This is the end …

Le cœur partagé entre l’euphorie de ce premier baiser échangé et mes remords vis-à-vis d’Angela, je rentre chez moi tout doucement. Cette soirée avec Solvègue a été plus que parfaite. À vraie dire chaque moment passé avec elles sont parfaits. Il y a si longtemps que je ne me suis pas sentie aussi léger et heureux. C’est presque irréel et pourtant elle existe et elle a bouleversé mon existence.

J’essaie de ne pas trop y penser pour ne pas m’emballer, mais je sais pertinemment que je suis sincèrement attaché à la demoiselle voir même plus. Seulement, je me refuse par respect pour ma femme à même nommé ce sentiment qui m’habite de plus en plus. Le dire tout haut serait une trahison. Je ne suis pourtant pas ce genre de personne. Je ne veux pas lui jouer dans le dos. Je ne veux pas lui faire davantage de mal aussi je vais devoir prendre une décision nous concernant.

Alors que je tourne sur ma rue, je vois au loin une ambulance et un camion de pompier. Rapidement, je m’aperçois qu’ils sont postés devant ma maison. Mon cœur fait deux bonds dans ma poitrine. D’où je suis-je peux voir deux pompiers qui essaie d’éteindre un feu. Paniqué, je stationne ma voiture sur le coin de la rue et fais le reste du chemin au pas de course. Arrivé sur place on essaie de me bloquer le chemin.

- C’est chez moi… Qu’est-ce qui s’est passé?

Un agent de police que je ne reconnais pas essaie de me calmer et me dit que ce serait plus prudent de rester en retrait. Furieux, je lui montre mon badge d’inspecteur et il n’a pas le choix de me laisser passer. Un peu plus loin, je reconnais des collègues ainsi que Diane, l’infirmière que j’ai engagée pour s’occuper d’Angela durant mon absence. Cette dernière est en larme. Je vais vers elle en premier pour la questionner au sujet de la situation. Je ne vois pas Angela et cela m’inquiète. En me voyant, Diane éclate en sanglot et me dit : « Tout es de ma faute… je l’ai laissée seule quelques minutes pour répondre au téléphone. Elle n’allait pas bien ce soir. Elle était enragée que vous soyez sorti. Elle était très violente dans ses paroles et ses gestes donc j’ai tenté de lui faire avaler des cachets pour la calmer, mais elle s’est enfermée dans votre chambre. J’ai donc décidé d’appeler son docteur pour savoir ce que je devais faire. Je ne voulais pas vous déranger. »

Je l’encourage à continuer, mais en voyant le camion de la morgue arrivé, je me doute immédiatement de ce qu’elle va ajouter. J’avale difficilement ma salive et ravale avec force mes larmes. C’est impossible. Pas ainsi. Pas si brutalement. Tout est de ma faute. J’entends le reste de l’histoire, mais je ne suis déjà plus là. J’ai l’impression de vivre un cauchemar éveillé. Cela me semble impossible et pourtant en voyant une enveloppe de plastique noir sortir de la maison, je dois me faire à l’idée qu’elle n’est plus. Qu’elle a finalement réussi à mettre fin à ces jours. Autour de moi tout le monde s’active, mais je n’entends plus rien. Je suis pétrifié sur place. Incapable de bouger ni de parler. Totalement perdu dans ce qui me semble un film d’horreur, je vois du coin de l’œil mon partenaire s’occuper de tout. Je n’ai donc pas à répondre aux questions des pompiers ni à ceux de la morgue.

Deux jours. Voir même plus sont passés. J’ai perdu la notion du temps. Je suis enseveli sous une tonne de paperasse et je dois m’occuper d’organiser les funérailles d’Angela. Anéanti par le chagrin et le cœur rempli de culpabilité vis-à-vis de ma défunte épouse, je me suis isolé dans une chambre d’hôtel. Seuls Declan et mon frère peuvent m’approcher. Je ne me sens pas capable pour le moment d’affronter les parents d’Angela. Je me sens totalement responsable de ce qu’elle a fait même si je sais au fond de moi qu’un jour ou l’autre avec ou sans moi dans la maison, elle aurait trouvé un moyen de mettre fin à ses jours.

Question de régler les questions d’assurances et les funérailles, j’ai pris des congés. Je dois également m’occuper de la maison. Cette dernière est actuellement interdite d’accès le temps que les pompiers terminent leur enquête et que des travaux de rénovation soient effectués. Il n’y a que la chambre principale et la salle de bain qui ont été endommagées par le feu, mais il faudra plusieurs jours pour tout remettre en neuf.

