Mes séances de rééducation étaient terminées depuis belle lurette, mais je n’avais pas cessé de sympathiser avec Luke, finalement. Je suivais de loin son histoire de fratrie, parce que je n’avais aucune envie de me retrouver nez-à-nez avec l’homme qui m’avait mise plus bas que terre, mais j’étais intéressée malgré tout, et je lui demandais régulièrement des nouvelles, pour savoir s’il avait avancé dans cette affaire. Nous nous entendions bien. J’avais fini par m’habituer au fait qu’il me posait plein de questions sur ma vie d’avant, pour avoir des détails. Au début, je pensais que c’était simplement pour son enquête familiale, génétique, mais en réalité, j’avais fini par comprendre - avec un peu d’aide de sa part - que c’était aussi parce qu’il s’intéressait à moi. C’était un ami, et une fois mes séances de kinésithérapie arrivées à terme, je lui avais demandé si je pouvais compter sur lui pour continuer à prendre des cafés, à boire des verres, à prendre le déjeuner ensemble. Evidemment, j’avais parlé de lui à Elly, qui, au départ, ne voyait pas d’un très bon œil notre relation amicale, par pure jalousie. Je lui avais prouvé à maintes et maintes reprises qu’il ne se passait rien… et il avait fini par accepter. De toute façon, je n’avais pas besoin de son approbation.

D’un point de vue psychique, je me sentais beaucoup mieux. Il n’y avait pas à dire, le temps faisait son travail, et plus les jours passaient, plus je me sentais « normale ». Les hommes ne me faisaient plus peur, je n’avais plus trop d’idées noires parce que j’étais bien entourée. Je voyais quand même ma psychiatre régulièrement, mais j’avais pu diminuer mes antidépresseurs, et j’avais repris le travail. Show must go on, comme on dit. Tout allait pour le mieux. J’étais ravie, Elly aussi, et Luke était toujours content de voir que ça allait beaucoup mieux, la fois suivante toujours meilleure que la précédente. J’étais rayonnante, et cela se voyait aussi physiquement. J’avais repris mes vêtements d’avant, quand tout allait bien, je dégainais une nouvelle paire de chaussures chaque mois, je n’avais plus rien de la fille que j’étais il y a quelques mois.

Ce midi-là, j’avais rendez-vous avec Luke pour notre déjeuner bi-hebdomadaire. Du fait de son emploi du temps chargé, nous n’avions pas vraiment le choix que de caler nos agendas pour se voir. Mais c’était toujours un plaisir. Chacun notre tour, nous payions le repas et nous changions de restaurant de temps en temps. Le soleil était haut dans le ciel, il faisait bon à Toronto, j’avais donc troqué mes jeans et pull-overs contre des jupes ou des robes, et j’arborais avec fierté une nouvelle paire de talons hauts, rehaussant d’une dizaine de centimètres ma taille ridicule de fourmi. Au moins, je n’aurais pas besoin de me mettre sur la pointe des pieds pour faire la bise à mon ami. Il était midi trente, j’arrivai sur le seuil du restaurant et m’allumai une cigarette en attendant Luke. J’avais repris cette merde. Il fallait bien que je fasse quelque chose pour m’auto-détruire, même quand tout allait bien dans ma vie. Mais j’étais accro, et je ne pouvais vraiment pas m’en passer. Je souris en sentant deux mains sur mes épaules. Luke était là, les bons moments allaient pouvoir commencer.

Je devais me dépêcher, j'allais être en retard à mon rendez-vous avec Juliet. Il était hors de question d'avoir plus de quinze minutes de retard. J'ai été bien trop souvent en retard depuis que nous avions nos rendez vous. On avait réellement bien sympathisé, et plus je passais du temps avec elle et plus j'avais envie de plus. Cependant, je ne pouvais pas la draguer plus qu'un flirt, elle était heureuse avec son mec, je ne pouvais pas lui briser le coeur et encore moins la perdre comme amie. Alors je flirt avec elle sans jamais être trop entreprenant. On avait partagé beaucoup de chose, elle a écouté mes déboire à retrouver mon frère. Ce qui n'a jamais été le cas encore aujourd'hui. Mais, je me sentais mieux dans ma peau, une partie de mon histoire était comblé et c'est tout ce qui m'importait pour le moment.
C'est en courant que j'arrive devant le restaurant où je vois Juliet avec sa cigarette. Savoir que la cigarette était néfaste pour la santé me passait au dessus, car je voyais juste la sexitude de Juliet la tenant.

- Salut beauté !

Je lui fais un gros bec sur la joue, j'étais en retard de 5 minutes, je n'étais pas peu fière de cet exploit.

La fumée de ma cigarette se dissipa sur le beau visage de Luke. Je ne pus que sourire davantage en voyant qu’il avait l’air de très bonne humeur, tout comme moi. Ce repas allait être génial, une fois de plus. De toute façon, à chaque fois que nous nous retrouvions lui et moi, c’était mythique. On riait comme des adolescents, et on oubliait tous nos problèmes. Le seul hic, pour ma part, c’était qu’il avait parfois réellement des airs d’Adrian et c’était difficile pour moi de passer outre cela. Même si cela faisait désormais partie du passé, cela réveillait en moi des sentiments que j’aurais préférer garder enfouis.

