Rainer est un grand brun mesurant dans les alentours d'un mètre quatre-vingt-neuf. Bâti comme la moyenne des hommes de cette taille, avec une carrure plutôt carrée. Bref, on est plutôt sur le style de l'armoire à glace, que sur la grande asperge. Ses cheveux, souvent mi-long, sont brun à la limite du noir et sont rarement invités à passer chez le coiffeur. De temps en temps, histoire de faire le ménage. Rarement rasé de près, car il estime que ça ne lui va pas. Il a longtemps souffert des moqueries à propos de son nez démesuré ou de ses oreilles particulièrement grande et décollées. Aujourd'hui, il s'en moque comme de sa première chemise. Il est tatoué, sur les côtes à gauche.

Profondément altruiste et sociable, c'est d'ailleurs pour cela qu'il est devenu infirmier. Il aime le contact humain, il aime les soins, il aime s'occuper des autres. Il est très logique et pragmatique, ce qui colle aussi avec son métier. Il aime l'organisation et la rigueur. Ce n'est pas le dernier à faire des bêtises, c'est d'ailleurs un franc déconneur, qui n'en loupe pas une, à la limite d'exaspérer ses proches. Il a un petit côté paresseux et n'est pas à l'abris d'une panne de réveil lorsqu'il est de repos. Pour ça, il ne programme jamais de rendez-vous ces jours là avant l'après-midi. Il est plutôt têtu, mais pas non plus au point d'être irraisonné. Il est relativement maniaque dans son travail et perfectionniste. Au point que même s'il est adorable, il effraie parfois les stagiaires. Vivre constamment dans le stress des urgences, lui a développé une petite capacité à dramatiser des situations qui n'ont pas de raison de l'être. C'est sa façon d'évacuer après coup. Rainer est également très famille, au point de souffrir de leur absence et d'avoir le cafard. Il est possessif, même peut-être parfois un peu jaloux, mais c'est qu'il craint surtout d'être abandonné. Il a beaucoup de mal à gérer ses émotions quand elles sont trop fortes, mais il arrive à délocalisé sa colère et sa violence sur autre chose que des êtres vivants.  

Il est de ces histoires d’une banalité affligeante et celle-ci ne fera pas exception à la règle. Il se peut même que la seule grande aventure dans la vie de Rainer, n’ai été que de passer une frontière pour une autre. C’est dans l’Etat de Virgine, au Etat-Unis, que ce qui était déjà un beau bébé, voit le jour. Dans une famille un peu dissonante certes. Une mère serveuse dans un bar, un père routier qui n’avait le temps pour rien, ni personne. Si bien qu’il s’étonna un jour de découvrir que femme et enfant avait vidé les liens. Pas de divorce, pas de larmes, puisque de toute façon Daisy et Nigel n’étaient pas marier.

Où est-elle donc partie, me demanderez-vous ? Daisy avait finalement pris son courage à deux mains, pour partir avec un romantique Canadien, venu travailler en stage dans une entreprise de Virginie. Un de ces charmants jeune homme qui ne voyait pas l’inconvénient de prendre la mère et l’enfant avec lui, tant il ne jurait que par les beaux yeux noirs de la belle. Un an plus tard, ils étaient mariés. Et encore un an de plus et Rainer avait une petite sœur : Pepper. Oui, il n’a toujours pas compris pourquoi ses parents ont voulu appeler sa sœur poivre… Il y eu quand-même une petite bataille juridique, histoire que le mari de sa mère puisse l’adopté, mais une fois de plus… c’est anecdotique.

Rainer vit donc à Toronto depuis qu’il a l’âge de quatre ans. Autant dire qu’il ne s’est jamais vraiment sentit Américain. Il a grandi aimer et cajolé par sa mère et son beau-père. Il a pris soin de sa petite sœur. Ce n’était pas une foudre de guerre à l’école, je vous le concède, mais il s’en sortait bien. Un élève normal, avec des difficultés normales et une passion pour les sciences. Ils ont bien essayé de le pousser en fac de médecine... Avec succès puisque le jeune homme entre en fac de médecine. Et il ne s'arrête pas à être médecin généraliste. Comment lui est venu la vocation de la gynécologie et l'obstétrique? Il vous répondra qu'un bon gynéco est un bon médecin ET un bon chirurgien. Du coup, au lieu de se facilité la tâche. Et puis, malgré son talent pour la paresse, il est sorti de la fac avec grand distinction, félicitation du jury et premier de classe. De l’argent, il a appris à en gagner pendant ses études. Il s’était trouvé un petit boulot de barman dans un bar près du campus.

Il est rapidement entré dans la vie active, comme gynécologue et obstétricen. Des enfants, il en aura vu naître et il aura même aidé à concevoir certain. Il adore ses patientes et elles lui rendent bien pour la plus part. Par contre, il a un problème certain avec son beau-frère. Comprenons-nous bien… Il adore sa sœur, elle le lui rend bien et il veut son bonheur. Donc, il n’a jamais fait de réflexion sur le penchant vegan extrémiste de son beau-frère. Mais il y a des limites. Et la limite, il l’a franchie. Il faut dire que les deux ont eu du mal à faire un bébé et quand sa sœur est enfin tombée enceinte après avoir été jusqu’à la FIV, il a pris un mi-temps à l’hopital, pour aller remplacer sa sœur au restaurant de son beau-frère. Restaurant vegan… Mais à force de se faire traiter comme une merde. Pourtant, il était bon le sandwich au poulet, préparer dans la cuisine et devant le beau-frère.

Cela lui aura valu les foudres de sa mère, de son beau-père et du beau-frère, mais il en rit encore avec sa sœur. Même s’il ne la voit plus aussi souvent du coup et aussi à cause de la naissance d’Iris. Il fallait bien un nom de fleur pour la fille d’un mangeur d’herbe… Bref, c’est désormais derrière lui et il est à nouveau temps plein à l’hôpital. Car même si il aime cuisiner, il aime surtout soigner. À coté de ça, il aime la nature et par souvent en road trip pour ses vacances, avec sa chienne Crysta, adoptée en refuge. Oui, comme si ça ne suffisait pas de s’occuper des humains, Rainer est aussi bénévole au refuge les jours où il ne bosse pas.

Et je vous ai dit qu’il était altruiste. Il est important de noter à ce sujet, que Rainer est inscrit sur les listes de don d’organe, qu’il donne du sang régulièrement et qu’il est allé jusqu’à faire un don de sperme. Alors, le dernier est cocace, certes, mais ayant été sensibilisé par les difficultés monstrueuses de sa sœur pour parvenir à enfanter, il a pris cette décision. Et croyez bien qu’il ne s’en vante pas, car c’était vraiment sur un coup de tête.

Et l’amour dans tout ça ? Sans dire qu’il n’y pense pas, il a essuyé assez d’échec pour se dire qu’il devait profiter de sa vie et que ça finirait par arriver. Puis son grand amour, indétrônable, c’est son American Standfoshire Terrier. Il va falloir rivaliser avec elle pour entrer dans son cœur.