Dans un état lamentable, je décide de quitter ma chambre d’hôtel pour prendre un peu d’air. Curieusement, je me retrouve dans les marches devant chez Solvègue. Elle a laissé plusieurs messages sur mon téléphone. Pa étonnant, nous avions prévu de nous voir. Je devais passer la prendre le lendemain de notre souper et…

Le temps vire à davantage a l'automne sur Toronto tandis que Lowell m'annonce qu'il doit partir. D'un simple sourire je le raccompagne à la porte puis effectue une bise rapide comme simple au revoir. Je suis heureuse de pouvoir passer du temps avec lui même si mon être se sent vide depuis peu... J'espérais voir Sam il y a deux jours. J'espérais. Pourtant il n'est jamais venu.
Ce ne fut qu'à la lecture du journal que j'avais compris : un article mentionnait un incendie volontaire et le décès d'une femme dans les flammes. Celle-ci était visiblement malade... Les photos avaient confirmés mes craintes, sans compter le nom du mari mentionné. Mon cœur s'était serré pour lui et le goût de bile avait gagné ma bouche tant le remord m'etouffait. Involontairement j'avais causé cela, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse. Ainsi je passais quelques jours de repos, tapis dans l'ombre de cette bâtisse. Je n'avais pas le goût de travailler, ni même d'aider pour le bar, et heureusement les filles avaient compris. L'une et l'autre veillaient sur moi à tour de rôle quand Lowell ne passait pas me rendre visite ; on aurait presque dit des tour de garde. Une dévotion touchante qui ne cessait de me faire du bien.

Un dernier regard à l'ancien guardian et je m'apprêtais à refermer la porte derrière lui lorsqu'une silhouette attira mon attention. Le corps figé, je reste là à l'observer simplement. Prenant finalement mon courage à deux mains, je m'avance vers lui en serrant mon large pull contre moi. "Salut..." Dis-je en évitant son regard ne serait-ce qu'une seconde "Je...".

Le silence se fait long et lourd, mais je me décide à le briser. "J'ai appris ce qui s'est passé dans le journal... Je suis... Désolée." Soupire ma voix avant que je ne me tourne en direction de la maison comme pour l'inviter à entrer "... Tu... Viens boire un café." . Et bien vite nous entrons dans la maison vide.

Nous sommes là. Face à face. Une tasse chacun. Je contemple nerveusement le fond de la mienne puis pose finalement mon regard sur sa mine fatiguée. Sam a l'air anéanti. L'air me manque...
"Tu... Tu n'as pas le droit de t'en vouloir. Si je n'avais pas... Enfin... Si je... Si on s'était pas rencontré rien ne serait arrivé. C'est à moi que tu dois reprocher tout ça, pas à toi. Je m'en fiche si tu viens pour pleurer ou me hurler dessus... Je préfère savoir que tu m'en veux que tu te détruise tout seul dans ton coin." .
J'avale ma salive en manquant de me brûler tant j'ai posé mon mug avec fermeté sur le plan de travail. Je confronte son regard.
" Hurle moi dessus. Dis moi que je suis la pire des salope qui soit d'avoir espérer passer une nuit avec toi Sam !! Dis le ! Parce que au moins tu pourras guérir de tout ça ! Dis le !!"
J'ai les larmes au bords des yeux. J'ai détruit sa vie alors je me dois de le sauver et si je ne le fais pas maintenant ça n'arrivera jamais...
Je tremble. J'ai peur de ce qui va suivre toutefois je n'ai pas à me plaindre, je dois juste encaisser et stocker. Ce n'est qu'une épreuve de plus dans ma vie chaotique !
Le corps tendu, j'attends la réponse de Samuel, le cœur en miette. Je vais le perdre... Mais il mérite tellement mieux.

La tête entre les mains, j’essaie de faire le vide dans mon esprit, mais les images et les doutes se bousculent. Je me sens oppressée et j’ai du mal à trouver mon air. Je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvé ici, mais quelque part en moi malgré le poids de la culpabilité, j’ai besoin de la voir. Besoin de sa douceur et de son sourire.

Et puis je me mets à douter. Je ne suis plus convaincu que c’est une bonne chose que je sois ici. Je suis sur le point de quitter ses marches quand je la vois venir vers moi. J’ai soudainement honte de mon allure. Qu’est-ce qu’elle va penser de moi? Je suis dans un état lamentable. J’ai des poches sous les yeux faute de sommeil réparateur. J’ai les cheveux en bataille et je ne me suis pas rasé depuis plusieurs jours. Je suis loin d’être présentable, mais elle ne s’en formalise pas et elle vient s’installer près de moi.

