Sentant une main caresser doucement mon épaule, je m’éveillai de la façon la plus douce du monde. Dans les bras de David. N’était-ce pas le meilleur moyen d’ouvrir les yeux et d’affronter une nouvelle journée ? En m’étirant et en ouvrant les paupières, je tombai dans le regard brun de mon fiancé. Mon fiancé. Comme s’était étrange encore de dire ou de penser une chose pareille ! Je n’y étais pas totalement habituée, alors que j’avais attendu ça depuis des années… de quoi rendre fou assez rapidement !

Habituellement, c’était David qui faisait le petit-déjeuner, mais là pour une fois, j’en avais envie. Alors pendant qu’il se douchait, je m’étais mise aux fourneaux, en espérant que je ne fasse pas tout brûler. Je n’étais pas très douée en cuisine, et d’ailleurs, heureusement que David savait nous faire à manger à tous les deux. Mes capacités s’arrêtaient à cuire des pâtes. Mais il fallait bien que je commence à apprendre… il était plus que temps ! A vingt-cinq ans, peut-être qu’il faudrait que je sache me faire à manger moi-même… et aussi aux autres ! Malgré mes efforts, il y avait peu de choses mangeables dans nos assiettes, mais David eut la délicatesse de ne pas me le faire remarquer.. ou du moins avec tact, en me disant qu’il continuerait de faire les petits-déjeuners, ce à quoi je répondis que j’étais bien d’accord.

Résignée par ma mauvaise cuisine, je partis à mon tour dans la salle de bains, alors que David se moquait gentiment de moi sans être trop méchant, et je me préparai rapidement. La journée allait être longue. Tandis que David resterait à la maison et n’irait travailler que l’après-midi, j’allais profiter de la matinée pour faire des courses et quelques magasins. Malgré le temps que j’avais passé ici, il me manquait toujours des choses… et il était temps de remédier à cela.

En sortant, je pris la poubelle pour la déposer dans le local attribué, et en remontant, je découvris sur le palier la dernière personne que j’attendais. Ella. L’interne de l’hôpital, que j’avais rencontrée plus tôt et que j’avais apprécié dès le départ. Par la suite, malgré tout, j’avais très vite compris que c’était elle, l’ex de mon David. Elle s’était bien retenue de me le dire, ça, et j’avais rapidement tiré les vers du nez de David, puisqu’il n’osait pas me parler d’elle, alors qu’il semblait la connaître… Il m’avait finalement tout avoué et du coup… j’avais tenté d’oublier un peu cette fille. De toutes façons, c’était du passé ! Mais alors… je ne pensais pas la retrouver ici même, dans cet immeuble. Pourquoi était-elle ici ? Elle n’avait rien à faire ici. David étant persuadé que j’étais partie pour le centre commercial le plus proche, je savais qu’il n’allait rien entendre de tout ça.

Furieuse, je remontai les marches quatre à quatre pour me retrouver en face d’elle, alors qu’elle s’était également arrêtée net en me voyant. A ma tête, elle devait comprendre que j’étais au courant. Une fois à sa hauteur et en face d’elle, je fulminais. Et pourtant, je savais que je devais me calmer.

« Qu’est-ce que tu fous là ??! »

Agressive, je la vis presque reculer devant moi. Elle croyait quoi ? Que je ne savais pas ce qu’elle comptait faire en venant ici ? Ce n’était pas une coïncidence, c’était sûr. Elle pensait peut-être que David et moi ne vivions pas ensemble, peut-être ? Et qu’elle pourrait le récupérer ? C’était hors de question !

J’avais essayé de parler discrètement, de ne surtout pas crier pour ne pas rameuter tout l’immeuble. Je venais à peine de débarquer, et je ne tenais pas à me faire remarquer plus que ça, surtout pas pour une chose pareille. Je fronçai les sourcils en regardant la jeune femme, qui ne semblait même pas surprise que je sois au courant. Elle devait bien s’en douter. Je lui en voulais de ne m’avoir rien dit. J’aurais préféré le savoir directement, à l’hôpital quand elle était face à moi plutôt que de l’entendre de la bouche de David. Là-bas, je ne me serais pas sentie menacée, je n’aurais pas fait de scandale… tandis qu’ici. Elle pensait vraiment me duper ? Je savais pourquoi elle était là.