Je lui rendis son baiser sur lui brutalisant quasiment la joue tellement je le serrais fort contre moi. Je ris devant le surnom qu’il m’attribuait depuis quelques temps. Il avait probablement encore de la fumée de cigarette dans les yeux pour m’affubler d’un tel sobriquet. Mais Elly me disait la même chose, alors c’était qu’ils devaient avoir raison tous les deux, sûrement. « Salut beau gosse ! Comment vas-tu ? » Les retrouvailles étaient toujours les mêmes, on ne s’éternisait pas énormément sur les politesses de début de conversation, aussi, je m’empressai de lui prendre la main pour l’entraîner à l’intérieur du restaurant. « Depuis tout à l’heure j’ai les effluves du resto dans le nez, j’en peux plus, ça sent trop bon ! m’exclamai-je en attendant qu’un serveur ne vienne nous indiquer une table. » Je me retournai vers Luke en souriant comme jamais, j’étais affamée et j’aurais pu engloutir un poulet entier. « Tu n’étais pas beaucoup en retard, tiens, bravo au fait ! repris-je après un silence. Tu n’as pas eu beaucoup de consultations ce matin ? » C’était si rare qu’il soit bien à l’heure pour nos rendez-vous que je me demandais bien ce qu’il avait pu faire. Peut-être qu’il ne travaillait pas, en fait, et que c’était pour cette raison qu’il était là si tôt. Après tout, je comprenais aisément qu’il ait du retard en temps normal. Dans le médical, c’était rare que tout le monde soit bien à l’heure, même si cela arrivait.

Quand Juliet me prend la main j'ai toujours cette sensation de bien être qui envahit mon corps entier. Comme si je ne faisais enfin plus qu'un avec quelqu'un. C'est une sensation étrange et inédite mais que je ne me lasse pas de ressentir à chaque fois qu'elle me touche. Nous entrons dans le restaurant et nous attendons d'être placé. Elle profite de ce moment pour me félicité de mon presque non retard.

- J'ai eu un rendez-vous annulé, et j'essaie toujours de ne pas trop me surbooker quand on se voit.

Et il était hors de question que j'annule notre rendez-vous. C'est ma bulle d'air, ma bulle de joie. Je ne pouvais plus me passer d'elle, il m'était bien trop difficile de ne pas la voir régulièrement.
On nous installe dans un petit coin, c'était assez intimiste pour le coup. On pourrait croire que nous sommes un petit couple d'amoureux. J'aime quand on nous le fait remarquer, mais à chaque fois ça gêne Ju', et je peux le comprendre, vraiment mais, je souris à chaque fois.

- Quoi de neuf ? Ton mec va bien ?

Lui parler de son mec est toujours difficile, mais je ne pouvais pas passer à côté de cette question, je lui montrait que je n'oubliais pas se détail qui me fâche.

C’était bien ce que je pensais, un rendez-vous annulé et tout rentrait dans l’ordre, quand il était question du retard des professionnels de santé. J’étais ravie, parce qu’ainsi je pouvais profiter un peu plus longtemps de mon ami. Pour une fois que c’était ainsi, j’allais en profiter. Luke semblait heureux que nous ayons plus de temps également.

Un serveur s’avança finalement vers nous pour nous placer à une table et nous nous retrouvâmes dans un coin du restaurant, à l’écart des autres, au calme. Je ne pouvais que féliciter ce serveur pour avoir aussi bien compris ce que je souhaitais, même si je me doutais qu’une fois de plus, c’était plutôt parce qu’il pensait que nous désirions être tranquilles, comme un petit couple. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait, et même si ça me gênait toujours autant, vis-à-vis d’Elliott, au moins nous étions généralement tranquilles. « Oh bien, rien de neuf, que du vieux, comme d’hab’… répondis-je avec le même entrain. Tu sais bien que ma vie n’est pas très palpitante ! » C’était la vérité. C’était la routine, métro, boulot, dodo. Même si la vie avec un écrivain était plus intéressante que la vie normale de tous les couples. Il arrivait parfois que je ne vois même pas Elly de la journée ou de la soirée parce qu’il passait son temps à écrire. Cela ne me dérangeait pas, j’étais plutôt contente pour lui parce que cela signifiait qu’il avait de l’inspiration et que tout allait bien. « Elliott va bien, il écrit beaucoup en ce moment. Je suis fière de lui ! » Mon sourire s’agrandit un peu plus en repensant aux pages qu’il m’avait fait lire dernièrement. Je posai ma main sur ma paume, mon coude étant posé sur la table. « Et toi ? Tu as des nouvelles d’A… de tu-sais-qui ? » Même si je n’étais pas à l’aise avec ce sujet, je ne pouvais pas m’empêcher de lui demander des précisions et des nouvelles. J’étais curieuse de nature. Je lui fis un clin d’œil pour bien lui spécifier que tout était OK, même si je ne prononçais toujours pas son prénom.

