J’avais passé la soirée allongé, les bras derrière la tête à réfléchir ce soir-là, étonnamment sans regarder la TV. J’étais souvent seul dans mes pensées ces temps-ci. Quand on est sur la route, la fatigue nous empêche généralement de rester des heures allongés à ne rien faire et réfléchir, rêver. Je passai une nuit paisible après cela.

Le lendemain, je me levai aux aurores de manière naturelle. Je me lavai, m’habillai, pris mes béquilles et parti me balader dans l’hôpital. Même si je ne sortais pas, je pourrai marcher. Et plus vite je remarchai, mieux c’était. Je m’enfonçai dans les dédales des couloirs, observant chaque personne, chaque cas. Je me rendis compte soudainement que cet environnement m’avait réellement manqué. L’adrénaline, sauver des gens, la curiosité, analyser les symptômes, travailler en équipe. Je souris, en fouillant dans mes souvenirs, me rappelant mes années d’internat. Tout en étant des souvenirs bien heureux, la fin de cette période avait fini sur une note cruelle, laissant un goût amer dans son sillage. Je me demandai à nouveau, si un jour je pourrai apaiser ma culpabilité…

Une petite tête blonde me tira de mes pensées quand elle me percuta de plein fouet, me faisant grimacer. Sa mère s’excusa puis le tira par la main pour l’éloigner. Je ris, puis repris ma balade, me rendant compte que je marchais depuis bientôt trois heures, et que c’était bientôt l’heure du déjeuner. Je soupirai en imaginant ce qu’ils me feraient encore ingurgiter. Ces plats étaient tellement… immangeables. Je grimaçai en repensant à ce risotto qu’ils nous avaient servi deux jours auparavant.

Arrivé dans ma chambre, je vis que mes gants étaient réapparus durant la matinée. Elsa avait sûrement du les garder hier soir sans faire exprès. Je vis le petit « merci » qui les accompagnait puis hochai la tête, pensant au fait qu’elle travaillait encore aujourd’hui. C’était quoi… sa quatrième, cinquième, gardes d’affilées ? Je finis par m’assoir sur mon lit, attendant le déjeuner en lisant un livre que j’avais pris avec moi, dans mon sac. Vivement que je sorte définitivement.

Les jours passèrent et se ressemblèrent, le quotidien étant ponctué ici et là de balades, sorties, discussions, séances de rééducations. Je sentais ma sortie proche. J’avais donc naturellement demandé aux infirmières à pouvoir emprunter un de leur PC muni d’une connexion internet pour chercher un chez moi pour les 2-3 prochains mois. J’avais bien réfléchi, et après moult réflexion, il m’était impossible de repartir avant plusieurs mois. Je ne serais jamais au top de ma forme pour repartir et marcher comme je le faisais avant. Je devrai faire ma rééducation. Puis reprendre le sport progressivement, à mon rythme.

Je cherchai sur plusieurs sites immobiliers concentrés sur Toronto, un studio serait parfait. L’argent n’était pas le problème, alors je regardai les studios suivant 3 critères principaux : un quartier tranquille, un studio au rez-de-chaussée, pas d’escaliers, et surtout meublé. Après avoir éliminé la plupart des studios, j’hésitais entre deux… Tout deux se trouvaient dans le quartier East End, près de la plage. Je me décidai au bout d’un bon quart d’heure pour celui dont je trouvai l’intérieur le plus sympathique. Je décidai de contacter le propriétaire pour le louer directement sans visiter. Ce n’est pas comme si j’allais y rester éternellement de toute façon. Enlevé déjà de ce poids, qu’était de trouver un toit pour quand je sortirai d’ici, je repris mes activités habituelles l’esprit léger.

Le lendemain, alors que je passai le temps en essayant de résoudre un Rubik’s Cube, j’entendis frapper à ma porte. Je posai mon puzzle sur la table de nuit et me tournai pour voir entrer mon médecin avec quelques uns de ses résidents, dont Ella. Ce fut elle qui prit la parole, un grand sourire aux lèvres.

- Monsieur McCoy, vous allez pouvoir sortir dès demain, votre jambe se rétablie bien, vous reprenez des forces, il n'y a donc aucune contradictions pour que vous ne puissiez pas sortir d'ici. Il faudra juste venir pour vos séances de rééducation trois fois par semaine.

Je faillis sauter au plafond de joie, tellement j’étais heureux. J’avais vraiment bien fait de prendre le studio. Je n’aurai qu’à acheter les affaires pour remplir mon chez moi, tels que des linges, de la vaisselle, ce genre de chose de la vie quotidienne. Je devrai appeler l’agence afin que l’on fixe un rendez-vous pour le lendemain, afin que je puisse récupérer mes clés. Les médecins firent tous mines de partir, et alors qu’Ella allait sortir, je lui fis un geste pour qu’elle reste 2 petites secondes de plus avant qu’elle ne reparte. Je pris un bout de papier déchiré et un stylo puis griffonnai le numéro de mon mobile que je lui tendis en murmurant un « au cas où si on ne se croise pas avant demain » avant qu’elle ne file pour pouvoir suivre son médecin.