« Je ne viens pas voir David, je le vois assez au travail, je viens juste rendre visite à ma cousine qui habite au-dessus.... »

Sa cousine qui habitait au-dessus ? Elle voulait faire avaler ça à qui ? Pas à moi, j’espère, parce que ça n’allait pas marcher ! J’étais peut-être blonde, mais ce n’était qu’une teinture, et j’osais espérer qu’elle s’en rendait bien compte. A croire que non. Qui pourrait gober ça ? Que sa cousine habitait au-dessus de chez nous ?! Alors qu’il y avait des milliers d’autres immeubles dans cette foutue ville !

« Tu me prends pour une conne ?! »

J’aurais pu être gentille avec elle, si on m’avait tout simplement dit qui elle était pour David. J’aurais pu faire des efforts, mais là, je prenais la main dans le sac, et c’était abominable pour moi. Heureusement que j’allais mieux, sinon j’aurais pu faire une nouvelle crise sur le champ. Dans le doute, j’avais quand même mes comprimés de diazépam dans mon sac, si je sentais que ça arrivait. Mais j’étais tellement en colère que je ne pourrais même pas avoir peur. Elle n’allait pas le récupérer. Il allait se marier avec moi, et elle n’allait pas le récupérer.

« Tu penses que je sais pas ce que tu voulais faire ? Tu crois que tu es la première que je dois écarter de mon chemin ? »

En réalité… oui, c’était la première, mais elle ne pouvait pas le savoir, et j’étais plutôt douée pour bluffer. Et je pouvais être très persuasive quand je le voulais…

Evidemment, mon agressivité ne parut pas plaire à la jeune femme. Ce n’était pas ce que je cherchais non plus, que ça lui plaise ! Je ne la voulais pas ici. Plus jamais. Et si elle ne voulait pas déguerpir par elle-même, alors je me ferais une joie de la faire partir à coups de pied au cul ! La petite Anglaise qu’elle était n’avait sûrement jamais eu à faire à de vrais Ecossais, et ça me ferait absolument plaisir de lui montrer de quel bois nous nous chauffions !

« Mais tu vas te calmer oui ! Je suis désolé vraiment, de ne pas t'avoir dit qui j'étais mais c'est loin d'être facile pour moi. David est mon supérieur, et mon ex, et qui j'ai en face de moi sa petite amie ! La femme pour qui il m'a largué il y a quelques mois. Tu crois que je devais me présenter ? Vraiment ! »

Désolée ? Elle était désolée ?! Elle se moquait de qui ? Est-ce que c’était difficile de dire « je suis la connasse que David a sauté pendant trois mois alors que tu le cherchais ! » ? Non, certainement pas !! Elle savait qui j’étais, je lui avais dit, bon sang, je lui avais dit et elle avait préféré me le cacher. Non pas qu’elle eut été une amie, alors j’aurais dû m’en ficher. Mais non, je ne m’en fichais pas, je ne pouvais pas m’en ficher, parce qu’elle avait couché avec lui et que j’aurais préféré ne jamais la connaître !

« Oui, tu aurais dû ! »

J’avais sifflé entre mes dents ces quelques mots, en les pensant plus que jamais. S’il y avait quelque chose que j’appréciais, c’était la franchise et l’honnêteté. C’était pour cette raison que David me l’avait avoué directement et que moi-même, je lui avais raconté ce qu’il s’était passé avec Douglas. Ça avait toujours été comme ça entre nous deux, et je ne voyais pas pourquoi ça changerait… Cependant parfois j’oubliais que ça ne marchait pas comme ça pour tout le monde sur cette fichue planète !

« Tu crois quoi ? Que je t’aurais défigurée à la vue de tous, dans ce putain d’hôpital ?? »

J’aurais pu éclater de rire à cette pensée, si je n’avais pas été si énervée, si furieuse. Mais là, ma douleur, ma jalousie me touchaient comme une lame de fond et je ne savais même pas où tout cela nous menait. De toutes façons… même si elle venait récupérer David, il ne la laisserait jamais faire !