Même si elle me dit que sa vie n'est pas palpitante, je trouvais que c'était le contraire. Même si elle allait chercher le pain... pour moi sa vie est intéressante, elle m'intéresse moi. La moindre chose qu'elle pourrait faire, je veux le savoir, sauf si elle fait l'amour à son mec... quoique.... Les étoiles brillent dans les yeux de Ju', quand elle parle de son amoureux, jaloux... un peu j'aimerai qu'elle parle de moi ainsi. Juliet est une fille tellement différente de toutes les autres, c'est une femme avec un passé qui a fait d'elle, celle qu'elle est aujourd'hui. Une femme forte. Je la sens se raidir quand elle évoque mon frère jumeau. Je recouvre alors sa main de la mienne. Le contact de sa peau douce sur la mienne me fait un effet dingue... mais j'essaie de ne pas lui montrer en respect à son couple.

- Pas depuis une semaine, mon détective à perdu sa trace.... J'étais à deux doigts de pouvoir le trouver, mais il est pire qu'une puce....

Au jour d'aujourd'hui, retrouver Adrian était secondaire, grâce à Juliet j'avais remplis une bonne partie de mes trous dans ma vie. Et elle serait encore plus belle si elle était complètement dans ma vie. En étant ma petite amie par exemple, je l'a chérirai tellement, elle serai ma reine.

La main de mon ami sur la mienne me fait du bien. Je ne pensais pas que ça me ferait encore autant de mal de parler de ce sujet. Je pensais que depuis le temps, j’avais passé l’éponge. Je me sentais mieux dans mon corps, dans ma tête, j’étais heureuse, vraiment je l’étais. Mais parler de lui était douloureux. Parce que la seule entente de son prénom me ramenait à des souvenirs vraiment difficiles, que j’avais du mal à évoquer. Notre vie à deux, qui était si parfaite, Charlie… et sa mort… alors qu’il était si petit, et si innocent. Cette perte avait tout brisé dans nos vies. Je n’aurais jamais pu m’en remettre s’il n’était pas revenu dans ma vie, deux ans plus tard. Pour finalement me briser le cœur une deuxième fois. Je n’aurais jamais dû le laisser revenir. C’était une erreur. Une erreur que je ne réitérerais pas.

« C’est dommage… mais ça ne m’étonne pas de lui. Il n’a jamais été du genre à se poser. Tu connais son histoire… » En réalité, il ne connaissait pas tous les aspects. Est-ce que j’avais omis de lui dire qu’il avait, dans sa jeunesse, fabriqué une bombe pour faire peur à un quelconque gouvernement de merde ? Non. Est-ce que j’avais omis de lui dire qu’il avait tué quelqu’un avec cette bombe, et qu’il avait échappé de peu à la prison, et que c’était pour cette raison qu’il avait dû fuir les Etats-Unis, pour finir à Toronto après maintes pérégrinations ? Non. Mais je devrais peut-être le faire avant qu’il ne se réjouisse trop. « Tu sais… ce n’est vraiment pas quelqu’un de bien… Je… enfin… il a fait des choses affreuses dans sa jeunesse… et même avec moi… » Je ne voulais pas l’inquiéter plus que cela, mais s’il s’entêtait à vouloir le rencontrer, je ne pourrais pas m’empêcher de lui dire ce que j’avais sur le cœur, et de lui expliquer ce qu’avait fait son soi-disant frère. « Tu m’écoutes, Lu’ ? » J’étais sérieuse, et je décalai ma main de sous la sienne pour la prendre et la serrer doucement. « Si tu savais tout ce que je sais, tu n’aurais pas envie de le rencontrer. Tu ne veux pas rencontrer un homme qui a abandonné sa fiancé alors que leur enfant venait de mourir !! » Je me figeai, paralysée. Je n’aurais pas dû dire ça. Je ne l’avais jamais dit, à personne. Je n’étais même pas certaine qu’Elliott soit au courant de cela. Je retirai ma main de la sienne et m’affaissai sur mon siège, en fuyant son regard. J’étais dans la merde.

Son histoire je la connais, par bride, tout ce qu'elle a voulu me dire. Bon après, mon détectives avait réussis à me trouver d'autre détails mais rien de bien transcendant. Je penses donc à mon frère jumeau, cet homme que je ne connais pas, cet homme qui a fait tant de mal à Juliet, ça je le sais. Et dernièrement, je me demande si ça vaut toujours le coup de le rechercher... Et me mettre face à lui. C'est quand Juliet qui me serre la main que je reviens à elle. J'étais partir assez loin...
Je la regarde les yeux rond. Comment.... Comment un homme digne de ce nom pouvait laisser une femme si belle et en plus mère de son enfant ! Ce jumeau est diabolique.

- Mais, non ! Comment c'est possible de faire ça, de TE faire ça ?!

Le jour où je le vois, je lui met mon poings dans la tronche à ce type. Elle a est... a été maman... elle aurait été parfaite, elle a dut être parfaite...

- Je ne partirais jamais.... je ne suis pas lui Juliet.

Mes yeux se baissèrent vers la table. Je n’aurais pas dû avouer une chose pareille à Luke, parce qu’il n’oublierait pas cela, et même si je le connaissais bien maintenant, je n’avais pas envie de commencer à raconter tous les pans de ma vie, et les détails de celle-ci. Elly n’était même pas au courant, et je me sentais coupable de ne pas lui avoir dit, déjà… et puis, je n’étais pas sûre d’être assez forte pour réellement parler de tout cela sans m’effondrer. « C’était… commençai-je avant de devoir m’éclaircir la gorge, cette dernière étant serrée par l’émotion, c’était trop pour lui… » C’était la réalité, la mort de Charlie avait tout bonnement été trop difficile à avaler pour lui, et il n’avait pas réussi à tenir le choc. Il l’avait découvert dans son berceau, comme moi, et il n’avait pas été capable de garder pied dans la réalité, il était parti aussitôt. Au départ, je pensais qu’il devait prendre l’air, s’aérer, j’aurais pu pardonner. Mais il n’était jamais revenu, jusqu’à ce que je le recroise, devant ce théâtre.

