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 [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian

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Juliet Carlson



Juliet Carlson


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I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


Mai 2012

   
Dans la petite boutique de madame Austen, nous attendions toutes un courant d’air qui n’arrivait pas. C’était une de ces journées chaudes de printemps, quand bien même les températures n’étaient pas maximales. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel et nous rêvions toutes de la même chose, dans cette boutique surchauffée : sortir et piquer une tête dans le lac. C’était d’autant plus difficile pour moi, qui avais été habituée à des étés passés dans l’eau, en France. Montréal avait réduit tous mes espoirs en poussière, mais Toronto pouvait encore me plaire et me les ramener. En attendant le week-end à venir, en espérant qu’il soit aussi beau et aussi chaud que ce début de semaine, j’étais coincée, comme mes collègues, et je devais travailler. Je ne me plaignais pas. Ce boulot allait payer toutes les factures, et j’allais pouvoir faire quelques achats et quelques sorties. Il m’était vital ce job, parce que désormais, j’étais seule au monde. Mais en attendant, je devais travailler et réussir ce dernier jour de formation. Si tout se passait bien, alors je continuerais dans le coin. Et vu qu’il n’y avait pas foule en ce début de semaine, j’étais pratiquement sûre que tout irait bien. J’avais tout réussi haut la main jusqu’à présent, que ce soit l’accueil, la caisse, la comptabilité ou bien la vente. Je n’avais jamais été toute seule, certes, mais je savais faire face aux problèmes. Je n’en étais pas à ma première expérience, et j’avais déjà été en charge d’une boutique, à Montréal, quand les patrons s’absentaient pour la journée. Ce n’était pas sorcier, et ce n’était pas parce que je changeais de ville que je ne pouvais pas réussir pareillement. J’avais l’intention de m’accrocher, de réussir, de ne plus bouger. J’avais la chance d’avoir trouvé un travail rapidement en arrivant ici, et je n’allais me foutre dans une situation périlleuse, bien au contraire.

Depuis que j’étais arrivée ici, j’avais l’impression d’enfin vivre. Toronto était peut-être le genre de ville que je détestais, parce que c’était trop grand et trop vivant… mais pour autant, je la préférais à Montréal, parce qu’au moins mon père n’y était pas. Il ne saurait jamais que j’étais venue vivre ici et c’était très bien comme ça. Je ne voulais plus me retrouver face à lui, plus jamais. Il m’avait fait subir des souffrances morales que je ne voulais plus ressentir. J’avais vécu dix ans avec lui, et seulement avec lui. Ca n’avait pas été drôle tous les jours, carrément pas même, mais au fond, je me demandais si ça aurait été mieux, si j’avais refusé de le suivre, si j’étais restée avec ma mère en France. Elle ne prenait même plus de nouvelles de moi, ça faisait des années que nous n’avions pas parlé… Je n’étais pas sûre qu’elle se souvienne encore qu’elle avait une fille. Ca ne me rendait même plus triste, en réalité. J’avais passé le cap, j’avais compris depuis bien longtemps que mes parents m’avaient abandonnée et ça ne m’inquiétait pas. J’en étais consciente et si au départ, je trouvais ça humiliant et abominable… eh bien désormais, ça ne m’atteignait plus et je m’y étais habituée. Toronto était pour moi un nouveau départ, loin de mon père, loin de son autorité. J’étais libre. Libre comme l’air.

Je croyais étouffer pour de bon, en discutant un peu avec Madeline, une de mes collègues, quand enfin, la clochette à l’entrée de la boutique retentit. D’un seul mouvement, nous poussâmes toutes un soupir de soulagement alors qu’un tout petit d’air frais entrait dans la pièce. Chacune d’entre nous tourna la tête vers la nouvelle personne venue, et immédiatement, j’entendis ma patronne me dire discrètement que j’allais m’occuper de cette personne, et que les autres devaient me laisser faire. J’eus droit à quelques regards assassins et jaloux, parce que j’avais quelque chose à faire pour m’occuper à leur place. Ce n’était quand même pas de ma faute si on me demandait de travailler, si ?  
Au bout de quelques instants, je m’avançai vers l’homme qui venait d’entrer et l’observai quelques instants, histoire d’établir une sorte de profil, qui me dirait précisément quel genre d’achat il ferait. Il était grand, brun, et ses goûts vestimentaires étaient tellement banals que j’eus du mal à me dire ce qu’il allait bien pouvoir acheter, s’il n’avait pas déjà d’idée au préalable. Il n’avait pas intérêt à faire foirer mon dernier jour de formation, ce type, sinon on ne serait pas très copains lui et moi. En m’approchant de lui pour lui parler, je repris mes esprits et plaquai un sourire sur mes lèvres.

« Bonjour, est-ce que je peux vous aider ? »

Il se retourna vers moi en souriant poliment, et je m’attendais déjà à ce qu’il me dise qu’il n’avait pas besoin de moi, et qu’il allait simplement regarder. Ils faisaient tous ça maintenant, ils n’acceptaient plus les conseils des vendeuses. Nous ne servions plus à grand-chose ces derniers temps, et c’était triste. Non pas que nous soyons gages de bons goûts, parce que chacun pouvait aimer et porter ce qu’il voulait, mais l’on pouvait au moins conseiller certaines chaussures par rapport à d’autres, dans le cas présent. Cependant, alors que j’étais persuadée qu’il allait me remettre à ma place gentiment et faire ses achats seul, il resta silencieux en me regardant, et ne me répondit pas tout de suite. Je me sentais très gênée, parce que c’était bien la première fois qu’on ne me répondait pas, que ce soit positivement ou négativement. Je ne savais pas exactement quoi faire, alors je réitérai ma question :

« Monsieur ? Je peux vous conseiller ? »

Plongée dans son regard, j’eus bien du mal à me concentrer. Il était plutôt pas mal, en fait, et ça allait être un plaisir pour moi de l’aider, s’il daignait un jour me répondre, mais visiblement, il avait perdu sa langue. A moins qu’il ne soit étranger, et qu’il ne parle pas anglais, c’était possible. Peut-être que ça ferait professionnel si je lui posais la question en français…

« Vous avez besoin d’aide ? »

Le regard qu’il me lança par la suite me fit comprendre qu’il n’avait absolument pas pigé un traitre mot de ce que je venais de lui dire. Alors quoi, il parlait anglais, mais il ne pouvait pas me répondre ? C’était quoi son petit jeu ? Il voulait me faire passer pour une idiote devant mes collègues ? Bien sûr que non, il ne pouvait pas savoir que j’étais en formation ou quoi que ce soit, ça ne se voyait pas sur mon visage, d’ailleurs, j’étais plus vieille que deux de mes nouvelles collègues. Néanmoins, si je n’arrivais pas à faire cette vente, ce serait la honte et je pouvais perdre ma place. Alors il avait plutôt intérêt à me parler, et vite !

   
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyLun 26 Jan - 2:09


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

Dix jours. Cela faisait dix jours que j’avais débarqué à Toronto. Une ville dont je ne savais rien, dans un pays que je n’avais jamais visité et où je ne connaissais personne. Je n’avais pratiquement rien emporté avec moi, je n’avais pas vraiment eu le temps d’y penser. Tout avait été très vite, et c’était seulement une fois assis dans l’avion que j’avais commencé à réaliser ce que j’étais en train de faire. Les derniers événements qui s’étaient déroules avaient défilé dans ma tête, encore et encore, malmenant mon esprit. Quand étais sorti de l’aéroport, je n’avais aucune idée d’ou aller. J’avais erré pendant toute la nuit dans les rues, essayant de démêler le fouillis de mes pensées pour savoir ce que j’allais faire. Je m’étais couché sur un banc, tentant en vain de trouver le sommeil et finalement, j’en avais conclu que je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas continuer à ressasser tout ça, j’allais finir complètement fou. Alors je devais ne plus y penser. Je devais oublier. Et pour ça, je devais d’abord me débarrasser de tout ce qui pouvait me rappeler les trente années précédentes.

D’abord, j’avais cherché un appartement. J’en avais trouvé un facilement, suite aux annonces dans le journal. Un minuscule meublé disponible immédiatement. J’avais payé la caution avec une grosse partie de l’argent que j’avais emporté. La seconde chose que j’avais fait, c’était acheter quelques vêtements et me payer le coiffeur. Ça peut paraître insensé ou superficiel, de penser en premier à ses cheveux et ses fringues, mais je ne pouvais simplement plus supporter de me voir dans le miroir. J´avais besoin de changer, de tout changer. Je devais aussi absolument me trouver un job. Après ces dépenses, je n’avais presque plus d’économies. Je n’avais pas grand choix, alors j’étais descendu dans la rue et j’étais rentré dans tout les restos et bars que je trouvais pour me proposer comme serveur. J’avais fini par trouver un établissement ou ils recherchaient quelqu’un et j’avais été pris pour bosser dés le lendemain. Avec les quelques dollars qu’il me restait, j’avais acheté de quoi manger, et j’étais rentré dans mon nouvel appart pour m’effondrer sur le petit canapé.

Il me restait encore une chose à faire, avant de pouvoir dormir. Lentement, j’avais sorti mon portefeuille de la poche arrière de mon jeans. Avec tout autant de précaution, je l’avais ouvert et j’avais sorti les photos qui s’y trouvaient pour les passer en revue une dernière fois. Je m’attardai un peu plus sur l’une d’entre elle, prise à peine quelques mois plus tôt. Il s’agissait d’une photo de Mathilde, les enfants et moi. J’avais demandé à quelqu’un de nous prendre en photo, pour qu’on puisse en avoir une de nous quatre. Je l’avais faite développer en miniature pour pouvoir l’emporter avec moi. Mes doigts glissèrent sur le visage de mes enfants imprimé sur papier glacé. Leur sourire heureux me serra le coeur et je ne pu retenir quelques larmes qui roulèrent sur mes joues avant de s’écraser sur les photos. Je n’arrivai pas à croire que je ne les reverrai probablement jamais. Que je ne reverrai jamais Mathilde. Que ces dix années de ma vie avec eux venaient de partir en fumée, et avaient été balayés en à peine vingt-quatre heures.

Du revers de la main, je séchais les larmes qui coulaient encore avant de détacher mon regard des photos. Il fallait que je m’en débarrasse aussi. Je ne pouvais pas oublier et aller de l’avant si ces souvenirs sur papier subsistaient quelque part. Après avoir poussé un long soupir, je m’étais levé et j’avais attrapé la petite corbeille métallique pour les laisser tomber dedans. J’avais sorti de ma poche les allumettes que j’avais acheté plus tôt et d’une main tremblante, j’en avais frotté une sur la boîte pour l’allumer. Je l’avais tenue au dessus de la corbeille un moment, le bras tremblotant, sans pouvoir me résigner à la lâcher. C’est finalement quand j’avais senti la brûlure sur mes doigts que je l’avais laissée tomber, presque par accident. Rapidement, les photos avaient pris feu et j’avais regardé les visages de ma famille se tordre, se recroqueviller et se noircir avant de se transformer en cendres. J’étais reste plante là, à fixer le petit tas de poussière noire sans réussir à avoir des pensées cohérentes. Au bout de longues minutes, je m’étais levé pour aller me coucher d’un pas traînant, complètement vidé. Ma nuit avait été agitée de divers cauchemars, et je m’étais réveillé plusieurs fois en sueur, complètement paniqué. Ce n’était qu’en début de matinée que j’avais commencé à retrouver un sommeil plus réparateur.

Les jours suivants, j’avais suivis la même routine. J’allais bosser dés que je le pouvais, négligeant même mes jours de repos, pour me changer les idées et gagner de l’argent. Il fallait absolument que je puisse payer mon loyer à la fin du mois, et il ne me restait quasiment rien de ce que j’avais emporté. Au bout d’une semaine, je commençais à m’habituer à la ville et à mon nouveau travail. Je ne rêvais plus de ma famille ou de la police, je n’y pensais même plus. J’avais réussi à m’enfermer dans une routine abrutissante qui me permettait de m’évader de mon passé. Je ne m’amusais pas, je n’étais pas heureux, je n’avais pas de raison de me lever le matin, mais je le faisais. Parce que c’était ma nouvelle vie, parce que c’était devenu mes habitudes.

Cet après-midi là, j’avais été jusqu’au restaurant ou je travaillais pour voir s’ils n’avaient pas besoin d’une paire de bras de plus, malgré mon jour de repos, mais le patron m’avait dit qu’ils étaient au complet et qu’ils n’attendaient pas beaucoup de clients vu le temps radieux. Déçu mais résigné, j’étais parti les mains dans les poches, prenant une direction au hasard pour marcher un peu. Je ne voulais pas rentrer déjà chez moi, j’avais envie de prendre l’air et en même temps de visiter un peu un coin que je connaissais moins bien de la ville. Tout en avançant, je posais les yeux sur mes chaussures et mon sang ne fit qu’un tour quand je remarquait soudain qu’il s’agissait toujours des chaussures que Mathilde m’avait achetées. Je n’avais pas encore eu l’occasion de les changer, mais je n’y avait pas vraiment prêté attention jusque là. Seulement, maintenant que je les avais remarquée, je ne pensais plus qu’a ça. J’essayais de me changer les idées en détournant le regard, en observant les alentours, mais sans succès.

J’étais rentré dans le premier magasin de chaussures que j’avais croisé. À peine passé la porte, j’avais senti des regards se poser sur moi. Il n’y avait visiblement pas de clients, et les vendeuses s’étaient tournées en entendant le son de la clochette. Je n’y prêtais pas vraiment attention, parcourant du regard les différentes paires de chaussure posées un peu partout, essayant d’imaginer ce que je pouvais acheter.

« Bonjour, fis soudain une voix derrière moi.  Est-ce que je peux vous aider ? »

Lentement, je me retournai vers la vendeuse qui venait de s’adresser à moi et je lui fit un léger sourire courtois. Je n’avais pas vraiment besoin d’aide, et c’est ce que j’allais lui dire quand je plongeai mon regard dans le sien. Sans trop savoir pourquoi, je me retrouvai aspiré par celui-ci et je restais silencieux, comme si j’avais oublié qu’elle m’avait posé une question.

