- Je vais répéter, je pense que tu n'as pas du entendre... comment s'appelle t-elle vraiment?
- Chouiaax mmaaorreaxnzr
- mhhh... je n'ai toujours pas comprit, je vais retirer le canon du flingue de ta bouche, et tu vas cracher le morceau. Du moins je le te conseille. Lui dis-je, en m'exécutant.

Il a le regard noir, la sueur sur le front, attaché à cette foutue chaise, depuis plus de 4 heures. Si le premier était un lâche, froussard, lui est plus dur à cerner. Je l'ai intercepté, avant qu'il n'aille payer pour tous ces enlèvements, perpétrés pour le Mystic Swan. Si je regrette d'y avoir été client? Oui et non. Je regrette d'avoir payé pour cette attraction sordide, mais je ne regrette pas d'y avoir rencontré Azalea. Azalea... je ne sais toujours pas son vrai prénom, ni son vrai nom... chose que j'essaie d'apprendre là, de suite.

- Pourquoi tu veux revoir cette pute, si elle a pas couru vers toi, c'est que t'es pas son type. Me dit il.

Je souris en coin, une nouvelle tentative de m'énerver. Et finalement c'est son hurlement de douleur, qui emplit l'espace.

- Je crois que ton deuxième doigt vient de casser... ça va être dur de se masturber derrière les barreaux... si tu continues comme ça, tu pourras même pas empêcher les autres taulards de te sodomiser. Alors arrête de m'énerver, et crache le morceau.

Il hésite, mais je le vois dans son regard, il a perdu et j'ai gagné.

- Max Moreno, elle est mexicaine... son père l'a vendu au MS après avoir perdu au poker, beaucoup d'argent.

Je suis content, mais je ne montre rien, je pourrais le buter, mais je n'ai pas envie que mes contacts au FBI me coffrent pour meurtre, le chemin va être encore long. Je l'assomme et le laisse là... il n'aura qu'à se détacher tout seul, pour se rendre chez le juge.

Je fume, j'ai reprit la clope, et c'est ma petite satisfaction tandis que je rentre chez moi. Le lendemain, je prends un avion pour le Mexique, et je cherche, je la cherche, j'apprends que son père s'appelle Javier Moreno, que c'est une raclure aussi, qu'il a des dettes. Quelques jours plus tard, je me rendrais même compte, que leur maison a été vidé, qu'ils sont partis ensemble. Je contacterais une ex, qui travaille pour interpole, elle m'avouera alors quelque chose de troublant... Me montrant un avis de disparition portant la photo de Max. Max n'est pas Max, et elle n'est pas Mexicaine... Selon toutes vraisemblances, elle serait anglaise, enlevée très jeune... L'affaire se corsera... des mois d'attente, d'appels, de baston aussi, me changeant pour de bon.

C'est dans un hotel miteux, que je retrouvais finalement sa trace. Je pris l'escalier de secours, un flingue à l'arrière de mon jean, et la détermination pour étendard. Je défonçais la porte de la chambre, sans plus de cérémonie... et ce que je vis, me rendis dingue intérieurement. Max, allongée sous un homme, en train de la sauter. Le lit est miteux, la chambre tout autant.

- Toi tu te lèves et tu fermes ta gueule. Dis-je au mec, extrêmement menaçant. Max rhabille toi.

Je me fous de savoir le pourquoi, je la sortirais d'ici, quoiqu'il m'en coûte.

Le retour à la normalité avait été d'une étonnante simplicitée, presque comme si il ne s'était rien passé et que trois ans ne s'était pas écoulés. Son père semblait l'attendre et las de la faire. Il ne lui a jamais demandé comment ça s'était passée, comment elle allait ou se sentait. Il lui avait juste dire qu'il fallait partir et quitter le Mexique pour un sacré moment. De nouveau la fuite, les magouilles et les lendemains incertains. Elle s'endormait le soir sans savoir où elle le ferait le suivant, incertaine de manger ou de ce qui l'attendait. Elle s'en moquait, ce qui comptait c'était sa liberté retrouvée. Il faudrait peut être encore quelques mois avant que les cauchemars ne cessent, pour qu'elle ne se sente plus étrangère dans le regard que posait à présent Javier sur elle, mais ça irait. ça ne pouvait qu'aller.

Elle pensait souvent à Cygnus, ou plutôt à l'homme qui se cachait sous le pseudo. L'avocat lui manquait, plus qu'elle n'aurait pu le concevoir. Elle était presque certaine de ne plus jamais la revoir et cette idée là, aucune autre ne parvenait à l'en apaiser. Elle gardait pour elle, ce qui n'allait pas, forte pour cet homme qui ne l'était pas vraiment. Il avait le Canada en tête, Toronto plus précisément, des contacts à retrouver, des projets à monter,... comme d'habitude il s'emballait et prévoyait déjà ses nombreuses combines. Max l'écoutait, mais se concentrait sur le concret. Les Etats Unis à traverser, l'argent à trouver, les faux papiers à fabriquer,... Des détails qui, entre les mains de son père, risquait de ne pas beaucoup se régler. Elle s'activait, renouait des contacts dans ce milieu où elle avait grandit. Ce départ, après tout ce qu'elle avait traversé, s'était l'occasion d'une nouvelle vie.