J’étais surprise par la façon qu’avait Luke de me dire qu’il ne partirait jamais et qu’il n’était pas lui. Quand bien même il me disait cela, de toute façon, je n’étais plus vraiment capable d’accorder toute ma confiance à quelqu’un, je serais toujours un poil méfiante, même avec mes meilleurs amis. C’était interne, personne n’en saurait jamais rien, mais c’était surtout pour me protéger. « Je sais que tu n’es pas lui, pourquoi tu le serais ? » Je me tus un instant, toujours soucieuse. « Tu dis ça, mais tu n’es même pas sûr d’être son frère, en réalité. Il te ressemble vraiment fort, mais peut-être que c’est juste une coïncidence ! » Je ne voulais pas le blesser en lui disant cela, parce que je savais que c’était vraiment important pour lui de trouver des membres de sa famille, qu’il ne connaissait pas. Mais avait-il vraiment envie d’être assimilé à Adrian ? Rien n’était moins sûr, désormais, par ma faute. « Pourquoi voudrais-tu partir, de toute façon ? m’enquis-je, curieuse de la façon dont il me voyait, maintenant. »

Je regarde Juliet, ne pouvant pas croire que mon frère était un lâche, enfin si, je le savais déjà. Fuir, c'est sa spécialité à ce que j'ai compris.

- Trop dur pour lui ? Ne lui trouve pas des excuses ! Et pour toi ça ne l'était pas peut être ?

Non mais sérieux, Adrian n'a rien entre les jambes. Laisser une si belle femme seule dans un moment pareil, c'est odieux. Le jour, où je l'ai devant les yeux, je lui met une bonne droite dans sa face à celui là.
Je baise la tête, quand elle me dit qu'elle avait un doute sur le fait que je sois le frère de ce foutu bon à rien d'Adrian.

- Je... je suis bien son frère, mon détective privé à trouvé une des cheveux, et à fait un test adn avec les miens. Tout coïncide... Je suis désolé.

Je lui avait caché cette information, mais à quoi bon lui affirmer ce fait qu'on savait tous les deux vraie.

- Je n'ai aucune raison pour être loin de toi, je n'ai aucune envie que ça le soit. Je suis ton ami, même si... si tu sais très bien que j'aimerai bien plus....

Mais je ne l'avais jamais pousser à quoique se soit. Elle était heureuse avec son Elliot, et jamais je n'allais le détourner de lui. Son bonheur m'importait plus que le mien.

Alors, en réalité, Adrian était réellement son frère, et il en était sûr. Il me l’avait caché, mais sûrement avait-il eu raison de le faire. J’aurais souffert, je crois. Non pas que je n’allais pas souffrir maintenant qu’il me l’avait avoué, mais au moins, désormais, il savait que c’était un connard de première ! Son détective était incroyablement calé, tout de même, il avait réussi à récupérer un cheveu… C’était impressionnant. Mais je ne doutais pas une seule seconde de la véracité de tout cela : Luke m’avait expliqué que Douglas, son détective, était un être hors pair ! « Ne t’excuse pas, ce n’est pas de ta faute, répondis-je, en caressant sa main. » Il n’avait pas choisi d’avoir un frère aussi abominable. En fait, peut-être qu’il n’aurait pas été aussi abominable si Charlie n’était pas mort. Nous n’aurions pas dû faire d’enfant, cela aurait été si simple… peut-être que je serais encore avec lui à l’heure actuelle, je n’aurais jamais rien su de son passé et ça aurait été parfait.

J’eus une pensée terrible. Où pouvait-il être et avec qui, en ce moment ? Qui savait ? Il avait peut-être retrouvé Flavio, son ami d’adolescence et de début de vie adulte. Je n’avais jamais vraiment su ce qu’il s’était passé entre eux, mais j’étais plus ou moins certaine qu’ils n’étaient pas que deux garçons innocents. Flavio était homo, c’était sûr, et Adrian n’avait jamais caché son penchant bisexuel… alors peut-être qu’ils s’étaient retrouvés… Je n’osais pas poser la question à Luke. Néanmoins, je n’allais pas lui demander et mon attention fut de nouveau retenue par ses paroles. J’étais bouche bée alors qu’il m’expliquait qu’il n’avait aucune envie d’être loin de moi, qu’il était mon ami et … qu’il voulait plus. Evidemment que je l’avais deviné, j’étais loin d’être idiote, mais je ne voulais pas le voir en face, parce que j’avais Elly, parce que je l’aimais, et que je ne pouvais pas jouer avec cette relation que nous avions. C’était du sérieux, du solide, et ma santé mentale ne faisait qu’aller mieux. Pourtant… quelque chose me poussait dans les bras de Luke, bien malgré moi. Et je pensais savoir de quoi il s’agissait : sa ressemblance avec Adrian, bien entendu. Et le fait que ce soit quasiment son jumeau, mais angélique cette fois-ci. « Luke… tu sais bien que c’est impossible.. je… » Je me perdais dans mes mots. « J’ai Elliott, je.. je suis amoureuse de lui… tu… non… » J’étais perdue dans mes pensées, dans mes sentiments, j’étais perdue tout court. Je ne savais plus quoi faire. Aussi, je baissai les yeux, complètement effarée par cette vérité que je refusais d’admettre et qu’il venait de me balancer en pleine figure. Nous ne pouvions pas faire cela, mais je n’étais pas sûre de pouvoir tenir sans lui, désormais. Et à cette pensée, mes yeux glissèrent jusqu'à sa main, que je tenais toujours...