Un lourd silence s’installe entre nous avant qu’elle ne prenne la parole. Elle cherche ses mots et je m’en veux de lui imposer mes histoires et mes drames. Toujours aussi gentille et chaleureuse, elle m’invite à venir chez elle pour boire un café. Je devrais partir, mais je n’ai pas la foi de le lui refuser. Je me lève donc et la suis dans sa cuisine.

Je voudrais lui dire quelque chose, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. J’ai l’impression d’être un imposteur et que peu importe ce que je vais dire ou faire la fera souffrir. Je ne quitte pas ma tasse des yeux et puis elle brise de nouveau ce terrible silence qui nous empoisonne.

« Tu... Tu n'as pas le droit de t'en vouloir. Si je n'avais pas... Enfin... Si je... Si on ne s’était pas rencontré, rien ne serait arrivé. C'est à moi que tu dois reprocher tout ça, pas à toi. Je m'en fiche si tu viens pour pleurer ou me hurler dessus... Je préfère savoir que tu m'en veux que tu te détruises tout seul dans ton coin. »

Ses paroles me touchent. Je sens bien qu’elle s’inquiète pour moi alors je tente maladroitement de l’apaiser. Je pose doucement ma main sur la sienne pour la rassurer et je finis par lui dire.

- Je n’ai aucune raison de t’en vouloir Solvègue… j’ai dû mal à l’assumer complètement, mais nous ne sommes ni l’un ni l’autre responsable de ce qui est arrivé… c’était inévitable… une fatalité…

Ma réponse ne semble pas lui convenir et voilà qu’elle hausse le ton et me confronte du regard.

" Hurle-moi dessus. Dis-moi que je suis la pire des salopes qui soit d'avoir espéré passer une nuit avec toi Sam!! Dis-le! Parce qu’au moins tu pourras guérir de tout ça! Dis-le!! »

Des larmes se forment au coin de ses yeux et le voir ainsi me fait souffrir. Elle fait totalement fausse route et cela m’attriste qu’elle puisse penser que j’ai de l’animosité envers elle. C’est tout le contraire. Aussi, je me lève de ma chaise et je viens tout près d’elle pour la serrer dans mes bras. Je la berce doucement pour calmer sa peine et profite de son contact pour m’apaiser. C’est si bon de retrouver sa chaleur et son parfum. Je me sens déjà un peu mieux.

- Je n’ai aucune envie de hurler quoi que ce soit ni même me guérir de toi… tu es la plus belle chose qui me soit arrivé… jamais je ne pourrai t’en vouloir pour quoi que ce soit.

Les mots de Sam sont parfaitement choisi, pourtant la culpabilité logée dans ma poitrine ne parvient pas à me quitter. Je reste donc là, figée, sur le sol carrelé de la cuisine, les bras balants. Que dire ? Que faire ? Je me sens si lasse de ce désir que j'éprouve pour lui. Calmement, j'évite tant bien que mal ses prunelles pour ne pas craquer, car retrouver sa chaleur me hante depuis notre dernière danse. C'est finalement lui qui s'approche de ma personne et même si je tente de reculer légèrement, il est déjà trop tard. Ses larges bras se referment autour de moi de la plus délicate des façon à mesure que mon rythme cardiaque s'emballe malgré mon désir de garder la tête froide. Comment lui résister ?
Légèrement tendue, je n'ose l'enlacer à mon tour jusqu'à ce que son odeur ne m'enveloppe toute entière ; elle est si douce. Cet enchantement suffit à me faire fermer les yeux de façon presque immédiate en dépit de mon combat intérieur. J'inspire, j'expire, j'essaie de me réveille pour mieux replonger par la suite. Non, ce n'est pas un rêve. Sam est bien là et je suis lovée contre lui, à écouter son cœur battre à tout rompre. Nos palpitants se répondent presque.

Après plusieurs minutes baignées d'un silence intense, j'extirpe mon visage de la chemise de l'inspecteur pour le dévisager. La seule chose m'échappant à cet instant est brève, presque déchirante « Je suis désolée... pour tout. ». Une respiration plus tard, je semble finalement trouvé le courage de poursuivre. « Dis moi comment t'aider. Je ferais n'importe quoi ! » Souffle ma voix sur un ton suppliant alors que déjà mon attention se reporte sur ses lèvres.