Elle devait se débrouiller, échanger et monnayer ce qu'elle ne pouvait acheter. Ils avaient besoin de passeport et son corps avait attiré son avidité. En échange des documents, juste quelques heures. Elle avait acceptée, dans un monde où tout se vend, elle préfère décider d'elle même à qui se louer. La morale ne s'en heurte pas. Elle a qu'à se laisser faire et penser. L'étape suivante les rapproche de la frontière. Elle a déjà louée une chambre dans le prochain hôtel miteux qui les accueillera, elle et son père. Ce dernier est dans un bar, à quelques rues de là. Il la laisse gérer sans se soucier du comment et noie ses échecs au grès des verres et des alcools. Elle y songe un instant, il faudra qu'elle aille le chercher pour pas qu'il passe la nuit dans le caniveau.

Et le fil des pensées est brutalement interrompu par la porte qui s'ouvre à la volée. L'homme se redresse, mais il n'est pas aussi surprit qu'elle. Elle a du mal à croire celui qu'elle voit et qu'il la nomme par son prénom pour la sommée de se rhabiller. Elle n'accorde plus un regard au faussaire et récupère son jean et son débardeur pour les enfiler. Si elle s'était imaginé le revoir, ce n'était jamais ainsi. Elle rougit, qu'il l'ait ainsi surprit avant de finalement se stopper, cogitant finalement. Elle se tourne vers lui, le coeur affolée, l'esprit alors vide de divagation. Elle n'a qu'un instinct à présent, un souffle, une envie,... Rejoindre ses bras. Elle passe sur le lit, vive, et les regagne sans plus tarder. - Je ne sais pas ce que tu fais là, mais je suis heureuse que tu le sois. Au fond, les circonstances importe peu, elle ne culpabilise pas de ce qu'elle fait, ne veut jamais aucun regret, tout ce qui importe à ses yeux, c'est qu'il soit là.

Ô il se contentera sans doute pas de ça, il voudra des explications, elle aura des questions, elle le sait, mais elle le repousse, juste pour ses secondes contre lui, à inspirer ce parfum qu'elle n'était pas parvenue à oublier.

Elle se glisse vers moi, et me saute dans les bras. Je pose un bras autour de ses épaules frêles et pose le menton sur sa tête. L'autre n'apprécie pas nos retrouvailles et dit quelque chose, qui me fait tourner la tête et lui montrer ma main libre... portant le flingue.

- Je t'ai dit de fermer ta gueule. dis-je avec détermination.

Il regarde le flingue, lève les mains en l'air, et renfile son jean. Il a peur, il fait bien.

- Maintenant tu te casses, et tu l'oublies. Je suis clair, ou il faut que je te l'imprime?
- Non non... c'est cool mec... je vous ai jamais vu.

Il part par la porte et je l'entends courir. Je range mon flingue, et me détache d'elle. J'essuie mon visage, d'un revers de main, et contourne le lit, pour aller regarder par la fenêtre. Je suis contrarié, et je m'attendais pas à ça... pas à la retrouver encore dans de beaux draps.

- Je t'ai cherché partout. Et je te retrouve comme ça. Qu'est ce que tu faisais putain?! Dis-je en me retournant sur elle. C'est quoi le syndrome de Stockholm qui t'a prit?! Pourquoi tu m'as pas appelé, avocat... j'étais en contact avec les flics de n'importe quel état... T'as même pas essayé, t'as préféré retourner vers Javier... pourquoi?! pour qu'il te prostitue!!! t'en as pas marre de faire de la merde dans ta vie?!?

J'avais explosé, des mois de frustration, d'échecs, de torture, pour finalement la trouver là, insouciante malgré ses actes répréhensibles et je suis en colère, contre elle, contre moi, contre notre rencontre dans ce lieu maudit.

- Tu t'es pas dit une seule seconde que je te chercherais ?!? Que je t'aimais bordel !! Non, tu préfère cette vie de merde, comme pion de ce dégénéré?!?



Qu'elles lui font du bien, ces secondes dans ses bras. Le temps s'y suspend et elle sourit, retrouvant les sensations qui la prennent dès qu'il est dans les parages. Le coeur s'emballe et le souffle s'accélère. Elle réalise à quel point il lui a manqué. Elle soupire d'aise, oubli jusqu'à l'endroit et à l'homme qui se rappelle à eux, acerbe. Elle se moque bien de ce qu'il peut dire, à l'inverse, elle avait besoin de ses talents pour leurs papiers. Grandement compromit alors que l'avocat sort une arme. Max relève ses yeux vers lui, surprise qu'il agisse ainsi. Elle prend un moment pour observer son regard et remarque que maintenant, qu'il s'est assombrit.