Son regard, son sourire, tout en elle me fait chavirer le coeur. Mais, mes sentiments sont tellement fort pour Juliet, que je ne veux pas être celui la rendra malheureuse en brisant son couple. Je ne lui ferrai jamais rien de mal, certes ce n'était pas très malin de lui dire ce que je voulais mais.... c'était bien plus fort que moi. Il fallait que je mette les mots sur ce que je ressens.

- Je sais, je sais Juliet, c'est bien pour ça que je ne viens pas t'embrasser et que je ne fais que flirter avec toi. Si je ne peux pas t'avoir comme dans mes rêves, alors que je me contenterai de ton amitié.

Il ne me faut pas plus tant qu'elle reste dans ma vie. Et puis, si j'ai la tête de son ex qui l'a fait tant souffrir autant lui prouver que je ne suis pas lui. Surtout après tout ce qu'elle vient de me dire.
Nous étions les deux faces d'une pièce, le yin et le yang, le démon et l'ange. Enfin, je ne pourrais pas dire que je suis un ange, je n'ai pas toujours été correct avec les nanas voir certain mec, mais je ne leur ai jamais caché mes intentions. Mais.... quitter une femme si merveilleuse que Juliet après un drame, après LE drame, ça jamais de la vie.

- Je te respect Juliet, je ne ferrai rien pour t'éloigner de l'homme que tu aimes. Même si il doit être terriblement sexy...

Elle a dut choisir un beau mec, bien viril qui la couvre de cadeaux et la comble. Si il ne le fait pas, ça doit être un abrutit de passer à côté de ce petit bijou qui est Juliet.
Je la voie sourire, au moins j'ai un peu dédramatiser tout ça.

En plus d’être perdue dans le torrent de mes émotions, j’étais également terriblement gênée. Je n’imaginais pas un seul instant que Luke puisse être aussi sérieux. Bien entendu, il ne me cachait plus qu’il éprouvait des sentiments envers moi, mais j’avais eu tendance à prendre tout cela pour un jeu, pour ne pas avoir à gérer tout cela. J’étais triste de le rendre triste, parce que je me doutais que, même s’il me disait le contraire, cela devait le rendre triste, malgré tout. Il ne pouvait accéder à mon coeur, car celui-ci était déjà pris.. il devait détester cela. Et moi, je me détestais de lui faire du mal. Mais j’étais fidèle à Elliott, et je l’aimais. Je l’aimais vraiment, énormément, et intensément. « Je suis désolée.. soufflais-je, à bout de souffle. » Je tenais à ce qu’il comprenne que si j’avais été célibataire, je l’aurais vraiment accueilli à bras ouverts, sans problème.

Je relevai le regard vers lui, quand il parla d’Elliott en me disant qu’il n’allait rien tenter contre notre couple, qu’il ne ferait jamais quoi que ce soit qui puisse nous nuire. Je l’en remerciai grandement, et j’allais le dire à haute voix, avant qu’il ne rajoute que mon conjoint devait être sexy. Je ne pus réprimer un sourire avant de reprendre la parole : « Je ne t’ai jamais montré de photo de lui ? Attends ! » Sans lui laisser le temps de me répondre et d’en placer une, je récupérai mon téléphone dans mon sac à main avant de chercher une photographie dans ma photothèque. Je pris la plus belle photo d’Elly que j’avais en ma possession, une où il était, en plus, torse nu, et vraiment magnifique. « Regarde ! C’est lui mon chéri ! » Je ne voulais en aucun cas le rendre jaloux, et je me rendis compte que j’avais peut-être fait une bêtise en lui montrant cette photo-là, mais vu son regard étonné mais admiratif, je compris que ce n’était pas une erreur. « Alors ? »

Au vue de son sourire, il était certain que son Elliott était bien foutu et pour appuyer ses propos elle me montre une photo de lui, et j'avoue qu'il était super hot.

- Tu as totalement bon goût. Il est charmant.

Et en vraie il doit être à croquer, j'aimerai bien voir ses fesses... je lève les yeux vers Juliet qui sourit en regardant la photo de son chéri, elle est complètement sous son charme, ça se voit comme le nez au milieu de son visage.

- C'est tout a fait mon style....

Je souris, et je me rend compte que nous avions jamais abordé ce sujet là avec Juliet, le fait que j'aime les femmes mais aussi les hommes. Tant qu'il y a attirance et consentement, moi je dis oui !

- Me regarde pas comme ça, je suis à voile et à vapeur.... que veut tu, j'aimes tous les plaisirs de la vie.