«  Monsieur ? Je peux vous conseiller ? »

Elle avait repris d’un ton patient, qui trahissais néanmoins une légère anxiété. Encore une fois , je restais silencieux alors que je savais très bien de que je voulais lui répondre. Elle semblait s’impatienter légèrement et au bout d’un instant, elle remis une dernière fois la parole sans que je puisse comprendre un seul mot. Cela eu le don de me faire sortir de ma transe et de me ramener sur terre. Je ne savais pas en qu'elle langue elle avait parlé, encore moins ce qu’elle avait dit, mais ça avait réussi à me faire réagir.

« Oui... Je suis venu pour acheter... Des chaussures. »

J’entendis ma réponse avec une légère surprise. Généralement je préférais me débrouiller tout seul et choisir moi-même tout ce que je voulais porter sans qu’une vendeuse vienne s’en mêler. Mais cette fois, j’avais accepté son aide sans même réellement m’en rendre compte.


Emi Burton


Dernière édition par Adrian Alpert le Mar 27 Jan - 11:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyLun 26 Jan - 23:49


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


 
Toujours attentive au moindre mouvement de l’homme en face de moi, je n’eus d’autre choix que d’attendre qu’il retrouve comment parler. Je ne savais pas ce qu’il lui prenait, mais c’était légèrement agaçant quand même. Je n’étais pas tombée sur un débile pour mon dernier jour de formation quand même, si ? Il avait l’air normal quand il était entré, et encore maintenant, il n’avait pas l’air plus idiot qu’un autre, bien au contraire. Il y avait quelque chose dans ses yeux qui m’inquiétait, m’angoissait même, mais je mis tout cela sur le compte du stress. Je ne connaissais pas cet homme, je ne l’avais même jamais vu de ma vie, et il avait probablement une vie rangée, comme celles de tous les habitants de Toronto, plus ou moins. Néanmoins, je ne pus m’empêcher de continuer de le détailler. J’essayai mentalement de trouver son âge, sa profession, son statut social, d’où il venait, où il allait, ce qu’il aimait dans la vie, et ce qu’il attendait de moi. Rien peut-être, d’ailleurs, mais comme il ne me répondait pas, je n’en étais pas sûre et certaine pour l’instant.
Pour l’âge, je le voyais bien sûr plus vieux que moi. Il n’avait pas de cheveux blancs, ni de rides, mais il avait cet air confiant des hommes qui ont vécu des choses. Je ne savais pas donner un âge exact, mais il était clairement plus vieux que moi. Il n’y avait pas grand-mal, d’ailleurs. Sa profession, je n’arrivais pas à la déterminer, encore une fois parce que son style vestimentaire était complètement normal, sans rien de particulier. Il se fondait parfaitement dans la masse, il ne portait pas de costume cravate, mais ça ne voulait pas pour autant dire qu’il n’était pas riche ou important. Il était peut-être en repos, sinon pourquoi viendrait-il acheter des chaussures ? Il ne laissait rien transparaitre, et mon analyse sociale eut tôt fait de tomber à l’eau. S’il ne me répondait pas dans la minute, nous allions finir par nous faire mettre tous les deux dehors. Mais je n’allais pas insister plus non plus, je lui avais demandé trois fois, c’était bien suffisant, parce qu’après, ça tournait au harcèlement. Je n’osais pas regarder mes collègues, ni ma patronne, pour bien montrer que je gardais la situation en main. Je ne voulais pas non plus montrer à mon client que je n’étais pas sûre de moi. Peut-être qu’il l’avait déjà senti, d’ailleurs.

« Oui... Je suis venu pour acheter... Des chaussures. »

J’ouvris la bouche, pratiquement stupéfaite. Il parlait ! Enfin !! Une fois cette première surprise passée, alors que je n’attendais carrément plus rien de lui, je refermai la bouche en prenant un air blasé en comprenant ce qu’il venait de me dire. Je me retins de rire, surtout, parce que ce n’était pas poli, que ce n’était pas très vendeur, et que j’allais me faire engueuler si jamais je faisais ça. Mais sérieusement, il venait juste de me dire qu’il voulait acheter des chaussures ? C’était sûr qu’il n’allait pas acheter des cornichons dans cette boutique, ouais ! Ce sur quoi je préférais me concentrer, c’était ma vente, et le fait qu’il venait juste de me demander conseil, si je lisais bien entre les lignes. Je lui fis donc un grand sourire, contente qu’il ne me repousse pas et je le regardai de bas en haut, en m’attardant sur les chaussures qu’il possédait déjà, pour trouver ses goûts. Elles avaient l’air neuves, alors peut-être qu’il souhaitait quelque chose de particulier, peut-être pour une paire spéciale pour travailler, ou bien quelque chose de plus détendu, ou pour du sport... C’était à lui de me le dire, mais parti comme c’était, je sentais que ça allait prendre du temps tout cela.

« Vous avez besoin de quelque chose de particulier ? »

Je me sentais presque idiote à lui poser cette question, sans vraiment savoir pourquoi. Ce que je savais, c’était que son regard me sondait, me faisait flancher et qu’il était trop sombre pour que je ne me perde pas dedans. Il fallait que je me ressaisisse, parce qu’il était hors de question que je laisse passer cette affaire. Je continuai de sourire, avant de détourner mon regard, en attendant qu’il me raconte tout, qu’il me dise ce qu’il voulait, ce qui lui plaisait et combien il pourrait mettre dans une paire aussi. Tout ce que je voulais et que j’attendais de lui, c’était qu’il me parle, parce que je n’allais pas réussir à faire tout le travail toute seule s’il ne me racontait rien. Et pourtant, il semblait de nouveau perdu dans ses pensées, un léger sourire rêveur aux lèvres, alors que je désespérais encore une fois de recevoir une réponse… Si ça n’avait tenu qu’à moi, je l’aurais laissé en plan, ce type… malheureusement, je n’avais pas le choix, c’était Austen qui l’avait décidé, et si je ne faisais pas ce qu’elle disait, je prenais la porte, même si j’avais bien géré le reste de ma formation. En soupirant inaudiblement, je pris ensuite une bouffée d’air frais et reportai mon regard sur celui du brun, un sourire plaqué aux lèvres. Son regard me détaillait toujours et je dus hausser un sourcil en lui reposant la question d’une autre manière.

« C’est pour quel genre d’activité ? »

Sous-entendu : « réponds moi espèce de crétin, sinon je t’en colle une. » Si seulement c’était possible, bien sûr, je me ferais un malin plaisir à le remettre à sa place. Pourtant, je me demandais si je serais capable de faire une chose pareille. Sûrement pas, en fait. Mais peut-être qu’un coup à la tête lui rendrait les idées claires et le ferait parler. C’était une méthode barbare mais bon… Du moment que ça ne l’amochait pas, tout allait bien !

 
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyDim 8 Fév - 22:40


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

En entrant dans cette boutique, je n'avais pas vraiment d'idée précise sur ce avec quoi j'allais repartir. Je savais seulement que je ne voulais plus jamais voir la paire de chaussures que j'avais aux pieds. J'allais certainement prendre un truc assez différent. Mais je n'étais pas vraiment du genre à m'habiller de façon extravagante ou originale, ça resterait probablement quelque chose de classique et plutôt neutre. En face de moi, la vendeuse était en train de me jauger de haut en bas, essayant peut-être de deviner ce que je pourrais avoir envie d'acheter, alors que je la dévisageais toujours comme un idiot. L'espace d'un instant, je me demandais ce qu'une personne comme elle pouvait imaginer en me détaillant comme ça. Je devais sembler plus que banal. Du moins, je l'espérais un peu. J'avais toujours, inconsciemment ou non, cherché à me fondre dans la masse depuis que j'avais changé d'identité. Au tout début, c'était presque une obsession. J'étais tellement angoissé à l'idée de pouvoir être reconnu que je paniquais à chaque fois que quelqu'un me fixait un peu trop longuement. Heureusement, ça n'était jamais arrivé et au fur et à mesure que le temps passait, j'avais commencé à penser de moins en moins à la possibilité d'être arrêté. Pourtant, j'avais conservé cette tendance à vouloir passer inaperçu, et encore maintenant, alors que j'avais carrément changé de pays, j'étais quasiment certain que je continuerais dans cette voie.

Prenant soudain conscience de mon silence, je répondis enfin à la jeune femme qui attendait toujours un signe que je n'étais pas muet. Elle sembla presque étonnée que je puisse parler et ouvrit la bouche avant de la refermer rapidement pour afficher un air blasé et me fixer avec une expression un peu étrange, comme si je venais de lui dire un truc insensé. Évidemment, ma réponse n'était certainement pas très explicite, mais elle m'avait un peu pris au dépourvu, et puis c'était pas faux après tout. Finalement, un grand sourire professionnel éclaira à nouveau son visage et elle me regarda une nouvelle fois de haut en bas avant de reprendre sur le même ton courtois :

« Vous avez besoin de quelque chose de particulier ? »

Une fois encore, j'entendis à peine sa question, plongé dans mes pensées. Pour une raison que je n'arrivais pas vraiment à définir, je ne parvenais pas à détacher les yeux d'elle depuis que j'avais croisé son regard. Sans savoir pourquoi, je souriais légèrement, mais sincèrement, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis que j'avais quitté Denver. La vendeuse me fixa à nouveau quelques instants avant de détourner le regard alors que le mien restait toujours posé sur elle. Je ne pouvais pas m’empêcher de la détailler, et j'étais toujours en train de le faire quand son regard se posa à nouveau sur moi, une lueur d'impatience dans les yeux. Elle haussa les sourcils en voyant que je ne lui avait toujours pas fourni de réponse et repris une nouvelle fois :

« C’est pour quel genre d’activité ? »

Cette fois, je pouvais sentir un léger agacement dans le ton de sa voix, et je me décidais à sortir de mon mutisme. Si je continuais comme ça, elle allait finir par me mettre dehors... Je trouverais bien un autre magasin de chaussure quelque part, mais j'étais plutôt content d'avoir atterrit ici en réalité. Mon sourire s'élargit un peu et je lui lançais un regard amusé en répondant, du même ton que précédemment.

«  C'est pour marcher. »

Le sourire de la vendeuse s'effaça légèrement quand elle entendit ma réponse. Je pu voir dans son regard qu'elle était en train de perdre totalement patience et je ris légèrement en la voyant serrer un peu les dents.

«  C'était pour rire, expliquais-je en levant les mains devant moi en signe de redition. Désolé, c'était pas drôle. »

Je lui fis à nouveau un grand sourire, tout en espérant qu'elle ne le prenne pas mal, et détachais difficilement mon regard du sien pour parcourir vaguement la boutique du regard. Il y avait des chaussures de toute sorte, et de toutes les couleurs, posées dans tout les coins, mais je ne voyais rien qui me plaisait vraiment dans tout ça. Soit elles étaient trop originales, ou bien elles ressemblaient trop à celles que j'avais déjà aux pieds. En réalité, j'allais certainement repartir avec une paire de basket noires, ou quelque chose du genre. Mais je n'avais pas envie de lui dire ça tout de suite, parce que j'étais persuadé qu'elle allait directement trouver ce qu'il me fallait. Et je n'avais rien de mieux à faire que d'acheter des chaussures cet après midi.

«  C'est pour porter tout les jours... J'ai pas les moyens d'avoir plusieurs paires... Je suis serveur donc il faudrait quelque chose d'assez neutre..., expliquais je d'un ton vague. »

Tout en terminant ma phrase, je jetais un coup d’œil derrière son épaule, remarquant soudain que les autres vendeuses nous fixaient d'un air attentif. Elles avaient l'air d'observer la jeune blonde et du coup, me dévisageaient aussi légèrement. Je reportais ensuite mon attention sur la jeune femme et me penchais légèrement vers elle pour lui parler.

«  Elles vous regardent toujours comme ça quand vous vous occupez d'un client ? demandais-je d'une voix assez basse pour être sûr que seule la blonde devant moi allait m'entendre. Parce que je trouve ça un peu flippant, personnellement. »

Je me redressais en lui faisant un petit clin d’œil, amusé par le regard suspicieux que portaient les vendeuses restées en arrière sur nous, qui se demandaient sûrement ce que je venais de dire. Je n'étais pas certain que la petite blonde devant moi soit vraiment réceptive à mon humour, au vu du regard qu'elle me lançait, mais je ne me laissais pas démonter et continuais de lui sourire.

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyLun 9 Fév - 1:14


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C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


 
Quand je m’étais levée ce matin, j’avais cru que la journée allait être calme, que tout irait bien pour moi, que ce dernier jour de formation allait être vraiment tranquille et que tout se passerait bien. J’y croyais vraiment, plus dur que fer. En réalité, rien n’était moins sûr. Ce type, juste en face de moi, c’était un type bizarre. J’en avais pourtant vu des gens étranges, mais lui, il me regardait comme si j’étais une extraterrestre. Il restait dans son mutisme, et c’était vraiment lourd. Et effrayant. Derrière moi, j’entendais presque les commentaires de mes collègues, sauf que je n’étais pas assez proche pour les comprendre. Je savais que j’allais devoir subir leurs remarques, leurs réactions, répondre à leurs questions. Qu’est-ce que j’avais fait à cet homme pour qu’il me regarde ainsi ?

« C'est pour marcher. »

J’eus un moment de flottement en sortant de mes pensées et je ne compris pas tout de suite ce qu’il venait de me dire. Quand j’eus fait le rapprochement, je faillis le planter sur place. Si je n’avais pas été la simple vendeuse, et si on n’avait pas été dans la boutique où je travaillais, je l’aurais remis à sa place et je l’aurais fait partir. Malheureusement, c’était pas comme ça que ça se passait, et j’entendis les filles glousser doucement derrière moi, alors que je n’avais qu’une envie : m’enfuir. Je n’avais pas du tout envie de rire, à son inverse apparemment, et il ne semblait même pas remarquer mon malaise, ma gêne, et surtout le fait que je n’étais pas encore totalement embauchée ici. Et s’il faisait tout foirer ? Je ferais quoi moi ? J’avais besoin de cet argent ! Je voulus donc lui envoyer des signes, des regards… qu’il ne comprit sûrement pas.