Le faussaire disparait sans demander son reste, lui s'écarte et traverse la pièce avant d'exploser. Elle l'écoute, abasourdie, fronçant au fur et à mesure les sourcils. L'air se fait plus sévère et lorsqu'il finit, l’oppressant de question, de rage et de frustration, elle l'oppose en même temps que l'index qui se lève, menaçant. - Je rêve ou tu es en train de me juger ?! Elle s'avance vers lui, n'ayant pas peur de lui faire face, quand bien même elle doit redresser la tête pour continuer de le fixer. Quand bien même il est en colère, pas une seconde, elle ne craint sa violence. - T'as pas l'droit ! Je t'ai rien demandé moi ! Jamais ! Et que tu viennes à mon secours non plus ! Je t'ai pas attendue pour m'en sortir dans la vie ! Elle avait toujours fait face seule... et malgré ce qu'elle avait traversé, elle était toujours en vie. - J'suis pas venu te trouver parce que... Parce que je savais très bien les limites que tu t'imposais. L'homme à cet hôtel... c'était pas toi. Dans le monde réel, quelle existence pour eux ? Puis il l'a dit, les flics s'en seraient mêlés et elle a apprit à s'en méfier

- Quand à ce dégénéré c'est mon Père ! Et il me prostitue pas ! Il a toujours été là pour moi, il a fait des erreurs, mais c'est lui qui m'a élevé. Il sait pas c'que je fais. A l'heure actuelle, il doit plus être en état de s'en soucier. Elle croise ses bras contre son torse. Furieuse qu'il se permette de prendre le droit d'intervenir et celui de l'engueuler. Elle va pour reprendre mais repense à ses mots... Quelques uns perdus dans la masse qui suffisent à lui tirer un sourire alors qu'elle est furieuse. Elle l'oublie, les yeux pétillants légèrement. - Tu... Tu m'aimes ? Elle n'a jamais osé se le demander avant, mais maintenant qu'il soulève lui même la question... Elle la lui pose. Impulsive, comme toujours, suivant les instincts et les émotions.

- Je ne juge pas, je regarde les faits !! Tu préfères largement l'esclavagisme, à la liberté!! Et oui c'est un dégénéré, me dis pas que tu aimes faire ça par plaisir bon sang !! Putain Az... MAX bordel, MAX mais sur quelle planète tu vis !!

Je m'emporte, je tente de contrer sa propre colère et puis d'un coup, la tendance s'inverse, j'en suis un peu soufflé d'ailleurs. Elle capte mes mots, ceux là même qui sont sortis sans crier gare. Je croise les bras sur mon torse, je suis encore en colère, et elle me désarme avec son sourire angélique.

- Non non... ça m'arrive très souvent de parcourir le monde entier, à la recherche d'une femme, en torturant des mecs, en faisant marcher tous mes contacts, et ce pendant des mois... Je secoue la tête, et je regarde ailleurs. A ton avis Max... à ton avis bordel... je suis en colère contre toi, contre ton inconscience totale, et ton manque de protection même primaire... mais je suis aussi en colère contre moi...

Je veux mettre une distance entre nous, j'ai eu mal pendant tous ces mois, et je me suis inquiété vraiment. Mais c'est l'impulsivité qui l'emporte et je fonds sur elle, pour piéger sa bouche de la mienne, effacer les lèvres de l'autre connard, et je la porte, pour accentuer l'échange. C'est une passion dévorante, le genre à me faire tambouriner le palpitant, à m'assurer aussi que oui je suis dingue d'elle, dans le cas... où je ne l'aurais pas compris avant.

- Tu dis n'importe quoi ! Elle redresse légèrement le menton, après avoir secoué la tête à ses propos. Non, elle ne préfère pas être esclave, elle est libre. Elle peut bien faire ce qu'elle veut, cela ne regarde plus qu'elle. Plus personne ne dirigera sa vie. Pour Javier, c'est différent. Elle l'aime, bien qu'elle sache qu'il est défaillant. Ce n'est pas le père de l'année mais c'est le seul qu'elle ait. Elle se moque bien que ce ne soit pas parfait, c'est sa famille et elle en a le sens. Prête à tout sacrifier pour les siens. Elle est furieuse mais démunie. Face à sa colère qu'elle ne comprend pas, les recherches qu'il a mené, ses sentiments qu'il lui confie sans le vouloir. Il a ce don d'enflammé le moindre de ses états au point où la raison est dure à écouter.

Elle mordille ce sourire qui s'est affiché, l'écoute attentive, se demandant ce qu'elle a bien pu faire pour qu'il soit capable d'autant pour elle. Elle est touchée qu'il est affronté beaucoup pour la retrouver. As t-elle l'air en danger d'un point de vue extérieure ? Flirte t-elle avec le danger avec l'insouciance qu'il souligne. Elle retient un soupire. Ils n'ont pas le même regard sur le monde. Ils y a beaucoup qui les sépare, le milieu, quelques générations, les vertus et les points de vu. Elle se ravance d'un pas de plus et pose une main sur ses bras qu'il a croisé. Il aurait du l'oublier, ça aurait été plus simple pour lui. Quand bien même elle ne lui a rien demandé, il s'est mit en danger pour elle. - Tu... tu noircis le tableau. Ma vie... elle est pas c'que tu penses. Elle cherche son regard.