Je lui souris et prend rapidement un verre d'eau histoire de garder une contenance le temps qu'elle assimile ce que je venais de lui apprendre.

En fait, je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il me dise qu’il le trouvait charmant et que c’était son style. Je regardais désormais Luke avec de grands yeux surpris, voire carrément choqués. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Vu depuis le temps qu’il me draguait, je pensais qu’il n’était intéressé que par les femmes… Mais alors ? Il aimait aussi les hommes ? Grand bien lui fasse, mais c’était aussi un trait de caractère qu’il partageait avec Adrian. Il ne fallait plus en douter, c’était bien son frère jumeau, alors. « Je veux bien te croire, ris-je doucement, en entendant la façon dont il amenait le sujet sur la table. » Tous les plaisirs de la vie… c’était joliment dit.

Cela ne me faisait ni chaud ni froid qu’il soit bisexuel. Tant qu’il était heureux. Par contre, je n’appréciais pas spécialement le fait qu’il me dise que mon copain était à son goût, parce que je n’avais pas vraiment envie de me le faire piquer. Malgré moi, je ne pus m’empêcher de reprendre la parole et d’enchérir sur le sujet : « En plus, Elliott est un ancien gay ! » Pourquoi je venais de dire ça en fait ? Merde. « Enfin, je veux dire, il était gay avant de se mettre avec moi ! » Je faillis me mettre une claque, au lieu de quoi, je le fis mentalement. J’étais une idiote de dire ça. Luke allait croire qu’il avait toutes ses chances alors, et je n’avais vraiment pas envie de me battre avec lui. Je mettais toujours les deux pieds dans le plat, c’était effarant !

La tête de Juliet me fait comprendre qu'elle a un peu de mal à avaler ma nouvelle. Ce n'était pas ma faute, et puis j'ai grandit avec deux mamans, alors pour moi, c'est tout a fait normal d'aimer tout le monde. Mais après quelques secondes elle me refait un magnifique sourire ce qui me soulage. Puis elle me dit que son mec, son Elliott était gay avant elle. Ca c'était intéressant, au final il était comme moi, il s'attache à la plus belle des beautés.

- Gay, ou ancien gay, il fait ton bonheur et c'est tout ce qui compte Juliet.

Ils forment un beau couple en tout cas, il pourront faire des bébés magnifiques. Je serai jaloux, mais j'espère que je pourrais être le parrain, avec moi, il serai ouvert au monde.
Nos plats arrivent et je commence à manger du bout de ma fourchette, mais je finis par la poser et je fixe mon amie.

- Je voudrais le rencontrer..... à force que tu m'en parles, j'ai presque l'impression de le connaitre. Et promis, je ne te le piquerai pas. Tu es bien trop heureuse avec lui.

Il avait raison, peu importait qu’il soit homo ou hétéro, j’étais heureuse avec lui, et nous vivions une très belle histoire. Enfin, j’avais quelqu’un de sain dans ma vie, et sur qui je pouvais compter pleinement, entièrement. Je n’avais pas de souci à me faire avec quelqu’un comme Elliott. Il était droit dans ses bottes, et il ne voulait de mal à personne. Je le connaissais par cœur, je savais qu’il allait toujours faire en sorte que je sois la femme la plus heureuse du monde et je l’en remerciais, énormément.

Je commençai à manger avec appétit lorsque nos deux plats débarquèrent enfin. Je me rendis compte que j’étais affamée, et j’entamai ainsi mon assiette avec la plus grande dévotion possible. Luke, quant à lui, paraissait un peu plus distrait, et il picorait lentement les aliments présents dans son plat. Brusquement, il reposa sa fourchette et me regarda avec attention, comme s’il voulait à tout prix observer ma réaction. Mon sourire s’agrandit encore plus lorsque j’entendis ce qu’il avait à me demander. Rencontrer Elly ? Ce n’était pas un problème, j’étais certaine qu’ils allaient s’entendre, si je ne disais pas à mon cher et tendre que Luke avait des vues sur moi. « Très bonne idée ! On devrait t’inviter à dîner, un soir. » J’étais toute guillerette à cette idée, parce que j’adorais inviter des gens chez moi, et leur préparer un dîner, et j’étais certaine qu’Elly m’aiderait avec grand plaisir. « Dis-moi quand tu es disponible, et je préviendrai Elliott. Il est très concentré sur son manuscrit en ce moment, mais je lui dégagerais du temps. Et moi, tu sais que je suis toujours là le soir… »

Aussitôt dit, aussitôt fait, et Luke checka son agenda pour savoir quand il pourrait se libérer un soir pour rencontrer mon cher et tendre. Je ne doutais pas du fait qu’il était motivé, désormais. Je ne pus m’empêcher de rire en le voyant ainsi, mais c’était mignon, ceci dit. Et maintenant, moi aussi j’étais pressée de lui faire rencontrer Elly. « Alors dans trois jours, c’est parfait. Je lui en parlerai tout à l’heure en rentrant. » Je pris mon propre téléphone avant de le noter moi aussi dans l’agenda de ce dernier. Il ne faudrait pas que j’oublie de prendre de quoi préparer un repas. J’avais à peine terminé de tout enregistrer que Luke était déjà reparti pour ses questions et je levai les yeux au ciel d’un air amusé. « Evidemment que je lui ai déjà parlé de toi, je ne lui cache pas le fait que je sors pour aller au restaurant avec toi ! répliquai-je en tirant la langue. Je lui ai dit que tu étais un ami, et c’est la vérité non ? Il n’est pas jaloux du tout, tu verras. » J’espérais que ce soit vraiment le cas, en tout cas il ne m’avait jamais demandé ce que je faisais avec un autre homme que lui, donc j’imaginais que c’était gagné.