« C'était pour rire. Désolé, c'était pas drôle. »

Je déglutis en respirant par le nez pour essayer de me calmer. S’il continuait ça, j’allais pleurer. A cet instant précis, je me demandais si ce n’était pas une technique de ma patronne pour voir si je craquerais ou non. Si c’était vraiment ça, elle n’allait pas gagner. J’étais plus forte que ça, j’étais plus forte qu’elle, et ce type n’allait pas m’intimider. Ni me faire rire. Ni me faire pleurer, en fait. Quand je vis son regard quitter enfin le mien pour parcourir toutes les paires de chaussures existantes dans la boutique, je poussai un mini soupir de soulagement, complètement dépassée par la situation. Il ne l’entendit pas, heureusement, et je pus me concentrer de plus belle, en essayant d’ignorer tout ce que cette situation impliquait.

« C'est pour porter tout les jours... J'ai pas les moyens d'avoir plusieurs paires... Je suis serveur donc il faudrait quelque chose d'assez neutre... »

Son regard s’était reposé dans le mien, mais je le sentis divaguer, ce qui ne me dérangeait pas plus que ça. J’étais mal à l’aise quand il me regardait. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait, et je ne voulais pas le savoir. Il fallait que je reste concentrée sur la vente et c’est pour cette raison que je trouvai la force de sourire de nouveau. C’était forcé, mais il ne pourrait pas le remarquer. Dans le même temps, j’essayais de trouver quelle paire de chaussures pourrait réellement lui convenir. Il avait l’air d’être carrément compliqué, d’avoir des goûts particulièrement banals et d’autant plus chiants et d’être du genre à dire non à tout et à toujours trouver des petits détails qui n’allaient pas. Je n’allais pas m’en sortir avec lui, vraiment pas. En attendant, j’essayais de l’imaginer dans une situation ridicule. A en juger de son teint hâlé et de son accent, il ne venait pas d’ici. Le Canada ne laissait personne réussir à bronzer. Il venait du Sud, des Etats-Unis, c’était sûr. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle il était ici, mais puisqu’il semblait vivre dans le coin et avoir un boulot stable… il n’était sûrement pas habitué au froid. La première image qui me vint en tête, ce fut lui en caleçon dans la neige… et je faillis éclater de rire, avant de me retenir à la dernière seconde. Je me sentis rougir quand il reposa ses yeux dans les miens et qu’il se rapprocha de moi… Je ne savais pas vraiment si c’était à cause de sa proximité ou bien à cause du fait que je l’imaginais en caleçon sans qu’il ne puisse s’en douter. Au moins… ça avait le mérite de me détendre un peu.

« Elles vous regardent toujours comme ça quand vous vous occupez d'un client ? Parce que je trouve ça un peu flippant, personnellement. »

Je faillis me retourner pour les regarder, mais je me doutais alors qu’elles sauraient que l’on parlait d’elles et je préférais ne pas leur donner plus de raisons de me détester. Je répondis donc à mon client sur le même ton, à voix basse.

« Elles me jugent parce que je suis encore en formation. D’ailleurs, si vous pouviez choisir une paire et payer, ça m’arrangerait. »

J’ouvris de grands yeux en remarquant ce que je venais de lui dire et me tendis comme un arc bandé. Je fermai les yeux en jurant silencieusement en français. C’était foutu, voilà, il allait me trouver carrément incompétente et il allait bien me le faire remarquer, assez fort pour que tout le monde l’entende… Lorsque je rouvris les yeux, je remarquai qu’il riait doucement et qu’il n’avait pas l’air de m’en vouloir. Alors, je souris à mon tour, comme une idiote de vendeuse que j’étais.

« Désolée, soufflai-je en baissant légèrement les yeux. Je suis pas sensée dire ça… »

Je me sentis rougir jusqu’à la racine des cheveux, et je fus bien contente d’être dos aux collègues, alors qu’en face de moi, le type semblait encore plus s’amuser. J’eus pratiquement envie de lui envoyer une autre pique, mais je me retins. Plus vite je finissais cette vente, mieux c’était. Aussi, je repris d’une voix plus forte, que je voulus également plus assurée :

« Quelle pointure ? Je pense que je peux vous trouver quelque chose, on a ce qu’il faut ici… »

Timidement, je répondis à son sourire, et je lui fis signe de me suivre vers un coin où les chaussures étaient plutôt neutres, et surtout plus confortables pour travailler. En tant que serveur, il marchait beaucoup, il piétinait même, et il avait besoin de quelque chose qui lui tiendrait bien le pied… A part des baskets, je ne voyais pas vraiment ce qui pourrait faire l’affaire autrement. Il faut que je lui en trouve des vraiment bien, celles qui seraient vraiment susceptibles de lui plaire… et vu sa réaction, je savais qu’il ferait tout pour que je réussisse ce dernier jour de formation !
Je sélectionnai en avance plusieurs paires en arrivant à destination et lui présentai en souriant, en attendant qu’il me dise ce qu’il en pensait. Nous étions à l’autre bout du magasin, et mes collègues ne pouvaient vraiment plus nous entendre. Ce n’était pas pour autant que je pris plus d’aises… bien au contraire. J’étais carrément paumée à cause de lui, mais je n’en perdais pas mon professionnalisme, et rapidement, je me concentrai pleinement sur mon boulot. Tout ce qu’il me fallait désormais, c’était sa participation active. Vraiment active !

 
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyMar 17 Mar - 23:50

I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

Depuis que la jeune femme s’était adressée à moi pour me proposer son aide, je n’avais pas cessé de sourire une seconde. Ça me faisait un peu bizarre. Ces derniers jours, j’avais dû m’efforcer de sourire aimablement aux clients du restaurant dans lequel je travaillais, même si je n’en avais absolument aucune envie. En tant que serveur, surtout fraichement embauché, je ne pouvais pas me permettre de faire la gueule au boulot, même si au fond j’estimais avoir toutes les raisons de le faire. Mais le sourire que j’offrais à la vendeuse était totalement différent de celui que je servais aux clients tous les jours. Il était spontané. Il était sincère. Je souriais non pas pour être poli, mais parce que j’en avais envie. Sans réellement savoir pourquoi. Sans raison, sans objectif précis. J’en avais juste envie. J’avais presque oublié le bien que ça pouvait faire de sourire de la sorte. Je ne savais pas vraiment ce qui me prenait, mais j’étais certain que la blonde face à moi n’était pas étrangère à ma soudaine bonne humeur. Son air légèrement à cran, un brin stressée, son regard un peu exaspéré et sa façon de rougir quand je m’étais penché vers elle… Tout dans son attitude me donnait envie de sourire. De raconter n’importe quoi, de dire des conneries et de faire des blagues nulles comme je venais juste de le faire. Pour une fois, je me fichais pas mal d’avoir l’air ridicule ou qu’elle me prenne pour un débile. Elle s’était légèrement figée quand je lui avais parlé de ses collègues en m’approchant et me fixa un court moment avant de répondre sur le même ton que moi.

« Elles me jugent parce que je suis encore en formation. D’ailleurs, si vous pouviez choisir une paire et payer, ça m’arrangerait. »

Un peu surpris par sa sincérité, je restais quelques secondes muet avant de me mettre à rire doucement en la voyant écarquiller les yeux et les fermer. Visiblement, elle n’avait pas vraiment l’intention d’être si directe, elle voulait simplement me vendre des chaussures pour pouvoir être engagée, puisqu’elle était encore en formation. Je comprenais mieux pourquoi elle avait l’air un peu stressée et savoir qu’elle était jugée par ses collègues me rassura légèrement… Si elle avait envie de finir sa vente rapidement, c’était pour obtenir ce boulot, pas seulement parce que j’étais un gros lourd depuis que j’avais mis un pied dans la boutique. Quand elle vit que je n’avais pas mal pris ce qu’elle venait de me dire, elle me fit un grand sourire, sans doute un peu soulagée que je ne sorte pas du magasin en l’insultant pour son manque de professionnalisme ou autre chose du genre. Elle s’excusa en baissant les yeux et rougit une nouvelle fois, de façon bien plus flagrante. Evidemment, c’eut le don de me faire sourire encore plus, amusé par son air gêné. Elle sembla essayer de se reprendre un peu et reprit d’une voix un peu plus assurée :

« Quelle pointure ? Je pense que je peux vous trouver quelque chose, on a ce qu’il faut ici…
- 42, répondis-je, toujours souriant. Je suis certain que vous allez y arriver. »
-
Elle répondit une nouvelle fois à mon sourire et me fit signe de la suivre alors qu’elle se dirigeait vers un coin de la boutique. Je ne fis même pas attention aux chaussures posées un peu partout, si concentré sur la blonde que j’en oubliais mon but premier. Quand nous arrivâmes à l’autre bout du magasin, elle se tourna vers moi en souriant, quelques paires dans les mains. Je plantai à nouveau mon regard dans le sien, me perdant dans ses yeux l’espace de quelques secondes, avant de finalement baisser les yeux sur les chaussures qu’elle me présentait. Je ne comptais pas l’empêcher de terminer sa formation, alors il fallait bien que je me reconcentre un peu… Je les détaillais quelques instants avant de lui désigner une paire.

« Celles-là sont trop habillées.. J’aimerai pouvoir les porter tous les jours et je me vois pas vraiment avec ça. Et celles-ci sont vernies, j’aime pas ça. Par contre je vais essayer les autres… »

Je relevais les yeux vers elle en souriant encore. Il restait deux paires parmi celles qu’elle m’avait présentées. Des chaussures plutôt banales, noires et passe partout. Elles n’avaient rien d’extraordinaire mais en même temps, ce n’était pas ce que je cherchais. Elle me tendit une des deux et je pris place sur un petit pouf posé pas loin pour retirer la paire que j’avais aux pieds. Quand je posais mes yeux sur celle-ci, mon sourire s’effaça légèrement alors que je ne pouvais m’empêcher de me souvenir d’où elles venaient et qui me les avait achetées. Mathilde adorait m’offrir des vêtements, d’ailleurs ces dix dernières années je n’en avais quasiment jamais acheté moi-même. Je soupirai imperceptiblement avant de me pencher pour défaire mes lacets et ôter mes chaussures pourtant encore quasiment neuves. L’espace d’un instant, je me demandais si la vendeuse n’allait pas trouver ça bizarre que je vienne acheter des chaussures alors que les miennes n’étaient pas usées et conviendraient parfaitement à mon boulot. Je lui avais dit que je n’avais pas les moyens d’en acheter plusieurs en plus… Je chassais rapidement ces réflexions inutiles de mon esprit en déposant ma chaussure et en attrapant l’autre pour l’essayer. Ce genre de pensées ne m’amènerait à rien de toute façon.

« Alors comme ça, vous êtes en formation ? dis-je en enfilant la chaussure. Ça fait combien de temps ? »

Tout en parlant, j’observais un peu la chaussure et grimaçais légèrement avant de la retirer, sans même essayer de marcher avec. Le modèle était vraiment trop ressemblant à celles que j’avais déjà, et c’était justement ce que je souhaitais éviter.

« J’aime pas celles-là, fis-je sans plus d’explications. Je vais essayer l’autre paire… »

A ces mots, je pris la seconde boîte qu’elle avait posée sur le côté et j’enfilai la nouvelle paire, avant de la regarder de la même façon. Trouvant que ça donnait mieux, je me relevais pour faire quelques pas avec histoire de tester. Je n’étais pas trop mal dedans, mais quelque chose me gênait quand même…

« La semelle est trop dure dans celles-ci, repris-je en me rasseyant pour l’ôter à nouveau. Vous auriez autre chose ? »

A ces mots, je lui tendis les deux boites avec un petit sourire. Je savais que j’étais pas vraiment facile pour le coup, mais comme je comptais les mettre tout le temps, il me fallait bien quelque chose de confortable…

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyJeu 19 Mar - 0:10


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C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


Honnêtement, je m’attendais presque à ce qu’il change d’avis en cours de route. Cet homme était de loin le client le plus inattendu que j’avais eu depuis que j’étais arrivée à Toronto et que j’avais commencé à travailler ici. Je sentais encore mes joues chauffer en repensant à ce que je lui avais dit, de but en blanc, et je me rendis compte que j’avais réellement eu de la chance qu’il ne me tape pas un scandale. Je n’aurais jamais fait une chose pareille avec quelqu’un d’autre, mais lui.. il me semblait différent. Déjà, il souriait tout le temps, comme un fou. C’était agréable de servir quelqu’un d’aimable, de poli et de joyeux, mais quand même, ça devenait légèrement flippant. Ensuite, il se comportait vraiment étrangement, et si j’avais eu confiance en moi, j’aurais carrément deviné qu’il voulait me draguer. Mais un mec comme lui, ça devait bien avoir quelqu’un dans sa vie. Il avait dit qu’il était serveur… il était habitué à sortir de belles paroles pour faire consommer alors. C’était uniquement pour ça qu’il était comme ça. Peut-être qu’il s’attendait à ce que je lui fasse un rabais si jamais je le trouvais charmant ? J’avais tort, ça ne pouvait clairement pas être ça, parce qu’il aurait fait la gueule en apprenant que j’étais uniquement en formation.
Pendant que nous marchions vers le fond de la boutique, il m’avait répondu qu’il chaussait du 42, et qu’il était sûr que j’allais réussir à lui trouver quelque chose. C’était bien aimable de sa part de m’encourager ainsi, mais il ne devait même pas se rendre compte que plus il me disait des choses comme celles-là, puis ça m’angoissait et me faisait paniquer. Une fois dans le fond de la boutique, je lui présentai donc quelques paires, qu’il observa rapidement après m’avoir adressé un nouveau sourire radieux, auquel je répondis poliment. Etait-ce possible qu’un homme sourit autant ? Ou avait-il un problème médical qui l’empêchait d’arrêter de sourire ? Est-ce qu’il finissait aux urgences s’il faisait la gueule ?