Elle voudrait ajouter autre chose, lui dire ce qu'elle ressent elle aussi, même si elle peine à trouver les mots, elle est maladroite avec ses émotions qu'elle ne connait que peu mais qu'il embrase comme personne. A l'instant, il y veille d'ailleurs, venant l'embrasser puis la soulever. Elle passe ses bras autour de son cou, noue ses jambes à sa taille, épousant son torse du sien. Le muscle moteur bat à n'en plus pouvoir alors qu'elle prolonge le baiser. Il lui est plus facile d'ainsi exprimer, tout ce que l'avocat peut lui inspirer.

Ta vie, elle est pas à toi... mais mes mots ne dépassent pas mes lèvres, et déjà elles sont occupées ailleurs. Je prolonge et prolonge encore notre baiser, elle m'a affreusement manqué, et j'ai imaginé les pires choses... j'aurais détesté devoir l'enterrer, mais je ne sais pas si la voir se faire sauter, m'a rassuré non plus. Dans quel merdier s'est elle mise encore. Après un traumatisme comme le MS, il peut se passer un temps incalculable de trauma lié.

Elle me perd un instant, lorsque son buste se colle au mien, elle est si légère, si agile et gracieuse. Si envoûtante, elle l'a toujours été. Je coupe notre baiser, hors d'haleine et pose mon front contre le sien, j'ai besoin de respirer, et il est hors de question qu'il se passe quoique ce soit dans cet hôtel de passe miteux.

- Je t'emmène... ailleurs... maintenant... Soufflais-je doucement, tout en marchant, la portant toujours. Il faut qu'on parle, qu'on se retrouve, et je veux pas sentir l'odeur de l'autre connard.

On est rapidement dans le couloir, et j'attends sa réponse... Elle accepte, et je la laisse reprendre pied, dans tous les sens du terme. Je pose un billet sur le comptoir en bas.

- Pour la porte. Dis-je et le mec ne comprend pas vraiment.

Dans la rue, je me dirige vers une moto, et lui tend mon casque. C'est dingue, on traverse la ville, plongée dans la nuit et elle est avec moi... sentir ses bras autour de moi, c'est le plus beau cadeau après tout ça. J'ai loué un loft, mieux qu'un hôtel, je me voyais mal l'emmener encore dans un hôtel, alors une maison, c'est mieux. Je me gare en bas, et lui prend la main, pour monter les deux étages, une fois entrés, je la laisse s'acclimater, et pose mon flingue sur le meuble de l'entrée. Ici, on est en sécurité...

Le monde ne peut plus l'atteindre, elle en est souvent hors de portée, prompt à faire face au danger, mais lorsqu'il la soulève ainsi, la sensation qui s'empare d'elle est d'un réconfort incomparable. Il serait cependant vulgaire de la résumé à cette simple émotion. Max en étouffe presque alors que son souffle se suspend à leurs lèvres scellées. Ca n'a rien de comparable avec ce corps qu'elle louait quelques minutes auparavant, ça, elle ne pourrait l'offrir à personne d'autre que lui, même si elle le voulait. Elle referme les yeux, reprend sa respiration alors que leurs front se collent. Elle reste contre lui. Elle entend bien ce qu'il dit, tarde à donner son avis. Elle pense à son père, à la cuite qu'il prendra si elle ne vient pas l'arrêter. Elle garde les paupières closes, juste pour cette nuit, elle peut bien le laisser se débrouiller, il l'a bien fait ces années où elle était enfermée. Elle finit par hocher la tête, reposer pied à terre et le suivre. Elle sourit dans le couloir, observant sa silhouette. Elle a encore du mal à croire qu'il soit vraiment là et surtout pour elle.

Elle s'arrête face à la moto, les yeux brillant de la découvrir. Elle a toujours aimé la vitesse. Ce genre de machine la ramène à son adolescence et les virées. Elle avait presque oubliée. Au fur et à mesure des mois, elle retrouve des souvenirs qui s'étaient étouffés entre les murs de l'hôtel. Dans un soucis de se préserver, elle ne pouvait penser quotidiennement à ce qu'elle avait perdue. Elle se raccroche à lui alors qu'il démarre, laissant l'obscurité opaque que laisse toujours ses pensées liée à l'établissement, sur le trottoir et profite simplement de la présence de l'avocat, sans plus s'en appesantir. Le voyage est bref, mais les éloignes des quartiers qu'elle a l'habitude de fréquenter. Elle retire le casque, observe la rue calme et propre, déserte à cette heure. Elle serre ensuite sa main pour ne la relacher qu'une fois dans le loft. Elle tourne sur elle même pour le contempler. Des comme ça, elle n'en avait vu que dans les magazines.

Ses yeux se portent rapidement sur la baie vitrée. Elle traverse le salon, attirée bien plus par la vue que le confort du luxe discret. Sa main se pose sur la vitre, son regard sur la ville. Elle est admirative de ses centaines de lueurs vacillante, de la beauté de cette nuit. Elle sourit. - Tu ne m'as jamais dit ton prénom. Et tu connais le mien maintenant. Pour cette distance qu'il mettait aussi, elle n'a pas cherché à le retrouver. Il pouvait avoir une famille, des enfants, un passé ou un avenir. Elle n'allait pas tout détruire.

