Il me tendit un verre d'eau et je l'acceptai avec un petit sourire. Il s'assit ensuite en face de moi et l'observe un peu. J'essayai de ne pas croiser son regard, mal à l'aise, mais je me détendis légèrement.

"Détend toi, je ne vais pas te manger. Dis moi, comment ca va aujourd'hui ?"

Je laissai échapper un rire nerveux qui sonne si faux qu'il me siffla aux oreilles. Je me senti mieux après avoir respiré un bon coup mais l'impression de ne rien avoir à faire là persistait. Je ne savais pas si j'allais un jour m'y habituer.

"Oh, eh bien ça va... J'ai eu ma première journée de cours, je suis arrivé en retard au premier d'entre eux d'ailleurs !"

Un nouveau rire, moins gêné cette fois. Je sentis mes muscles se détendre un peu et mon sourire se faisait moins forcé. Après tout, pourquoi étais-je aussi stressé ? Je peux faire comme tout le monde, me trouver un job, un studio, faire des études.

"Et toi ?"

"Et bien une filature, rien de bien joyeux, mais j'aime mon travail alors ça passe bien. Sinon, tu as toujours envie de travailler pour moi ?

- Oui, évidemment !"

J'avais répondu un peu vite, mais j'étais vraiment ravi de cette opportunité. Il devait l'avoir remarqué, je ne suis pas vraiment doué pour cacher mes émotions. Si je suis triste, heureux, en colère ou encore amoureux, ça se lit immédiatement sur mon visage. Parfois je me ferme totalement, et la il est impossible de savoir à quoi je pense, c'est généralement mauvais signe...

"Comme je l'ai dit j'ai besoin d'argent et puis... Je n'ai pas envie de rester sans rien faire."

L'ennui était l'une des pires choses pour moi. Après six mois passés presque totalement enfermée dans un centre, il avait envie de bouger. Il avait eu tout le temps qu'il fallait pour se questionner sur sa vie, ses choix, son avenir,... Il en avait assez. Ce job était une trop belle occasion.

"Bien, c'est parfait !"

Il se leva et pris deux feuilles imprimées ainsi qu'un stylo qu'il me tendît tout en continuant :

"Alors voilà, j'ai établie un contrat, tu me dis si tu es d'accord, enfin si tu l'es tu le signes !"

Je les prends avec un sourire et je le parcoure du regard. C'est un contrat tout ce qu'il y a de plus classique et même si je n'ai pas l'habitude de ce genre de formalités je le comprends très bien. Je vérifie tout de même si il n'y a pas de conditions écrite en petit caractères ou ce genre de choses. Mais tout était totalement normal.

"Eh bien, je pense que tout est clair alors !"

Avec un sourire encore plus grand que le précédent, j'attrape le stylo et appose ma signature sur le contrat, le cœur battant.

"Bon, je commence quand alors ?"

"Et bien, si tu le souhaite maintenant ! J'ai déjà de quoi pour toi ! Une jolie pile de papier à triller, et en fin de semaine j'aurai ma compta si ça te tente !"

Sur ces mots il me désigna un tas de feuilles plutôt conséquent et mon sourire faiblit un peu, même si je me reprends vite. J'attrape la première feuille et l'examine. Il s'agit d'une facture d'électricité qui arrivait à échéance dans deux jours. Je jetai un coup d'œil aux autres papiers ; pratiquement que des factures et des lettres administratives. Mais comment avait il fait jusque là ? Il devait s'être retrouvé plus d'une fois sans eau courante ou électricité.

Je me plongeai dans le travail, absorbé par toute cette paperasse administrative. On ne pouvait pas dire que c'était amusant, mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. Ça l'occupait l'esprit.

Au bout d'un moment, la pile avait disparu. Je le levai, satisfait, et me tournai vers Douglas qui avait vaqué à ses occupations.

"Voilà, j'ai fini. Ici tu as les lettres et Mails de clients, là les papiers urgents, et voici une facture a payer avant demain si tu veux toujours avoir le téléphone !"

Il relève les yeux, l’air un peu étonné. Il ne s’attendait peut-être pas à ce que j’ai fini aussi vite. Il me dit que c’est parfait d’un presque enjoué et attrape le papier que je lui tends. Il sort ensuite son smartphone et tapote frénétiquement sur l’écran. En me redressant légèrement, j’aperçois qu’il est simplement en train de payer sa facture en ligne. J’ai beau être jeune, je ne m’habituerai jamais à cette manière de gérer son argent. J’avais plutôt eu l’habitude du liquide en fait. En même temps dans la rue, tant qu’on en voit pas la couleur, ça vaut rien.

« Et bien ! Tu as fais du bon boulot... j'ai des piles d'archives aussi.... bref tu vas être bien occupé... Mais tu as bien bosser pour aujourd'hui.... Tu peux y aller si tu le souhaites. »

A ces mots, il me désigne presque machinalement un coin du bureau ou git un tas de dossiers visiblement résolus. En effet, on ne peut pas dire que j’ai terminé. Au moins ça m’occupera comme ça !

« Merci ! Pas de soucis, ça ne me dérange pas. »

Je lui souris mon tour. Je pensais que faire de la paperasse allait m’ennuyer plus qu’autre chose mais en fait ça m’avait fait passer le temps. L’espace d’un moment je n’avais pensé à rien. Je ne savais même pas dire depuis combien de temps j’étais là. En plus, j’avais lu certains rapport et le boulot de Douglas semblait passionant. Enfin, à côté des avis de recherche d’animaux de compagnie et des soupçons d’adultère. Mais, détective privé, c’était un peu fourre-tout comme dénomination. Et ça faisait quand même assez cool, surtout depuis la popularisation de Sherlock Holmes.

« Je ferai sans doute mieux d’y aller alors. Je reviens demain à la même heure ? Je vais aussi te laisser mon numéro, comme ça si tu ne retrouves pas un papier, où même si tu as besoin d’aide pour autre-chose, tu n’as qu’à me passer un coup de fil ! »

J’attrapais un petit morceau de papier, y notait mon numéro et lui tendis.

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