D’ailleurs, je pensais à une chose : avec David, nous n’avions plus reparlé d’elle après ce jour, à l’hôpital. Il évitait le sujet autant que possible et en même temps, c’était le passé, et c’était clos. Mais pourtant, parfois, et je ne pouvais pas m’en empêcher, malgré moi, je lui demandais comment allait ses internes, pour voir ce qu’il en dirait, et il arrivait brillamment à éluder les questions, ou alors il me regardait en fronçant les sourcils, et ça s’arrêtait là. Je n’arrivais pas à comprendre : pourquoi étais-je jalouse alors que j’étais avec lui ? Est-ce que j’avais peur à ce point-là qu’elle puisse me le reprendre ? Elle l’avait fait une fois, elle pourrait recommencer…

« Mais je ne savais même pas que tu existais jusqu'au jour au David m'ai rompu. Tu es peut-être énervé parce que je ne t'ai pas dit dès la première fois qui j'étais mais... Mais merde, j'étais amoureuse de David et il me jette du jour au lendemain pour TOI ! La fille qui devrait être vraiment en colère, c'est moi parce que TU es avec l'homme que tu aimes ! »

Je restais presque bouche bée devant sa tête. Pourquoi elle pleurait ? Je l’avais choquée, je l’avais rendue triste ? Pauvre chou. Elle n’avait qu’à pas tomber amoureuse de lui ! Je secouai la tête … bien sûr qu’elle n’avait pas fait exprès de tomber amoureuse de lui. C’était des choses qui ne se contrôlaient pas, et je le savais mieux que quiconque. D’ailleurs à l’époque, j’avais eu de la chance qu’il ne me repousse pas.. Avec un soupir, je décidai de me radoucir, et je fouillai dans mon sac pour finalement lui tendre un paquet de mouchoirs.

« Il t’a jetée parce que je suis revenue. J’imagine que ce serait légitime que tu sois en colère… Tu ne l’es pas, alors ? »

Bien entendu, elle secoua à son tour la tête pour me répondre, en se tamponnant les yeux. Je haussai les épaules en levant les yeux au ciel, pas sûre d’y croire vraiment. Elle était peut-être bonne actrice.

« Mais j’y crois pas à ton histoire de cousine. Comme par hasard, elle habiterait dans le même immeuble ! Non mais attends… »

Je ricanai doucement en la regardant. Et elle venait bien de me faire comprendre, de plus, qu’elle aimait encore David. Pourquoi aurait-elle pleuré, sinon ? Alors non, je ne croyais pas à son histoire, et j’étais encore persuadée qu’elle était là pour une autre raison, une raison que je n’aimais pas…

Rapidement, je compris que je n’aurais pas dû dire ça, mais je ne le regrettais pas le moins du monde. Je savais que jamais David ne la laisserait faire quoi que ce soit. Parce que j’étais là, parce que je l’aimais et qu’il m’aimait, et que ça avait toujours été ainsi, depuis des années. Mais ce n’était pas de lui dont j’avais peur, même s’il était toujours un peu naïf et trop gentil. Non, c’était d’elle que j’avais peur. Qui me disait qu’elle n’était pas une vile manipulatrice ? Elle n’en avait pas l’air, mais elle devait bien jouer son rôle, non ? Celui d’une pauvre petite interne qui ne s’apitoie pas sur son sort après qu’elle ait couché avec son supérieur ? Mais qui dans le fond, n’attendait qu’une chose, que ça casse entre les deux autres… c'est-à-dire David et moi ! Je ne lui laisserais pas ce plaisir.

« Non, mais attends, tu crois que je serais aussi stupide en venant ramper à ses pieds . Je me respect encore assez pour rester digne. Ma cousine habite bien au-dessus. Tu veux me suivre pour être sûr ? »

Je secouai la tête. Je n’avais pas que ça à faire. Mais si elle disait vrai, et que sa cousine habitait bien au-dessus, j’allais réellement faire des cauchemars maintenant. L’imaginer errer dans le coin, ça me donnait des envies de meurtre. Et surtout, elle pourrait faire ce qu’elle voudrait une fois que j’aurais de nouveau un boulot et que David aurait ses congés. Ça ne me plaisait pas du tout, et il faudrait que je trouve un moyen pour l’empêcher d’avoir rien qu’envie de frapper à notre porte.