Alors qu’il m’expliquait quelles chaussures ne feraient d’office pas l’affaire, je ne pus m’empêcher de le détailler un peu plus encore, sans qu’il ne puisse s’en rendre compte et me faire rougir à nouveau. Je me fis une remarque des plus idiotes, en me disant qu’il était vraiment brun, et que c’était bien la première fois que je voyais quelqu’un avec des cheveux aussi noirs. Durant une seconde, j’eus une irrésistible envie de passer ma main dans ses cheveux, tirés en arrière au peigne, et je faillis le faire. J’avais la chance d’avoir un très grand self control, néanmoins, ce n’était pas l’envie qui me manquait. Et à part ça il était beau, quand même. Enfin, il avait quelque chose que les autres n’avaient pas, et j’en savais quelque chose, parce que je ne me retournais jamais sur le passage d’un homme. Je ne faisais jamais attention à des détails. Sauf cette fois.
Je revins sur Terre quand il releva les yeux vers moi. Je plongeai dans son regard brun, aussi perçant que mystérieux et je me sentis sourire sans vraiment m’en rendre compte. Sa joie de vie était communicative, et pourtant, elle sonnait tellement fausse… Cela, je le remarquai lorsque je le vis admirer ses chaussures actuelles. Neuves, ou presque, d’une collection qui ne datait pas de la décennie précédente, clairement pas usées et pouvant encore tenir quelques saisons. Il devait être persuadé que je ne le regardais pas, parce que son sourire s’effaça quelques secondes et je pus savoir alors qu’il ne mourrait pas, s’il s’arrêtait. J’eus un sourire amusé à sa place, et je me retins de faire des commentaires, très peu désireux de le monter contre moi. De fait, je le laissai enlever ses chaussures… ce qu’il ne fit vraisemblablement pas joyeusement.

« Alors comme ça, vous êtes en formation ? Ça fait combien de temps ? »

J’en avais presque oublié que l’on avait parlé de moi juste avant, avec tout ça. Il ne me regardait plus, concentré sur la paire de chaussures qu’il était en train d’enfiler, et je m’éclaircis la gorge au préalable avant de lui répondre.

« Ca fait environ trois semaines. C’est mon tout dernier jour et… je dois être parfaite. »

Je sous entendais par là que je voulais que lui aussi le soit, parfait. Qu’il ne fasse pas le con à me faire tourner en bourrique, pour finalement repartir. Un client qui n’achetait pas après être passé entre les mains d’une vendeuse, c’était plutôt mal vu par la patronne. Mais lui, c’était quand même un sacré numéro… Elle n’aurait qu’à se frotter à lui si elle le voulait. Et quelque chose me disait qu’il sourirait beaucoup moins s’il se retrouvait face à elle.
Pendant que je réfléchissais, il s’était occupé de vérifier les chaussures sous toutes les coutures et il ne prit pas spécialement le temps d’essayer les deux qu’il enlevait déjà la première.

« J’aime pas celles-là. Je vais essayer l’autre paire… »

En hochant la tête sans poser de questions, je lui montrai l’autre paire, dans sa boîte, que j’avais posé juste à côté de lui sur la petite banquette. Puis, je joignis mes mains devant moi en attendant son verdict, une fois de plus. Il enfila les deux, puis les fixa quelques instants, avant de se relever pour marcher avec, tandis que je le regardais faire en souriant légèrement, attendant avec impatience son ressenti.

« La semelle est trop dure dans celles-ci. Vous auriez autre chose ?
-Bien sûr… »

J’attendis qu’il enlève les chaussures et qu’il les replace dans la boîte pour récupérer les deux boîtes et les ranger au bon endroit sur l’étagère, sans perdre de temps. Je soupirai en me détournant de lui, comprenant que ça allait peut-être être plus compliqué que prévu pour cette fois, et je pris quelques secondes pour réfléchir à ce que j’allais pouvoir lui faire essayer. Il aurait fallu le même modèle que les dernières avec une semelle souple. Et évidemment, ce modèle n’existait pas du tout. S’il voulait une semelle souple, il n’aurait pas le même genre de chaussures que celles qu’il venait d’essayer, et ça allait sûrement lui poser problème, encore. Je reculai d’un pas pour faire face au rayon entier et me donner une vue d’ensemble du sujet, pour trouver une paire qui me semblerait adéquate. Ce qui me prit un bout de temps toutefois.
Je n’étais pas du genre à crier défaite – ni victoire d’ailleurs ! – trop vite, alors quand je trouvai une paire de chaussures qui pourrait convenir, j’eus un sursaut de joie et je m’emparai de la boîte dans la pointure qu’était la sienne avant de me tourner vers lui avec un grand sourire, laissant mes cheveux voler autour de mon visage tellement j'allais vite.

« Essayez celles-ci ! m’exclamai-je, presque folle de joie. Je suis sûre qu’elles vont vous plaire ! »

En soupirant de fierté cette fois, je le regardai s’emparer de la boîte et l’ouvrir comme un enfant ouvrirait un cadeau de Noël avant de le laisser un peu tranquille pour qu’il les essaye. Pendant ce temps, je rangeai un peu le bazar entre les différentes boîtes que j’avais rangées et dérangées pour trouver la perle rare, en attendant qu’il me dise si oui ou non, ces chaussures le satisfaisaient, et je continuai de parler, en lui expliquant mon choix :

« Elles ont une semelle souple, et elles ne ressemblent clairement pas à la paire dont vous voulez vous débarrasser, peu importe la raison. Ca devrait vous convenir ! »

J’attendis patiemment de voir le premier regard qu’il me lancerait en se redressant pour marcher avec. J’étais pressée de savoir ce qu’il en pensait, comme si tout ceci était un jeu et que j’en étais un peu la maîtresse. J’étais presque en train de prier pour que ça lui plaise et qu’il me dise qu’il les prenait. Et vu le regard auquel j’eus droit, je sus que c’était la bonne pioche et qu’elles feraient l’affaire. Mon sourire s’agrandit, presque automatiquement, alors que le sien reflétait le fond de sa pensée.

« Alors ? Verdict ? demandai-je en riant un peu, clairement fière de moi, et pratiquement sûre de la réponse. »

De l’autre côté de la boutique, je pouvais presque sentir les regards de mes collègues et de ma patronne, qui devaient se demander ce qui me prenait autant de temps. J’espérais qu’elles ne me fassent pas de remarques. En même temps, ce n’était pas comme s’il y avait foule et que l’on avait besoin de toutes les troupes disponibles sur plusieurs fronts. Et cet homme était réellement un cas clinique pour la boutique !

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyMar 24 Mar - 21:34

I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

La jeune femme m’avait regardé essayer les différentes chaussures sans rien dire, excepté pour répondre à ma question. Cela faisait donc trois semaines qu’elle travaillait là… Et elle continuerait probablement puisqu’il s’agissait de son dernier jour de formation. Je ne pus m’empêcher de sourire encore plus quand elle précisa qu’elle devait être parfaite. En gros je n’avais pas intérêt à lui faire rater sa vente. Je n’en avais pas l’intention, évidemment. Je comptais bien être le client qui lui permettrait de prouver à sa patronne qu’elle méritait sa place dans la boutique. Mais ce n’était pas pour autant que j’allais acheter des chaussures qui ne me convenaient pas, j’avais déjà tout juste de quoi payer mon loyer en fin de moi alors je devais faire attention à mes dépenses. Ces chaussures, j’allais probablement les porter toute la journée et ce pour un bon bout de temps, je préférais être sûr d’être bien dedans… Quand je lui demandais si elle avait autre chose, elle me répondit par l’affirmative et attendit que je lui rende les chaussures avant de se tourner vers l’étagère pour observer les autres modèles, non sans soupirer un peu au passage. Je la fixai un instant, alors qu’elle semblait en proie à une profonde réflexion pour me trouver les chaussures parfaites, avant de baisser les yeux vers la paire que j’avais enlevé un peu plus tôt. Mon sourire s’effaça une nouvelle fois alors que mon esprit se remplissait de souvenirs de Mathilde et des enfants. Ma capacité à faire une abstraction totale de mon passé pour me permettre de ne pas me torturer de pensées coupables était franchement impressionnante, mais elle avait ses limites. Ce n’était pas pour rien que j’avais brulé toutes mes photos en arrivant à Toronto. Que je m’étais débarrassé de la moindre chose qui pouvait me rappeler le moindre souvenir, que j’évitais tout endroit où j’étais susceptible de croiser des enfants. Malgré tout, cela ne faisait que dix jours que je les avais quittés. Que je les avais abandonnés . Dans quel état étaient-ils à présent ? Anthony et Lisa étaient peut-être persuadés que j’allais revenir ? Est-ce que la police avait parlé à Mathilde ? Qu’est-ce qu’ils avaient pu lui dire ? Qu’en pensait-elle ? Un énorme doute m’assaillit soudainement. Et si ce policier ne m’avait pas réellement reconnu ? Et si c’était moi, avec ma paranoïa légèrement maladive, qui m’était monté la tête tout seul ? Mathilde et les enfants me pensaient peut-être disparu. Ils pensaient peut-être qu’il m’était arrivé un truc. En secouant légèrement la tête de gauche à droite, je chassais toutes ces pensées noires de ma tête. Non, il n’y avait aucun doute, ce policier m’avait reconnu. J’avais pu le voir dans ses yeux, à sa manière de me parler et puis il m’avait posé ces questions étranges… J’en étais certain, il savait. Ca ne pouvait pas être autrement.

Soupirant à mon tour, je détachais finalement les yeux de ces maudites chaussures pour les relever vers la vendeuse qui semblait toujours préoccupée par l’idée de me trouver une paire pour pouvoir clore sa vente et se faire engager au plus vite. Je recommençai à sourire en voyant son air concentré et oubliai instantanément tout le reste, me contentant de l’observer sans vraiment réfléchir à quelque chose de précis. Soudainement, elle sursauta et plongea vers une des boites avant de se retourner rapidement vers moi, un énorme sourire aux lèvres. Elle me les tendit en m’assurant qu’elles allaient me plaire, une lueur de fierté dans les yeux et je m’emparai de la boîte en répondant à son sourire. Elle m’observa un instant l’ouvrir et découvrir les chaussures avant de se remettre en mouvement pour ramasser les autres boîtes qui trainaient encore et les ranger à leur place dans l’étagère.

« Elles ont une semelle souple, exliqua-t-elle. Et elles ne ressemblent clairement pas à la paire dont vous voulez vous débarrasser, peu importe la raison. Ça devrait vous convenir ! »

En les enfilant je pu remarquer qu’en effet, la semelle était bien plus confortable dans cette paire là. Et comme elle le disait, elles étaient assez différentes des autres… elle avait donc remarqué que je voulais un truc assez différent.  Je les observais un peu à mes pieds avant de relever les yeux vers elle en sentant son regard sur moi pour lui faire un grand sourire. Ces chaussures étaient exactement ce que je voulais et elle semblait l’avoir deviné dans mon regard puisque son sourire s’élargit davantage. Quand elle me demanda ce que j’en pensais d’un ton presque impatient, je la regardais encore un moment avant de me lever pour marcher avec les chaussures sans répondre. Je savais qu’elle attendait juste que je lui dise qu’elles me convenaient, ce que j’allais faire, mais en attendant je pouvais la faire mariner un peu. Je fis quelques pas et m’arrêtais devant le miroir pour regarder un moment.

« Vous me trouvez comment ? »

Je regardais encore un instant mon reflet, tournant légèrement pour pouvoir observer tous les angles avant de me tourner vers la vendeuse. Un grand sourire s’étira à nouveau sur mes lèvres alors que je m’approchais de nouveau d’elle en la regardant dans les yeux.

« Enfin, je parle des chaussures bien sûr, ajoutais-je avec un clin d’œil. Elles me vont bien ? »

J’eu un petit rire avant de la lâcher des yeux pour les baisser à nouveau vers mes futures nouvelles chaussures. Elles étaient plutôt banales, le genre de chaussures qui allaient à tout le monde en fait. Des chaussures noires, passe partout, qui existaient dans des milliers de modèles qui différaient parfois seulement d’une couture mais j’avais l’impression que celles que j’avais aux pieds en ce moment étaient la paire, parmi toutes ces chaussures différente, qui était parfaite pour moi. Toujours en souriant, je relevais une énième fois les yeux vers elle pour la regarder en attendant sa réponse.

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyMer 25 Mar - 19:14


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


Le silence qui suivit ma question m’embarrassa. Et si j’avais mal compris ses intentions ? Et si je n’avais pas du tout suivi toutes les indications qu’il m’avait donné et que je m’étais totalement trompée sur la paire de chaussures qu’il pourrait vouloir ? Avant qu’il ne les essaye, j’étais complètement sûre de moi, mais maintenant, j’avais quelques doutes. Après tout, il avait l’air d’être un type avec des goûts assez compliqués, ce que je comprenais forcément, parce qu’il avait besoin de chaussures tout à fait particulières, et qui pourraient tenir longtemps, bien sûr. Alors une erreur serait très vite arrivée, mais si cette paire ne faisait pas l’affaire, alors je n’avais rien d’autre à lui proposer, et le temps qu’il prit pour me répondre m’angoissa au possible. Etait-il en train de jouer avec mes nerfs, en train de jouer avec moi ? Je n’en savais rien, mais si c’était le cas, ce n’était pas malin du tout. Tandis que j’attendais impatiemment qu’il me réponde, ou qu’il ne sorte rien qu’une syllabe pour que je sois sûre qu’il ait encore une langue – son silence me faisait carrément penser à la façon avec laquelle il avait pris son temps pour me répondre, quand il était entré dans la boutique, un peu plus tôt ! – je me triturai les mains, en jouant avec la bague que je portais à la main droite, antique souvenir de ma mère, quand on se voyait encore.
Malgré le sourire auquel j’avais droit, je me disais qu’il était peut-être en train de se moquer de moi, et que j’allais devoir creuser encore. Après tout, ça ne voulait rien dire, un sourire, et peut-être qu’il essayait d’être poli, une fois encore. Mon angoisse s’accentua quand, toujours sans dire un mot, il se releva et marcha avec, histoire de les essayer vraiment et de vérifier qu’il était parfaitement à l’aise dedans. Il avança jusqu’au miroir et s’arrêta devant pour se regarder. Je le laissai faire, en le regardant avec curiosité, et en le détaillant un peu. Ce type était définitivement bizarre. Mais pas bizarre dans le sens complètement flippant. Il était étrange, parce qu’il me paraissait ailleurs. C’était comme si son corps était présent, mais que son esprit n’était clairement pas avec moi. C’était difficile à expliquer, et je le ressentais au fond de moi, comme si mes tripes me disaient que cet homme était quelqu’un de différent. Et de pas mal, aussi. En rougissant en me rendant compte que je le regardai peut-être un peu trop en détails, je ne pus m’empêcher, quand même, de me dire qu’il avait un petit charme avec ses cheveux très noirs, sa barbe toute aussi foncée et ses yeux plus clairs.