Je suis un peu soulagé de savoir qu'elle avait parlé de moi à son copain. Elle ne lui cachait rien à ce que je comprends, c'était une bonne chose. Est-ce que ça me rassure qu'elle me dise qu'il n'était pas jaloux ? Peut-être. Cependant, moi je l'étais un peu de lui, il l'avait elle.... Ce n'était pas le moment d'être jaloux à son tour mais plutôt de partager le temps présent avec son amie.

- Bien sûr que nous sommes ami ! Il ne manquerai plus que ça ne soit pas le cas !

Déjà que je ne peux pas l'avoir comme je le désire, si en plus elle n'est pas mon amie j'ai tout perdu dans ma vie.
Je mange assez facilement, même si mon esprit part beaucoup ailleurs, sur mon frère jumeaux qui a été qu'une sale pourriture, mon envie d'embrasser Juliet et le fait que je ne dois pas parce qu'elle est une simple copine.

- Dit moi Ju', comment tu fais pour m'apprécier, alors que je ressemble à..... à ce salaud qui est mon jumeaux ?

Je devais comprendre comment elle fait pour qu'on soit justement ami alors... alors que je lui rappelle celui qui l'a laisser seule après la mort de son fils.

Il fallait quand même avouer que j’étais un peu stressée à l’idée que mon amoureux et mon ami se rencontrent. Avec ce que Luke venait de m’apprendre, il était normal que je sois tendue, non ? Comment allait-il se comporter devant Elliott, qui devenait alors son « rival » ? Et Elly, qu’allait-il faire, ou dire pour rester l’homme de la situation ? Même si j’étais ravie de les faire se rencontrer, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à tous les scénarii possibles. Mais comme venait de le répéter Luke, nous étions amis. Je n’avais aucun souci à me faire, bien au contraire.

Le repas avançait normalement, dans la bonne humeur et la légèreté, comme à notre habitude, et je me délectais de ce que nous mangions. C’était délicieux, et ce serait une adresse à garder dans notre carnet des bons restaurants. Il y avait des silences, mais ce n’était pas pesant. Et soudain, Luke rouvrit la bouche pour me parler d’Adrian. Je posai ma fourchette et mon couteau, en baissant les yeux. Je ne redoutais pas ce moment, je ne l’avais même tout simplement jamais imaginé. Que pouvais-je répondre à cela ? Evidemment que le voir me faisait penser à mon ancien fiancé, le père de mon fils, mais je savais faire la part des choses et les différencier tous les deux. « Tu sais bien que tu n’es pas lui, Lu… » Je soupirai, avant de relever la tête vers lui. Il paraissait vraiment concerné par cet échange. Je ne pouvais pas le laisser sans réponse. « C’est bête à dire, mais peut-être que d’être amie avec toi, ça me permet d’aller mieux.. T’es comme ma thérapie, sauf que c’est sur du long terme et que je sais que je vais être bien avec toi… Pas comme avec lui… » Je ne savais pas si c’était une raison valable, mais c’était la vérité. J’étais bien avec lui, parce qu’il me donnait l’impression qu’Adrian aurait pu être quelqu’un de bien, mais pas avec moi…

Dans ma tête tout se bouscule. J'avais des idées de comment pouvait réagir Juliet à chaque fois qu'elle me voit. Est-ce qu'elle me voit comme lui, comme ce jumeaux qui est presque démoniaque. Je ne sais même pas comment elle fait pour me faire voir tout le temps sans avoir envie de me jeter un verre à la figure, ou à ne pas me frapper à chaque fois qu'elle me voit. Adrian, ce frère dont les seuls choses que je sache de lui est une peinture la plus horrible qui soit. Et pourtant, Juliet, la belle Juliet l'a aimé, si fort qu'elle a eu un enfant de lui, mon neveu..... J'avais un neveu....

Je la regarde droit dans les yeux, peur de sa réponse, cependant, je souris quand elle me dit qu'elle est bien avec moi et que je suis loin d'être le même que lui.

- Je ferai tout pour jamais lui ressembler. J'ai l'impression qu'il est le jumeau démoniaque, et moi l'angélique....

Je tend la main, pour venir caresser sa joue avec mon pouce. Sa tête penché et un petit sourire timide, Ju' est d'une beauté incroyable.

- Tu es une personne tellement magnifique Juliet, que je ne voudrais jamais te faire du mal. Je te le promet. Je ne serai jamais comme lui.

Ma seule réaction fut de rire lorsqu’il se compara à un petit ange, le genre d’ange que l’on aurait sur l’épaule droite, quand Satan se retrouverait sur l’épaule gauche. Je l’imaginais aisément dans un petit tutu blanc, un petit arc de Cupidon dans les mains. Je secouai la tête pour m’enlever cette idée là de l’esprit. « Tu as raison, tu es tout sauf démoniaque comme lui ! » Je me sentais un peu mal à l’idée de penser qu’Adrian était « démoniaque » parce que je l’avais aimé de tout mon cœur. A l’époque, même s’il me mentait comme il respirait, je pensais que c’était l’homme de ma vie. J’aurais tout fait pour lui. C’était peut-être moi, le démon.

