Brun d’origine, je n’ai pas attendu longtemps avant de décider d’avoir un look carrément différent de ce que l’on peut attendre d’un italien dans mon genre. J’ai des mèches blondes et les cheveux en bataille. Disons qu’en prison, la coiffure des autres est la dernière chose que l’on regarde. Ainsi, on ne se préoccupe pas beaucoup de la sienne. Depuis que je suis sorti, j’en prends soin. J’ai les yeux noisettes, deux atouts sur lesquels je compte beaucoup et qui m’ont bien aidé dans le passé. J’ai pris des habitudes vestimentaires très différentes de mes anciens goûts, il faut dire que dix ans passés dans l’ombre m’ont changé et que j’ai un côté bad boy, désormais.

Depuis très jeune, mon caractère très haut en couleur et mon charisme me valurent la position de leader parmi mes différents amis. Les décisions passaient par moi et nul autre et mon côté je m’en foutiste fit que je me retrouvai souvent dans des situations plutôt compliquées ou embarrassantes, voir même hors-la-loi. Je dépassai les bornes quand mon irrespect de n’importe quelles formes de règles me mena en prison… Et maintenant après dix ans, je ne pense qu’à me venger d’une quelconque façon.

Petit dernier d’une famille d’immigrants italiens dans les années 50 à San Francisco, j’ai été élevé dans les valeurs de la famille et du respect.  Nous étions tous proches, et moi plus particulièrement de mon grand-père paternel, le seul à avoir vécu en Italie avec ma grand-mère. Autrement, mes cousins et moi passions la plupart de notre temps à enchainer petits délits sur petits délits. Nous avions le sang chaud, et malgré les réprimandes respectives de nos parents, rien ne calma nos ardeurs. Les années passèrent, et inquiets que je ne puisse trouver ma place au sein de notre société, mes parents m’envoyèrent en pension non loin. J’avais quinze ans.
Loin de ma famille, je me retrouvai livré presque à moi-même dans un cadre qui ne me correspondait pas. Cependant je me découvris l’âme d’un leader. Avec mes cousins et étant le plus jeune, je n’avais toujours fait que suivre. Mon charisme me permit alors de m’entourer d’amis plus ou moins chers à mes yeux et je recommençais le rythme de vie que je connaissais avec mes cousins. A côté, mes résultats ne furent pas des plus brillants et mes parents se retrouvèrent démunis face à tout cela. Au final je n’obtins que mon diplôme et j’abandonnai les études. Je me trouvai alors à dix-huit ans barman dans un bar gay. Cette période de ma vie pouvait être qualifiée comme une période de débauche et je découvris ma véritable sexualité.
En deux-trois ans, je m’assagis considérablement, tout cela au grand étonnement de ma famille. A un tel point que je me retrouvai leader d’un mouvement contre la guerre en Irak, suite aux attentats du 11 septembre. Autant mettre à profit mon charisme, m’étais-je dit. C’est durant cette période activiste que je fis la connaissance de Saldszar. Je venais de faire un discours enflammé, dans un pub après une manifestation. Il vint me voir et il me tapa instantanément dans l’œil. Pas le coup de foudre, mais quelque chose. Parallèlement à tous ces discours pacifiques, chasser le naturel il revient au galop, je préparais une attaque coup de poing, sensée être avec une bombe. Rapidement, Sal’ me rejoint dans le projet, et avec un autre ami activiste, nous nous attelâmes à la tâche. C’est pendant ces quelques semaines de préparation que je connus l’idylle la plus passionnée de ma vie. Puis suite à une erreur dans notre attentat, qui coûta la vie d’un homme, je me retrouvai à purger une peine de dix ans…
Ces dix années de ma vie me pesèrent amèrement. J’en sortis moins joyeux et plus vengeur par rapport à toutes ces années de ma vie volées. Et plus particulièrement, j’en voulus à Sal’ de m’avoir abandonné dans ce trou à rat. Qu’était-il devenu ? Je n’en avais eu aucune idée mais je ne le retrouvai pas. A la place, je me réinstallai vers chez mes parents et je repris mon emploi de barman. Qu’aurais-je pu faire d’autre de toute façon ?
Ma vie fut de nouveau chamboulée quand un ancien ami me recontacta un jour, désireux de me donner une information que je désirais depuis cinq ans maintenant. Il m’informa où se trouvait Sal’, qui s’était depuis renommé Adrian pour se cacher, et c’est à Toronto que je me retrouvai à déménager pour y refaire une nouvelle vie.