« Vous me trouvez comment ? »

Je faillis m’étouffer en sursautant et en rougissant derechef. Je n’étais pas sûre d’avoir bien entendu sa question, mais il me semblait qu’il venait de me demander comment je le trouvais non ? Il était fou… Complètement fou. Et j’allais le tuer, clairement, parce que j’aurais pu tomber sur un client beaucoup plus normal et beaucoup moins chiant pour finir ma formation. Au moins, je me disais que si je réussissais vraiment avec lui, je pourrais vendre n’importe quoi à n’importe qui. C’était le seul point positif de tout cela.
Quand le brun se tourna vers moi, je sus directement qu’il avait vu que je rougissais encore. J’avais vraiment le rougissement trop facile, et je détestais ça. Du plus lointain que je me souvienne, j’avais toujours eu tendance à rougir dès qu’on me parlait, et c’était plutôt handicapant. Je pensais en être débarrassée… mais finalement, ce n’était pas le cas !  Je le vis ensuite s’approcher de nouveau de moi et je voulus baisser les yeux vers mes pieds, complètement déboussolée et gênée, mais il reprit la parole avant que j’aie le temps de faire quoi que ce soit.

« Enfin, je parle des chaussures bien sûr. Elles me vont bien ?
-Oh … Oui ! Très bien, oui. »

J’avais bredouillé ces quelques mots, et je me sentais cruche. Vraiment cruche. Il dut le remarquer d’ailleurs, parce que je l’entendis rire alors que je détournai le regard vers les boîtes à chaussures les plus proches, complètement déstabilisée. J’étais sûre qu’il avait fait exprès. Cet enfoiré était en train de jouer avec moi, et je détestais ça. Il avait beau être finalement très gentil et mignon et tout ce qu’il voulait, je n’aimais pas que l’on se moque de moi.

« Bon… vous les prenez alors ? »

Je n’osais plus le regarder et la seule chose qui m’encombrait l’esprit, c’était de finir cette vente au plus vite pour être tranquille par la suite. Plus vite il serait parti, mieux ce serait. Aussi, je voulais qu’il se dépêche, qu’il me dise qu’il les prenait, en effet, qu’il les enlève et qu’il me laisse encaisser son argent pour enfin se barrer. Je l’aurais supplié pour ça, mais j’avais déjà assez honte comme ça.
Par bonheur, heureusement, il décida d’arrêter son petit jeu et d’enfin abdiquer. Je l’entendis me répondre par la positive et je soupirai une nouvelle fois intérieurement de soulagement. J’allais être débarrassée de ce client, c’était parfait. Tout s’était bien passé, et j’allais pouvoir rester ici. J’allais pouvoir garder mon appartement, et ma vie ici à Toronto, grâce à lui. J’aurais pu le prendre dans mes bras juste pour ça, mais j’allais rester un peu en retrait, histoire de ne pas le faire rester encore plus longtemps. Ca avait déjà été assez long comme ça. Dès qu’il fut prêt, je me dépêchai de l’emmener jusqu’à la caisse et, sans un mot de plus hormis les politesses habituelles, je m’empressai d’encaisser le billet qu’il me tendit et de lui rendre la monnaie, en évitant soigneusement son regard. Les rares fois où je relevais la tête vers lui, je voyais son grand sourire, toujours présent, et ça me faisait rougir encore. Je n’avais vraiment pas besoin de rougir devant mes collègues et devant ma patronne. Si c’était pour qu’elles me posent des questions ou qu’elles me demandent ce qu’il avait pu me raconter, ce n’était pas la peine. Vraiment pas. Juste avant qu’il ne quitte pour de bon la boutique, il me fit un dernier sourire, auquel je répondis poliment, et il me demanda mon prénom. Sentant mes joues se teindre une fois de plus de rouge en chauffant brutalement, je n’eus d’autre choix que de lui donner, d’une voix mal assurée. Il savait donc à présent que je m’appelais Juliet… et je ne voyais pas vraiment ce que ça pouvait lui faire, en réalité. A quoi ça lui servirait ? A rien. Mais peut-être qu’il me recommanderait à quelqu’un alors ? Si ça faisait venir des clients, c’était sûrement une bonne chose, ça voulait dire que je faisais bien mon travail… mais je doutais vraiment du fait que ce soit pour une recommandation qu’il m’ait demandé ça. Dès qu’il eut passé la porte, après un dernier clin d’œil, je sentis tous les regards se braquer sur moi. Et une pluie de questions s’abattit sur moi, comme je m’y attendais. Sur le coup, je détestais cet homme. C’était de sa faute si les filles me posaient tant de questions. Je n’étais même pas au bout de mes surprises, mais ça, je ne le comprendrais que le lendemain…

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyVen 15 Mai - 1:41

I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

En me tournant vers elle et en plongeant mes yeux dans les siens je pu voir à son regard perdu que ma question l’avait déstabilisée, ce qui était précisément l’effet recherché. Alors que j’avançais à nouveau vers elle, le sourire aux lèvres, je ne pus m’empêcher de remarquer la teinte rosée que ses joues avaient prises une nouvelle fois. Quand je repris la parole pour m’expliquer et que je parlais des chaussures, elle me bredouilla rapidement qu’elles m’allaient bien d’un ton si hésitant que je ne pus retenir un petit rire amusé. Visiblement je l’avais vraiment désarçonnée. Elle détourna rapidement le regard en baissant les yeux vers et me demanda si je prenais les chaussures. J’arrêtais immédiatement de rire en entendant le ton de sa voix qui me fit bien comprendre qu’elle n’aimait pas que je me moque d’elle. Je répondis donc par l’affirmative et me rassit pour ôter les chaussures et lui tendit avant de remettre les autres sans rien dire de plus. J’étais bien conscient d’avoir été lourd, bien trop lourd, avec elle, mais pour une raison que je n’identifiais pas vraiment, je ne le regrettais pas. Et puis j’allais les acheter, ces chaussures, et c’était ce qu’elle voulait.

Une fois mon ancienne paire à nouveau chaussée, je me relevais et suivi la vendeuse jusqu’à la caisse. Je sentais les regards de ses collègues et de sa patronne sur nous mais je ne la quittais pas des yeux, la fixant toujours en souriant alors qu’elle évitait soigneusement de me regarder. Elle se dépêcha d’encaisser mon billet, me rendit la monnaie et me tendit mon achat en relevant finalement les yeux. Une nouvelle fois, ses joues s’empourprèrent un peu quand elle croisa mon regard certainement un peu insistant et je lui fis un nouveau sourire auquel elle répondit poliment. J’allais tourner les talons et m’en aller mais presque malgré moi, je m’entendis lui demander son prénom. Elle me répondit d’une voix mal assurée, apparemment étonnée par ma question et je finis par me retourner et sortir de la boutique, presque à contrecœur.

Une fois dans la rue, je marchais jusqu’au banc le plus proche et m’y asseyais pour changer de chaussures sans cesser de penser à la jeune fille blonde qui me les avait vendues. J’avais une impression étrange avec elle… Je ne la trouvais pas seulement jolie. Il y avait plein de filles jolies. Mais je ne pouvais pas me la sortir de la tête. Juliet.. Son prénom se répétait encore et encore dans ma tête et je le murmurai même pour voir comment il sonnait dans ma bouche. J’aurai du lui demander son numéro. Elle ne me l’aurait probablement pas donné, mais j’aurai pu insister… C’était décidé, je retournerai voir si elle était encore là le lendemain. Et je lui demanderai. Jusqu’à ce qu’elle me le donne. Une fois mes chaussures changées, je me relevais pour jeter les autres dans la poubelle et baissais les yeux vers ma nouvelle paire en souriant avant de reprendre mon chemin. Celles-là, j’allais les garder longtemps.

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyVen 15 Mai - 3:14


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


La nuit avait été réellement courte. Je m’étais tournée et retournée pendant des heures dans mon lit, sans savoir comment m’endormir. Mon cerveau tournait à plein régime. Devant mes yeux défilaient les images de la journée que je venais de passer. Riche en émotions et haute en couleurs. En rentrant chez moi, après la journée de travail à la boutique, j’avais fondu en larmes. Sans raison. Je n’avais pas eu la pression, pas plus que d’habitude. Mais c’était à cause de cet homme. Ce type à qui j’avais vendu des chaussures pendant l’après-midi. Il m’avait complètement déboussolée, à me fixer, me regarder avec ce petit sourire débile, à me demander mon prénom. Il m’avait fait stresser, il m’avait fait rougir, il m’avait rendue dingue… et je n’avais jamais ressenti cela de toute ma vie. Je ne savais pas ce que c’était, je ne comprenais pas. J’étais juste timide, non ? C’était pour cette raison que j’avais autant rougi. Mais quand Madeline et les autres avaient commencé à me poser des questions, à me demander ce que je lui avais fait pour qu’il me drague comme ça, j’avais compris qu’il y avait autre chose que ma timidité en jeu. J’avais joué ma vexée face à leurs questions et je n’avais pas répondu. Je m’étais murée dans le silence jusqu’à ce que Madame Austen me dise de partir. C’était avec soulagement que j’avais accueilli l’heure de la débauche et j’étais rentrée directement chez moi, toujours en repensant à ce qu’il s’était passé. Et j’avais pleuré pendant une bonne demi-heure. Forcément, je mettais cette crise de larmes sur le coup du trop-plein d’émotions contraires. C’était la seule explication. Ce soir-là, j’avais pris une douche trop rapide, un dîner trop léger, et je m’étais emmitouflée dans ma couette en espérant trouver le sommeil. En vain. Et le lendemain matin arriva.
J’avais pris une bonne résolution, durant ces heures d’insomnie. Comme le disait le diction « Demain était un autre jour » et c’était exactement ce que j’allais me dire en arrivant à la boutique. Ce qu’il s’était passé la veille, c’était du passé. Ca n’arriverait plus. Plus jamais. Et en effet, la journée ne ressembla pas du tout à celle de la veille. La matinée fut très mouvementée, avec beaucoup de clients, tous très faciles à servir, par rapport à ce que j’avais eu la veille. Le temps passa rapidement, jusqu’à l’après-midi. J’étais en train de ranger des chaussures d’enfants par tailles quand la clochette tintinnabula pour annoncer l’entrée d’un client. Je ne pris pas la peine de me redresser, parce que j’étais occupée et que les autres filles n’avaient rien à faire. Elles pourraient bien s’en occuper à ma place.

« Oui bonjour je… Je voulais savoir si Juliet était là… ? »

Cette voix… Je la connaissais… Je la connaissais même un peu trop bien à mon goût. En étouffant un cri, je faillis faire tomber la pile de boîtes que j’étais en train de ranger. Flora, une de mes collègues, fit mine de rien. Et elle répondit à ma place à l’homme que j’avais servi la veille.

« C’est pour quoi ? Vous lui voulez quoi ? »

Son ton sec et presque furieux me fit froncer les sourcils. Elle n’avait pas besoin de lui parler comme ça. Peut-être qu’il était finalement mécontent de la vente et qu’il voulait voir avec moi pour changer de chaussures… Elle n’avait pas à le traiter comme ça… Et moi je n’avais pas à prendre la défense de ce type. Je rougis une fois de plus, accroupie derrière mes boîtes, dans une position digne des plus grands contorsionnistes.