Je retire ma veste aussi, que je pends à la porte d'entrée et je reste à distance pour l'instant. J'ai des choses à lui dire, que je me vois assez mal, lui dire après avoir couché avec elle, elle pourrait très mal réagir, et je ne suis pas ce gros porc là. Je me frotte les mains, en avançant un peu dans la pièce, lorsqu’elle me demande mon nom.

- Ah oui... c'est vrai... Je m'appelle Antonio Costa... je suis d'origine italienne, bien que je n'y ai jamais mit les pieds. Ce sont des racines qui n'ont pas ma préférences, elles viennent de mon... père.

Je m'approche d'elle, je regarde dehors et comprends aisément son besoin d'observation.

- C'est une belle ville, je ne connaissais pas... Pourquoi ici ? Lui demandais-je, en fourrant mes mains dans les poches, pour éviter d'être tenté, une nouvelle fois de la toucher.

Ce baiser est encore sur ma bouche, mordant et sublime, et si je m'écoutais, je n'irais pas lui avouer de suite, le pot aux roses, je me noierais dans sa chevelure, j'humerais sa peau de long en large, et j'irais retrouver le goût salin entre ses jambes.

D'un fantasme prit dans l'étoile de mon cerveau, en est né, l'envie dévorante, la passion et l'amour plus fort. Elle a un pouvoir sur moi, qu'elle ne comprend peut être pas, et il s'est révélé plus puissant encore, avec sa nouvelle liberté. Je ne me suis jamais battue pour une femme, je n'ai jamais acheté une arme non plus, et je n'ai certainement jamais parcouru le monde, à sa recherche. Peut être ai-je dépassé les limites du concevable, je veux lui montrer que je tiens à elle, qu'elle a pourtant l'espace... mais je refuse qu'elle reste avec ce fils de pute, qu'elle appelle père... mais entre ce que je veux, et ce qu'elle fera, il y a tout un monde.

Une main passe dans ses cheveux, je ne me souviens pas d'être allé vers elle, je me souviens de mes principes illusoires par contre. La voir ici, entre d'autres murs, la toucher, c'est surréaliste. Je ne dis rien, je parlerais plus tard, je veux aimer, je veux l'aimer.

Elle tourne son regard vers lui pour quelques secondes, alors qu'il lui donne son nom. - Antonio Costa. Son accent s'adapte bien à cette sonorité latine. Elle n'a jamais été en Italie non plus, mais elle a eut l'occasion de croiser une ou deux Italienne à l'hôtel. Elles parlaient de leurs pays avec fierté et admiration, lui ne partage visiblement pas cette passion et elle peut comprendre pourquoi. Elle sourit, heureuse de connaitre enfin son identité. Il n'est plus un pseudo ou un client de sa prison. Elle reporte son attention sur le paysage nocturne alors qu'il s'avance vers elle, se plaçant à ses côtés pour à son tour poser une question. Rien que cette proximité suffit à de nouveau emballer son cœur. - Je la découvre aussi. Elle avait découvert beaucoup d'autres villes aussi, saisissant l'occasion de leur fuite pour voir ce qu'elle n'avait fait alors qu'imaginer. Elle devient boulimique de ces voyages, curieuse et avide de parcourir le pays et le continent, redoutant, quelques part dans un coin de son esprit, qu'on lui retire bien vite ce privilège.

- Mais ce n'est pas notre destination. C'est qu'une étape. Elle lui explique sans peine, alors qu'elle est seule à savoir les projets de son père, Ses rêves de grandeur. - On va au Canada, à Toronto ! Elle est impatiente d'y aller, elle a beaucoup entendu sur le pays, notamment de cette neige qui peut recouvrir les routes et les allées. - Mon père y a des amis là bas. Le plan est contrarié des papiers qu'elle n'aura pas. Heureusement qu'elle a déjà réfléchit à une solution de secours. Ils perdront quelques jours sur le timing imposé.

Elle n'y pense pas, s'en inquiètera plus tard. Sur l'instant, ça n'a pas d'importance. A cette main qu'il pose dans ses cheveux, elle vient se serrer contre lui. Dos contre son torse, elle prend même ses poignets entre ses mains pour qu'il vienne l'entourer de ses bras. Elle s'y cale et soupire d'aise, les yeux sur la ville et sa chaleur pour la réchauffer, elle se sent bien. Et il y a longtemps qu'elle ne l'avait pas été autant. Elle peut sourire, elle peut rire et continuer de s'émerveiller. Si l'hôtel ne l'aura pas briser, il l'aura marqué. Balafré son esprit, d'un avant et d'un après.

Je l'enveloppe de mes bras et je l'écoute, putain elle y croit à son rêve de famille, et je vais tout péter dans quelques heures. Il faut, pas seulement pour moi, il le faut aussi pour elle. J'embrasse le haut de sa tête.

- Tu vois boire quelque chose? Je te fais couler un bain...