« Sinon demande à David, ils se connaissent aussi, tu seras peut-être jalouse envers elle aussi ? D'ailleurs pourquoi tu es jalouse ! Sérieux, David est un type génial et c'est toi qu'il choisit ! Merde, profite de ton bonheur et ne viens pas me remettre les derniers mois en pleine face ! »

Oh que si, j’allais lui remettre en pleine poire. Si je le pouvais, je lui ferais regretter chaque seconde de sa misérable vie d’avoir un jour osé toucher à David. Bon sang, il aurait dû lui dire dès le début ce qu’il s’était passé… au moins, elle aurait peut-être eu pitié et elle n’aurait pas voulu de lui. Tout ça aurait été tellement plus simple, pour lui, pour moi, pour elle aussi !

« Tu croyais peut-être que t’avais une chance pour qu’il te dise de rester avec lui ? Dès le moment où il t’a dit que j’existais, t’aurais dû prendre tes affaires et t’en aller, au lieu de l’écouter te sortir des excuses. »

Ella ne semblait pas comprendre où je voulais en venir. Je repris alors immédiatement la parole pour lui expliquer, rapidement.

« Je sais très bien que tu l’aimes encore. Tu crois qu’il ne voit pas tous les regards que tu essayes de cacher quand il passe à côté de toi à l’hôpital ? Et moi tu crois que je ne lui demande rien ? Quand il ne veut pas me répondre, je sais très bien que c’est à cause de toi ! Il n’aurait pas dû s’excuser, tu aurais dû le haïr, et on n’en serait pas là ! »

D’ailleurs, comment pouvait-elle encore l’aimer après le mal qu’il avait dû lui faire, et toutes les horreurs que j’étais en train de lui dire ? Elle était masochiste, sinon je ne comprendrais vraiment pas… Mais ça m’agaçait, et je voulais qu’elle cesse. Je voulais qu’elle le regarde comme si elle ne l’avait jamais vu ailleurs qu’à l’hôpital, en blouse blanche… c’est comme ça que ça devait être, c’est comme ça que ça aurait toujours dû être !

Bien entendu, mes mots touchèrent la jeune femme, et c’était exactement ce que je voulais. Je n’avais même pas honte de faire ça, même si David m’aurait déjà hurlé dessus de la laisser tranquille. Ce à quoi j’aurais répondu qu’il n’avait pas à me dire ce que je devais faire avec elle. S’il était là, et qu’il me disait cela, alors je comprendrais immédiatement qu’il y aurait anguille sous roche. C’était hors de question qu’il nous voit toutes les deux en train de nous disputer comme ça. Je gardais donc le ton bas. Quoique … en y réfléchissant, David n’aurait pas osé me crier dessus. Ça faisait des semaines qu’il s’appliquait pour que je ne vive plus de crises, et jusque là, ça fonctionnait du tonnerre. Sa demande en mariage, la vie à deux… tout allait bien. Alors il ne me crierait pas dessus, certainement pas pour elle, en plus.

« Fais-toi jeter par l'homme dont tu es tombée amoureuse et après on en reparle ! Tu ne sais pas ce que je ressens, tu ne sais pas ce que sait à se faire larguer pour une autre. Tu ne sais pas ce que ça fait de tomber à chaque fois sur des connards qui te trompent ! Alors ne me fait pas la morale, où ne me dit pas ce que je dois faire. Tu ne sais rien de ma vie, tu ne sais RIEN ! »

Elle croyait peut-être que je n’avais jamais rien ressenti dans ma vie ? Quand David était parti d’Ecosse, c’était pareil pour moi. J’avais eu l’impression d’être abandonnée, d’être laissée pour morte, en arrière. Je croyais qu’il m’avait oubliée. J’avais souffert, beaucoup trop souffert pour lui. Pour le seul homme que je pourrais jamais aimer. Certes, je ne m’étais pas faite larguée, je n’avais pas été trompée non plus. Au contraire, il l’avait larguée pour moi… mais je connaissais une souffrance bien pire, une souffrance qui me tuait à petit feu, dans tous les sens du terme. Plus les journées passaient, plus je me sentais affreusement mal… et ça affectait ma santé. Peut-être pensait-elle que ces trois années avaient été une partie de plaisir, où je me l’étais coulée douce ? Non. Certainement pas.