Toujours dans mes pensées, je ne vis pas Luke rapprocher sa main de ma joue pour me la caresser délicatement. Je fermai les yeux en sentant ce contact. Il faisait du bien, c’était agréable, que quelqu’un d’autre qu’Elly me touche comme cela. Je savais qu’il ne me voulait rien de mal, alors je ne pouvais qu’en profiter. « Je te crois… murmurai-je, la voix presque chevrotante. Merci… » Que dire d’autre ? A part le remercier de ne pas être un salopard ? J’aurais aimé pouvoir tomber sur lui, plutôt que sur Adrian, dans la grande loterie qu’était la vie. Si seulement cela s’était passé ainsi, plutôt que tout ce que j’avais vécu… J’aurais pu avoir Charlie, toujours avec moi. Mélancoliquement, je rouvris les yeux pour les plonger dans ceux, noirs, de Luke, qui me fixait encore avec adoration. Je souris, tristement, avant de poser ma main sur la sienne, qui était toujours accrochée à ma joue. On aurait dit deux ados transis d’amour. « Tu n’es pas très différent de lui… J’ai presque l’impression de le revoir, au tout début de notre relation… » Et ça me faisait autant de bien que de mal. Mais je devais passer au dessus de la souffrance, passer au dessus de tout ce que cela m’apportait en mal. Luke n’était pas son frère.

Je voudrais tellement la rendre heureuse, l'avoir pour moi. Mais, vue que son coeur est pris part son Elliott, je vais pas lui briser le coeur. Ca il en était hors de question. Mon coeur saute dans ma poitrine, quand son regard tombe dans le mien. Comment ne pas craquer, comment... La barrière est le respect que je lui porte. Elle en aime un autre, je ne peux pas aller à l'encontre de ça.
Je ne sais pas trop comment le prendre, si je ressemble à Adrian.... Comment peut elle faire l'impasse sur ma tronche.
Je laisse ma main glisser, puis la pose sur la table.
Le serveur vient nous reprendre nos assiettes, et prend notre commande de dessert, une café gourmand pour moi.

- Ju', ton amitié m'est vraiment importante, je n'ai pas envie de te perdre.

Même ma meilleure amie me dit qu'il y a un quelques choses entre nous. Même si, elle me dit que c'est malsain. D'une parce que c'était une patiente, de deux parce je suis le jumeau de son premier amour et de trois parce que je l'aime comme jamais je n'avais aimé quelqu'un.

Peut-être que ma phrase avait jeté un froid. Etait-ce vraiment une bonne idée de le comparer à Adrian alors qu’il devait le détester plus que tout au monde, à cet instant précis ? Il ne pouvait pas le détester plus que moi, quoi qu’il puisse arriver. Il avait ruiné ma vie, il avait gâché la vie de famille que j’avais et que j’aimais plus que tout. J’étais plus bas que terre à cause de lui.

Notre conversation si profonde fut interrompue par le serveur qui vint récupérer nos assiettes désormais vides. Il prit le temps de commander nos desserts, voyant que nous étions en grande discussion, afin de ne pas nous déranger à nouveau. Je pris un fondant au chocolat, c’était mon péché mignon, et il fallait bien que je me remonte le moral. Rien n’allait, en réalité. J’avais la curieuse impression de faire beaucoup de mal à Luke… et il ne méritait pas tout cela. Lui, il était là, à m’affirmer que notre amitié était bien trop importante à ses yeux, qu’il ne voulait pas me perdre. Et moi, j’avais l’impression d’être la personne affreuse, la fille dégueulasse qui allait lui faire du mal. Pourquoi lui ferais-je du mal ? Où allions-nous avec cette relation ? J’avais peur de tout… mais pas de la confiance que je lui vouais. « Tu ne me perdras pas, Lu… » Je croisais les doigts, sous la table. Parce que je ne savais pas ce qu’il se passerait dans le futur. Je ne savais pas s’il allait me blesser, ou bien pire, si j’allais moi-même le blesser. Nous ne savions pas où nous serions dans trois jours, alors pourquoi penser à l’avenir ? Je soupirai. « Excuse-moi, je suis un peu taciturne là.. je ne sais pas pourquoi je continue de penser à Adrian, alors que tu es quelqu’un de mille fois meilleur que lui. J’aurais préféré me fiancer avec toi, et faire un enfant avec toi, plutôt qu’avec lui ! Si j’avais su, je n’aurais jamais succombé… » Mais je savais que le passé était passé, et que je ne pouvais rien y faire. Mais en même temps… « En fait, si je n’avais pas été avec Adrian, il y a quelques années, alors je ne t’aurais jamais rencontré… Rien que pour ça, je devrais lui être reconnaissante d’avoir été le connard que je connaissais. » Je relevai la tête en souriant de toutes mes dents. C’était sûrement la pensée la plus heureuse que j’avais eue depuis bien longtemps. Grâce à Adrian, j’avais rencontré quelqu’un de vraiment bon, gentil, et charmant.