Je me sépare d'elle à regret, passe une main derrière ma tête pour la gratter, et regarde un peu partout, avant d'enclencher la seconde. D'abord, le bain, que je vais faire couler avec de la mousse et tout, je lui montre où se trouvent les serviettes, et je la laisse là. Je file sans demander mon reste, pour aller ouvrir une bouteille de vin, et je sers deux verres. J'avoue que le mien, je le siffle discrètement d'une traite... je pose les mains sur le plan de travail, et je sais qu'il faut que j'appelle Cranston... l'agent d'interpole qui était à la recherche de Max... pas pour la condamner, mais pour la rendre à sa famille. Je prends mon portable et tape un texto, pour l'informer que je l'ai récupérer, qu'elle est actuellement avec moi. Je repose le portable sur le comptoir et me dirige vers la salle de bain, pour lui apporter un verre de vin.

Elle est magnifique, je manque de faire tomber le verre, mais je gère. Du moins je donne le change.

- Il y a des choses qu'il faut que je te dise Max... Avant que... avant tout. Commençais-je. Allant m'asseoir sur un petit tabouret, non loin de la baignoire.

Il ne faut pas que je me laisse déconcentrer, par elle tout court. Je me racle la gorge et arrête de fantasmer sur la naissance de sa poitrine, sous un amas de mousse. Focus Antonio, Focus.

- J'ai du faire appel à tout mon réseau pour te retrouver, sache que le guardian qui t'avait amené au MS a eu deux doigts cassés dans la mêlée, et a probablement dû ronger ses liens pour éviter la prison à vie, en oubliant de se présenter devant le juge.

Elle a acceptée le vin et le bain,attendant le premier en profitant du second. L'eau chaude apaise ses muscles endoloris, souvent tendu de la pression constante. Animal en fuite, sur le qui vie. Il n'y a qu'avec Antonio qu'elle peut relâcher cette vigilance. Elle est en sécurité avec lui, il ne laisserai rien lui arriver, personne la toucher. Elle glisse la tête sous la surface, ouvrant les yeux pour observer la mousse qui s'y forme. Ça pique un peu, mais c'est beau. Elle remonte pour reprendre son souffle, ramène ses cheveux en arrière. Sourire aux lèvres, elle finit par se caler dans la baignoire, refermant quelques secondes les yeux. Elle pourrait s'endormir. Elle se sent parfois si fatiguée, se répugne au sommeil de ces cauchemars qui s'y terrent. Tapis dans les ombres de son esprit, ils n'attendent que l'heure de venir la hanter.

C’est l'arrivée de l'avocat qui la sort de ses rêveries, elle se redresse un peu, ramène ses jambes contre elle et le remercie pour ce verre qui lui tend. Il a l'air si grave. Si solennel. Elle l'écoute, sans compassion pour le Guardian qui l'a gagné aux cartes, sans non plus se complaire du châtiment reçue. Elle pose ses yeux sur lui et le verre sur le rebord. - Je suis désolée... Tu n'aurais jamais du avoir à faire toutes ces choses pour me retrouver. Elle mordille sa lèvre, secouant doucement la tête. - Je... J'aurai fais les choses autrement si j'avais su. Elle est têtue, mais pas totalement butée non plus. Elle prend une gorgée de vin, pensive. Ses yeux reviennent rapidement vers lui.

- Tu as changés... Pour ça aussi, je suis désolée. C'monde qui est l'mien... Elle soupire. - Ce n'est pas l'tien. Elle, elle y est née. Elle le sait cruelle, sans pitié ou scrupule, mais elle n'oublie pas qu'il a aussi ses codes, son honneur et sa Morale. Elle a connu des chefs de gangs bien plus respectables que les clients de l'hôtel. Elle s'avance vers le bord de la baignoire, elle y pose son bras pour y appuyer son menton, prenant le temps de bien le détailler. Elle le trouve toujours aussi beau. - Qu'as tu à me dire qui te pèse autant ? Elle a apprit à le connaître, ses maladresses comme ce qu'il tait, l'émotion dans ses yeux comme les intentions dans les gestes.

Je me frotte la tête, elle s'excuse, elle est touchante et je l'écoute... je dois faire ça, vu que dans quelques minutes, je vais dynamiter sa réalité. Putain que j'aime pas ça. Elle le sait déjà, elle s'y attend, elle comprend que quelque chose pèse sur mes épaules, alors je me lève, et je vais chercher une sacoche. Je retourne m'asseoir, à côté d'elle cette fois ci et je sors un dossier de là.

- Max... dans mes contacts, il y avait la Lieutenante Cranston... Emma de son prénom, qui a porté à ma connaissance un dossier. Non pas pour t'accabler, mais un dossier, qui m'a accablé moi...

Je poussais un soupir et me lançais pour de bon. Je lui montrais alors l'avis de recherche, avec une photo d'elle bébé, et une photo d'elle faite par ordinateur 20 ans plus tard. Concrètement, il faudrait être aveugle pour ne pas la reconnaître.

- Ceci est un avis de recherche, d'un kidnapping de bébé... qui a eut lieu il y a quelques 20 ans, à l'hopital central de Mexico.

Je lui laisse quelques secondes pour regarder l'avis de recherche et je lui montre alors, celui de l'homme qu'elle appelle 'papa'.

- Javier Moreno, de son pseudonyme le 'raptor'... est recherché dans le monde entier.. Son coeur de métier, ce n'était pas la drogue non, son coeur de métier, c'était le vol d'enfants avec demande de rançon. A son actif... on comptabilise plus de 10 enlèvements, et sur les 10, 4 enfants ont été rendu à leurs parents.

