Ces derniers temps je me surprends de plus en plus à traîner dans les rues lorsque le temps et les travaux du bar me le permettent. Toronto est une ville fantastique ! J’aime à m’y perdre et y errer de façon totalement libre afin de découvrir tout ce que j’ai pu louper ces années cloîtrée au Mystic. Aujourd’hui, j’ai encore une fois déjeune avec Sam avant de crapahuter parmi d’innombrables boutiques de décoration pour finir par manger un bagel en m’aventurant dans un parc. Ces petites moments me sont tous réservés et je peux ainsi songer à tout… Moi, mes amis, mon attachement grandissant pour le policier et ce que je désire vivre désormais. Vaste programme n’est-ce-pas ? Mordant une nouvelle fois dans mon bagel, j’inspire. L’air est frais et le doux soleil de fin d’été me picote à peine les joues à travers les ombres feuillus des arbres.
Tout à coup, une voix familière me glace des pieds à la tête : qui est là ? Un ancien client ?! J’avale ma bouchée tant bien que mal avant d’afficher une mine stupéfaite face à … Lowell ?! Un sourire égaye mes traits auparavant angoissé tandis que je me précipite vers lui. Mes bras se referment rapidement sur lui.

- Oh mon dieu !!! Lowell !! Je suis si contente de te voir… Mais..mais comment tu t’en es sorti ?! Et que fais-tu ici ? Enfin…

Toujours sous le choc de cette découverte, j’observe les alentours avant  d’entraîner mon ami en direction d’un endroit de gazon bien vert pour nous y installer. Bien assis, je lui tends un bagel que j’avais pris en supplément du mien.

- Si je m’attendais ! Tiens ! C’est ton cadeau de bienvenu.

Je rigole calmement. Lowell était un guardian que j’appréciais car nous avions tendance à peu dormir et longuement discuter tandis que l’hôtel était « relativement » calme. C’était un confident ainsi qu’une des seules lumières dans ma nuit, tout comme Samaël ; cette rencontre n’aurait pas pu me faire plus plaisir.

- Allez ! Raconte-moi tout ! Depuis le début.

Elle m'enlace, je ne m'attendais pas du tout à cette réaction, après tout j'avais été l'un des bourreaux de se lieux maudit, qu'elle haïssait tellement. Certes nous avions passé des nuits entière à parler de notre passé, d'une  vie que nous voulions plus, mais.... pour moi, tout le monde me détestait la bas... Et je peux les comprendre, une partie de moi me détestait tout autant de me sentir bien à l'hôtel.
Elle me traîne sur la pelouse presque à l'endroit où j'étais quelques minutes plutôt. Elle me tend un bagel et que je prends, même si je venais de manger, ce n'est pas de ma faute si je suis un estomac sur patte.
Je lui souris n'arrivant pas trop quoi lui dire, je suis encore sous le choc de la voir ici.

- J'espère que tu n'as pas de rendez-vous, parce que ça va être très long.

Mais surtout par où commencer ? Mes quelques mois de prison ? Où le fait que j'ai un père toujours vivant... Et que j'ai aussi une demi soeur ? Non, laissons les surprises venir au fur et à mesure.

- Quand les flics ont débarqué, je me suis fait arrêter, comme tu le sais. Je ne me suis pas évadé de prison, non, mais il y a une comme un miracle.

Je prend une pause et en profite pour croquer dans la bagel qu'elle m'a offert.

- Délicieux, tu l'as acheté où ?

Je mâche bien et la fixe toujours autant, n'arrivant pas à croire ce que mes yeux envoyaient à mon cerveau. Prim..... devant moi.....  
Elle roule les yeux et je me met à rire, le message est passé, elle veut que je continue.

- J'ai été libéré de prison, un homme à payer ma caution et à fait retirer tous les plaintes contre moi.

Elle me fait les yeux ronds, oui moi aussi j'en avait pas crue mes oreilles quand on m'a informé que je sortais la semaine d'après.  

En effet, le récit promet de duré une petite éternité, mais par chance je ne me formalise pas ; je n'ai aucune obligation cet après-midi et retrouver un ami n'a pas de prix à mes yeux. Ainsi, j'encourage Lowell à poursuivre avant de mordre dans mon propre bagel dans un élan affamé.
Ses propos racontent brièvement l'arrestation et la fameuse suite de tout ceci. Une masse d'images inonde progressivement mon esprit tant je revois ces couloirs, les filles entassés dans un coin et les guests aux visages balafrés quittés les lieux avec pour seul bracelet une paire de menottes. Je chasse tant bien que mal les frissons qui m'assaillent pour ne pas perdre le fil de la conversation puis retrouve un aplomb correct. Là, assise dans l'herbe en bonne compagnie, je sais que je ne crains plus rien à vrai dire.

La question concernant la pâtisserie m'arrache un sourire. Je désigne du bout de l'index une boutique de l'autre côté du parc ; c'est un petit café tout à fait au charmant ou j'aime à passer un peu de mon temps libre. Un peu trop... pastel peut-être pour mon ami ? Cela ne m'empêchera toutefois pas de l'y conduire.

- Là-bas ! Je t'y emmènerais si tu veux ! Mais pour le moment finis ton histoire. Insiste ma voix guidé par ma curiosité quasi maladive.

Les yeux pétillants, je dévisage l'ancien guardian avant de me figer lorsqu'il marque une pause. Un homme ? Un inconnu qui aurait tout payé ? Je ne peux contenir mon état total de sidération.

- Quoi ? Mais comment c'est possible ?

Confuse d'avoir presque crier, je recouvre ma bouche du plat de ma main puis toussote.

- Enfin … Je veux dire, c'est un peu gros non ? Tu sais qui est cet homme ? Hasarde mon timbre.

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Je regarde la direction qu'elle me montre, même si je dois avoué que je ne vois pas du tout où le magasin se trouve. Je suis ravie qu'elle m'y emmène un de ces jours, ça voudra dire qu'on allait se revoir encore. Je prends une grande inspiration devoir lui dire toute la vérité sur mon histoire, ma vie. Je me met à rire quand je vois son excitation fasse à ma libération totalement impossible.

- Cet homme est riche.... et il est.... mon père. Il tombe à pic un... Ma mère l'a retrouver il y a quelques années et comme la vie est faite de surprise, ils sont de nouveau ensemble. Vue qu'il est divorcé d'avec sa femme....

Quand maman m'avait raconté son histoire je n'en revenais pas. D'une il n'était pas au courant de ma naissance, homme marié avec une famille, elle ne voulait pas être la cause de la fin d'un mariage. La raison était bien plus compliqué et triste.

- Ma mère m'a mis un aller retour quand on c'est vue à la sortie de prison.... En me disant qu'elle avait honte de moi... puis elle m'a pris dans ses bras en pleure. Je... je ne l'avais jamais vue ainsi.

Et ça ma incroyablement touché, moi qui pensait avoir perdu mon empathie à la guerre.