« Je voulais discuter avec elle. Elle n’est pas là ? Je repasserai demain… Dites-lui bien, d’accord ? »

Mes joues chauffèrent encore plus fort. Discuter avec moi… ? Mais pour quoi faire ? Ce n’était pas pour parler de ses chaussures alors ? Complètement perdue, deux paires de baskets pour bébés dans les mains, je finis par m’asseoir à même le sol en réfléchissant et je n’entendis pas la clochette résonner de nouveau pour marquer la sortie de ce mystérieux inconnu. Il voulait me revoir ? C’était complètement fou. Je ne le connaissais même pas, je lui avais vendu des chaussures ! Ni plus ni moins…

« Bon Juliet, t’as entendu… Il faut qu’on te dise bien qu’il veut discuter avec toi ! ricana Flora, méchamment, avec jalousie même. T’as une touche ! »

Je ne pris pas la peine de répondre. A l’autre bout de la pièce, Madeline me regarda en haussant les épaules, et je compris par ce geste qu’elle n’était pas plus sûre d’elle que moi et qu’elle ne comprenait pas la situation. En soupirant, je continuai de ranger les boîtes. Mais comme la veille, mon cerveau ne me laissa pas de répit. Mon cerveau continuait de repasser le moment où il avait prononcé mon prénom. Avec son accent américain, j’en oubliais presque mes origines françaises et québécoises. Il aurait pu me faire devenir américaine, juste pour avoir ce prénom prononcé ainsi tout le temps…

Le jour suivant, je m’attendais à sa visite. Il avait dit qu’il repasserait le lendemain, et je m’étais préparée pour ça. Encore une fois, la nuit n’avait pas été très reposante et j’avais eu du mal à trouver les bras de Morphée pour m’y allonger un moment. Mais j’étais fin prête. Il allait juste me dire ce qu’il voulait, ce ne serait pas si compliqué que ça. Quand il poussa la porte de la boutique, j’étais droite comme un i, à la caisse. J’avais fait exprès de me mettre là, parce que c’était le poste le plus excentré de la boutique. Les autres ne pourraient pas nous entendre si elles étaient assez loin. J’avais demandé à Madeline de faire diversion quand il arriverait, et d’attirer surtout Flora à l’écart. Je ne voulais pas qu’elle entende. Elle avait une dent contre moi sur ce coup. Un problème d’égo, sûrement. Il vint immédiatement vers moi avec un grand sourire, auquel je répondis timidement et surtout professionnellement, avant de lui expliquer que mes collègues m’avaient mise au courant qu’il désirait me voir pour me parler. Mon ton était sans appel, il fallait que ça concerne le boulot. Mais à son regard amusé, je vis que ce n’était pas le cas. Et quand il me demanda mon numéro pour la première fois, je faillis m’étouffer. Je devins rouge, puis bleue à cause du manque d’oxygène, et quand je compris que je devais respirer pour survivre, j’étais à deux doigts de l’hypoxie. Quand je pus enfin réagir, je lui répondis non. Je ne pouvais pas lui donner mon numéro de téléphone, même si tous les atomes de mon corps me hurlaient de le faire. Mais je ne pouvais pas faire ça, c’était un client, j’étais vendeuse, c’était contre les règles, non ? « Quelles règles ? » répliqua une petite voix dans ma tête, et je la chassai en secouant la tête. Malgré mon refus, il ne changea pas d’avis, et il se mit à rire doucement, d’un rire vraiment amusé, d’un rire enfantin, et mon cœur se serra un peu. Sans rien dire, il quitta la boutique après avoir lancé un sourire à tomber. Je me sentis mal quelques instants, mes jambes flageolantes ne me portant plus du tout et je m’accrochai au comptoir pour ne pas tomber dans les pommes.

**
*


Une semaine après notre première rencontre, nous allions nous revoir une fois de plus. Je n’arrivais pas à croire que j’avais accepté ça. Adrian, parce que c’était son prénom, était revenu chaque jour, chaque soir, pour me demander inlassablement mon numéro. D’abord, j’avais été amusée, puis gênée. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas me harceler sur mon lieu de travail. C’était agréable de se dire que je lui avais tapé dans l’œil et tout ça, mais je ne pouvais pas le laisser faire ça. Ma patronne m’avait déjà fait la remarque le troisième jour et le jour suivant, quand elle l’avait vu revenir, elle m’avait dit de faire quelque chose. Comme je paniquais, parce que je ne savais pas quoi lui dire pour ne pas paraître trop méchante… je lui avais donné ce fichu numéro de téléphone.
A partir de là avait débuté une conversation entre nous. C’était vraiment étrange d’y repenser, de relire certains messages. A l’heure qu’il était, j’étais en train de me diriger vers le restaurant où il travaillait. Il était vingt-trois heures trente, et nous avions convenu de nous retrouver là-bas. Il partait à minuit, et nous irions nous promener un peu et discuter. Mon portable à la main, je faisais défiler le fil de notre conversation, un léger sourire aux lèvres, tandis que dans l’autre main, je tenais un sachet en papier kraft contenant une bouteille de vin bon marché. J’eus un sourire plus grand encore en y repensant, et en retrouvant les messages que l’on avait échangés là-dessus…

De Adrian, à 8:59pm :
Je pars du principe qu’en vin, moins c’est cher, meilleur c’est…

De moi, à 9:01pm :
Moi je me dis que plus tu bois de la merde, meilleure devient la merde. Parce que t’es de plus en plus bourré. Et ainsi de suite.

De Adrian, à 9:05 :
Ah oui cette façon de voir est pas mal non plus ;)

De moi, à 9:08 :
Il faudrait qu’on descendre une ou deux bouteilles un de ces quatre.

De Adrian, à 9:09 :
Quand tu veux… Sauf le lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche soir… je bosse. :(

Et c’était ainsi que l’on avait convenu que peu importait le jour, je n’aurais qu’à venir après son service. Certes, je travaillais le lendemain.. mais je n’en avais rien à faire. Au fur et à mesure de notre conversation, je le trouvais de plus en plus intéressant et je perdais toute crainte vis-à-vis de cette relation naissante. En même pas une semaine, nous avions parlé de tout et de n’importe quoi, nous nous étions envoyés des photos – d’ailleurs la sienne resterait pendant très longtemps l’une de mes préférées ! – et nous nous étions un peu racontés nos vies. Plus loin encore, je retrouvai carrément un moment assez gênant…

De Adrian, à 10:19pm :
Dommage que je suis interdit de visite dans ta boutique, ça me manque.

De moi, à 10:20pm :
Vraiment ? Pourquoi ça te manque ?

De Adrian, à 10:23pm :
J’aimais bien te voir tous les jours c’est tout… Et puis j’aime bien te voir vendre des chaussures !

De moi, à 10:25pm :
Pourtant c’est pas spécialement gratifiant. Et puis… Qu’est-ce qui te dit que tu n’en aurais pas marre de me voir tous les jours ?

De Adrian, à 10:26pm :
Je crois que je ne me lasserai jamais de te voir !

Dans la pénombre de la rue dans laquelle je marchais, je me sentis rougir une fois de plus. J’étais idiote de rougir pour ça, pour un message. Mais ça me rendait folle de lire ça. C’était vraiment… incroyable, comme sensation. Je continuai ma relecture :

De Adrian, à 10:30pm :
Tu dois déjà en avoir marre de moi de ton côté…

De moi, à 10:32pm :
Je dirais pas que j’en ai marre, non. Pourquoi tu dis ça ?

De Adrian, à 10:35pm :
Déjà j’ai eu ton numéro à l’usure.. Ca veut tout dire non ?

Mon cœur se serra. Oui, je l’avais trouvé lourd. Non je ne le pensais plus. Oui, je voulais le revoir. D’ailleurs, un peu plus loin, il me disait qu’il voulait me revoir assez rapidement. Et c’était moi qui lui avais demandé ce qu’il faisait ce soir-là. Et c’était moi qui étais à l’initiative de cette sortie que l’on faisait à minuit. Et j’étais fière de moi. C’est ainsi que je me retrouvais devant la porte du restaurant dans lequel il travaillait, sans savoir quoi faire en l’attendant. Rapidement, je lui réexpédiai un nouveau message pour le prévenir que j’étais arrivée, et une dizaine de minutes plus tard, il était devant moi. Je me rapprochai de lui en souriant tout autant, et, maladroitement, de façon gauche et ridicule, je lui fis la bise, comme on le faisait en France. Je me sentis idiote, parce que je ne savais pas de quoi il avait l’habitude, mais ça ne parut pas le déranger, bien au contraire. Je le saluai, puis lui montrai le sachet en kraft en riant doucement.

« J’ai pensé au vin le moins cher possible ! Ca te tente ? »

L’idée parut le ravir et nous commençâmes à nous éloigner du restaurant et à marcher au hasard des rues, sans savoir où nous allions. Le sachet se balançait au bout de mon bras, et nous restions silencieux la plupart du temps, à part pour nous demander des banalités. En quelques minutes, nous décidâmes d’aller jusqu’au lac pour se promener sur ses rives. C’était plutôt agréable, et Adrian m’avait assuré que la nuit, c’était encore plus joli. Je le suivais les yeux fermés, confiante.
En dix minutes, nous fûmes au lac et nous déambulâmes jusqu’à la rive. Je m’arrêtai quelques instants pour observer le paysage. J’étais déjà charmée. Mieux encore. J’étais amoureuse.
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyVen 19 Juin - 1:46

I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

Je n’avais pas cessé de penser à elle. Je n’avais pas tenté de penser à autre chose non plus, d’ailleurs. Juliet occupait tout mon esprit depuis qu’elle m’avait vendu cette paire de chaussures. Je la revoyais sourire, rougir, soupirer et faire tout son possible pour garder son calme alors que j’essayais les différentes paires. J’entendais à nouveau sa voix tantôt agacée tantôt embarrassée. Son sourire poli et la lueur de stress dans son regard… Peut-être étais-je simplement en train de devenir complètement fou. Quoi d’autre pour expliquer cette soudaine obsession ? J’avais passé la nuit allongé sur mon lit, dans ce minuscule appartement à peine meublé, à regarder le plafond en essayant de redessiner son visage dans mes souvenirs. Que m’arrivait-il ? Comment, simplement en voyant cette fille pendant une vingtaine de minutes, je pouvais avoir été si marqué par elle ? Est-ce que mon subconscient cherchait simplement un moyen de me faire oublier complètement pourquoi j’étais à Toronto ? Me faire oublier ma femme et mes enfants, ainsi que ce que je leur avais fait ? C’était possible. Mais je n’en avais rien à faire. J'étais amoureux. Autant les oublier. Totalement. A quoi bon me torturer l’esprit ? Autant penser à elle. Certes, je n’en avais pas non plus dormi de la nuit, mais au moins je ne l’avais pas passée à déprimer.

Le lendemain, j’avais pris ma décision. Je ne pouvais pas ne rien faire. Je n’avais pas le choix, il fallait que je la revoie, il fallait que je lui parle encore, il fallait que je la connaisse mieux. J’y étais retourné dans l’après-midi. Quand j’étais entré dans la boutique, je l’avais rapidement parcourue du regard avant de me diriger immédiatement vers la vendeuse qui se trouvait à la caisse. Elle m’avait jeté un regard presque courroucé quand j’avais demandé si Juliet était là et m’avait demandé d’un ton sec ce que je lui voulais. Comprenant qu’elle n’était pas là pour le moment, j’avais simplement demandé qu’on lui dise que je voulais discuter avec elle puis j’étais parti sans en rajouter. Et j’étais revenu le jour suivant.

Elle se trouvait à la caisse cette fois, comme si elle m’attendait. Avec un sourire, je me dirigeai immédiatement vers elle pour la saluer. Elle fit de même avant de m’expliquer d’un ton poli qu’on lui avait dit que je voulais la voir. Je ne savais pas vraiment à quoi elle s’attendait, mais quand je lui avais demandé, le plus naturellement du monde, son numéro de téléphone, je crus un moment qui allait falloir la réanimer. Durant quelques secondes qui me semblèrent durer des heures, elle se contenta de me fixer sans rien dire, sans même respirer, avant de me répondre dans un souffle. Non. Evidemment, je devais m’y attendre. C’était probablement un peu direct comme façon de faire. Mais même si j’étais un peu déçu, je ne me démontai pas et riais doucement devant l’expression étonnée peinte sur son visage. Je me contentais de lui lancer un dernier sourire avant de sortir de la boutique. De toute façon, j’allais revenir le lendemain et lui demander la même chose.

C’est comme ça qu’une semaine plus tard, elle m’attendait devant le resto ou je travaillais. Elle avait fini par me donner son numéro, même si elle ne l’avait pas spécialement fait de bonne grâce. Nous avions échangé des messages depuis lors, ce qui m’avait d’ailleurs valu des remarques de mon boss qui en avait plus qu’assez de me voir sur mon portable toutes les deux minutes. Quand j’avais reçu son texto m’annonçant qu’elle m’attendait dehors, je m’étais dépêché de terminer mon service pour pouvoir la rejoindre au plus vite. Quand je franchis la porte pour aller dehors, elle était là, un joli sourire dessiné sur ses lèvres. Elle s’approcha rapidement et me fit la bise avant de lever devant moi un sachet en kraft.

«J’ai pensé au vin le moins cher possible ! dit-elle en riant légèrement. Ça te tente ? »

Avec un sourire, je lui répondis que c’était parfait et nous commençâmes tous deux à marcher côte à côte en plaisantant avant de décider de prendre la direction du lac. Nous y fûmes rapidement et une fois arrivés à la rive, nous nous arrêtâmes pour regarder un peu le paysage, restant silencieux dans un premier temps en observant l’étendue d’eau dormante qui brillait légèrement sous les lueurs des éclairages et des étoiles. Au bout d’un moment de contemplation, je lâchai un petit soupir et me tournai vers elle.

« Alors, on le boit ce mauvais vin ? fis-je en désignant le sachet qu’elle portait toujours au poignet. »

Elle se contenta de me sourire et de me tendre la bouteille que j’eu tôt fait d’ouvrir. Nous le goutâmes chacun à notre tour et parvînmes à la même conclusion : il était effectivement dégueulasse. Cela ne nous arrêta pas pour autant, puisque nous étions d’accord sur le fait que moins le vin était bon, plus vite on s’amusait. Nous bûmes encore quelques gorgées en plaisantant là-dessus avant que Juliet ne s’asseye et que je la suive. Elle me tendit alors à nouveau la bouteille et je rigolai en voyant qu’elle était déjà à moitié vide.

« J’aurai du prendre du pain au resto pour faire passer ça..
- Non, manger c’est tricher, répondit-elle simplement. »

Cette réplique me valut un nouvel éclat de rire et au détour de la conversation, j’appris qu’elle venait de France.

« Ah oui ? Tu peux me dire un truc en français alors ? demandais-je en souriant. »

Evidemment, je ne comprendrais absolument pas ce qu’elle pourrait me dire. Je n’avais jamais appris d’autre langue que l’anglais et d’ailleurs je n’y voyais pas grand intérêt. Après tout, tout le monde pouvait comprendre la langue de Shakespeare non ?