La tension présente dans la pièce me fait presque manquer d'air. Collé l'un à l'autre, je me rends d'autant plus compte à quel point il m'a manqué de tout son être durant son absence. J'essaie de me contenir, mais je finis par plonger sur sa bouche et me l'approprier encore une fois. Ce n'est ni le moment, ni l'heure... mais que c'est bon !
Je finis par me raisonner et impose une trêve au baiser. Yeux dans les yeux, ma voix est chaude, tendre, pour ne pas dire amoureuse. « Tu as tellement pris possession de moi... Sam. Je suis à toi. Je sais que ça ne réparera rien de ce que tu as perdu, mais je me donne corps et âme à ta personne dès cet instant. Je veux que tu ailles mieux, que tu ais désormais une existence épanoui... et... » Et rien. J'avale ma salive dans un hoquet maladroit. J'ai parlé trop vite. Néanmoins, ça ne change pas ce que j'éprouve pour lui.

Réalisant ma bêtise, notre proximité s'atténue et je reprends place un peu plus loin de sa personne. « Pardonne-moi... » Dis-je en effleurant brièvement l'une de ses mains de mes phalanges « Je veux simplement te voire sourire encore une fois. »

Je la serre tout contre moi. Son contact me réchauffe et me redonne des forces. Elle est mon essentiel et tout ce dont j’ai besoin pour avancer. Je caresse ses cheveux et ferme les yeux pour m’imprégner de ce rapprochement. Je peux sentir sa fragilité alors qu’elle relève son doux visage vers le mien. Je caresse délicatement sa joue pour effacer ses larmes. Elle me dit qu’elle est désolée, mais je lui réponds : « Tu n’as rien fait de mal Solvègue… tu n’as pas être désolée. Je ne le veux pas… si tu l’étais réellement cela voudrait dire que tu regrettes d’avoir fait ma connaissance »

Nos regards se croisent et restent accrochés un moment. Elle est si belle et si vulnérable. Je m’en veux de l’avoir impliquée de la sorte dans mes drames. Elle mérite tellement mieux.

« Dis-moi comment t'aider. Je ferais n'importe quoi! »

Sans la quitter des yeux, je lui réponds simplement d’être là tout près de moi.

- Tu es tout ce dont j’ai besoin…

La tension entre nous est à nouveau à son paroxysme. Collé l’un a l’autre, je peux sentir tous les battements de son cœur et elle les miens. J’ai une envie folle de l’embrasser et je suis d’autant plus heureux lorsque je la vois prendre les devants. Ce baiser dure plusieurs minutes tant notre désir de l’autre est intense et réel. À cet instant précis, je m’en veux de l’avoir mis à l’écart de ma vie aussi longtemps. C’était une erreur stupide. Elle ne méritait pas d’être traitée de la sorte. Entre deux baisers je lui demande pardon et lui caresse le visage. À son tour, elle me caresse tendrement et me fait la plus belle des déclarations d’amour. Je pourrais mourir à cet instant et je serais le plus comblé des hommes. Ému par ses paroles, je l’embrasse à nouveau et lui dit : « Solvègue… je n’en pense pas moins à ton sujet… en si peu de temps tu as bouleversée mon univers… tu as mis de la couleur dans ma vie ou tout étais terne. Tu m’as redonné envie de sourire et de vivre… je ne regrette absolument rien de ce que nous avons partagé… si je suis revenu vers toi c’est que je ressens la même chose à ton égard… »

Elle fait mine de mettre de la distance entre nous, mais je la retiens entre mes bras et la soulève dans mes bras pour l’embrasser de nouveau.

- Je n’ai rien à te pardonner mon amour… avec du recul je sais que c’était inévitable. Un jour ou l’autre elle aurait réussi à s’enlever la vie et je dois cesser de penser que je suis le responsable de son malheur… elle était malade… elle souffrait… j’espère seulement qu’elle sera enfin en paix.

Le lui dire me libère d’un énorme poids. Je la guide vers le sofa ou nous restons collés l’un a l’autre et j’ajoute : « Elle m’a laissé une lettre. Une très belle lettre dans laquelle elle me rend ma liberté et me souhaite du bonheur. J’ai longtemps pensé qu’elle me détestait, mais au contraire elle éprouvait pour moi une grande tendresse… notre amour était mort depuis longtemps à ses yeux.
Elle n’avait juste pas le cran de faire les démarches pour mettre fin à notre union. Si je dois retenir une seule chose de mon histoire avec Angela, c’est qu’il ne faut jamais penser que le temps va arranger les choses… et surtout il faut communiquer. Il faut se dire les choses avant que la souffrance creuse des fossés »

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