Malgré le fait que j’aie confiance en Douglas, et surtout en son travail et en son professionnalisme, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce serait difficile de la retrouver. Elle avait peut-être un prénom rare, mais combien y avait-il d’habitants sur le continent américain ? Plus de trois cent millions de personnes, au moins. Alors c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! Et si elles n’étaient plus en Amérique ? Si mon ex-femme était partie, je ne sais pas, en Angleterre ? En Australie ?! Nous n’aurions aucune chance. Je voulais bien lui fournir les informations qu’il voulait pour faire son travail, mais si elles étaient trop loin ou trop bien cachées, ce n’était pas la peine… Je savais bien que je ne devais pas être si pessimiste, mais bon sang, la Terre était immense, et ce n’était pas si difficile que cela de voyager. Lesly était intelligente, savait parler plusieurs langues, pouvait être n’importe où. Elle avait un bon métier, elle pouvait se faire beaucoup d’argent en peu de temps, elle était douée pour ça. Alors ça lui donnerait du fil à retordre… vraiment.

- Je peux te demander pourquoi tu n'as pas essayer de la retrouver, de faire valoir tes droits pour ta fille ?

Je baissai les yeux, me sentant comme un enfant pris en faute. C’était vrai ça ! Pourquoi n’avais-je pas suivi Lesly, alors qu’elle venait juste de s’enfuir ? Pourquoi donc n’avais-je rien fait ? J’aurais pu éviter de passer sept ans dans l’ignorance. Le problème, c’était que la période ne se prêtait pas aux recherches. Je venais à peine d’enterrer le cercueil vide de mon père, puisque son corps n’était jamais revenu au Canada, et je faisais mon deuil… Quand elle s’était enfuie, je m’étais retrouvé tout seul, vraiment tout seul. Je restais enfermé chez moi sans rien dire, sans rien faire, sans voir personne, et je ne mangeais plus, je ne buvais plus, je n’osais plus rien faire. Et pendant le temps où j’avais remonté la pente de cet enfer, j’avais laissé Lesly s’échapper, j’avais perdu du temps. De toutes façons, j’avais à peu près tout perdu en quelques semaines…

-C’est… compliqué. Je n’avais personne pour m’assister, pour m’aider, et je n’étais pas assez bien pour faire ça… j’aurais fini par me planter, et j’aurais tout laissé tomber, donc mieux valait ne rien tenter, tu crois pas ?

Douglas n’avait pas l’air de m’en vouloir plus que cela. Il avait juste posé la question par simple formalité, évidemment. Je n’en attendais pas moins de lui. Il essayait de capter un maximum d’informations avant de pouvoir essayer de retrouver ma fille. Mais je n’étais vraiment pas sûr de moi sur ce coup-là. Moi qui d’habitude était vraiment toujours à deux cent pour cent, prêt à tout pour réussir parce que je connaissais mes capacités et je savais que j’étais le meilleur… Mais là, tout était différent ! Pendant que j’étais dans mes pensées, Douglas se releva et rangea précieusement la photo. J’espérais bien qu’il allait me la rendre, la prochaine fois que nous allions nous voir.

- Je vais me mettre à ton affaire, ça va prendre du temps aussi, et je ne te promet rien du tout, je n'ai jamais fait une recherche comme la tienne en étant simplement privée....

Je souris, poliment, et hochai la tête en gardant précieusement toutes les informations. Je ne devais pas me faire trop d’illusions, je l’avais bien compris, et lui savait également que je ne devais pas en attendre trop de sa part. Evidemment, s’il n’avait jamais eu ce genre d’affaire, ce genre de cas, alors ce serait vraiment difficile de pouvoir la retrouver. Avec un peu de chance, peut-être… mais je n’y croyais pas trop. Il voulait simplement me faire plaisir. Pourtant, rien ne pourrait me rendre plus heureux que de revoir ma fille, ne serait-ce que quelques secondes… juste avoir de ses nouvelles. Pour savoir ce qu’elle devenait, comment elle allait…

- Si tu as la moindre questions, au juste pour parler de n'importe quoi, voir même si tu veux aller boire un verre, tu peux m’appeler... n’hésite pas.

J’avais suivi Douglas jusque dans le salon et il m’avait tendu une carte avec son nom et son numéro dessus. Je hochai la tête à tout ce qu’il disait, et j’essayais de rester calme. Je gardais la carte et la rangeai dans mon portefeuille, pour être sûr de ne jamais la perdre puis, le raccompagnai jusqu’à la porte d’entrée, où je lui tendis la main pour qu’il la serre.

- Merci pour hier soir. Et pour tout, en fait.. Si tu veux passer, n’hésite pas… Tu connais l’endroit maintenant !

Je lui fis un sourire franc, et vraiment sympathique. C’était rare que je fasse cela depuis… des années. Alors il fallait qu’il en profite. Il n’avait qu’à demander à David comment j’étais habituellement ! Quoi qu’il en soit, j’avais hâte de voir la suite des évènements !