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyLun 22 Juin - 1:04


I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


Le lac s’étendait à perte de vue devant nous. Le silence ambiant de l’endroit, loin des voitures qui circulaient encore inexorablement derrière nous, laissait entendre le clapotis léger des fines vagues qui ébranlaient l’étendue d’eau toujours calme. J’étais éblouie par le paysage. Je n’avais pas encore eu l’occasion de profiter d’une sortie nocturne, que ce soit avec un homme ou mes collègues, et je n’avais encore jamais vu Toronto la nuit. Plus le temps passait, plus je la trouvais magnifique. Mais peut-être était-ce dû à la compagnie que j’avais pour cette première fois. J’étais perdue dans ma contemplation quand j’entendis Adrian pousser un léger soupir. Pas l’un de ces soupirs d’agacement que je ne connaissais que trop bien depuis que j’étais vendeuse. Un soupir heureux, un soupir calme, un soupir qui n’était pas négatif. Aussi, je tournai la tête vers lui quand je le vis pivoter vers moi et mon sourire s’agrandit sur mes lèvres en voyant que lui aussi souriait. Il me demanda si on ouvrait la bouteille et ma seule réponse fut un sourire encore plus grand et épanoui, si c’était possible alors. Je lui tendis la bouteille après l’avoir ôtée du sachet en kraft et il la débouchonna comme un vrai professionnel. Il ne nous fallut pas longtemps avant de comprendre que c’était le pire vin que nous ayons pu boire, et ça ne nous amusa que davantage.

Au bout d’un moment, quand même, je fixai l’herbe à mes pieds avant de décider de m’asseoir. Je n’avais pas spécialement mangé après mon dîner, et boire du vin comme ça allait me faire tourner la tête. Si je devais paraître ridicule, je préférais au moins tenir debout… ou être assise. Et le choix était vite fait. Je gardai ma veste sur mes épaules et m’assis en tailleur à même le sol. Peu de temps après, je sentis le genou gauche d’Adrian frôler le mien lorsqu’il m’imita. Je souris fébrilement à ce contact et lui tendis la bouteille en tournant de nouveau la tête vers lui. Il la regarda deux secondes, rit un petit instant, et ajouta qu’il aurait dû prendre du pain avant de partir. Ce à quoi je répondis laconiquement que « manger, c’était tricher ». Je reposai mes yeux ronds sur le lac en me rendant compte de ce que je venais de dire, déjà persuadée que l’alcool me montait bien trop facilement à la tête. Je me sentis rougir, et j’entendis mon partenaire de boisson se mettre à rire bruyamment, tout amusé qu’il était par ma réplique. J’esquissai alors un sourire à mon tour, fière d’avoir pu l’impressionner un peu. Un peu gourde, je me demandai à voix haute comment j’allais rentrer chez moi si je buvais trop, et Adrian m’expliqua d’une voix calme et d’un air très sérieux – ce qui me fit encore plus sourire – qu’il allait me ramener chez moi… et que si je ne savais plus où j’habitais, je pourrais toujours crécher chez lui. La discussion tourna encore quelques instants autour de l’alcool et du fait qu’il ne faudrait tout de même pas que l’on boive trop. C’était ridicule comme conversation. On aurait dit deux inconnus qui ne savaient pas de quoi parler… et en fait, c’était ce que nous étions. Pourtant, je n’avais pas l’impression d’être gênée. Je n’avais pas l’impression de me retenir de dire ce que je pensais. C’était une sensation vraiment douce, vraiment agréable. Plus tard encore, nous évoquâmes nos origines. Adrian resta très secret sur les siennes, mais je compris qu’il y avait quelque chose de plus profond. Alors, pour une fois, je préférai parler de moi, pour ne pas le vexer. Il apprit donc que j’étais née en France, et que j’étais mi-française, mi-canadienne.

« Ah oui ? Tu peux me dire un truc en français alors ? »

Il me fallut le temps de la réflexion pour savoir quoi lui dire. Puis, alors que je me préparai à sortir une phrase toute faite du genre « Bonjour, je m’appelle Juliet et je suis française », je lâchai la plus grosse boulette de toute ma vie.

« You’re the most beautiful man I ever met. »

En me rendant compte de ce que je venais de dire, je rougis une fois de plus, mais il ne sembla pas le remarquer. Il avait un sourire rêveur sur les lèvres et, durant un instant, j’eus la trouille. Et s’il comprenait le français ? Après tout, je n’en savais rien, peut-être qu’il en avait fait à l’école, et peut-être qu’il n’avait pas voulu me le dire pour me tester ! Pourtant, il déclara qu’il n’avait absolument rien compris et me demanda une traduction.

« Heuuuu, … ça veut dire euuuh… que je suis contente d’être là, bafouillai-je, rouge de honte, mais quand même satisfaite qu’il n’ait rien compris à ma langue maternelle. »

La conversation continua et nous parlâmes un peu de tout. Adrian m’expliqua que les seules notions qu’il avait de français étaient des noms de vins, ceux qu’il servait à ses clients, au restaurant ou au bar. Ca me fit beaucoup rire de l’entendre prononcer tous ces noms que je connaissais à peine, mes parents ne m’ayant jamais vraiment initiée à l’art de l’œnologie. Puis, ensuite, nous imaginâmes ce que ça pouvait faire de dormir dans la rue, sous un carton, et Adrian m’expliqua que, s’il voulait pouvoir me ramener chez moi sans encombre, il faudrait qu’il arrête de boire, ou bien qu’il se mette de l’eau froide sur le visage. Je le dévisageai un moment en me demandant s’il était sérieux en sortant cela.

« De l’eau froide ? Y en a plein partout devant nous ! lui désignai-je le lac d’un mouvement du menton. »

Je plaisantai bien sûr, je n’étais pas sérieuse du tout. Nous étions en mai, il devait faire peut-être quinze degrés maximum en journée… et si nous n’avions pas froid cette nuit-là, c’était principalement grâce au vin que nous venions d’ingurgiter. Aussi… j’imaginais aisément la température ambiante. Elle devait avoisiner les cinq ou six degrés, maximum dix. L’eau du lac devait être encore plus glaciale, et s’il fonçait dans l’eau comme il semblait penser le faire plus tard, il allait mourir de froid. Et pourtant, je n’attendis que quelques secondes pour qu’il se relève en me disant qu’il allait piquer une tête à ce moment précis… Je le dévisageai un moment d’un air ébahi, la tête relevée vers lui.

« Tu vas crever de froid, reste là ! »

Mais il avait déjà enlevé sa veste et son t-shirt ainsi que ses chaussures et je me perdis dans la contemplation de son torse, oubliant alors tout ce que je venais de lui dire. Il pouvait bien aller plonger dans ce foutu lac, mes yeux étaient ravis de ce qu’ils observaient à ce moment précis. Puis, mue par une envie irrépressible de faire une folie, pour une fois dans ma vie, je pris mon courage à deux mains et me relevai aussi, sous son regard surpris. Je retirai ma veste également après avoir déposé la bouteille à la verticale, par terre dans l’herbe. Je retirai ensuite mon haut et le déposai sur ma veste en frissonnant.

« Si tu y vas, j’y vais aussi ! lui expliquai-je alors qu’il me regardait sans comprendre, l’air hagard. »

Alors que j’enlevai mon pantalon je sentis son regard sur moi et je rougis de plus belle. Dans la pénombre, on ne pouvait rien voir et c’était parfait ainsi. Je me sentais idiote, mais dans le même temps, je me sentais en vie. Pour la première fois depuis longtemps j’avais l’impression d’exister. D’être quelque chose pour quelqu’un. Plonger tête la première dans ce lac, ça allait peut-être changer ma vie, qui pouvait savoir à l’avance ? En le regardant avec une lueur de défi dans les yeux, je le poussai vers le lac. Puis je me mis à courir vers celui-ci et je plongeai dedans. La sensation de froid m’emprisonna la cage thoracique. Je crus que j’allais mourir congelée. Mais lorsque mes poumons purent se remplir à nouveau d’air quand je revins à la surface, je me sentis comme la femme la plus géniale du monde. Et en grelottant, je regardais Adrian sur la rive, qui me fixait bouche bée. J’étouffai un rire en claquant des dents et l’incitai à me rejoindre sans attendre… en le traitant de chochotte !
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian    [FLASHBACK] I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do // Juliet & Adrian  EmptyJeu 25 Juin - 1:24

I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
Yeah, give me reason to believe this world is not a sick machine, when everywhere is dead end in every direction. Well, I have the fears, the pain and the tears, I just can't hide. It all disapears 'cause everything passes with the time... All you need is reason to believe.

Tout chez Juliet me fascinait. Son sourire sincère, ses longs cheveux blonds qui tournoyaient au moindre mouvement de tête, son regard clair dans lequel je me perdais à chaque fois qu’elle plongeait les yeux dans les miens… Et ça ne se limitait pas au physique. Sa façon de parler en regardant le lac devant elle avant de se tourner vers moi en terminant ses phrases, ses réponses parfois carrément inattendues qui me faisaient éclater de rire, tout ce qu’elle pouvait dire ou faire, je le trouvais absolument captivant. D’ailleurs mes yeux ne se détachaient pas d’elle alors que je l’observais parler, réfléchir ou boire du vin. Je ne voulais pas perdre une seule seconde à regarder quelque chose qu’elle. La discussion dériva et finit par déboucher sur nos origines, comme bien souvent quand deux personnes font connaissance. Nous n’avions aucun passé commun alors il était normal de partager chacun un peu de notre histoire… Seulement je n’avais aucune envie de parler de ce que j’avais vécu, d’où je venais et de comment j’étais arrivé ici. Encore moins à Juliet, alors que je la connaissais depuis quelques jours à peine… Et que j’espérais sincèrement qu’on n’en resterait pas à cette soirée au bord du lac. Je me contentai donc de répondre vaguement à ses questions, prenant bien soin de ne pas m’étendre sur le sujet. Elle sembla comprendre que je n’avais pas très envie de parler de moi puisqu’elle cessa bientôt de m’interroger pour se concentrer plutôt sur elle pour mon plus grand plaisir. J’appris donc qu’elle était à la fois canadienne et française, et qu’elle avait vécu de l’autre côté de l’océan jusqu’à l’adolescence. Elle avait ensuite vécu à Montréal avant d’emménager à Toronto quelques semaines plus tôt et de trouver du boulot dans cette boutique où elle avait finalement été engagée.

Quand je lui demandai de me dire quelque chose en français, elle sembla réfléchir l’espace d’un instant avant de sortir une phrase que je ne compris évidemment pas. Elle aurait tout aussi bien pu me parler en mandarin, je n’aurais sans doute même pas fait de différence. Pour toute réponse, je lui souris et lui demandait de me traduire ce qu’elle venait de dire. Elle bafouilla légèrement avant d’expliquer que ça voulait dire qu’elle était contente d’être là et je lui fis un nouveau sourire en répliquant que c’était pareil pour moi. Je plaisantais ensuite en lui citant les mots que je connaissais en français, principalement des noms de plats ou de vins qui étaient servis dans le restaurant ou je travaillais. Ma prononciation approximative la fit beaucoup rire et finalement la discussion dériva à nouveau.

« Bon… Si je veux pouvoir te ramener chez toi il vaudrait mieux que j’arrête de boire… Ou alors j’aurai besoin de me passer la tête sous l’eau froide !
- De l’eau froide ? Y en a plein partout devant nous ! »

A ces mots, elle désigna le lac du menton et je tournais la tête pour contempler l’étendue d’eau pendant quelques secondes. Elle avait parfaitement raison. De l’eau froide, ce n’était pas ce qu’il manquait ici. Pris d’une soudaine envie de faire quelque chose d’idiot, je m’appuyai de la main pour me relever d’un seul mouvement.

« Tu sais quoi… , commençais-je en enlevant mon gilet et mon t-shirt devant son regard étonné. Je piquerais bien une tête maintenant !
- Tu vas crever de froid, reste là ! »

Pour toute réponse, je lui lançai un nouveau sourire en enlevant mes chaussures et mes chaussettes. A cet instant précis, je me fichais pas mal d’avoir froid ou non. Je ne savais pas bien si c’était le vin qui me rendait soudain particulièrement impulsif, mais je n’avais plus qu’une idée en tête, plonger dans ce fichu lac devant Juliet. J’étais en train de défaire la boucle de ma ceinture quand elle se leva à son tour en enlevant sa veste et son haut sous mes yeux ébahis.

« Si tu y vas, j’y vais aussi ! »

Une nouvelle fois, je restais sans réponse, tout occupé que j’étais à la regarder alors qu’elle enlevait son pantalon. Bien sûr, il faisait plutôt sombre et je ne distinguais franchement pas grand-chose. Mais je ne m’attendais absolument pas à ce qu’elle décide sur un coup de tête de plonger dans l’eau elle aussi. Je finis par reprendre mes esprits et retirer mon pantalon à mon tour. Décidément, il y avait quelque chose de captivant chez cette fille… Une fois mon pantalon replié avec le reste, je posai à nouveau mes yeux sur elle alors qu’elle levait les siens vers moi, une lueur de défi dans le regard. Sans que je m’y attende, elle me poussa vers le lac en rigolant avant de courir vers l’eau et d’y plonger sans hésitation aucune. L’espace d’un instant j’observais les remous qu’elle avait laissés à la surface de l’eau avant de la voir remonter à la surface en prenant une inspiration. Nous nous fixâmes deux secondes avant qu’elle ne me crie de venir la rejoindre en me traitant de chochotte.

Après un très court moment d’hésitation durant lequel je me demandais si nous ne risquions pas l’hydrocution à plonger comme ça, je décidai simplement que ça n’avait aucune espèce d’importance et m’élançai à la suite de Juliet. La morsure du froid me fit l’effet d’un électrochoc et je crus un instant que j’allais être incapable de faire le moindre mouvement pour sortir la tête hors de l’eau. Pourtant, mon instinct de survie sembla être plus fort que le reste puisque bientôt je sorti la tête hors de l’eau en prenant une grande inspiration pour remplir mes poumons d’air. Il me fallut quelques secondes pour me remettre de ce choc thermique avant que je puisse articuler quoique ce soit.

« Oh putain de merde c’est gelé ! m’exclamai-je en bégayant à cause du froid. C’est le pôle Nord ici ou quoi ? Je comprends un peu mieux ce qu’a dû ressentir Jack dans Titanic ! »

A ces mots, Juliet éclata de rire et je fis quelques mouvements pour nager vers elle et me rapprocher alors qu’elle m’assurait être certaine que j’avais pleuré devant ce film. Nous en discutâmes quelques instants et décidâmes de sortir de là avant de se transformer en glaçons. Après avoir nagé vers la rive, nous nous précipitâmes chacun vers nos vêtements pour nous rhabiller au plus vite, désireux d’échapper au mordant de l’air froid. Alors que je m’apprêtais à enfiler mon gilet, je posai le regard sur Juliet qui avait déjà terminé de remettre ses vêtements et qui se mettait à sautiller sur place pour se réchauffer.

