avait besoin d’une opération. Le premier cas était relativement simple, j’avais dû mettre une blouse et y accrocher un petit carton mentionnant le fait que j’étais un visiteur. La personne avait l’air relativement calme ce qui me permit d’être plus serein. J’étais derrière cette jeune apprentie qui nous donnait son pronostic et l’opération qui allait être faite plus tard dans l’après-midi. Certainement par elle et son titulaire.

Lorsque nous sortions, j’esquissai un sourire faiblard mais cependant tendre vers le patient. C’était un peu ma façon de la mettre en confiance. J’avais une confiance aveugle envers les chirurgiens. Personnellement, je ne mettrais jamais la vie d’un patient en danger, non, loin de là.

« Pour le moment, tout est compris. Tu as déjà choisi ou tu te sens prête pour une spécialisation ? »

Même si je n’avais pas encore mis les pieds dans un bloc, je savais déjà ce que je voulais faire. Certains rêvent de devenir des supers stars, d’autres de grands écrivains et moi dans tout ça, je voulais devenir chirurgien pédiatrique. J’avais toujours eu un bon feeling avec de petits bébés et je ne me voyais pas faire autre chose que les aider. Je regardais la jeune femme sans trop d’insistance, car je savais très bien que certain devait être un peu touche à tout pour vraiment savoir ce qui les émoustiller. C’est un choix qui n’était pas à prendre à la légère, je savais donc que j’aurais des concessions à faire.