Je m'arrête, parce que je n'ai pas l'impression qu'elle réalise encore, le pot aux roses.

- Max tu as été enlevé, il y a près de 20 ans, alors que tes parents légitimes se trouvaient à Mexico... Ton ravisseur Javier, t'a gardé après qu'on lui ait versé la rançon... Et aujourd'hui, ton père légitime Taylor Blackwood, te recherche encore.

Elle fronce les sourcils dès lors qu'il évoque un lieutenant. Elle reprend sa place dans l'eau, ramène ses jambes contre elle et y croise ses bras. Qu'il est parlé d'elle avec un flic n'est pas pour lui plaire. Elle n'a pas envie de voir des gens compétents et apte à mettre son père entre les barreaux, mettre leur nez dans ses affaires. Il a eut tort de lui parler, elle en certaine. Un peu plus quand il feuillette le dossier. Il en sort une feuille qu'elle regarde à peine une seconde. Elle détourne les yeux, le menton posé sur ses genoux, fixant la porte de la salle de bain. Les mécanismes de défense s'enclenchent dès lors qu'elle comprend le sujet qu'il veut aborder. Max est curieuse et avide de vérité, mais celle ci, elle n'a jamais cherchée à la connaitre. Inconsciemment, elle en a même repoussée les indices et les signes, se refusant à les voir et encore moins à les interpréter. Pour justifier son enfance et son passée, ce qu'elle a subit et encaissé, elle a construit sa détermination sur une seule chose: Ce qu'elle endurait, c'était pour son père. Un mensonge qu'elle ne peut concevoir.

Il parle. Beaucoup. Trop. Il a des arguments, des ''preuves'' mais surtout des certitudes. Elle n'en partage aucune. Il a tort. C'est aussi simple que ça, il a tort. - Tu te trompes. Javier est mon père. Elle se redresse, aussi brusquement qu'elle parle, attrapant une serviette pour la passer autour de sa taille. Elle quitte la baignoire, s'essuie sommairement et se rhabille. Elle se plante ensuite face à lui, levant le doigt vers lui. - Je sais bien que tu l'aimes pas. Je sais qu'il est pas parfait et qu'il est loin d'être le père de l'année. Mais c'est l'mien ! Elle quitte la salle de bain, récupérant son sweat qu'elle avait laissée sur le rebord du canapé. Elle l'enfile, le zippe et met la capuche sur ses cheveux mouillés. Elle se ferme a ce qu'il a pu raconter. Ce ne sont que des coïncidences, voilà tout. Son père a peut être kidnappée des bébés, ce qu'elle n'ignorait pas, mais pas elle. Cette photo c'est même pas une vraie, c'est qu'un bidouillage informatique. En plus, elle ne peut pas être la seule dans le même à ressembler au portrait.

Elle a fait les cent pas dans le salon, sans s'en rendre compte. - Je dois rentrer. Ramènes moi, s'il te plait. Elle ne veut pas rester. Elle sait qu'il va essayer de la convaincre, que c'est elle qui a tort. Elle ne veut pas. Elle n'aura pas la force de rester butée longtemps. Les doutes se refoulent, mais pas éternellement.

Elle se braque et la furie sort. Je le savais, je l'attendais, je la laisse sortie de la baignoire, je m'attends à ce qu'elle me gifle, me hurle dessus même, et puis y'a le déni... c'est toujours lui qui vient en premier. Je la suis dans le salon, je la regarde faire les 100 pas, elle veut que je la ramène mais je refuse.

- Non... je ne te ramènerais pas chez un homme, qui a abusé de toi, qui t'a volé ta vie et ton enfance... ne compte pas sur moi, pour faire ça Max. Tu peux me hurler dessus, me détester, voir même me gifler si l'envie t'en prenais, mais concrètement, je ne te ramènerais pas à lui. Javier Moreno est le salopard qui t'a fait tout ça... Tu les as peut être oublié tes cicatrices... celles là même qui ont fleurit sur ton corps, tu veux sans doute te convaincre qu'un shitty dad c'est mieux que rien du tout... mais Moi je suis là... Pas parfait, mais je suis là, et je serais là encore pour longtemps, aussi longtemps que tu auras besoin de moi... Max...

Je m'approche un peu, je pose les documents sur une table non loin, et tente de venir vers elle.

- Elle veut t'expliquer tout, elle a encore plus de preuves que tout ça... les enregistrements de Javier qui parlait à tes parents, des vidéos de surveillance... Je peux l'appeler si tu veux...

Je suis pas certain de m'y prendre correctement, elle va tout péter sur son passage. C'est pas grave, je serais là. J'avance doucement, comme on le ferait avec un animal sauvage, j'essaie d'accrocher mon regard au sien, pour l'hypnotiser dans le genre.

- Max... au fond de toi, tu le sais, quelque chose clochait... Javier t'a vendu au MS pour payer ses dettes à Tsadquiel... il a toujours fait ça, se servir de toi, en attendant que tu reviennes pour réparer derrière lui... Il ne t'aime pas, ce n'est pas de l'amour ça Max... c'est de l'esclavagisme, de la torture mentale et physique... regarde moi Max... il ne t'a jamais aimé, il s'est servit de toi, tu as été son chien de garde... toute ta vie n'est qu'un mensonge.