« Ella, tu es simplement tombée amoureuse du mauvais. Tu ne pouvais pas le savoir et il s’est bien gardé de te le dire, parce qu’il pensait que jamais je ne reviendrais… »

Une nouvelle fois, mon ton s’était radouci en la voyant pleurer. Je ne ressentais rien, absolument rien en la regardant dans cet état. Je m’en fichais pas mal, en fait. Mais pourtant, je me disais que j’aurais pu être à sa place… que j’avais presque été à sa place, du moins, que je m’étais sentie aussi mal lorsque j’avais appris qu’il couchait avec elle.

« Oublie-le. Trouve-toi quelqu’un d’autre. De toutes façons, ça ne sert à rien de continuer à penser à lui. »

J’aurais voulu lui dire qu’elle n’avait pas à s’en faire, que bientôt, il partirait loin d’ici, et que je partirais avec lui, mais ce n’était pas le cas. Ce ne serait pas le cas pour un bout de temps, et ça me rendait malade, d’ailleurs. Je le faisais pour David, parce que je l’aimais… mais vraiment, l’Ecosse me manquait !

En face de moi, Ella semblait vouloir se calmer le plus possible. Sinon quoi ? Elle allait faire quoi ? Me frapper ? Elle n’oserait jamais, et j’étais moins fragile et petite que j’en avais l’air. Je ne doutais pas de cela chez elle non plus, il fallait du courage pour réussir à tenir en internat dans un hôpital aussi gros que celui où elle et David travaillaient. Mais quand il s’agissait de mon honneur – et de mon fiancé soit dit en passant – il était hors de question que je me fasse battre. Et si David était amusé par mon fort caractère, à chaque fois qu’il refaisait surface, je ne m’empêchais même pas de lui répondre qu’il avait le même que moi, et que c’était caractéristique de chez nous, après tout.

« Non mais, tu me crois vraiment si stupide . Tu crois que je vais mimiser entre lui et toi . Je n'ai pas envie d'être l'amante ou bien même avec David, être avec un mec qui me trompe, j'ai assez donné dans ce genre de mec. Mais mes sentiments ne peuvent s'arrêter du jour au lendemain, personne n'a de bouton qui permet d'oublier quelqu'un. Maintenant fou moi la paît, ma cousine m'attend ! »

J’avais levé les yeux au ciel. David ne l’aurait pas trompée, si ce n’était pas avec moi. D’ailleurs, comment pouvait-elle le savoir, David m’avait presque affirmé qu’il n’avait rien dit à ce sujet… Enfin peu importait, de toutes façons, c’était passé. Mais l’important, c’était que David n’était pas de ce genre-là, il ne ferait pas de mal à une mouche, il ne tromperait jamais personne… sauf elle, avec moi.

Finalement, je me décidai à la laisser passer, néanmoins méfiante. Nous nous reverrions j’en étais persuadée, parce qu’elle s’accrochait à l’idée que sa cousine habitait au-dessus, et j’aurais tôt fait de savoir si elle me disait la vérité. Elle ne pouvait donc pas mentir là-dessus. Bien, une chose de faite. Cependant, ça signifiait qu’elle allait revenir ici souvent, et ça, ça ne m’enchantait pas du tout, évidemment. Alors qu’elle commençait à monter les marches en reniflant, je ne pus m’empêcher de lui lancer une dernière pique :

« On se reverra, Ella… »

Bien sûr, je n’attendais pas de réponse, je m’en fichais. Mais qu’elle ne croit pas que j’allais l’oublier, celle-là. Et si je la croisais encore dans le coin, qu’elle aille voir sa cousine ou non, je n’aurais aucun scrupule à l’emmerder royalement !