« Tiens prend ça , fis-je en lui tendant mon gilet. T’as l’air gelée… »

Elle regarda un instant mes vêtements avant de secouer la tête et de refuser en arguant que j’allais mourir de froid. Je lui souris légèrement et répondit que je m’en fichais pas mal avant de poser mon gilet sur ses épaules. Je ne lui laissais pas vraiment le choix mais elle finit par le garder et s’envelopper dedans pour se réchauffer un peu, non sans protester encore un petit peu en me voyant frissonner.

« Non, je t’assure garde le. En plus ça te fais une jolie robe comme ça ! plaisantais-je en la voyant flotter dans mon sweat. T’es vraiment petite en fait ! »

Emi Burton
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I'm an addict for all that you do, you're the only drug I wanna do
C'est dans le malheur, que l'on rencontre les plus beaux moments de bonheur.


Il ne fallut pas longtemps à Adrian pour qu'il vienne me rejoindre dans l'eau. Alors que je grelottais de froid, les yeux braqués sur lui, je le vis hésiter un instant, puis s'élancer dans le lac pour venir près de moi. Il resta quelques instants sous l'eau, et j'eus un mouvement de panique en voyant qu'il ne remontait pas. Le lac n'était pas si profond sur les rives et j'avais encore pied où j'étais. Et s'il ne savait pas nager ? Oh mon dieu, j'allais tuer le seul homme qui s'intéressait à moi !! Je faillis presque commencer à avancer vers les bulles que je voyais un peu plus loin lorsqu'il reparut à la surface en crachant de l'eau douce et en respirant. Et en criant comme une fillette. J'étouffai un rire en me rendant compte que je m'étais inquiétée pour rien. Il jura plusieurs fois en tremblant de froid lui aussi.

« Oh putain de merde c’est gelé ! C’est le pôle Nord ici ou quoi ? Je comprends un peu mieux ce qu’a dû ressentir Jack dans Titanic ! »

En dansant sur mes pieds pour tenter de me réchauffer un peu, je fus prise d'un fou rire quand il évoqua le célèbre film évoquant le paquebot. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il se compare à Leonardo Di Caprio, et c'était assez comique, parce qu'il n'y avait aucune ressemblance. Avec sa barbe et ses cheveux tout noirs, il me faisait plutôt penser à Robert Downey Jr plutôt qu'à Leonardo… mais bon, ça devait être la seule référence qu'il ait pu trouver, sur le coup. Je le regardai nager vers moi avec un grand sourire.

« Tu parles ! Je suis sûre que tu as pleuré devant Titanic ! »

Alors qu'il me regardait d'un air outré, je me mis à rire encore plus et finalement, il m'expliqua qu'en effet, il avait bel et bien pleuré devant le film culte, avant de déclarer que les personnes qui n'avaient pas pleuré devant étaient des sans coeur. Je pouffai de nouveau de rire en claquant des dents, en lui répliquant que je n'avais jamais pleuré devant ce film, que je l'avais trouvé même un peu idiot, et je finis par ajouter qu'ils avaient connu les joies du toboggan aquatique avant tout le monde, ce qui fit rire Adrian à son tour…
L'eau s'infiltrait dans nos peaux et je sentis tous les os se tétaniser un par un. Heureusement pour moi, Adrian était du genre frileux – fils du Sud, c'était carrément glacé pour lui, comme température ! - et il décida de sortir de l'eau. Je le suivis avec grand plaisir et soulagement. Je suivis son sillage alors qu'il nageait vers la rive pour y arriver plus vite qu'à pied et dès que je pus, je courus hors de l'eau pour récupérer la chaleur humaine de mes vêtements, en espérant que cette dite chaleur existe encore. J'eus un petit rire nerveux quand je me rendis compte de ce que l'on venait de faire, Adrian et moi. Nous venions de plonger dans un lac dont l'eau ne devait pas être à plus de dix degrés, et, désormais, nous tremblions comme des tarés en remettant nos fringues. Je jetai un coup d'oeil à Adrian en le matant un peu pendant qu'il remettait son pantalon. En souriant, je détournai le regard. Lui aussi il m'avait reluquée juste avant, alors j'avais bien le droit de le faire. Une fois mon haut remis et ma veste sur mes épaules, je commençai à me frotter les bras en essayant de bouger pour me réchauffer. Je faillis me mettre à courir quand Adrian se rapprocha de moi en me regardant avec pitié. Pitié ?! Il me tendit soudainement son gros gilet épais en me disant de le prendre et de le mettre parce que j'avais l'air gelée. Et lui ? Il n'était pas frigorifié peut-être ? J'avais eu l'habitude des bains de minuit glaciaux, en France. Lui non. Je secouai donc la tête pour refuser en lui faisant signe de les garder pour les mettre sur lui-même, mais il me fit un sourire et s'approcha encore plus de moi pour déposer son gilet sur mes épaules. Je soupirai d'agacement, plus pour bien faire que pour réellement montrer que j'étais agacée qu'il fasse ça. En réalité, j'étais plutôt contente qu'il me prête son gilet, parce que j'avais un peu plus chaud, et en plus parce que j'adorais son odeur. Je m'emmitouflai un peu plus dedans, de fait, et inspirai profondément pour m'imprégner de son parfum que j'adorais déjà.

« T'es fou, quand même, reprends les, c'est bon, tu vas crever de froid, Adrian.
- Non, je t’assure garde le. En plus ça te fais une jolie robe comme ça ! T’es vraiment petite en fait ! »
-Merci, je sais, répliquai-je en fronçant les sourcils et en faisant mine d'être vexée. Mais ce n'est pas moi qui petite, c'est le monde autour qui est trop grand. »

Le silence reprit ses droits pendant quelques instants, puis je l'entendis rire et j'attendis quelques secondes de plus avant de pouffer à mon tour, en le suivant. Il semblait ravi de ma répartie et il me regardait avec des yeux ébahis. Quant à moi, j'étais fière de lui avoir dit ça. C'était quelque chose que je disais souvent, puisque j'avais l'habitude que l'on me dise que j'étais petite. Il parut vraiment surpris et j'étais contente d'avoir pu l'impressionner encore un peu, après ce plongeon dans le lac.

Par la suite, nous décidâmes de nous mettre en route. La bouteille de vin était terminée, nous étions congelés, et il fallait que l'on se réchauffe d'une manière ou d'une autre. En rougissant, je lui expliquai que si nous nous mettions à marcher, nous ferions passer le sang plus vite dans nos veines et artères, et nous nous réchaufferions plus simplement. Il approuva et nous commençâmes à avancer vers l'entrée du parc, pour quitter les bords de l'Ontario. Il allait me ramener chez moi, je lui rendrai son gilet et je pourrais me réchauffer avec une bonne douche bien chaude, notamment. Il marchait juste à côté de moi, et nos bras se frôlaient à chaque pas que nous faisions lui et moi. Alors  que l'on se disait que nous avions tous les deux passé une excellente soirée, je le sentis me pousser légèrement sur l'épaule, me faisant dévier de ma trajectoire. En relevant les yeux vers lui, je vis qu'il s'était arrêté, en me demandant s'il me plaisait. Je me mis à rougir encore plus qu'une tomate trop mûre. Évidemment qu'il me plaisait, il ne l'avait pas encore compris ? Toute timide, je hochai la tête en sortant un bruit très étrange. Je plongeai mon regard dans le sien alors qu'il se penchait vers moi. Mon coeur loupa un battement quand je compris qu'il allait m'embrasser et je sentis automatiquement mon souffle devenir plus court, et mon ventre se tordre d'angoisse. Ça faisait peut-être des années que je n'avais pas embrassé de garçon. Et même à l'époque, ça n'avait rien prouvé. Ce n'était que des bisous innocents de gamins… et c'était d'autant plus effrayant maintenant, parce que j'étais certaine de ressentir quelque chose pour l'homme que j'avais à vingt centimètres de mon visage. J'étais pratiquement tétanisée et je décidai de fermer les yeux avant que ses lèvres ne se posent sur les miennes. Pourtant, une fois que j'eus les paupières closes, je ne sentis rien venir, et j'entendis même du bruit à proximité de nous. Des sifflements, des cris, des hurlements même et je me reculai d'Adrian pour observer ce qu'il se passait autour. Son attention aussi avait été détournée, et je l'entendis soupirer d'énervement. Puis je les vis.
Ils étaient cinq ou six, et de loin, je n'étais pas sûre de moi. Ce dont j'étais sûre et certaine cependant, c'était qu'ils avançaient vers nous, et qu'ils étaient complètement ivres morts. Ma main crocheta le bras d'Adrian par pur réflexe. Je détestais les gens bourrés, ça me rappelait mon père et je préférais ne pas y repenser du tout. J'avais passé tant d'années à éviter mon père quand il avait bu… j'avais un chevalier servent pour m'aider, cette fois, alors je n'allais pas m'enfuir en courant mais simplement me réfugier derrière lui. Rapidement, je es entendis commencer à nous insulter, sans raison. Encore plus rapidement, je compris que c'était moi que l'on insultait plus particulièrement. Je finis par tirer sur le bras d'Adrian pour que l'on quitte le parc par une autre sortie.

« Viens, laisse, on s'en va ! »

Je tirai encore sur son bras et il se laissa faire dans un premier temps, avant de s'arrêter net en entendant un autre type m'insulter d'un des noms d'oiseaux que j'aimais le moins. Mon brun se retourna vers eux et les menaça en serrant les dents. Je regardai la scène en sentant tous mes membres trembler, à cause du froid et de la panique. En tentant de tirer une nouvelle fois sur le bras d'Adrian, je compris que mes efforts allaient rester vains et je me rapprochai donc de lui, au cas où. Les quolibets reprirent et je sentis les muscles du bras d'Adrian se tendre au maximum alors qu'il amorçait un mouvement pour avancer vers eux et leur faire « passer l'envie de rire » comme il le disait si bien. Au lieu de l'implorer à rester en dehors de ça et de me suivre, il tira lui-même sur son propre bras. En soupirant et en me sentant totalement impuissante face à sa colère, je repris possession de mes muscles et avançai vers lui pour l'empêcher de les frapper, comme il voulait le faire dans un premier temps. Je m'emparai alors de son visage, en l'entourant de mes deux mains, et je l'embrassai, comme nous nous apprêtions à nous embrasser juste avant que ces blaireaux ne nous interrompent.
Le baiser dura une éternité, et fut trop courte en même temps. Pour la première fois de ma vie, je sentis une passion dévorante me tordre mes entrailles et me pousser à aller chercher plus loin, plus fort, tout ce que je pouvais prendre chez Adrian. De son visage, mes mains glissèrent sur sa nuque et dans ses cheveux et je farfouillai dans ces derniers en essayant de le rapprocher plus près de moi encore. Je me collai contre lui, ne me reconnaissant déjà plus et ses mains à lui se posèrent sur ma taille, mes hanches, mon dos, accentuant notre contact déjà très prononcé. Mon souffle se fit court et je terminai notre premier baiser à contrecoeur, avant de plonger mon regard dans le sien, souriante.

Cependant, ce ne fut pas suffisant pour que les autres types ne se taisent, et s'ils nous avaient sifflés pendant que l'on s'embrassait, là, ils demandaient carrément à Adrian de me prêter à eux. Horrifiée, je repassai derrière lui alors qu'il s'avançait pour les frapper pour de bon. Il envoya son poing dans le nez du premier type qui passait, qui était également celui qui avait dit cette horreur, et recula en soufflant. Les autres se firent plus menaçants et dès que le mec à terre fut de nouveau sur pied, tant bien que mal, je proposai à Adrian de fuir, préférant courir plutôt que d'essayer de discuter. Ce qu'il accepta. Et nous prîmes la fuite sans rien dire. Adrian s'empara de ma main, et tel un superhéros – ce qu'il voulait être quand il était gamin, un rêve qu'il pouvait à présent dire avoir accompli, sûrement ! - il me fit cavaler à travers les allées du parc jusqu'à une sortie. Pas sûr que nous les ayons déjà semés, il continua de m'entraîner à travers les rues et les avenues, nous faisant passer par de petites ruelles sombres, avant de piler net quand il fut sûr de ne pas être suivi. J'étais essoufflée, lui aussi, mais le pire c'était qu'il était complètement plié de rire. L'adrénaline bouillait dans nos deux corps, et chez lui, ça avait un effet quelque peu étrange. Je le fusillai du regard, un peu mécontente de son attitude, avant de sourire moi aussi en voyant sa mine réjouie. Je le repris par la main avant d'avancer un peu au hasard des rues, carrément perdue.

« Il faut qu'on trouve une avenue, que je sache me repérer pour retrouver mon appartement ! »

A ces mots, nous avançâmes vers la plus grosse rue que nous pouvions trouver et je finis par repérer une plaque pour savoir où nous étions. Dès que ce fut le cas, je soupirai de soulagement en me rendant compte que, par chance, nous n'étions qu'à cinq minutes de chez moi. En me tournant vers Adrian avec un grand sourire, je lui lançai :

« Tu me raccompagnes jusque chez moi ? On est pas loin, à cinq minutes. On peut presque voir mon immeuble d'ici ! »

Il fit une moue dubitative, se demandant certainement si j'allais lui dire de monter ou non jusque chez moi et je lui laissai la surprise, parce que moi-même, je ne savais pas ce qu'il en serait. Je voulais que cette soirée ne s'arrête jamais, qu'elle dure encore et encore et que nous ne nous séparions jamais. Néanmoins, je savais que ça ne pouvait pas être le cas… Mais si je pouvais le faire monter chez moi, elle pourrait durer encore un peu. Elle ne serait pas infinie, mais au moins, nous passerions encore un bout de temps ensemble, lui et moi…
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