Probablement, les paroles les plus violentes de cette discussion, mais il faut en passer par là.

Elle s'y attendait. Il persiste. En prime de refuser de la ramener, son père en prend pour son grade. Elle serre les poings se refusant à l'entendre. Il peut dire ce qu'il veut, elle n'écoutera rien. Elle ne croira rien. Elle peut accepter qu'il se trompe mais pas qu'il s'acharne. - Ne l'appelle pas. C'est cinglant. Elle ne l'a pourtant pas crié. C'est envers cette femme, ce lieutenant qui lui a fournit le dossier qu'est adressé le ton. Elle ne veut pas lui parler. Et si elle ne veut croire Antonio, ce n'est pas une inconnue en uniforme qui lui fera changer d'avis. Elle peut avoir les vidéos et les enregistrements qu'elle veut, Max s'en moque. Elle ramène ses bras contre son torse alors qu'il s'avance. Elle l'observe du coin de l'oeil mais c'est tout. Elle ne lui offre pas l'intégralité de son regard furibond. Elle ne va pas que ses yeux parviennent à faire sens, là où les mots échauffent et grattent des nerfs à vifs. Le sujet a toujours été sensible. Là, elle est carrément sur le fil.

Les dernières paroles la font reculer de quelques pas. Il ne lui aurait pas fait plus mal en la frappant et sans doute l'aurait elle mieux supportée. Elle butte à la porte d'entrée à force de faire marche arrière, contre le blouson qui y pend. - Tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Elle pose une main sur sa poitrine pour essayer de calmer les battements de son coeur affolé. Pour les pensées, elle ne peut hélas rien faire. Ne lui reste qu'à se retrancher. - Il m'a perdu aux cartes. C'est tout. Pour... Pour le reste... Il a fait comme il pouvait. Elle hausse les épaules; ravalant ses larmes qui lui viennent. Elle doit se ressaisir. Ça ne sert à rien de parler avec lui, il ne veut rien comprendre. Elle secoue la tête. - Ce n'est pas grave si tu veux pas me ramener. Je vais rentrer moi même auprès de mon père. Elle insiste bien sur le mot, souligné par l'accent qui pointe en même temps que sa colère. Elle lui en veut de ne pas se taire.

Elle ouvre la porte. Elle n'écoutera pas son avis et elle la claque d'ailleurs sur celui qu'il pourrait formuler. Elle est rapide et vive, elle ne lui laisse guère le loisir de cogiter. Un départ à la Max. Pas son premier. Elle est érudite à ce genre d'entourloupe. Elle a comploté sa fuite dès la certitude qu'il se refuserait à la ramener. Elle descend les escalier. Le chemin est mémorisé, elle sait comment rentrée. Habitude qu'elle a prise pour être apte à revenir en toutes circonstances, même seule. Elle a aussi les clé de la moto d'Antonio, trouvées dans son blouson.. Elle n'est pas fière de le voler, mais dans son courroux, elle ne culpabilisera pas. Elle la lui rendra de toute façon. Si tôt qu'elle aura rejoint Javier, ils changeront d'hôtel; elle la laissera sur la parking de l'ancien. Elle y pense en quittant le bâtiment, à ça, plutôt qu'aux causes de son départ.

La claque mentale, elle se la prend de plein fouet, mais elle refuse, recule, et finalement s'en va. Je pose les mains sur la porte, je suis en colère, et je réalise alors quelque chose... le tour de passe passe de ma montre à 'hôtel... je fouille dans mon blouson et remarque que les clés ont disparu.

- Bordel de merde... lâchais-je alors.

J'attrapais mon portable en quatrième vitesse, et descendais les escaliers en courant, tout en appelant Cranston.

- Elle a pas apprécié l'histoire, elle est au volant d'une moto Davidson de 1970, elle va rejoindre Javier Moreno... il est probablement pas loin de l'hôtel... serrez le. Dis-je à Cranston.

Je raccrochais le téléphone, me jetant dans l'allée, pour la voir monter sur la moto et démarrer.

- Putain de merde... rapide en plus de ça.

Un mec va pour se garer non loin, et je le choppe par le col de sa chemise, pour le sortir de la voiture et prendre le volant, pour suivre Max.

- JE VOUS L EMPRUNTE. Je tiens à préciser en appuyant sur l'accélérateur.

Mais une Ford comparé à ma moto, c'est peine perdue, elle me perd rapidement dans la circulation. Lorsque j'arrive à l'hôtel, je réalise quelque chose... assis dans la voiture que j'ai "emprunté", elle ne me pardonnera pas tout ça... c'est peine perdue... et alors que la police stationnée devant le bar miteux, sort Javier Moreno avec des menottes dans le dos, je sais que je l'ai perdu. Moi je l'ai perdu, peut être qu'elle apprendra à vivre en liberté. Je ne descendrais pas, je ne ferais pas ça... Un coup de poing dans le volant et je fais demi tour. Elle sait où me trouver, et moi... j'apprendrais à ne pas la chercher.